Les images du site sont l'oeuvre de nos membres, qui consentent à leur mise en ligne.
Chapitre II : L'Autre.
Illustré par Tchoucky



Jonas Atrayde :
            Combien de temps étais-je resté ainsi face contre terre, je ne pouvais le savoir. J’étais encore à moitié dans les vapes, mais mon cerveau était suffisamment réveillé pour que je puisse réfléchir à ce qui m’arrivait. Je repensais alors à cette homme chat, et les questions affluèrent soudain dans ma tête : De qui, ou même de quoi s’agissait-il ? Je n’avais jamais vu auparavant une créature pareille. Mais cela n’avait pas d’importance pour le moment : il fallait que je trouve un autre vaisseau afin de rejoindre la station Oblivion, et faire mon rapport sur ce que j’avais vu.
           Je repris lentement conscience, en sentant une vague douleur dans le haut de mon dos. Je relevai un peu la tête pour voir devant moi : Evidemment, l’homme étrange que j’avais vu sortir de mon vaisseau n’était plus en vue.
          Je pouvais me relever, mais je ne fis pas un mouvement : je sentis à côté de moi une présence. En tournant très légèrement la tête, je pus apercevoir une jeune femme aux cheveux roux qui avait en main mon Blaster. Non loin de moi étaient empilés des rations de survie, des kits médicaux et diverses autres choses qui provenait de l'intérieur de mon vaisseau. Elle avait sans doute l'intention de profiter de mon état pour se servir à l'intérieur. Voleurs putrides ! Elle avait sans doute cru que j’étais mort mais n’avait pas osé vérifier en me touchant. Heureusement, je sentis encore attaché à la lanière dans mon dos mon fusil laser. Lorsqu’elle se détourna de moi pour examiner l’objet (c’était visiblement la première fois qu’elle voyait ce type d’arme), je me relevai à la vitesse de l’éclair, sortis mon fusil et le pointai directement sur sa nuque.
_ Pas un geste ! Lâche tout de suite cette arme et retourne-toi !
           Je la sentais surprise, ce n’était pas bon. Je devais insister ou la tuer, sinon j’étais sûr qu’elle allait faire un geste regrettable.
_ Je te donne 3 secondes pour faire ça, ou je fais un trou dans ta jolie nuque !
           Quelques instants plus tard, elle lâcha enfin mon Blaster que je récupérai rapidement. Elle se retourna et me laissa voir un visage dur, où se peignait une irrésistible envie de me frapper. Derrière cet air méprisant, il y avait pourtant de beaux yeux verts devant lesquels étaient posées d’assez grosses lunettes. Bizarre, d'une certaine manière elle ressemblait à Lyse, quand nous nous étions connus. Mais il ne fallait pas que je perde de vue qu’il s’agissait d’une Lamb, d'un ignoble déchet. J’ignorais d’abord ce qui me retenait de l’abattre froidement, mais je finis par lui trouver une utilité.
_ Qu’as-tu vu, avant de venir me voler ?
          Elle affichait toujours cet air méprisant et détournait même le regard. Je chargeai mon fusil et le pointai entre ses deux yeux.
_ Parle ! Qu’est ce que tu as vu ?
_ J’ai vu… un genre d’homme qui ressemblait à un chat ! fini-t-elle par dire d’une voix sombre, pourtant si mélodieuse.
