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Chapitre I : Âmes perdues sur un champs de bataille.




Jonas Atrayde :

           Je me réveillai, comme d’habitude depuis huit ans, avec la désagréable impression d’avoir été abandonné pendant la nuit. Ma main se balada quelques instants à ma droite, dans le vide qu’il y avait entre ma tête et le mur. Ne sentant toujours rien, j’ouvris les yeux sur l’absence de lumière dans mon Block. Je m’assis au bord de mon lit, la tête dans les mains, en essayant tant bien que mal de me tirer du sommeil.
_ Lumière !
          Le plafonnier principal s’illumina. J’observai pendant un petite minute le vide interstellaire par mon unique hublot, puis je me décidai enfin à me lever. Le lit se rétracta automatiquement dans le mur aussitôt que je l’eus quitté. Je me dirigeai vers le grand meuble sur lequel étaient posées mes cigarettes. Ces cigarettes synthétiques à la tricynine d’alium, faites pour arrêter de fumer. J'en mis une négligemment entre mes lèvres pâteuses et l’allumai avec un briquet d’avant-guerre, seule chose qui aurait pu me lier d’une quelconque manière, encore à la Terre.

           Je m’appelle Jonas Atrayde, matricule PC-183804. Voilà quinze ans, jour pour jour que j’avais rejoint les rangs de l’armée d’Etrenank. Commençant par le niveau le plus bas de l’échelle : La chair à canon que l’on envoyait sur les fronts Terrestres ennemis, jusqu’à ce que cette classe soit supprimée. J'étais désormais pilote d’élite de bombardier FS (Fire Storm). Je pouvais ainsi assouvir ma soif de vengeance autant que je le désirais, en rayant de la surface de ce qui restait de notre planète d’origine, toutes ces ordures qui avaient voulu y rester. Je ne comptais plus mes innombrables victimes tombées sous les déluges de feu de mon vaisseau, mais je n’aurais été satisfait que le jour où ces monstres ne seraient plus qu’un souvenir.
           Ma Lyse, ma chère Lyse qui me manquait tant avait été tuée de sang froid au cours d’un combat par un soldat ennemi, alors qu’elle faisait son devoir de médecin de terrain. Je lui avais pourtant toujours dit qu’elle avait trop bon cœur. En effet, c’était un soldat ennemi qu’elle soignait, lorsqu’elle fut froidement abattue par un autre porc qui n’avait que faire de la survie de son compagnon de régiment. Je savais pertinemment qu’il était mauvais de penser ainsi. J’en voulais à toute la Terre pour le comportement d’un seul Terrien. Mais après tout, il y avait sûrement des centaines d’autres comme celui là, des milliers, voire des millions !
          Etait-ce notre faute ? Non. Il y trois cents ans, quand la Terre était mourante, une poignée de gens à l’échelle planétaire furent sélectionnés pour former les futures colonies de l’espace. Les Lambs restés sur Terre devaient dès lors s’adapter à survivre sur une planète avec peu de ressources. Hélas, c’était bel et bien tout ce que m’avait appris ma courte instruction dans mon école militaire.
           La guerre n’avait jamais été officiellement déclarée, que ce soit par les Lambs ou par les Solariens, mais nous étions bel et bien en conflit depuis ce temps. J’ignorais pour quelle véritable raison tout cela avait commencé, pourquoi les Lambs avaient refusé toutes les solutions que le gouvernement des Territoires Fédérés leur avait proposées ? Mais quelles que soient leurs raisons, elles n’étaient certainement pas bonnes.
            Après m’être longuement perdu dans mes réflexions et mes souvenirs, j’écrasai ma cigarette et jetai un coup d’œil rapide à mon moniteur de messagerie. Il y avait un message du Commandant qui était apparemment là depuis la veille. Je m’étais couché très tard suite à de nombreux entraînements sur simulateur et n’avais pas pris soin de regarder. Heureusement pour moi, j’avais encore une bonne heure devant moi pour me préparer. Je fis une toilette rapide et enfilait mon uniforme.
           Je sortis de mon Block et me dirigeai vers la salle de briefing. Je marchai d’un pas nonchalant le long des couloirs high tech de la station, doucement éclairés par une lumière bleutée. Au vu du nombre de soldats y circulant, il y avait peut être une opération d’envergure en préparation. Quelques mètres avant d’atteindre mon but, je croisai Jowy au détour d’un couloir. Jowy Belnades, quasiment le seul vrai ami qu’il m’avait été donné de me faire durant ces années d’instructions. Nous nous ressemblions sur peu de points, nous avions la même haine envers les Lambs. C’était cela qui nous avait réellement rapproché, après la mort de Lyse. S’approchant de moi, il m’aborda sur ton gaillard.
_ Alors Atrayde ! On arrive encore le dernier ?
_ Tout le monde est déjà là ?
_ Tout l’escadron !
_ Je vais devoir encore faire des excuses au Lieutenant ! dis je d’un air rageur.
_ Laisse, je vais le faire pour toi !
_ C’est sympa !
