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Chapitre 4 : Les légions de la Manticore
Illustré par Kallisto






Thurim Vessiel : 
           Je sentais bien qu'elle me cachait quelque chose, quelque chose qui n'avait rien de commun avec tous les autres humains. Elle semblait ignorer qu'en me rapprochant simplement d'elle, j'en avais appris plus en examinant son aura de près, qu'en lui parlant avec des mots.
           La couleur de cette aura était bien plus brillante qu'elle n'aurait pas le laisser paraître... pourquoi une telle personne était chasseuse de prime, je ne pouvais le comprendre.
           Maintenant que nous avions trouvé ce fameux Tan-Klaroz, que fallait-il faire ? L'emmener quelque part dans un endroit sûr comme le proposait Dame Bianne... et une fois qu'il y serait, que ferions-nous ? De plus, nos autres compagnons n'avaient peut être pas de but aussi bienfaisant ou incertain que nous...
           Et ce nécromancien, pourquoi était-on obligé de le supporter ? Sa magie ne pourrait nous apporter que malheur et désastre. Mais je devais avouer que c'était grâce à lui si le mystérieux jeune homme était encore en vie. Vie que j'avais bien crus un moment avoir été fortement écourtée par ce stupide barbare !
          C'est alors que Bianne me montra, se profilant devant l'horizon, un petit régiment de ce qui ressemblait à la Garde Royale de Brakerval.
            Une chose m’intriguait dans la tenue de certains d'entre eux, il me semblait reconnaître un signe que j'avais déjà vu auparavant. Mais hélas, je ne pouvais voir ce dont il s'agissait avec précision, mais il fallait m'en assurer.
« Farkas, j'ai besoin de vous !
_ Veuillez éviter d'employer ce ton autoritaire avec moi, messire sorcier ! dit-il en levant tout de même. Que voulez vous ?
_ Regardez par là-bas ! Dis-je en pointant le doigt vers le régiment. Que perçoivent vos yeux d'elfe sur l'armure de ses soldats ?
            Il plissa les yeux et ne tarda pas à me répondre.
_ C'est bien l'armure des Gardes Royaux, au rythme où ils marchent, ils seront sur nous d'ici une heure... Attendez, je vois un étrange symbole sur plusieurs de leur plastron. Cela ressemble à un lion, il possède une queue de scorpion et des ailes de chauve-souris.
           J'écarquillai les yeux. J'avais entendu parler de ses gens portant ce genre de signe distinctif sur leurs armures. Je ramassai mon bâton à terre et me précipitai vers le feu, l'écrasant rapidement du pied.
            Val Harkan se leva d'un bond, ainsi que le barbare.
_ Hé, quoi toi faire, Skronk a froid !!
_ Qu'est-ce qui vous prend, sorcier !?
_ Nous ne devons pas rester ici plus longtemps ! Vous le barbare, rendez-vous utile et portez le jeune Klaroz ! Nous devons partir tout de suite !
             Le barbare me regarda sans comprendre. Me souvenant de sa surdité, je lui fis comprendre mon ordre de manière gestuelle.
_ Est-ce par rapport aux Gardes que vous dites cela ? Il n'a y a pas de quoi s'affoler, ils sont encore... commença Bianne
_ Il n'y a pas que des Gardes Royaux dans ce régiment ! Alors faites-moi confiance et partons ! »
           Je me dirigeais vers un passage entre deux arbres, prenant un petit moment la tête du groupe. Sabrane Hyle fut le deuxième à me suivre ; voyant que j'étais sérieux, les autres ne tardèrent pas à en faire de même. Je les avais contraints à presser le pas, mais plus que les sombres imbéciles de soldats Royaux, le Roi semblait avoir loué d'autre services, il ne valait mieux pas croiser leur chemin...

Len Arken :
           Attendre. Toujours attendre...
          Sombre. Endroits sombres...
           Cachettes. Se cacher...
          C'était tout ce que j'avais fais pendant ces dernières heures.
         Mais c'était parfaitement mon habitude. Je suivis les autres en restant à portée d'oreille quand ils entrèrent dans la salle ou se trouvait la stèle.
          J'entendis toute la prophétie. Je vis le barbare dégager une entrée dans le mur. Puis, après avoir ouï toutes leurs conversations, je notai mentalement leurs noms.