_ Est-ce que c'est toi qui m’as tiré dessus ?
          Elle me dévisagea soudain. Je ne pensais pas qu’elle m’avait observé comme ça lorsque j’étais inconscient.
_ Vous êtes un Spatial, non ?
         Je resserrai mes mains sur mon fusil, grommelant intérieurement.
_ Réponds !
_ Non ! J’ai vu une petite fille d’à peu près dix ans qui vous a lancé quelque chose !
_ Elle ressemblait à quoi ?
_ J’ai pas bien vu, mais elle avait un bras artificiel !
_ Et après ?
          Elle s’enferma de nouveau dans sa prison de silence, mais je ne tardai pas à l’en faire sortir de force.
_ Attention fillette, c’est peut-être la dernière fois que tu me fais me répéter ! dis-je sombrement. Qu’est-ce qu’il s’est passé après ?
_ Ils… ils sont entrés en contact, la fille et l’homme chat ! Et il l’a emmené quelque part ! hésita-t-elle.
_ Où ça ?
_ Je ne sais pas…
           Cette Lamb commençait à sérieusement m’agacer. Je descendis lentement mon fusil le long de son corps, jusqu’à sa jambe droite. Je tirai alors un coup à moyenne puissance. Le rayon passa au travers de sa jambe, elle cria en basculant en arrière. Elle avait les larmes aux yeux alors qu’elle était assise, tenant des deux mains sa blessure de laquelle coulait un filet de sang. Je restai impassible et pointai à nouveau le canon de mon arme vers sa tête.
_ Où ça ? répétai-je simplement
_ Je n’en sais rien !! cria-t-elle
          Elle ne m’était plus du tout utile et je m’apprêtais à l’abattre, c'était tout ce qu'elle méritait. J’entendis alors un sifflement aigu se rapprocher de plus en plus. Nous relevâmes tous deux la tête et nous vîmes un vaisseau cargo. Je reconnus tout de suite qu’il s’agissait d’un W.A.S 3O843. Ces types de vaisseaux dans le système proviennent uniquement de ma station. Ce qui m’étonnait le plus était qu’il n’avait pas de dégâts apparents, mais il continuait inexorablement de perdre de l’altitude rapidement sans que les rétros fusées ne s’allument. La situation devint alarmante lorsque le vaisseau dévia dans notre direction. C’est alors que la jeune fille profita de mon inattention pour se jeter sur moi malgré l’état de sa jambe. Quelques instants plus tard, j’entendis non loin de nous le W.A.S 3O843 s’écraser dans un bruit assourdissant, soulevant au moins 30 m³ de terre sèche sous la force du choc.
           Cette fille m’avait ainsi empêché d’être enseveli sous une tonne de gravas. Une fois le calme revenu, je repoussai immédiatement ma sauveuse et pointai mon fusil sur elle. Les Lambs ont vraiment des comportements étranges…
            Elle ne dit rien et baissa le regard. Je décidai pour le moment de rester sur place, attendant les gens qui pourraient sortir du vaisseau, s’ils étaient encore en vie.
            Nous attendions déjà depuis quelques minutes quand un bruit, derrière nous, un bruit silencieux, presque imperceptible, attira mon attention. Je n'eus que le temps de me retourner pour apercevoir un petit appareil long, tubulaire, qui se dirigeait vers l'épave. Un rayon en jaillit et s'abattit sur moi et la Lamb, figeant dans la glace nos corps et nos esprits.