          Nous entrâmes alors dans la salle, où presque tous les sièges étaient déjà pris, je réussis tout de même à en trouver deux inoccupés, au premier rang.
          Jowy parla quelques minutes avec le Lieutenant, puis il vint s’asseoir à côté de moi. Avant que le briefing ne commence, il me dit à voix basse :
_ Devine qui la prison haute sécurité va accueillir dans quelques heures ?
_ J’en sais rien, répondis-je indifférent.
_ Franck Rhoan !
_ Le savant fou, celui de qui on a dit qu’il avait inventé une arme terrible ? demandai-je avec plus d’intérêt.
_ Tout à fait ! Il a faillit s’échapper de sa dernière prison, alors ils le transfèrent ici !
_ Comme s’il n’y avait pas déjà suffisamment de fous dans cette station ! S’il s’obstine à ne pas avouer ses secrets, pourquoi on ne le liquide pas ?
_ Mon ami, ça c’est le gouvernement d’Etrenank qui décide !
           Le Lieutenant intima alors le silence, le briefing commença.
           La mission d’aujourd’hui était capitale : Dans la petite ville d’Ajira, était dissimulé un nouveau prototype de Canon Ionique que les plus éminents (et les plus recherchés par les commandos d’Etrenank) physiciens Terriens avaient fabriqué, couverts par une usine dévastée. Ce prototype serait capable de percer n’importe quel blindage qui protège actuellement la flotte Solarienne. L’objectif était simple : la localisation du prototype n’ayant pas pu être précise, il avait été décidé d’envoyer notre escadron et de rayer de la carte par une frappe éclair et sous un tapis de bombes, la ville et ses environs. Plusieurs allers-retours devaient être effectués enfin d’être sûr qu’il n’en resterait pas la moindre trace. Cet objectif ne plaisait pas à tout le monde, car les pertes civiles seraient conséquentes. Pour moi, le résultat serait le même. Je pourrais même me réjouir d’avoir tué autant de ces déchets en quelques minutes.
            Après avoir rejoint ma plate forme d’arrimage, j’embarquai avec mon copilote dans mon vaisseau. Nous quittâmes rapidement la station puis l’orbite lunaire, restant en formation serrée malgré l’imposant gabarit de nos vaisseaux. Quand nous entrâmes dans l’atmosphère, nous ne pûmes rien voir au travers des gros nuages noirs qui recouvraient notre grand objectif. Nous devions seulement nous fier à nos radars.
           Soudain, j’entendis non loin de moi une détonation. Mes instruments de bord surveillant l’état de mes équipiers, je vis qu’un canon longue portée avait touché sans dégâts grave apparents, le vaisseau de Jowy. J’entendis une communication du Capitaine.
_ A tout l’escadron ! L’ennemi a anticipé notre attaque ! Foncez sur l’objectif et rasez tout !
           Je sentais un tremblotement dans sa voix. L’espion que mes supérieurs avaient envoyé enquêter sur le prototype n’était pas revenu. Il semblait qu’ils avaient placé trop de confiance dans cet homme qui les avait apparemment trahis. Quand nous fûmes enfin sortis de cet énorme voile noir, nous étions en vue de Ajira. Un très vaste paysage métallique gris et terne, vomissant sa rouille et sa décrépitude profonde sur ce qu’il pouvait rester de verdure aux alentours. C’était une sombre tanière qui cachait bien les rats qui y vivaient. Il fallait que nous soyons au raz du sol pour être au maximum de notre efficacité. Et bien que les innombrables tirs que je voyais défiler à une vitesse faramineuse ne causaient pas beaucoup de dégâts sur nos appareils, ils nous ralentissaient considérablement.
            Quand nous arrivâmes à portée, je larguai au même moment que mes équipiers mes bombes EMP. En un rien de temps, l’artillerie au sol avait été neutralisée. Après quelques allers-retours relativement faciles, ce qui restait de la ville allait être bientôt enterré sous ses propres décombres.
           Mais lorsque nous reprîmes de l’altitude, j’entendis une nouvelle détonation, mais beaucoup plus forte : Un autre vaisseau non loin de moi perdait rapidement de l’altitude et était en proie aux flammes. A une minute d’intervalle, un autre explosa purement et simplement.
          Nous n’avions pas eu le prototype ! Et il avait même était activé pendant que nous bombardions la ville ! C’est alors que cela arriva : Je fus touché à mon tour et entamai ma descente.
_ Jonas ! Jonas !! cria vainement Jowy dans la radio qui se mit à grésiller.
Des étincelles fusèrent partout dans le cockpit et mes instruments ne répondirent plus du tout, provoquant la panique chez mon copilote. Lorsque nous touchâmes le sol avec une extrême violence, il mourut sur le coup, la tête fracassée contre la vitre principale. Je n’avais pas pris le soin de vérifier, mais j’avais moi-même subi un gros choc crânien dans cet atterrissage forcé. De plus, le sang coulait à flot de son front. Je sortis avec un peu de mal par l’issue de secours, emportant avec moi les armes qui m’accompagnaient toujours : Un fusil laser, et un Blaster de l’armée.
