Les images du site sont l'oeuvre de nos membres, qui consentent à leur mise en ligne.
Chapitre III : Dans le vaisseau du docteur Nilane Bah

Illustré par Tchoucky



Jonas Atrayde
          Je fus libéré de mon sommeil de glace au même moment que ma prisonnière. Je vis à ce moment passer non loin de moi cet humanoïde étrange que j’avais vu avant d’être paralysé. Je n’eus d’autre choix que de tirer sur lui pour stopper sa course dont j’ignorais pour le moment la raison. Je m’approchai de lui, suivi par la Lamb, qui clopinait, mais je fus rejoint tout de suite par une femme noire, habillée de blanc. La petite fille que la créature portait sous son bras se précipita vers elle en l’appelant « maman ». Elle me désigna du doigt et s’approcha de moi en criant. J’attendis que cette petite fille en ait assez, puis je retirai la main de mon oreille droite que j’avais mise là, plus par réflexe que par douleur. Une fois l’orage passé, elle resta quelques instants à m’observer, comme si elle voulait sonder mon âme. Je ne l’avais jamais vue auparavant, mais d’après la description de ma « prisonnière » Lamb, il s’agissait apparemment de celle qui m’avait agressé alors que j’allais interpeller mon passager clandestin. Malgré l’irrésistible envie de frapper cette fille pour la grave erreur qu’elle avait commise, je me retins. La femme se dressa devant moi, la petite fille se retourna vers elle et lui prit la main. Je ne lâchai pas mon Blaster malgré le fait rassurant que cette femme arborait le signe de la fédération d’Etrenank. Elle me parla sur un ton calme, qui cachait mal une nervosité intérieure.
_ Qui êtes-vous ? Pourquoi avez-vous tiré sur cet être ?
_ Auriez-vous préféré que cette créature l’emporte on ne sait où ? répondis-je à moitié.
J’allumai une nouvelle cigarette, imposant le silence à mon interlocutrice.
_ C’est votre fille, n’est-ce pas docteur ?
_ En effet, je vous en remercie, mais il y aurait pu avoir un autre moyen !
_ Peut être…
_ Mais vous ne m’avez pas répondu, qui êtes-vous ? reprit-elle.
_ Un malade ! cria la jeune fille derrière moi.
         D’ordinaire, je l’aurais également frappée pour l’insolence d’avoir parlé à ma place, mais les présences autour de moi m’en empêchaient. En y réfléchissant, je ne savais même pas ce qui avait pu me retenir de l’abattre après le crash. La doctoresse remarqua alors la blessure à la jambe de ma victime.
_ C’est vous qui lui avez fait ça ? s’écria-t-elle.
_ Oui !
_ Mais pourquoi ?!
_ Maman, c’est un monstre ! commenta sa fille. Il a déjà failli tirer sur l’homme chat une fois, mais je l’ai arrêté !
           C’était étrange, la mère parlait comme une Solarienne, mais la fille avait des manières terriennes typiques. Je devais dès lors les considérer toutes deux comme des ennemis pour le moment, mais il ne me fallait pas m’attirer leur colère. J’étais seul face à des visages hostiles, avec pour but de trouver un autre vaisseau et rejoindre ma station.
_ Pour des Solariens vous m’étonnez, les Lambs sont de vulgaires chiens, et vous êtes en train de la considérer bien au-dessus de ce qu’elle mérite ! dis-je pour briser la glace.
           Comme je le pressentais, elle ne me répondit pas. Elle me dévisagea avec un air de colère contenue, comme si elle était gênée que je parle ainsi des Lambs. Elle finit par dire.
_ Nous allons emmener votre « amie » et l’autre blessé à notre labo pour le soigner ! Mais je vous préviens : je vous déconseille fortement de faire le moindre geste déplacé !
_ Comme vous voudrez !
           Elle aida l’homme aux allures de félin à se relever. Il me regarda pendant quelques instants dans le blanc des yeux, je me sentis parcouru d’un frisson. La petite fille se dirigea vers ma prisonnière et lui attrapa la main droite. J’entendis quelques brides de conversations.
_ Comment tu t’appelles ? commença-t-elle.
_ Liliah ! répondit-elle faiblement.
_ Moi c’est Kara ! Dis, tu le connais le gars, là ?