          Quelques instants plus tard, tous retrouvèrent un certain Tan-Klaroz qu'on semblait rechercher activement. Quand ce dernier se leva, il réagit plutôt violemment. Le barbare lui lança un roc dans le crâne qui le fit tomber KO. De toute façon, je ne connaissais pas beaucoup de monde qui se serait pris un rocher de cette taille sans être assommé.
           Quelques instants plus tard, Thurim - Le magicien - détecta quelque chose qui sembla l'affoler. Il demanda vérification à l'elfe qui lui répondit quelque chose que je n'arrivais pas à entendre. Soudain, il ordonna à tout le monde de s'éloigner. Je décidai de continuer à les suivre. Sur ce, je montai sur un arbre et recommençai à voltiger en les suivant. J'entendis une part de leur conversation:
« ...Il ne s'agit que de soldats royaux.
- Mais quels soldats royaux!
_ Expliquez-vous.
_ Je ne sais pas si je peux...
_ Cela nous concerne tous! Il faut que vous nous le disiez!
_ D'accord. Cet insigne... j'ai reconnu certains soldats parmi ceux de la garde Royale: Ils appartiennent au Bataillon de la Manticore aussi appelé "Légion de Hylden".
_ C'est quoi?
_ Ce sont des mercenaires sanguinaires manipulant des armes et des artefacts magiques puissants, et utilisant principalement le feu et le poison.
_ Quoi ? Mais pourquoi viennent-ils nous rechercher, nous?
_ Je n'en sais rien, mais c'est mauvais..."
          Je perdis le fil de la conversation. Je m'aperçus alors que j'étais tellement absorbé que je m'étais arrêté. Je me relançai à leur poursuite.
          Soudain, j'entendis des cris et des bruits de lutte.
          Je sautai et je m'aperçus alors que la plupart d'entre ceux du groupe pendaient maintenant par les pieds, attachés à des chaînes elles-mêmes attachées à des arbres. Le barbare se débattait furieusement, tentant de taper aux alentours. Le jeune magicien tentait de lancer un sort, mais apparemment n'y arrivait pas. Pareil pour le nécromancien, le magicien de la foudre et les autres. Soudain, j'entendis des voix:
« Hé, il nous a pas eu, ce cercle anti-magie marche bien!
_ Attention au barbare, il a l'air déchaîné.
- Il se fatiguera bien vite » fit un troisième, moqueur.
           Des rôdeurs, pensai-je. En plein jour, il était assez courant d'en voir traîner dans le bois.
           Soudain, un quatrième sortit de la forêt.
« Commencez à les dépouiller de leur argents, de leurs vêtements et de leurs objets de valeurs.
_ Et la femme?
_ Je crois que vous pouvez vous en "occuper" plus précisément. » Finit-il avec un rire sardonique.
            Soudain, j'aperçus le pendentif qu'il portait: Quatre têtes de mort attachées entre elles, le tout enfermé dans un tout petit carré transparent.
            Immédiatement, la haine m'envahit. Je ne pouvais laisser faire ça. Pas aux mains de ce type.
            Je sautai de mon arbre, me découvrant aux yeux de tous.
"Tiens, tiens, une autre cible, fit le chef au pendentif.
_ Rêve pas trop, répliquai-je.
_ Chef ? Demandèrent les trois autres.
_ Allez-y" fit le chef.
Soudain, l'un d'eux se mit à me charger.
            Je pris l'une de mes dagues...
            ...Et je la lançai en direction du type. Elle se planta dans sa tête et il tomba à terre.
             Je m'approchai du corps et je pris la dague.
« TUEZ-LE! »
             Les deux autres me chargèrent. Je tendis mes bras, avec une dague dans chaque main et je fis un tour sur moi-même au moment ou ils arrivaient. J'entendis à peine deux "Sching".
             Les deux rôdeurs restèrent un moment debout, immobiles, et s'écroulèrent au sol.
             Il ne restait que le chef qui sortit une épée. Je tenais toujours mes dagues. Soudain, il chargea.
             Je réussis à parer ses coups. Il maniait bien l'épée, mais j'étais aussi bon. Soudain, avec un mouvement rapide de la lame, il éjecta les deux dagues de mes mains.
             Il sourit, puis rangea son épée.
"Regardez, dit-il aux autres suspendus, comment j'achève les opposants à mains nues."
             Quel idiot.
             Il chargea de nouveau. Je réussis à parer absolument tous ses coups. Soudain, ce fut moi qui frappai, et en un moment, il fut projeté à terre. Soudain, il ramassa son épée et faillit me trancher avec.