          Je m’étais écrasé aux abords de la ville, dans une vaste étendue d’herbe grisâtre, non loin d’un arbre mort qui avait résisté au souffle du choc et au déplacement de terre provoqué. Victime d’un étourdissement, je m’assis au sol contre cet arbre et allumai une de mes cigarettes que j’avais emportées dans mon uniforme. J’observai avec attention les volutes de fumées s’échapper du bout rouge.
_ Juste au moment où je décide d’arrêter de fumer… si j’avais su ! pensai-je
           Malgré ma vue troublée par le choc, je pus apercevoir clairement, sortir de l’épave de mon vaisseau une silhouette humaine. Je crus tout d’abord que c’était mon copilote qui avait survécu, mais je remarquai une chose étrange : cette silhouette avait une longue queue, exactement comme un félin. Je vis son visage qui se tournait vers moi, puis il accéléra le pas.
          Je n’avais pas le choix : Je me relevais rapidement et pointai mon Blaster chargé vers cet « homme ».
_ Hé vous ! Arrêtez !!
          Je n’eus pas le temps de réagir que je fus touché dans le dos par une charge énergétique, venant sans doute d’une arme paralysante. Etant affaibli, je ne pus résister plus d’une minute, je sombrai dans l’inconscience en laissant tomber mon arme. Qu'étais-je venu faire dans cette mission… ?



Kara
          Une pluie d'étoiles... Une pluie d'étincelles et de flammes.
          Cachée dans la carcasse d'acier qu'est ce vaisseau, je regarde ce spectacle terrifiant et beau. Le sol vibre sous le crash des vaisseaux. Les yeux rivés vers le ciel, malgré l'éloignement du champ de bataille, je "sens" de la peur, beaucoup de peur.
          « Maman » est près du sas, et m’appelle :
« Kara, écoute-moi. D’accord ?
_ Oui Maman…
_ Je vais sortir un petit moment. Je dois aller faire quelque chose.
_ Je viens pas avec toi ?
_ Non, Kara. J’y vais seule.
          Bizarre. Quand « Maman » part, je viens toujours avec elle. C’est pas normal. Ca doit être grave…
_ D’accord "Maman". Et tu veux que je reste sur le vaisseau, hein ?
_ Elle esquisse un sourire. Mais je « sens » de l’inquiétude en elle. De l’anxiété aussi. « Maman » a peur de me laisser ici toute seule. Oui, c’est ça.
_ Mais Kara, fais attention. Ne sors pas. Reste sur le vaisseau et garde-le d’accord ? Kara, tu comprends ?
          Je sais pas pourquoi, mais je savais qu'elle allait dire ça. Oui, maintenant je « vois » qu’elle a peur, peur pour moi. D’abord, elle part dehors sans moi, puis elle ne semble pas vouloir me laisser seule dans le vaisseau… Que va faire « Maman » ? En tous cas c’est grave. Je lui « donne » de l’affection pour la rassurer. Si ce qu’elle va faire est pas normal, je dois la calmer. 
          J’entends « Maman » me faire des recommandations, mais je n’écoute pas. Je les connais. 
_ Je… environ une heure… Kara, tu… Et surtout il…
          J’ai l’impression de connaître l’endroit où on est. C’est tout vague dans ma tête. Tout est sombre. Suis-je déjà allée ici ? Peut-être… 
          « Maman » met du temps pour partir. Elle a peur… Elle s’inquiète. Je sais pas ce qu’elle va faire mais… la voir aussi troublée de me laisser toute seule dans le vaisseau, ça me fait bizarre. 
_ Maman… C’est quoi que tu vas faire dehors ?
_ Je… Je vais régler quelque chose. Alors tu attends mon retour.
          Je serre « Maman » à la taille. Faut pas qu’elle ait autant peur de me laisser. 
_ Allez, ‘faut que tu ailles régler ta chose, Maman.
          Elle sourit, me fait une bise puis ouvre le sas du vaisseau.
_ J’y vais. Reste là, je reviens. »

          Pourtant... "Maman" sait que je ne n'obéirai pas à ses ordres. 
          Je pose mon "faux-bras" bionique sur le tableau d'ouverture. La porte coulisse doucement, laissant entrer un air lourd, mauvais... Je saute du vaisseau et trottine vers le lieu du bombardement. Le vaisseau est dissimulé, le mode "Camouflage" activé.
          Je trottine presque, poussant mes jambes à courir vite, très vite. Je ne perçois presque plus rien. Un mot passe dans ma tête : Mort. Le "Sommeil sans éveil"... Ils sont...
          Je cours toujours, écrasant des brindilles sèches et foulant un sol fait de poussière et de rocs saillants. Et tout est noir, sombre...
          J'aperçois une carcasse de vaisseau... de guerre. Des flaques rouges dégringolent du cockpit brisé.
          Bizarrement, je n'ai pas peur, je ne suis pas terrifiée à la vue de ces images de mort.