_ Pas du tout ! Je ne lui ai rien fait, il a failli me tuer !
_ Brrr ! Je le déteste déjà !
_ C’est un malade et un tortionnaire, je le déteste aussi !
           Je ne réagis pas. Etrangement, je n’avais plus du tout envie de la tuer. Elle avait beau être une vulgaire Lamb, elle me rappelait…
          J’attendis que la doctoresse s’avance, pour la suivre vers ce lieu où elle comptait nous conduire.
          En chemin, je vis la fille me faire à plusieurs reprises des gestes forts déplacés. Je n’avais plus de doutes, c’était une Lamb ! Comment une Solarienne de pure souche pouvait s’enticher d’une Lamb ? A moins qu’elle ne fût pas elle-même Solarienne.
_ Au fait, on peut peut-être savoir votre nom ? fit-elle soudainement.
_ Jonas Atrayde.
         Je l’interrompis avant qu’elle ne continue.
_ Ne vous fatiguez pas, je me fiche de votre nom ! Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi !
          A partir de ce moment, elle ne me parla plus ni me regarda plus durant tout le trajet. La fille, Kara, semblait assez indisposée par l’odeur de cigarette synthétique…


Dr Nilane Bah :

           Je n'ai aucune idée de ce que je suis en train de faire, mais une chose est sûre, c'est une bêtise. Je suis en train de conduire un militaire Solarien, dans le genre de ceux que je devrais éviter, une terrienne, dans le genre de ceux que je dois éviter aussi, et une créature dont je ne sais même pas ce qu'elle est, mais je dois sûrement l'éviter également, dans le vaisseau où j'ai caché un criminel recherché.
          Je suis médecin. Je ne peux pas me permettre d'abandonner deux grands blessés dans ce milieu hostile, à des milliers de kilomètres de tout habitat assez équipé pour leur fournir des soins.
           J'ai ordonné à Rhoan de rester caché. La créature et la terrienne ne sont pas en état de fouiner. Bref, mon seul problème, c'est le militaire.
           Je ne crois pas me tromper en supposant que c'est lui, le rescapé de la bataille que mon passe-partout a cryogénisé. Il nous a donc vu atterrir. Je pourrais l'abandonner là, sur cette campagne, mais s'il parvient à rejoindre sa base, il fera son rapport. Il parlera du WAS qui s'est écrasé. De Kara. Ses supérieurs n'auront qu'à faire le recoupement.
            Non. Au fond, il vaut mieux, comme le mécanicien, que je l'emmène avec moi, et que j'efface sa mémoire avant de le relâcher. Mais ça, il va falloir le faire en douceur.
           Et pour la terrienne ?
           Et pour la créature ?
Mon attention se reporte vers cette dernière. Je la porte sur mon dos, tandis que Kara soutient la terrienne, qui peine à marcher.
           Une créature non humaine et intelligente. Qui est-il ? D'où vient-il ?
          Je réprime un frisson, tout en marchant. Je suis en train de porter sur mon dos un prodige. Pour la première fois, dans l'histoire de l'humanité, des humains rencontrent une autre race d'être pensant. Je sais que je dois lui venir en aide. Je sais que je ne dois pas le laisser mourir. Mais pourquoi, pourquoi a-t-il fallu que cela tombe sur moi !
           Je m'efforce de rester impassible, de faire comme si la situation était normale. Je ne veux pas effrayer Kara.
           Nous sommes arrivés devant le vaisseau.
           Je me retourne avant d'y monter.
_ Mr... Atrayde, c'est bien cela ?
           Le militaire répond par un grognement sec, et bougon. Seigneur, ce que je hais les militaires, qu'il soit Solariens ou terriens, ce que je peux les haïr !
_ Monsieur Atrayde, reprends-je. Vous avez, je suppose, besoin d'un vaisseau pour quitter ce lieu, et vous espérez le secours du mien, n'est-ce pas ?
_ Croyez bien que je n'ai pas le choix.
_ Bon, dans ce cas là, je vous prierais de laisser vos armes sur place. Vos cigarettes aussi.
_ Hors de question ! beugle le soldat. Je n'abandonne pas mon arme de service. Et encore moins quand je suis entouré de Lambs !