Dr Nilane Bah

          Le trajet s'est fait plus vite que prévu. Beaucoup trop vite à mon goût.
          Je jette un coup d'œil au mécanicien, inanimé, qui gît derrière nous, endormi par une fléchette anesthésiante.
_ Attrapez-le, dis-je. Maintenez-le attaché avec vous sur votre siège. Nous allons être secoués.
_ Vous auriez mieux fait de me laisser le tuer, grogne Rhoan. Vous n'auriez pas à vous soucier de sa santé.
_ Vous avez accepté de marcher avec moi, Rhoan, donc autant vous y faire tout de suite. Les choses se feront à MA façon. Maintenant obéissez sans discuter, je vais devoir exécuter une manœuvre difficile et si vous voulez que nous arrivions en vie, mieux vaut ne pas me distraire.
           Je le sens hésiter, puis il s'exécute, se lève, traîne le corps du jeune homme inconscient jusqu'à son siège, et se sangle avec lui solidement.
           Trois secondes avant d'entrer dans l'atmosphère...
           Je vire violemment à droite.
           La secousse ébranle le vaisseau. Je sens la carcasse chauffer en entrant dans l'atmosphère. Je continue à virer. Le vaisseau entame une spirale descendante.
           Bien, ainsi, nous perdons peu à peu de la vitesse, et offrons moins de résistance à l'air, ça nous évite de prendre feu.
           Reste à savoir si...
           Le sol est en vue.
           Trop vite. Ca va encore trop vite. Le choc est inévitable. Tant pis. Je redresse de toutes mes forces. Le nez de notre engin remonte vers le ciel, tandis que la soute heurte la terre avec rudesse. Je sens les sangles de ma ceinture de sécurité pénétrer dans ma chair sous l'effet de la secousse, me couper la respiration. Un voile gris se forme devant mes yeux.