          Peur... Crainte ! Je sens quelque chose ! Il y a quelqu'un !
          Et c'est là que je la vois. Cette silhouette fine et élancée, qui s'échappe, collée au vaisseau. Je la suis, aussi discrètement que possible.
          Cette personne n'est pas comme les autres. J'ai vu qu'elle avait une queue, des oreilles fines, et qu'elle marchait sur ses orteils.
          Je remarque une drôle de forme, allongée sous un arbre mort. C'est un homme, qui pointe une arme sur l'homme-félin. Il veut le tuer ?
          D'une main, je retire de ma sacoche une boule paralysante et la lance sur l'homme sous l'arbre. Il la reçoit dans le dos, et s'effondre par terre. Je ne veux pas qu'on fasse mal à ce drôle d'homme à moitié chat.
          Je continue ma marche et à quelques mètres de cet homme-félin, il s'arrête. Il m'a entendue, peut-être sentie. Je continue d'avancer, doucement. Avec force, j'essaye de lui transmettre mon sentiment de curiosité. Oui... Curiosité pour lui.
          Il ne bouge toujours pas, et tourne la tête dans ma direction.
          Arrivée à un mètre ou deux de lui, je le regarde dans les yeux. Des yeux... de chat. Je me relève continuant de lui "donner" ma curiosité, un sourire naissant aux lèvres.


Lilyah
Vamy :
          Je somnolais perchée sur la branche d'un arbre d'où j’aperçus une pluie d'étoiles et d'étincelles de flammes. Je me relevai et essayai de voir ce qui se passait mais ma vue n'était pas assez bonne pour voir de loin. Alors je sautai à même le sol sans me soucier de si je pouvais me faire mal ou non. Je me précipitai très vite en haut de la colline pour apercevoir ce qui se passait.
          Ainsi à quelques centimètres du vide, j'observais. J'en avais l'habitude. Je venais souvent ici car on pouvait voir tout l'horizon. 
          Mais ce n'était pas le moment d'observer uniquement le paysage. Je voulais savoir d'où pouvait provenir ce que je venais d'apercevoir. Je reportai mon attention sur la plaine. Je pus voir un vaisseau. Je me demandai pourquoi il était ici. Peu importe, le mieux était d'observer et de n'intervenir que quand j'aurais tous les éléments en main. Puis je regardai à nouveau ce qui se passait. Je pouvais voir une fille s'approcher du lieu. D'après ce que je pouvais voir, elle lançait une boule de feu sur un soldat et finit par s'approcher d'une étrange créature. Il me sembla apercevoir une sorte de chat mais ressemblant à un humain. 
_ Je n'ai jamais vu ça. Songeai-je à voix haute.
          Je reportai mon attention sur la scène de plus en plus intriguée. Depuis que je connaissais cet endroit, je n'avais jamais pu voir ce genre de choses ni ce genre de créature. Je n'avais jamais entendu parler d'un récit qui mentionnait leur existence. Pourtant Dieu savait que j'aimais lire. J'avais passé mon enfance à dévorer des centaines de livres sur les sujets les plus divers. J'étais certaine de n'être jamais tombée sur la description d'une telle créature à quelque moment que ce fut. Aucun souvenir ne me revenait, comme si cela n'existait pas. Mais alors qu'est-ce que cela pouvait être? Si j'avais l'habitude de boire et qu'il avait été rose, je ne me serais posée aucune question mais ce n'était absolument pas le cas.
          Je devais donc rester prudente et ne pas y aller tout de suite.
          Ce pût être dangereux et je n'avais pour le moment aucun intérêt à m'immiscer dans cette affaire.
          Je finis par m'allonger à plat ventre comme un soldat observant ce qui allait se passer.


Xorth
          J’avais trouvé cette drôle de coquille volante par hasard. La curiosité aidant, je m’étais retrouvé à l’intérieur quand elle s’était envolée. La manœuvre avait été tellement brusque que je m'étais cogné la tête et avais perdu connaissance.
          Quand j'avais repris mes esprits, ma première idée avait été de sortir d’ici. Mais l’ouverture était maintenant bouchée. Comment faire !? Ma première idée avait été de faire une ouverture moi-même. Ayant sorti mes griffes, je m’étais attaqué à la paroi, confiant : même la roche la plus dure de mon monde d’origine n’y résistait pas. Après avoir griffé et entaillé pendant plusieurs heures, j'avais du me résoudre au fait que je ne pouvais pas faire mieux qu’une égratignure à cette étrange matière. J''étais exténué, cet effort m’avait ouvert l’appétit. Je ne rêvais que d’une chose : une cuisse d’Atsu cuite à point, saignante ! Mais il n’y avait certainement pas de viande ici. Encore moins de viande cuite ! Rien que d’y penser, j’en avais la bave aux lèvres. Cela m'avait donné le courage nécessaire pour trouver de quoi me mettre sous la dent. J’avais entrepris donc de fouiller ma « prison » afin de trouver tout ce qui pouvait être comestible.