          Grossier et raciste. Comme tous les soldats. Parce que ça fait la guerre, parce que ça détruit des villes entières d'un simple mouvement du pouce, et le tout sans scrupule, en se reposant sur un général pour penser à sa place, ça s'imagine au-dessus de tout. Je souris. Pas d'un sourire gentil.
_ Vos armes et vos cigarettes vont rester ici. Libre à vous de rester avec elles, si vous y tenez. Mais vous ne montez pas avec. C'est à prendre ou à laisser.
          Le grossier personnage me toise. Kara est déjà montée avec la terrienne, Liliah. Elle va la conduire automatiquement à l'infirmerie. Pourvu que Rhoan n'ai pas l'idée saugrenue de quitter sa cachette.
Je continue à soutenir le regard de l'homme de guerre.
          Il pousse un soupir exaspéré, écrase sa cigarette et se sépare de son Blaster et de son fusil, qu'il abandonne sur place.
_ Après vous, fais-je avec un sourire charmant.
         Alors qu'il passe devant moi, je charge de l'homme chat sur ses épaules.
_ Rendez vous utile. Menez-le à l'infirmerie. Couloir de gauche en entrant, troisième porte.
_ Vous me prenez pour qui ?
_ Pour quelqu'un qui a besoin de mon vaisseau.
          En grommelant, il soulève le corps inerte de la mystérieuse créature. Si l'intrusion de cet être dans ma vie m'a laissée profondément déstabilisée, lui ne semble pas lui attacher plus d'importance qu'à un sac de lingots de zinc. Il le transporte sans précaution à travers le couloir que je lui indique.
          Je le laisse s'éloigner, referme le sas, et remonte discrètement vers le passe-partout.
_ Rhoan ? Vous êtes toujours là ?
_ Où voulez-vous que je sois, me répond la voix sèche du scientifique.
          J'ouvre la trappe. A coté de Rhoan, le mécanicien est ligoté et bâillonné, et il a les yeux ouverts.
_ Il s'était réveillé, fait mon compagnon en haussant les épaules. J'ai dû le réduire au silence. Par égard pour vous, ajoute-t-il avec une nuance d'ironie dans la voix, je ne l'ai pas tué.
_ Rhoan, nous avons un imprévu.
_ Quel genre d'imprévu ?
_ Des étrangers montent à bord. C'est compliqué. Je vous expliquerai.
Un sourire moqueur naît sur les lèvres du scientifique. 
_ Vous avez décidément un sens de la stratégie et de la discrétion qui me fascine. C'est vraiment un plaisir de s'évader en votre compagnie !
_ Je n'ai pas le choix. Je vais vous demander de descendre discrètement par ce couloir, et prendre la première porte à droite. C'est la chambre de Kara. Dans son coffre à jouet, vous trouverez un grimeur de visage holographique. Servez-vous en quand vous changerez d'apparence, et quand vous viendrez me rejoindre à l'infirmerie, souvenez vous que vous vous appelez Paul Ukthan. C'est clair ?
_ Comme de l'eau de roche. Et que fait-on de lui, là ? Dit-il en désignant le mécanicien.
_ On le laisse la pour l'instant. Quand les autres auront quitté l'infirmerie, on viendra le chercher et on ira le mettre dans une capsule de survie. Ca le maintiendra en sommeil jusqu'à ce qu'on soit à ma base.
        Sans attendre sa réponse, je redescends. En passant devant le sas, je constate qu'il est à nouveau ouvert. 
_ Kara ?
_ Oui, maman ? Dit-elle arrivant de l'infirmerie.
         Ouf, elle n'est pas redescendue pour errer.
_ Kara, je t'ai déjà dit que ce sas doit toujours rester fermé. Je t'ai expliqué, pourquoi ?
_ Mais ce n'est pas moi qui l'ai ouvert, maman.
_ Ne mens pas, jeune fille, ça ne sert à rien.
_ Mais maman...
          En temps normal, je lui ferais un sermon auquel elle répondrait par tout un tas d'excuses plus naïves les unes que les autres, mais là, je n'ai pas le temps.
_ Bon, allons nous occuper de nos blessés.
         Dans la large rotonde blanche, tapissée d'instruments électroniques, qui me sert d'infirmerie, nos invités se sont installés.
        Liliah s'est assise sur un siège, sa jambe blessée étendue devant elle. Elle la presse avec un linge que lui a donné Kara. Atrayde fait les cent pas dans le fond. L'homme chat, toujours sans connaissance, est allongé sur l'un des brancards.