(...)

           Combien de temps suis-je restée inconsciente ?
           C'est l'arrière de l'appareil qui a tout encaissé, la cabine est presque intacte. Je m'arrache de mon siège et rejoins celui de Rhoan, en prenant garde à ne pas glisser sur le plancher en pente. Il est vivant. Notre jeune passager clandestin aussi.
_ Réveillez vous, Rhoan.
          Le scientifique ouvre les yeux, et me regarde. Il a un mouvement de recul. Il ne doit plus avoir l'habitude du contact humain.
_ Levez-vous, dis-je. Nous avons perdu assez de temps.
_ Où sommes-nous ? 
_  Sur terre. Au Japon. Près d'une ville que vous n'avez pas encore détruite.
_ Nous abandonnons cet appareil. Ensuite ?
_ Ensuite, nous rejoignons l'ex-Itokyo. Le site a été envahi par une forêt toxique, depuis huit ans. L'air y est irrespirable. Personne ne s'y aventure. J'y ai installé un laboratoire autonome. Il y a suffisamment d'oxygène pour y tenir des mois. C'est là que vous construirez votre engin.
_ Où avez-vous trouvez le matériel nécessaire ?
_ Je l'ai « emprunté » aux Solariens.
_ Je vois, fait-il avec un air moqueur.
           Il s'extirpe de son siège avec difficulté. Ses membres sont endoloris. Son regard tombe sur le jeune mécanicien, toujours inconscient.
_ Et lui ? Si on le laisse là, il risque d'être dangereux. Il vous a vue avec moi.
_ On l'emmène, dis-je. Au labo, je trouverais un moyen d'effacer sa mémoire.
_ Vous êtes sûre de vouloir vous donner cette peine ?
_ De toute façon, pour sa sécurité à lui aussi, on ne peut pas le laisser là. J'ai payé pour savoir ce qui arrivait aux gens qui sont témoins de vos exploits.
             Un instant, je sens qu'il va répondre quelque chose, mais il se retient. Je retire d'une poche de ma veste le boîtier de commande du passe-partout. Par bonheur, il ne semble pas avoir été abîmé par notre atterrissage quelque peu forcé. Je tape le code, et lance l'appel. Quelques minutes s'écoulent sans que rien ne se passe. Puis, enfin, j'entends au loin le sifflement familier de mon engin qui s'approche.
_ Venez, Rhoan. Sortons.
             Soutenant notre témoin gênant par les épaules, nous nous faufilons hors de l'épave.
             Le passe-partout est là, à quelques mètres. Je remarque alors la campagne alentours. Elle est dévastée.
_ Il y a eu une bataille, ici, murmuré-je. Ne nous attardons pas.
           En faisant quelques pas, j'aperçois deux silhouettes immobiles, à quelques mètres. Deux rescapés, sans doute ! Ils ont du nous voir tomber, mais le système de sécurité du passe-partout les a cryogénisés avant qu'ils puissent nous apercevoir.
           Nous montons dans le passe-partout, qui se met en mouvement aussitôt la coque de la cabine refermée pour aller rejoindre mon vaisseau, ou j'ai laissé Kara.
          Je ne suis pas restée absente très longtemps, en définitive. A peine une heure. Mais ça me tracasse tout de même de la savoir seule. Je sais que je n'avais pas le choix, à qui aurais-je pu la confier ? Je ne connais personne d'assez sûr.
           Nous arrivons. Le passe-partout réintègre dans la coque de mon vaisseau la place qui est sienne, et nous n'avons plus qu'à descendre par la trappe, pour rejoindre l'intérieur, la sécurité.
_ Venez par là, dis-je à Rhoan. Dans l'infirmerie, il y a des capsules de survie dans lesquelles nous pourrons enfermer ce jeune homme.
           Soudain, je dresse l'oreille.
           Kara babille joyeusement, dans le fond du vaisseau, du coté de la réserve. Comme elle a l'habitude de parler toute seule pour jouer, je ne me suis pas inquiétée... Jusqu'à ce que j'entende cette autre voix, cette voix inconnue lui répondre.
          Kara n'est plus seule dans le vaisseau. Kara a amené quelqu'un !