          Me servant de mon odorat, j'avais relativement facilement trouvé de quoi me rassasier. J’avais découvert une très grosse quantité de « barres de nourriture ». J’en avais gaspillé trois avant d’arriver à en ouvrir une : je l'avais coupé en deux avec une griffe et mange l’intérieur en laissant la « peau » qui elle, était immangeable. Chose que j’avais appris à mes dépends. Ne sachant pas combien de temps je resterai enfermé ici, j'avais décidé de ne manger que le strict minimum une fois par jour.
          Les jours étaient passés et ma réserve de « barres de nourriture » avait diminué. Il m’en restait encore tout de même assez pour tenir quelques jours encore.   Le fait que ça avait un goût abominable y était pour quelque chose. J’avais beaucoup maigri, et je dormais beaucoup pour économiser le peu d’énergie que je possédais après un repas. J’avais senti à plusieurs reprises de fortes secousses, mais apparemment, personne n’avait remarqué ma présence.
             Une nouvelle secousse me réveilla. Je ne m’inquiétai pas, je m’y étais habitué. Mais une seconde, plus forte cette fois, se fit sentir. Puis une autre ! Qu’est-ce qui se passait ? Je compris qu’il se passait quelque chose d’anormal à la troisième secousse, qui fit tomber les quelques objets qui étaient là. Instinctivement, je m’accrochai à ce qui était le plus près de moi. Manque de chance, l’objet n’était pas très solide et à la secousse suivante, il se détacha et je ne pus m’empêcher d’aller droit sur la paroi, la tête la première. Le choc fut si violent et si soudain que je perdis connaissance. La dernière chose dont je me rappelai fut la chaleur d’un mince filet de sang qui coulait de mon front.
          A mon réveil, la première chose qui me frappa fut l’odeur de l’air, puis je sentis un souffle caresser ma fourrure. Lentement, je me remis debout. Mal à la tête ! Je portai ma main à mon front et sentis une croûte. Je me souvins alors du sang qui coulait de mon front. Voilà pour le mal de tête ! Je regardai autour de moi. Je vis alors que la paroi était « déchirée ». Je me faufilai alors et pus enfin respirer de l’air frais à pleins poumons. J’étais enfin libre !
          Un cri, quelqu’un criait. Je me tournai vers la source de ce bruit. Devant moi se tenait une créature qui, d’après les anciennes descriptions, semblait être un Dieu. Enfin j’en avais trouvé un ! Mais celui-ci avait quelque chose de bizarre. Il pointait quelque chose vers moi, il avait l’air menaçant ! Je n’attendis pas la confirmation et je partis en courant, effrayé, sans demander mon reste.
          Je n’allai pas très loin, le manque de nourriture se faisait sentir et j’étais déjà épuisé en n’ayant fait que quelques dizaines de mètres. J’étais complètement désorienté. Pourquoi un Dieu voudrait-il me faire du mal ? Nos plus anciens écrits nous les décrivaient comme bons et attentionnés envers nous. Complètement épuisé, je respirais rapidement et bruyamment. Une sensation me parvint. Cette sensation me perturba. Non qu’elle m’était inconnue, mais je ne m’attendais pas à l’avoir ici. C’était le signe d’un contact télépathique.
          « Curiosité », c’est la pensée que je compris. Je regardai autour de moi, cherchant qui avait émis. La seule personne que je pus voir fut apparemment une jeune créature, se tenant sur ses deux pattes arrières. Je trouvai aberrant qu’elle puisse tenir debout sans queue pour s’équilibrer. Mais quand je me concentrai sur l’odeur, j’en distinguai deux. Il y avait quelqu’un d’autre !


Franck Rhoan
          Un bruit métallique me tira du doux état de somnolence où je me trouvais. J’ouvris un œil, et le refermai. Encore un gardien s’amusant sur les barreaux. Les barreaux. Voilà maintenant huit ans que je ne voyais pas autre chose chaque matin. Qu’ils soient énergétiques ou métalliques. Enfin, seulement métalliques à présent. Les spatiaux était vraiment des gens têtus. Continuer pendant dix mois à me faire garder par des robots derrière des barreaux énergétiques, tout en sachant que tôt ou tard j’arriverai à les pirater. Au bout de six fois, ils retinrent enfin la leçon. Les terriens aux moins, quand ils m’ont capturé, retenaient plus vite la leçon.
          Je poussai un soupir, et me mis à réfléchir tranquillement, me forçant à ignorer la douleur lancinante m’irradiant. Une de mes blessures avait dû se rouvrir.
          « Pas de torture chez nous », mon œil. Ne pas soigner mes blessures et me soumettre à des électrochocs cérébraux n’est pas de la torture bien sûr. "Vivement que je termine ce projecteur à azote." Pensai-je.
          Je laissai tomber un de mes bras sous ma couchette et tâtai du bout des doigts mon prototype. Au fil des mois, j’avais réussi à réunir suffisamment d’appareils mécaniques et électriques, si petits et inoffensifs soient-ils, et j’avais pu commencer à le réaliser. Encore quelques semaines, et je pourrais à nouveau secouer les puces des gardiens. Je souris amèrement, toujours les yeux fermés. Voilà où j’en étais. Utiliser mes connaissances et mon génie pour ennuyer des gardiens. Je poussais un nouveau soupir.