        Je m'assure que l'hémorragie de Liliah peut attendre et m'approche de lui.
        Apparemment la blessure est superficielle, mais il s'est cogné la tête en tombant. Je l'examine avec curiosité. Sa constitution rappelle autant celle d'un chat que celle d'un humain. Quel être fascinant.
       J'entends dans mon dos Liliah et Atrayde qui commence à échanger des propos venimeux.
_ Cessez, dis-je sans me retourner. Le premier qui crée des problèmes, je le jette par dessus bord.
        Je me tourne vers le militaire.
_ Je vais mettre une dernière chose au point avec vous. Ici, vous êtes chez moi. Et chez moi, il n'y a pas de Lamb. Pas de Solarien non plus. Seulement des personnes.... Et un homme-chat.
        L'homme de guerre me toise, mais si sot qu'il puisse être, il ne l'est pas assez pour répliquer. Je retourne vers mon patient mi-homme, mi-animal.
« Je ne sais pas d'où tu viens. Mais vu ce que tu trouveras ici, je me demande si tu n'aurais pas mieux fait d'y rester. »

Vamy Liliah :
          Décidément la curiosité pouvait vraiment être un défaut parfois. Dire que je croyais que ce serait une journée tranquille. Mais j'ai vu un vaisseau et j'avais décidé de voir ce qui se passait. Quand la petite fille s'était éloignée avec l'homme-félin, je m’étais approchée. Je pouvais croire que j'avais commis une belle erreur. Aux résultats des courses, j'avais une jambe blessée enfin cela aurait pu être pire. Ce militaire aurait souhaité plutôt me tuer. J'avais encore de la chance en espérant que ma réserve de chance ne s'épuiserait pas trop vite car je pouvais sentir que je n'étais absolument pas tirée d'affaire.
           En attendant, j'avais accompagné l'enfant, une femme qui apparemment était médecin, l'homme-félin et cet imbécile de militaire. Je ne pouvais vraiment pas supporter un militaire. Depuis la mort de mes parents, j'avais compris que la vie était trop fragile pour être gaspillée bêtement. Et les militaires tuaient des milliers de vies lors de leurs maudites batailles. 
          Je regardai le militaire en face d'un regard haineux en lançant quelques répliques cinglantes. Il fallait avouer que j'avais un bon répertoire que j'avais bien enrichi à l'orphelinat. Finalement, j'arrêtai quand la femme, le médecin, nous le demanda.
         J'appréciais les médecins comme elle. Elle semblait courageuse. Elle n'avait pas hésité à respecter son devoir de médecin en acceptant de me soigner ainsi que l'homme-félin. Et elle remettait assez bien ce militaire à sa place. Enfin je ne l'aurais  certainement pas plaint même si on m'avait donné une forte somme.
         Sinon pour revenir à la femme, il m'avait semblé qu'elle était la mère de cette petite fille. Je l'avait entendue dire plusieurs fois le mot « maman ». Cela était toujours si touchant d'entendre ce mot. Moi, cela faisait plus de quinze ans que je n'avais jamais pu le prononcer à nouveau. Cette petite semblait être heureuse. Enfin un détail me gênait sur elle. Qu’avait-elle pour posséder un bras bionique ? Cela me semblait étrange. 
        En tout cas, je n'avais plus qu'à attendre les futurs événements. Mais je ne me laisserais pas avoir par ce militaire. Contre lui, je me défendrais. Pour les autres, je verrais bien. Ils ne semblaient guère hostiles mais mieux valait rester méfiante. Les apparences pouvaient ne pas être ce qu'elles étaient. De toutes manières, j'étais une fille sauvage ne me fiant qu'à mon instinct. Celui-ci me disait de rester là et d'attendre. J'avais confiance en mon instinct. Jamais il ne m'avait trahie alors autant espérer que ce ne sera pas la première fois. Et puis, ce n'était pas la première décision que je prenais ainsi. Je laissais toujours la situation se dérouler sans réfléchir aux conséquences. Jamais je ne me souciais du lendemain. Même l'heure suivante m’était insignifiante. Je vivais le moment présent sans me soucier de l'avenir.