          Je me tourne vers Rhoan.
_ Cachez-vous ! Cachez-vous avec le mécanicien, et restez cachés jusqu'à ce que je vous dise de sortir !
          L'arme au point, je me dirige vers la réserve, silencieuse. La porte est entrouverte. Je glisse un œil à l'intérieur et étouffe un cri. Kara est en train de jouer avec un... Un...
          C'est grand. Ca a la taille d'un homme. Ca se tient debout. Ca a de la fourrure, une queue, des oreilles et des griffes comme un chat. C'est habillé, avec des vêtements simples, mais habillé tout de même. Ca regarde avec intérêt, intelligence, même, les gestes de Kara. Ca n'est pas un animal. Ca n'est pas un animal !
           Et ça n'est pas humain.
           Mais qu'est-ce donc ?
           Je reste immobile, sans savoir quelle conduite adopter.
_ Regarde ça ! dit Kara avec amusement. C'est du chocolat. C'est la meilleure chose qui existe au monde. Vas-y, goûte ! Mmmmmmm, c'est bon ! Hein, c'est bon, hein ? Mmmmmmm !
_ Mms'bon... Répète la créature sans comprendre.
           Mais quand Kara lui tend la barre, il la prend et la porte à sa bouche. Il a immédiatement comprit que c'était comestible.
           Kara le regarde. Je sais qu'elle lui a fait comprendre sans utiliser la parole. Je n'ai jamais compris comment ce pouvoir lui était venu. Ce pouvoir de ressentir des émotions qui ne sont pas les siennes. De donner ses émotions à d'autres, sans avoir recours à la parole. Après bien des études, je suis arrivée à la conclusion que c'était lié à sa maladie.
           La créature a l'air d'apprécier le chocolat. Il l'engloutit en quelques bouchées, et retend les mains.
Coray, Coray fait-il.
Kara rit et bat des mains.
_ Encore ! Ah non ! Maman va me gronder. Elle ne veut pas que je mange du chocolat entre les repas.
            Et soudain, comme si le fait de penser à moi lui en donnait conscience, elle tourne la tête vers la porte pour constater ma présence.
            Elle écarquille les yeux.
_ Maman ! Maman, ne te fâche pas. Je m'ennuyais, je suis sortie, et puis... C'est un ami ! Ne te fâche, il est très gentil ! Il ne sait pas parler, mais il est très gentil !
            Je sais qu'elle m'a désobéi, et je suis terrorisée à la seule idée qu'elle ait été se promener, toute seule, dans la campagne environnante, que, mon dieu, elle a peut-être vu la bataille. Mais pour l'heure, je suis trop abasourdie pour y penser. Je regarde l'être à moitié homme, à moitié félin, qui est à coté d'elle. Il s'est tourné vers moi. Il a senti la peur de Kara, et il a sorti ses griffes. De longues, très longues griffes acérées... Des armes tranchantes, si près de la gorge de ma petite fille...
_ Kara, murmuré-je d'une voix blanche. Kara, viens. S'il te plait, viens.
_ Je veux pas ! Pleurniche-t-elle. Tu vas être en colère.
_ Non, ma Kara, je ne vais pas être en colère. Mais s'il te plait, viens. Eloigne-toi de lui.
_ Non ! crie-t-elle.
              N'y tenant plus je fais un pas pour entrer dans la pièce, aller vers elle et l'éloigner. La créature réagit aussitôt. Elle s'empare de ma fille et la soulève dans ses bras, tout en me crachant à la figure d'un air menaçant.
Einjay ! Einjay !
Je réalise soudain que je sais ce qu'il veut dire
_ Danger ? Non, je ne suis pas un danger, pour elle !
            Je tends les mains, et j'avance encore. Mais la créature me balance un coup de griffe, que j'esquive de justesse, s'échappe vers la porte, sort par le sas, que Kara a (encore !) oublié de refermer, et s'éloigne au dehors avec ma fille dans les bras !
          Mon dieu !
          Sans réfléchir, je me précipite à leur poursuite.
_ KARA !!!!!!!!!!! KAARAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!!!