          " Je n’aurais jamais dû toucher aux technologies moléculaires", pensai-je pour la énième fois.
          Soudain une légère vibration me fit ouvrir les yeux, et me redresser. Je tendis l’oreille, puis me jetai au sol et y collai cette même oreille. J’entendis vaguement un gardien dire quelque chose comprenant le mot « fou », mais n’y pris pas garde. Une pulsation temporisée.
          " Une bombe à impulsion. Pas assez puissant pour faire sauter la prison, mais suffisant pour créer un sacré bordel".
          Les pulsations devinrent encore plus fortes. Je fis rapidement quelques calculs mentaux.
          "Huit secondes avant premier choc"
          Exactement huit secondes plus tard, la radio new-tech des gardiens explosa dans un feu d’artifice d’étincelles. D’après de nombreux autres bruits, je supposai que tous les appareils électriques de la prison explosaient les uns après les autres. Les gardiens se bousculèrent dans un bruit de bottes vers l’escalier, puis ce fut le silence. Je me recouchai, en cogitant. Le fait que la bombe soit trop faible excluait les terriens. S’ils avaient posé une bombe, ç’aurait été pour tout faire sauter. Et s’ils voulaient me récupérer, ce qui ne serait pas la première fois, ils auraient plutôt débarqué en force. 
_ Qui serait assez bête pour poser une bombe inutile ? Murmurai-je.
_ Quelqu’un voulant vous parler, sans doute, dit une voix.
          Je me redressai d’un bon. Quelqu’un se trouvait devant les barreaux de ma « cage ». Une femme. Elle devait avoisiner le mètre soixante-dix, la peau et les cheveux sombres, et avait à première vue une plastique irréprochable. Ses yeux lançant un regard froid étincelaient dans la pénombre dûe aux lampes hors service. Elle se rapprocha davantage des barreaux, et quelque chose en elle me fit tiquer. Elle me rappelait vaguement quelque chose.
_ Devrais-je vous reconnaître ? Demandai-je prudemment.
_ A moins que les huit ans à croupir ne vous aient ramolli la cervelle monsieur Rhoan, oui.
          La voix me fit enfin faire le lien. 
_ J’y suis, dis-je avec un sourire sans joie, la femme devant l’ex-Itokyo. Comment va cette gosse que vous traîniez derrière vous ?
          Son regard se glaça d’avantage, et je vis luire l’éclat métallique d’une arme de poing.
_ Ho, je vois, fis-je avec un regard las. Vous êtes venu me tuer. Et bien allez-y. 
          Je tirai l’unique chaise en bois de ma geôle, et me mis à la fixer d’un regard que j’espérais impassible.


Dr Nilane Bah
          Souvent, je me demande si je ne devrais pas parler à Kara de la Terre. Raconter. Afin qu'elle sache d'où elle vient. Comment c'était. Je ne sais pas quels souvenirs elle a gardé, si elle en a gardé. Parfois, des images de la fuite nous reviennent, de la grande lumière, et puis de la bataille. Mais je devrais peut-être lui parler d'avant. D'avant la grande lumière.
          Cela fait huit ans que je me le dis. Et que je me tais. Elle ne se souvient de rien. Et moi, je ne veux pas me souvenir. J'ai quitté la terre pour rejoindre les solariens. La page a été tournée. Je ne veux même pas me demander si ça me manque. Ce n’était pas une vie simple, pas une vie heureuse, ce n’était pas une vie malheureuse non plus. J'y faisais des choses. Il y avait des gens que j'aimais. Mais c'est fini. Tout ça a été détruit, et ce que j'étais à l'époque a été détruit avec. Serait-ce vraiment utile à Kara que je remue ces vieux souvenirs ?
          Nous sommes en vie toutes les deux, c'est l'essentiel.
          A travers les barreaux métalliques, j'observe le visage de l'homme qui a provoqué tout ça. Il a tellement changé. On appelle ça vieillir, je pense. Je suis étonnée de mon calme. En toute logique, je devrais le haïr. Mais il m'est totalement indifférent. Je l'ai accepté depuis longtemps, comme on accepte la fatalité. Franck Rhoan a été mon destin. Celui de Kara, il l'est encore.
          Je m’accroupis devant la cellule, afin de le regarder dans les yeux.
_ L'enfant est encore en vie. Je suis parvenue à la maintenir en vie pendant tout ce temps.
          Cette information l'émeut-il ? Il n'en montre rien.
_ Elle a perdu un bras. Votre "rayon de la mort" le lui a arraché. J'ai dû lui faire greffer un bras bionique à Etrenank.
          Légèrement surpris, il relève la tête.
_ Etrenank ? Vous êtes une solarienne ?
_ Maintenant oui. Le gouvernement du japon ayant décidé d'effacer toute les traces de votre "petite expérience" sur Itokyo, j'ai préféré m'échapper, avec la gosse, avant de faire partie des traces effacées.