Mike Libane :
« Hum… Où je suis ??! Qu’est ce qui s’est passé ?? Pourquoi j’ai un mal de crâne alors que j’ai aucun souvenir de m’être saoulé la veille ?? »
         J’ouvrit enfin les yeux. D’habitude, quand je me réveillais avec cette impression, j'étais dans un lit, avec quelques technopin-ups à coté de moi, et plusieurs boîtes de sterilex usés par terre. Mais là, j'étais assis, ligoté et bâillonné, dans une semi-obscurité plutôt sombre, à coté d’un mec au capillaire franchement défraîchi. Avant de me demander combien de virtu-verres j’avais avalé pour arriver là, je me souvint des derniers évènements avant mon sommeil. Déjà, je commençai à peine à m’agiter et à tenter de parler, que l’autre me regarda droit dans les yeux, et me dit d'un ton sans reproche :
_ Tu continues à t’agiter ainsi, et t’es mort.
         Je me calmai, pas seulement à cause de sa menace, mais surtout parce que j’avais trouvé un de mes couteaux à lame électromagnétique que j’utilisais pour m’occuper des fils.
_ Tu peux tenter quoique ce soit avec tes liens, mais tu n’arriveras à rien, car je t’ai ligoté moi-même.
« Cause toujours, mistigri », pensai-je, tandis que je commençais à couper lesdits éléments d'incarcération primaire.
         Alors que j’en étais à ma deuxième minute de travail, une trappe au-dessus de nous s’ouvrit, et le beau visage féminin que j’avais vu dans le vaisseau pourri apparut. Ils discutèrent entre eux, mais j’étais tellement occupé à couper les cordes qui entravaient mes mouvements que je ne m’intéressais pas à leur conversation. Enfin, la femme partit, suivie de l’homme.
         Cinq minutes plus tard, j'étais libre.
_ Pfrouaaaah, je commençais à étouffer moi. Bon, allons voir discrètement ce qui se trame.
         Je sortis de la cachette, et sorti doucement vers la porte. Par terre, je retrouvai ma clé MF 3000, qu’ils semblaient avoir mis là par négligence. 
_  Bande de……. Ces clés là, ça se respecte.
         Tandis que j’avançais dans le vaisseau, j’entendis des voix, plein de voix, venant d’une pièce.
_ Eh ben, ils font quoi là ?? Une réunion ???
        Alors que je m’apprêtais à ouvrir la porte pour demander des questions, je sentis une main se poser sur ma bouche et un bras me tirer en arrière. En un rien de temps, j’étais face contre métal, le bras fermement replié dans le dos.
_ Ecoute moi bien, fais un seul bruit et je te tue, me dit mon agresseur.
_ Tu sais, tu n’es pas le seul à me dire ça aujourd’hui, alors que j’aime tant parler.



Janus Winnfield

« CONCENTRATION D'ENERGIE DETECTEE AU POINT 0.4.6.9. »
           Je tapai quelques commandes sur le clavier de l'ordinateur de bord. Le radar zooma sur le vaisseau en question.
« ANALYSE EN COURS »
           J'accélérai vers le vaisseau en espérant que les autres terriens ne remarquaient pas ma présence. Soudain, l'analyse révéla que six humains se trouvaient à bord du vaisseau, plus une créature non humaine. Je comparai la signature ADN de cet être avec celle de l'homme chat...
Identique.
           Donc l'homme chat est à bord de ce vaisseau.
           La radio grésilla :
« Ici le capitaine Deakins, de la Confédération Terrienne à toutes les patrouilles. Un vaisseau s'apprête à décoller au secteur de la bataille. Ordre est donné de les arrêter. »
           Le capitaine Deakins...
           Le commandant des opérations sur ce terrain...
           Et aussi...
« Communication pour le véhicule 2234. La neutralisation du vaisseau est prioritaire sur votre mission. Annulez et dirigez vous vers le vaisseau. »
_ Comme d'habitude, Rob, je passe toujours en dernier. » répondis-je dans la radio.
            Silence...
« Janus ? C'est toi ? »
_ Tu sais, des fois, j'espérais vraiment que tu sois tué durant notre fuite de la base, et que tu n'aies pas trahi en te faisant passer pour mort...
_ Parce que j'ai « Trahi » ? C'est la guerre, Janus ! C'est toi qui as trahi !