Janus Winnfield
          La tour Fantôme.
          Autrefois, elle devait héberger des bureaux ou d'autres choses du genre.
          Aujourd'hui, même les patrouilles terriennes ont normalement peur de s'en approcher...
          La légende dit que les esprits des morts vivent ici et dévorent ceux qui osent les approcher...
          J'y ai vécu trois ans...
          Depuis le début des hostilités, tous les terriens pouvant marcher, porter une arme, en bref prêts à se battre étaient forcés de rejoindre l'armée.
          Les humains n'ont qu’à se débrouiller entre eux, ai-je pensé quand mon tour fut venu. Je suis et je serai toujours persuadé que cette guerre n'a aucun sens...
          J'ai déserté. Avec trois autres types, on a volé un véhicule et on a forcé notre passage hors de la base militaire où on était affecté.
          Je suis le seul encore vivant. Les autres ont été tués par les militaires.
          Depuis, je vis seul dans cette tour exilée. Les militaires savent que je suis en liberté, mais ne savent pas où.
          Encore heureux.
          Les seuls autres humains que j'ai rencontrés sont des terriens cachés, rebelles eux aussi à la guerre.
(...)
          Je regardai autour de moi le paysage désolé. J'aperçus les étincelles d'une bataille se dérouler au loin... Des batailles... J'en avais vu tellement depuis ce point d'observation que ça ne m'impressionnait plus...
Un bruit aigu attira mon attention. Je regardai et vis alors à ma grande surprise un aéroglisseur militaire (Un véhicule standard blindé de patrouille) se garer au pied de ma tour.
Intrigué, je descendis de quelques étages.
          « Janus Winnfield ! »
          Je me retournai. Quatre hommes étaient descendus du véhicule. L'un d’eux (le chef, reconnaissable à son armure décorée en bleu au lieu du vert des secondes classes) parla dans un haut parleur.
          « Nous savons que vous êtes là ! Vous êtes recherché pour désertion, assassinat, pillage d'entrepôts de provisions de l'armée et vol de matériel. »
          Silence. En effet j'avais commis tous ces « crimes ».
          « Descendez et rendez vous, si vous tenez à la vie ! »
          Silence...
          Après quelques secondes, le chef dit :
          « Allez fouiller cette baraque et ramenez-le moi ! »
          Les trois hommes en armure verte montèrent dans la tour...Je descendis discrètement quelques étages, sortant des couteaux de ma ceinture... Un pour chaque main. Forgés personnellement...
          Le premier garde arriva à ma hauteur. Je me dissimulai dans le noir. Il n'eut rien le temps de voir qu'il se retrouva par terre. Un coup dans le cœur.
          Les deux autres subirent le même sort. Je pris la radio de l'un d'eux.
          « Où en êtes-vous ? fit le chef. Je veux un rapport de la situation !
_ Tu as fait des erreurs... répondis-je.
          La voix de l'autre côté se fit soudain tendue.
          « Winnfield !
_ Un : tu as accepté de tenter de venir m'arrêter. Et deux, vous êtes venus à quatre seulement pour moi... C'est insultant... »
          Je laissai tomber la radio par terre avant de l'écraser avec mon pied.
          Soudain, je me jetai à travers la fenêtre du premier étage. J'atterris en une roulade et me relevai devant le chef, interdit. Il saisit alors une barre et l'activa. Un bouclier magnétique se dressa devant lui. Il cherchait son arme frénétiquement...
          « Tu crois que tu peux m'arrêter comme ça ? »
          Je dégainai alors mon arme et tirai. La balle traversa le bouclier et le toucha au bras. Il hurla et se laissa tomber.
          « Tu vois ça ? fis-je en montrant mon arme. C'est un USP qui date d'avant le Cataclysme. Je l'ai obtenu au marché noir. Et ce qui est bien avec ce truc, c'est que ça traverse tous les obstacles laser, car ces derniers ne dérivent que les lasers. Pas les balles. »
          Il gémissait par terre. Je m'approchai, et je pris sur lui la carte magnétique de son aéroglisseur en plus d'un bout de papier sur lequel il était inscrit :
          « JANUS WINNFIELD. ARME ET DANGEREUX. RECOMPENSE DE 500.000 ALKS (Unité monétaire planétaire terrienne) MORT OU VIF »
          Je souris, et partis vers l'hovercraft. J'entrai et préparai l'autodestruction de celui-ci pour qu'on ne retrouve jamais cette équipe.
Un petit bruit...
          Je me plaquai contre la portière alors que le gradé de l'expédition me tirait dessus... Je sors du véhicule, esquive un autre tir, et lui tire deux fois dessus. Il s'écroule définitivement.
          Je rentre à l'hovercraft pour finir d'entrer les commandes d'autodestruction, quand j'entendis une série de bips.
          Je m'approchai et vit alors que le radar détectait des survivants dans le champ de bataille que j'avais vu plus tôt, dont un était marqué
          « ADN INCONNU, CERTIFIE CREATURE NON HUMAINE »
Non humain ? Allons bon, voila du nouveau.
          J'annulai la commande d'autodestruction et me penchai sur le radar. Je zoomai et vit que l'être non humain se déplaçait rapidement avec un autre être dans ses bras.
          « ADN HUMAIN, NON RECENSE DANS LA BASE DE DONNEES. »
Je relançai une vérification pour l'autre créature, et la confirmation fut la même... C'est bien un être non humain.
          Faut que je vois ça... En route !
          J'activai les propulseurs, et je partis.
          Quelques minutes plus tard, j'arrivai à quelques mètres d'eux. Je pus les observer. La créature était une espèce d'hybride chat/homme et tenait une fille dans les bras. Il courait à une vitesse extraordinaire.
          « Wow ! »
          Soudain, il s'arrêta. Je le vis se tourner vers mon véhicule. Il avait senti ma présence. J'ouvris la portière et sortis, en restant a distance.
Aucun de nous ne bougea...