_ Heureux d'apprendre que vous vous en êtes sorties, me dit-il.
          Impossible d'interpréter le ton de sa voix. Je m'apprête à sortir une réplique cinglante, mais il continue, sur un ton égal, ne reflétant pas la moindre émotion.
_ J'ai souvent repensé à vous. Stupéfaite et en sueur. Cette gamine dans les bras, avec sa robe déchirée qui n'arrêtait pas de hurler de terreur et de douleur. Oh, ne croyez pas que j'ai des remords. Il y a bien longtemps que je ne ressens plus rien. Mais tout de même, il vous a fallu une telle volonté pour survivre. Mon arme était absolue. Prévue pour ne rien laisser derrière elle. Et vous lui avez échappé. Croyez le ou non, ça m'impressionne.
_ Je n'ai échappé à rien du tout, dis-je.
          Je sors de l'une de mes poches une petite charge de plastique que je colle contre la serrure de la cellule. Il a un mouvement pour se lever. Je pointe mon arme vers lui.
_ Ne bougez pas !
          Il se fige. On a beau être épuisé, désirer la mort, l'instinct de survie est toujours plus fort. Je parle vite.
_ La gamine a survécu, mais comme je vous l'ai dit, votre rayon l'a tout de même atteinte, lui arrachant un bras. J'ai d'abord pensé que la greffe d'un bras bionique la sauverait, mais ça n'a pas suffit. Ses cellules ont été touchées. J'arrive à empêcher comme je peux le développement de la maladie, mais ça reste en elle, et ça la ronge, la ronge. Je sens que je vais perdre la partie. Les traitements que je lui fais prendre sont de moins en moins efficaces.
          Il m'écoute, sans comprendre où je veux en venir.
_ J'ai besoin de votre aide, Rhoan. Vous seul pouvez défaire ce que vous avez fait.
_ Je vous demande pardon?
_ Votre arme. Je sais que vous l'avez détruite, que vous avez détruit les plans, mais ils sont encore dans votre tête. Vous l'avez refusée à l'armée terrienne. Vous l'avez refusée au solariens. Mais vous la reconstruirez pour moi. Seulement pour moi. Vous utiliserez votre "rayon de la mort" pour détruire les cellules malades de ma fille, et vous l'inverserez ensuite, pour lui en recréer de nouvelles, des saines.
_ Impossible.
_ Parfaitement possible. Je suis médecin. J'ai étudié la question. En combinant vos connaissances et les miennes, nous pouvons sauver cette enfant.
_ Vous proposez donc de me faire évader. Mais qui vous dit que je vais me soucier de votre gosse, une fois dehors.
_ J'ai gardé autre chose, pendant huit ans. Quelque-chose qui vous appartient. Quelque-chose que je vous ai arraché, quand nous nous sommes battus, devant Itokyo détruite. Vous aviez l'air d'y tenir. Vous seriez sans doute content que je vous le rende.
Il bondit de sa couche, le regard en feu.
_ Je vous vois d'un seul coup plus intéressé. Ecoutez, je suis seule à savoir où est l'objet en question. Si ma petite fille survit, il vous sera rendu.
_ Vous savez ce que c'est ?
_ Je n'en suis pas sûre. Et de toute façon, peu m'importe. La seule chose qui compte, pour moi, c'est ma gosse. Et bien ? Que faisons-nous, Rhoan ?
Il s'est approché de moi, prudemment, car le canon de mon arme est toujours pointé sur lui.
_ Que se passera-t-il, une fois que la gamine sera guérie ?
_ Je rentre à Etrenank avec elle, et vous, vous allez au diable, je ne veux plus entendre parler de vous.
_ Vous ne chercherez pas plutôt à venger la mort de vos parents, vos amis ?
_ Je suis une femme très occupée. J'ai un métier, un enfant. Je n'ai pas de temps à perdre avec une vengeance qui ne me soulagera pas.
          Il hésite, ne voit pas si je suis sincère ou non. Je vois les pensées se former dans son esprit avec autant de précision que si je les pensais moi-même. Il n'a rien à perdre. Rien.
_ Je marche, finit-il par dire.
          Je pose un détonateur sur le plastique, et fait sauter la serrure.
_ Par les conduits d'aération, lui dis-je.
          J'arrache l'une des grilles du plafond, l'aide à ce hisser à travers l'ouverture. Je me hisse à la suite et referme derrière nous. 
_ Avancez, dis-je. Nous n'avons pas le temps d'attendre que l'alarme se déclenche.
          Quelques minutes plus tard, nous débouchons sur la plate forme d'arrimage. Plusieurs engins attendent, là, abandonnés. Je me précipite vers celui qui me semble le plus maniable. C'est W.A.S 3O843, longiligne, juste assez petit et assez rapide, ce qu'il me faut. J'entraîne mon compagnon à travers le sas d'ouverture, jusqu'au poste de commande.