_ Fais pas celui qui a toujours raison...
_ Parce que tu crois avoir raison, toi ? cria-t-il.
_ Ouais, cette guerre est n'importe quoi. Pas de déclaration, on s'entretue, des civils souffrent...
_ C'est nécessaire...
_ T'es encore plus taré que je ne le croyais...
_ Ce sont les Spatiaux, les salauds de l'histoire, tu le vois pas ? hurla-t-il littéralement.
_ Je crois surtout que tout le monde a tort. Ou tout le monde a raison. Mais j'en ai rien à faire.
          Je coupai la radio.
           Même si je ne supportais aucun camp, je décidai d'aider ce vaisseau à décoller...
...Juste pour emmerder Deakins.
           Le brouilleur était installé sur les véhicules de patrouilles terriens pour brouiller les communications entre les Spatiaux, ainsi que leurs radars... Ils n'avaient jamais pensé qu'il pouvait être utilisé contre eux. Grâce à ça, je réussis à brouiller les communications entre les hovercrafts qui fonçaient vers le vaisseau, pour les séparer de leur base. Deakins ne pouvait plus leur donner d'ordres, et ils auraient plus de difficultés à trouver le vaisseau. Mon hovercraft seul ne fut pas affecté.
            Parfait
           J'étais tellement concentré sur le brouilleur et ses fonctionnalités que je ne remarquai pas l'immense masse noire sur laquelle je fonçais... Et quand je la vis...
Oh, M...
            Je virai a fond a droite, écrasai les freins, mais je m'écrasai quand même. Malgré tout, le choc fut amorti par les boucliers et mon freinage en urgence. Etourdi par le choc, je levai les yeux pour voir que je venais de percuter une carcasse de vaisseau.
           Le champ de bataille était la.
           C'était devenu un cimetière de fer, où la mort, la peur et la désolation régnaient... En bref, je m'y sentais chez moi...
           Je vérifiai sur mon radar... Le vaisseau n'était plus très loin. Il était sur le point de décoller.
           Après un moment passé à slalomer entre les carcasses, je le vis...
Je descendis de l'hovercraft, espérant que les autres ne le trouveraient pas. Soudain, je réfléchis :
           Cet extraterrestre, chose, créature ou quoi que ce soit d'autre... Et s'il avait quelque chose à voir avec ce conflit ? Qui sait, c'est une possibilité... Alors, si je le ramène à une des autorités, ou s'ils découvrent l'existence d'une forme de vie non humaine, ça pourrait être la fin de la guerre ! La fin de toutes ces morts, de ces batailles...
          Finalement, je décidai de rentrer dans le vaisseau, avec la raison supplémentaire pour aider ces hommes, celle d'ajouter plus de problèmes à Deakins. Je m'approchai de l'écoutille, et je commençai à pirater le système... Bientôt, l'écoutille s'ouvrit... Sur une soute ou une lumière vive éclairait tout.
          Je me cachai les yeux par réflexe. Habitué à vivre dans l'obscurité, je ne supportais pas la lumière. J'entrai dans le vaisseau à l'aveugle, et je me mis sur un côté. Risquant un regard, je vis que je me trouvais dans une zone d'ombre. A côté de moi se trouvait une porte donnant sur une soute obscure.
          Je rentrai dedans et pus librement ouvrir les yeux, pour autant que je ne tourne pas mon regard vers la soute où se trouvait le sas.
« Kara ? »
_ Oui, Maman ?
          Je fermai la porte immédiatement. Heureusement, personne ne sembla rien avoir remarqué. J'avais reconnu une voix de femme et une voix de fille.
         La fille est sûrement celle que j'ai vue dans les bras de l'extraterrestre.
           Dans la soute, se trouvaient quelques clés (des clés de mécano, dont une par terre), des charges laser, un sachet de fléchettes tranquillisantes...
           Je pris ces dernières, en cas d'éventualité... Et l'éventualité se présenta sous la forme d'un jeune homme apparemment mécanicien. Il entra dans la salle et ramassa la clé par terre, apparemment jurant contre les autres car c'était une bonne clé. Je saisis l'occasion de me renseigner.   Je l'attrapai, le plaquai par terre, et dit :
« Ecoute moi bien, fais un seul bruit et je te tue. »
_ Tu sais, tu n’es pas le seul à me dire ça aujourd’hui, alors que j’aime tant parler.