          Il parla :
          « Duanos Tus ? »
          Soudain, je reçus... Une sorte d'image modélisée dans ma tête de moi même, avec une sensation, comme si je m'interrogeais sur moi-même
Il... Il parle dans ma tête ! Il a l'air de me demander qui je suis.
Malgré ma surprise, je gardai un visage ferme.
          « Je... »
          Avant que j’aie eu le temps d'articuler quoi que ce soit d'autre, il tourna sa tête vers l'arrière et dit alors :
          « Einjay ! »
          Cette fois-ci, ce n'est pas à moi qu'il parlait. Mais avant que j’aie eu le temps de comprendre, il se remit à courir, en partant vers la droite.
          Le radar bipa. Une autre forme de vie s'approchait.
          « ADN HUMAIN, NON RECENSE DANS LA BASE DE DONNEES. »
          C'est la journée des surprises, décidément...
          Je décidai d'attendre cette autre forme de vie, quand soudain, je vis sur le radar des troupes terriennes approcher. Sans doute pour tenter de voir s'il y avait des survivants sur le champ de bataille.
          Si je reste ici, ils me tombent dessus.
          Je rentrai dans l'aéroglisseur et décidai de partir dans une direction loin des troupes terriennes.


Kara
          Il court, c'est la première fois que je vois quelqu'un courir si vite... Je m'agite dans les bras de l'homme-félin. Il s'est trompé ! « Maman » n'est pas un danger ! J'ai beau gigoter dans tous les sens, il me tient fermement. Je commence à pleurer. Pourquoi il ne comprend pas ?!
          « Lâche-moi ! Lâche-moi, je crie. Tu t'es trompé ! Arrête ! »
          Il continue de courir, couchant ses oreilles pour ne pas m'entendre. Je lui transmets alors de l'erreur.
          Tu n'as pas compris... Erreur, erreur !
          Cette fois, il semble ralentir légèrement mais continue de courir. 
          « Mais arrête-toi ! « Maman » !!! »
          Je l'entends crier mon nom. Elle est à notre poursuite.  
          Je recommence à bouger, tapant sur les bras de l'homme-félin. Je ne suis pas assez forte, il est trop grand. Je pleure de plus belle. Il ne comprend pas ! Et je ne peux pas m'échapper !
          Un véhicule arrive tout droit dans notre direction. L'homme-félin fronce alors son nez. Je ne peux pas retenir un sourire. Il est si rigolo quand il fait ça !
          L'homme-félin s'arrête et après quelques minutes, quelqu'un sort du véhicule. C'est un homme, avec... une jolie marque sous l'œil.        Comment il a pu l'avoir ? Et... qui c'est ?
          L'homme-félin retrousse ses babines et montre ses... espèces de crocs. Il croit encore à un danger ? Cet homme avec une marque... Je le connais pas et l'homme-félin non plus. Il doit penser que c'est un ennemi... 
          L'homme à la marque et l'homme-félin semblent se « parler ». Celui à la marque bafouille quelque chose mais l'homme-félin se retourne et crache :
« Einjay ! »
          Il parle de ma mère ! Elle nous suit toujours. Mais non ! « Maman » n'est pas Einjay !
          L'homme à la marque rentre soudain dans son véhicule et part. Je vois alors « Maman » au loin, derrière. Elle tend les mains, en criant mon nom.
          Avant que l'homme-félin ne recommence pas à courir, quelque chose l’atteint à l’épaule. Il vacille et s'effondre, s’assommant sur une pierre. Je me dégage de ses bras et le secoue.
          « Réveille-toi ! Qu'est-ce que tu as ?! Allez, fais quelque chose ! »
          Je crie, j'essaye de le réveiller, sans succès. 
          « Maman » m'attrape soudain et me serre fort contre elle.
          « Kara... J'ai eu si peur.
_ Mais lui ! Lui, qu'est-ce qu'il a ?!
          « Maman » me lâche et retourne l’homme-félin sur le ventre. Une espèce de marque est sur son épaule. 
_ Il a été touché par un laser… 
_ Mais il va bien, hein ? Il est pas… Il…
          « Maman » me prend par les épaules.
_ Non, ne t’en fais pas. Il est… juste endormi. Emmenons-le dans le vaisseau. D’accord ? »
          Je renifle. J’arrête pas de pleurer, de hoqueter. Qui lui a fait ça à l’homme-félin ? Pourquoi ? « Maman » le saisit par les épaules et essaye de le hisser sur son dos. Je l’aide et regarde aux alentours. Je sais pas mais… Je sens que nous ne sommes pas seules.
          Un homme ! Je crois l’avoir déjà vu… Il est caché avec un… un pistolet à la main. Je vois aussi une femme derrière lui. Elle est rousse, avec des lunettes.
          C’est lui ! Oui c’est cet homme qui a fait mal à l’homme-félin ! Je cours vers lui, laissant ma mère avec l’homme-félin sur son dos.
          « Maman ! C’est lui ! L’homme là-bas ! Il a tiré avec son pistolet. 
_ Mais qu’est-ce que tu racontes Kara ? »
          J’arrive devant l’homme avant qu’il ne puisse faire un geste. Je lui crie dessus, à lui crever les tympans. La femme se bouche les oreilles avec une grimace.
          « Maman » arrive et s’exclame. Elle dévisage l’homme et la femme.



Chapitre suivant

Chapitre précédent

Retour à la page de garde
 
 



Créer un site
Créer un site