_ Vous n'avez pas de véhicule ? S'étonne Rhoan. Comment êtes-vous venue jusqu'ici.
_ Quelqu'un m'a conduite. Sans savoir qu'il me conduisait.
           Il ne répond rien, et prend place à côté de moi sur le siège du copilote.
J'enclenche à distance l'ouverture du sas, et décolle.
_ Et ensuite, me demande Rhoan.
_ Nous allons sur terre, rejoindre mon vaisseau et abandonnons celui là assez en vue près d'une ville pour qu'on suppose que ce sont les terriens qui vous ont fait évader.
_ Naïf, comme plan.
_ Je ne vous demande pas votre avis.
Nous sommes déjà bien éloignés de la station. L’alarme a dû être donnée. Je mets le cap sur la terre, là où j'ai laissé Kara m'attendre. J'entends soudain une voix derrière moi.
_ Euh... Où on va, là ? Cet engin était censé être en révision.
          Rhoan et moi nous retournons.
          Un jeune homme, plutôt musclé, mais pas trop, vêtu d'une combinaison de mécano, cheveux bruns, yeux bleus se tient derrière nous, dans le post de pilotage. Il nous dévisage d'un air ahuri.


Mike Libane
_ Bon, dis-je, alors la durite kp26 doit se connecter au circonliveur du carburateur, mais il n'est pas là...
          Je frappai rageusement ma clé MF3000 sur la paroi qui était juste à coté de moi, Mike Libane, mécanicien de la station-prison.
          Je me relevai, essuyant mes mains crasseuses sur ma combi bleue frappée d'une lune à hauteur de poitrine, logo de la station-prison. Je me dirigeai maintenant vers le fond du vaisseau, où se trouvaient les pièces de rechange du vaisseau sur lequel j’étais en train de travailler.
_ Pfff, y m'énerve ce vaisseau pourri. Y a même pas de plan pour m'aider. Bon, c'est pas grave, dis-je avec un petit sourire, je n'aurai qu'à utiliser ma compétence naturelle.
          Tandis que je me baissais pour appuyer sur le bouton qui commande l'ouverture de la boite de PR (pièces de rechanges), j'entendis avec une certaine frayeur, les réacteurs se mettre en route. Je basculai par dessus tête à cause de la poussée qu'exerçait le vaisseau pour quitter la station, et atterris violemment contre le fond du vaisseau.
          Pendant que je me relevais, du haut de mon 1m76 de 27 ans, je maugréai:
_ Quel est l'abruti qui a pris ce vaisseau?
          Je décidai d'aller moi-même enguirlander le pilote.
          Je marchai rageusement vers la porte de la nacelle, et quand la porte s’ouvrit automatiquement à mon arrivée, je dis d'une voix un peu étonnée en voyant le pilote, de sexe féminin, et le co-pilote de sexe masculin à l'air âgé:
_ Euh... Où on va, là ? Cet engin était censé être en révision.
          Quand tous deux se retournèrent, je vis que la femme était drôlement jolie, et que l'autre me donnait la furieuse envie de l'appeler Mistigri.
_ Dites, vous savez au moins que ce vaisseau est en révision car il a des problèmes avec les rétrofusées, et donc si vous voulez vous arrêter quelque part, ça fera une sacrée bande de tôle rouillée?


Xorth
          Quelqu’un nous observait, j’en étais sûr maintenant ! Je sentis une expression de surprise. Intrigué, je regardai à nouveau l’enfant qui m’avait trouvé.
_ Qu’est ce qu’il y a ? me dit-elle.
          Je n’avais évidemment pas compris un seul mot de ce qu’elle avait dit. Mais le sentiment de question, de surprise qu’elle dégageait me permit de savoir le sens général de sa phrase.
Qon wes sayem (On nous regarde), répondis-je tout en lui envoyant une idée d’étranger, d’intrusion.
          Elle se releva et se mit à regarder autour d’elle, cherchant apparemment l’ « étranger ».
_ Où ? demanda-t-elle.
          Je connaissais ce mot ! Pas besoin de télépathie pour le comprendre ! Je lui montrai alors mon nez en disant :
Y hed nifs (Je le sens).
          Je lui pris la main et remarquai à son contact qu’elle était froide. Cette sensation me poussa à regarder son bras. Le fait qu’il fût fait de métal m’intrigua.
Due ber naye Deis ! (Tu n’es pas un Dieu !), m’exclamai-je, émettant des pensées d’intérêt pour elle.
_ Ah ça ! C’est ma maman qui me l’a fait.
          Tout ce que je compris, c’est qu’elle pensait fortement à sa mère. Mais ce qui me préoccupa, c’est que j’avais perdu l’odeur de notre observateur lorsque le vent avait tourné. L’enfant, que je tenais toujours, commença à me tirer par le bras.
_ Viens ! Tu dois être affamé, je vais te donner de quoi manger.
          La simple pensée de nourriture me rappela que je n’avais pratiquement rien mangé depuis des jours. Apparemment, cette enfant savait où il y avait de quoi manger. Je n’avais plus qu’à la suivre…

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