            Bon, apparemment, je suis tombé sur un rigolo... C'est décidément pas mon jour de chance.
« Tu es un petit blagueur toi, hein ? Et bien si tu aimes tant parler, dis moi ce qui se passe ici... »
_ Tu sais c’est marrant, c’est la même question que je me posais, dit-il.
_ Quoi, qu’est ce que tu fous ici alors si tu ne sais rien ?
_ Je sais juste qu'un gars et une fille ont piqué un vaisseau qui était en révision alors que j’étais dedans en train de réparer les rétrofusées. Ca te suffit comme réponse ?
_ Mmmm... OK, comme tu m’as l’air sympathique, je vais pas te tuer.
_ Merci bien, si tu veux, je connais un endroit où on pourrait boire un pot tout les deux.
             Trop, c'est trop... Surtout dans ma situation. Je lui plantai une de mes fléchettes dans le cou... Il tomba par terre, endormi.
Bon, je suis dans la place. Et maintenant ?
             Une immense secousse manqua de me projeter à terre.
On décolle !
            Bientôt, les secousses s'arrêtèrent, et je sentis qu'on accélérait vers l'avant...
Bon, je sens qu'on va voyager pendant un moment, alors je ferai mieux de trouver un endroit où me mettre.
            Je levai les yeux pour voir le plafond... Une trappe de service s'y trouvait. Je l'ouvris et escaladai le petit tunnel. Après avoir refermé la trappe en dessous de moi, j'entrepris de parcourir le conduit ou je me trouvais. Je trouvai plein de couloirs tournants, mais je me dirigeai toujours tout droit. Vers la fin, j'avisai une autre trappe sur ma gauche. Je l'ouvris, m'installai dedans et refermai la trappe que je bloquai à l'aide d'une de mes dagues. Une petite fente donnait sur le poste de pilotage. L'éclairage y était moyen, je pouvais donc y voir, et peut-être entendre quelques conversations...

Colonel Laral
_ Mon colonel, mon colonel, nous avons trouvé une chose suspecte sur nos radars.
_ Et bien qu'est-ce ?
_ Venez voir par vous-même.
           Le colonel Laral de la flotte Solarienne se dirigea vers l'écran principal du radar sol.
           Et il aperçut deux vaisseaux, vraisemblablement à l'état de ruine, mais crashés récemment, car les précédentes missions de surveillance/espionnage n'avait pas détecté de pareils débris sur le sol de la planète.
_ Arrivez-vous à capter les signaux d'immatriculation des épaves ?
_ Non mon colonel, il n'y a plus rien susceptible de fournir de l'énergie sur ces vaisseaux.
_ Bien, je veux deux équipes sur chacun des vaisseaux, de type D / terrain semi-hostile. On ne sait jamais.
_ A vos ordres mon colonel.
            Quelques minutes plus tard, les deux équipes fouillaient les débris des vaisseaux.
             La première équipe reconnut rapidement le vaisseau qui avait disparu quelques heures plus tôt. Il avait vraisemblablement Rhoan à son bord. Le mécano innocent qui faisait sans doute des opérations de maintenance dessus avait disparu. Il n'était pas étonnant que le vaisseau se soit crashé, s'il était en réparation.
            Mais ce fut la deuxième équipe qui trouva la chose la plus étrange :
_ Mon colonel, ici équipe 2. Nous avons trouvé le vaisseau du caporal Atrayde. Mais le plus intéressant, c'est une touffe de poil blanc, qui n'a aucune raison de se trouver à bord ! On l'a fait scanner par notre ordinateur de bord... Je crois que vous devriez venir !
_ Bien, j'arrive.
             Et tout en enfilant sa combinaison semi-hostile, Laral se demandait quel était ces traces qui intriguaient au plus haut point ses hommes.
             Après quelques minutes de vole, il arriva sur les lieux de l'énigme, et il descendit aussitôt, avec une équipe d'analyse.
             L'équipe sorti tout un tas d'appareil, isolant la touffe de poil, car c'est avéré que cela était réellement une touffe de poil blanc. Laral n'avait pas une grande confiance en ses hommes ; il les respectait mais les considérait comme des outils pour mener a bien une mission, pour éliminer les Lambs.