« ESPECE DE SALE TRICHEUR!
_ Il n'y a pas de règles dans ce duel, je me trompe ? »
            Je réussis à attraper mes dagues juste à ce moment-là. Il sourit de plus belle avent de charger de nouveau. Un vrai taureau...
             Il se mit à frapper avec agilité. J'eus du mal à parer ses coups cette fois-ci. Soudain, j'eus une idée. Je propulsai ma main gauche tenant la dague vers sa tête. Il esquiva sans difficulté. Je plaquai alors mon bras contre son cou en ramenant illico la dague...qui lui trancha la gorge en passant.
             Il poussa un gargouillement avant de tomber à terre.
« Pff... Minables.
             Je finis par regarder les autres, toujours suspendus en haut.
_ Vous avez eu de la chance... Ces rôdeurs sont vraiment forts ces derniers temps...surtout quand ils sont accompagnés - je regardai le chef a terre - de ces salauds du clan des Garkan-Lam. »
            Je grimpai aux arbres et je me dirigeai vers la femme.
_ Attention à la chute. 
             Je réussis à défaire la chaîne qui la retenait. Elle tomba par terre, mais de pas très haut.
             Je libérai les autres en un instant, aidé par la femme. Quand j'eus fini, je dis:
« Les remerciements élogieux, c'est pas mon truc, alors vous pouvez dire simplement que j'étais au bon endroit au bon moment et c'est tout. Maintenant, si vous m'excusez... »
Et immédiatement, je me relançai dans les arbres.

Bianne :
« Laissez-le partir, crie-je au sorcier. Et bougeons d'ici, la garde royale est toujours à notre recherche.
_ Mais...
_ Laissez-le partir, je vous dis. Il reviendra.
_ Comment pouvez-vous en être si sûre ?
_ Vous avez lu la prophétie, non ? Il reviendras, parce que c'est lui le huitième compagnon.
             Sans laissez au sorcier le temps de répliquer, je m'approche de l'apprenti mage et l'aide à se relever, et lance un regarde moqueur à Val Harkan.
- Eh bien, messire Harkan, on dirait que vous ne les avez pas senti approcher, ces rôdeurs.
_ Non, en effet, me répond-t-il d'un ton qui se veut désinvolte.
            En réalité, il est furieux. Mine de rien, cet incident renforce d'avantage les soupçons fous que j'alimente à l'égard de cet homme.
            Ces rôdeurs nous ont approché avec beaucoup moins de précautions que je n'en avais mis à le suivre dans les rues de la capitale. Pourtant il ne les a pas senti approcher. Et je sais quelle est la différence entre ces rôdeurs et moi.
            Eux se sont frottés le corps avec cette racine qui élimine les odeurs, empêchant les chiens de suivre leur piste... L'elfe m'interrompt dans mes réflexions.
_ On bouge !
_ Je... Je ne bouge pas ! Fait la voix timide de Sabrane Hyle.
            Je baisse les yeux vers l'apprenti mage. Il tremble mais affiche un air déterminé.
_ Je ne bougerais pas. Pas avant de savoir ce que nous sommes exactement sensé faire. J'ai bien compris que nous étions huit, et que nous devions protéger Tan-Klaroz parce qu'il doit accomplir quelque chose, mais vous, Dame Bianne, vous semblez en savoir plus que nous tous à son sujet. Je ne bougerais pas d'ici avant que vous ne m'ayez tout dit.
_ Bon sang, commence le sorcier, c'est tout sauf le moment.
_ Ce n'est rien, messire Vessiel. Calmez-vous.
            Je m'agenouille devant Sabrane Hyle et pose mes mains sur ses épaules.
_ Quel âge as-tu, Sabrane ?
_ Quinze ans, madame.
_ Alors il y a des choses que tu peux comprendre. Sabrane, j'ignore autant que toi ce qui va se passer. J'ignore sous quelle forme ça va arriver. Il y en a eu tant, au court des siècles. Ouragan, tremblement de terre. Tout ce que je sais, c'est que quelque chose va s'abattre sur notre monde. Quelque chose de si terrible que même le roi ne peut aller à l'encontre. Et que cette chose, seul Tan-Klaroz peut l'empêcher de se produire. Pour le roi, ce garçon n'est rien d'autre qu'un être assez puissant pour prendre sa place sur le trône, et c'est pourquoi il veut le tuer, mais il est bien plus que ça. Et la présence des légions de Hylden parmi les gardes qui nous recherchent prouve que quelqu'un, derrière le roi, le sait.