             L'équipe, après avoir déballé son matériel, commença son analyse. Après seulement deux minutes, ils s'exclamèrent en ces mots :
Colonel !
_ Oui capitaine ?
_ Les poils, on les a faits scanner. Aussitôt, l'ordinateur nous a répondu « Information prioritaire. Projet secret défense. Alerter autorités supérieures ». D'après nos données, il s'agit d'un projet appelé G-E-N-E-S-E, vous en avez entendu parler ?
_ Non. Je ne vois pas du tout ce que c'est. Comment cela est-ce possible ?
_ Que doit-on faire ?
_ Donnez-moi ca, on remballe tout. La mission est terminée. Et ne parlez de ça à personne.
_ Mais...bien mon colonel, capitula le capitaine sous le regard d'acier de Laral.
             Le vaisseau redécolla sous les ordres d'un subordonnées, pendant que Laral était enfermé dans une pièce de COSP (Communication Outre le Système Planétaire).
_ ...Oui mon général, j'en suis sûr.
_ Et comment est-elle arrivée ici d'après vous ?
_ Mais j'en sais rien. Le fait est qu'elle est là, en territoire Lamb, et qu'il nous est difficile de chercher plus loin. Ce serait suicidaire. Nous risquons de nous faire repérer, par leurs forces armées, malgré que la ville soit détruite...
- Mais...
           Le colonel Laral ne reçut pas la phrase de son supérieur.
Cela s'expliqua par le fait qu'une série de laser d'assaut, provenant sans doute de vaisseaux Lambs, percutèrent le vaisseau de Laral, l'envoyant valser contre le mur en face, assez proche.
             Un peu sonné, il sortit de la salle de COSP, pour entendre les sirènes d'assaut sonner a tout rompre, et voir son équipage courir en tout sens. Il s’émerveilla de voir que chacun, contrairement au désordre que laissait voir la scène, savait ou se rendre.
             Laral, lui, se rendit là où il devait se rendre lui, c'est à dire dans la salle de commande, d'où il donna quelques ordres afin d'intercepter l'assaut.
_ Il s'agit de vaisseaux d'interception Terriens, mon général
_ Oui, ça j'ai vu. Vous avez armé les canons auxiliaires et entamé une montée ? Nous ne pouvons pas nous battre convenablement dans l'atmosphère.
_ Bien mon colonel.
            Des ordres fusèrent de l'officier, sous le regard courroucé de Laral.
Le vaisseau se faisait tirer dessus par les Lambs, tandis que les canons auxiliaires, pas destinés à se battre contre autant de vaisseaux, prenaient la place des canons principaux, inefficaces dans les combats en atmosphère à cause de la force de gravité. Mais l'atout majeur de ce vaisseau résidait non pas dans la puissance de feu, mais dans la furtivité et la capacité à se déplacer rapidement, évitant ainsi le combat, ce qui fait qu'il n'avait qu'un armement dérisoire.
           Le vaisseau de Laral montait vers l'espace, cherchant ainsi son salut dans la vitesse et le soutien de la station Oblivion a proximité. Mais certaines parties du vaisseau commençaient à se détacher, partant dans des gerbes de feu, et s'écrasant sur le sol de la planète, tandis que Laral fermait une à une les portes d'isolation, condamnant ainsi froidement les hommes malchanceux qui se trouvaient dans les zones à risque.
Le radariste vit soudain arriver deux points, qui émettaient un signal allié.
« Ils cherchent enfin à sauver leur bout de poil blanc, notre état major, dit le radariste en rigolant.
- On n’est pas la pour plaisanter, répliqua Laral. Contactez-les vite, si cela est possible.
- Bien colonel, répondit le radariste, refroidi par la cinglante réponse de Laral. »
               Les vaisseaux alliés foncèrent sur les Lambs, qu'ils éparpillèrent rapidement, puis escortèrent le vaisseau de Laral jusqu'à Oblivion, dans la crainte que celui-ci se désagrège de suite de ses blessures.
              Mais ils arrivèrent sans encombre à Oblivion, pouvant délivrer au général d'Oblivion les rapports de sauvetage négatifs, mis à part le petit bout de poil.




Chapitre suivant

Chapitre précédent

Retour à la page de garde
Afficher la suite de cette page
 
 



Créer un site
Créer un site