_ Quelqu'un ?
Je sors de ma sacoche une feuille froissée sur laquelle j'ai dessiné le visage d'un homme.
_ Il s'appelle Biran Sted. Il est conseiller personnel de sa majesté. Mais il rêve de bien plus. Il pense que Tan-Klaroz peut lui fournir le pouvoir absolu.
             Je jette un regard à mes compagnons qui semblent suspendus à mes lèvres.
_ Pour l'instant, nous n'avons à protéger Tan-Klaroz que de lui. Mais ne vous imaginez pas que c'est la partie la plus difficile de notre mission. Si le destin a voulu tous nous rassembler ici, c'est que le cycle est sur le point de se reproduire. Bientôt, le sol va s'ouvrir en tout endroit dans notre pays, et ses hordes se glisseront doucement sur notre terre, pour le retrouver... Et c'est contre ceux-là que nous devrons nous battre.
_ Quelles hordes ? Répète Harkan, mi stupéfait, mi incrédule.
_ Celles de notre véritable ennemi. Celui qui va se réveiller d'ici peu et que Tan Klaroz devra affronter.
            Je les regarde tous. Pas un seul n'a compris ce que je venais de dire, et je n'ai pas le temps de réexpliquer. Je me réaccroupis devant Sabrane Hyle.
_ Sabrane, je te demande de me faire confiance. Le temps presse, et ces rôdeurs nous ont retardé. Nous avons besoin de ton aide.
_ De mon aide ? Répète-t-il. Comment pourrais-je vous aider ? Je suis incapable de prononcer une incantation correctement.
_ Si tu es parmi nous, c'est que tu as quelque chose à nous apporter. Le destin ne se trompe pas. Crois-en une femme qui a passé sa vie à essayer de le détromper.
             Les autres sont déjà prêts à repartir. Ils trépignent. Mais Sabrane est encore hésitant. Un cliquetis parvient à mes oreilles. L'armée avance vers nous.
_ Qui vous a envoyé, Dame Bianne ? Qui vous a payé pour retrouver Tan-Klaroz ? Il ne peut pas nous aider ?
_ Non, Sabrane. Il ne peut pas. Personne ne peut. A partir de cette minute, nous sommes seuls. C'est pourquoi il faut nous faire confiance.
            Je tourne les yeux vers Val Harkan, qui, trop soucieux de la garde à nos trousses, n'y prends pas garde. Lui faire confiance à lui ? Il faudra bien. Sabrane a vu mon mouvement de regard.
_ Je vous suivrais où il faudra, dit-il.
_ Bien, murmurai-je. Alors quittons cette forêt.
_ Ha oui, fait Harkan, sarcastique. Et comment ? Nous sommes cernés !
            Mais c'est de nouveau l'apprenti mage que je regarde.
_ Fais-nous sortir de cette forêt, Sabrane. Prononce une incantation.
            J'entends, dans mon dos, Thurim Vessiel qui manque de s'étrangler.
_ Lui ? Avec lui, Dame Bianne, nous ne pouvons nullement prévoir où nous atterrirons.
_ En effet, Messire Vessiel. Personne ne pourra le prévoir, et surtout pas Biran Sted. Allons, rapprochez-vous tous, et donnez-vous la main.
            Mes compagnons hésitent. Mais l'elfe à détourné les yeux pour fixer un point fixe, derrière la forêt.
_ Ils sont tous près.
_ Eh bien, ricane le nécromancien, on dirait que nous n'avons plus le choix.
En d'autre circonstance, je m'amuserais sans doute de voir la réticence que Thurim Vessiel met à accepter la main qu'il lui tend, et plus encore celle d'Harkan à prendre la mienne. Mais l'heure n'est pas à l'amusement. Une fois que nous sommes tous réunis, Tan-Klaroz toujours sur le dos du barbare, nous tenant tous par la main, je saisis celle de l'apprenti mage.
_ Allons-y, Sabrane. Emmène nous n'importe où, mais pas ici.
_ In...Incantate Villa, prononce l'enfant d'une voix peu sûre.
Un nuage de fumée. Je sens mon corps qui se dissout. Advienne que pourra.



 
 



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