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Chapitre 5 : Voyage à dos de dragon.
illustré par Tchoucky.




Skronk :

          Ca faisait longtemps que Skronk ne s’était pas amusé autant. Depuis qu’il aquitté le village, son voyage était plutôt monotone. Maintenant qu’il a rencontré tous ces gens, même si certains ne lui reviennent pas, il faut avouer qu’il s’amuse bien. Bien que personne ne ce soit autant amusé que lui, quand il a jeté le caillou à l’homme que le bâton volant avait trouvé. A vrai dire, il les avait plutôt sentit tendu. D’ailleurs toujours le même, qui a éteint le feu. Ca porte malheur d’éteindre le feu, mais ces gens du nord ne comprennent pas. Skronk a horreur d’avoir froid, et tout ce que l’homme trouve à faire c’est d’éteindre la petite flamme orangée. Skronk aime le orange, comme le soleil qui se reflète sur les sables. Le sable de chez lui, sa douce chaleur, le délicat parfum de sueur des proies qui fuient à son arrivée...
           Tout le monde part en laissant l’homme à terre. Skronk l’attrape par un pied et le lance sur son épaule comme un sac de viande. Il ne lui suffit que de quelques enjambées pour rejoindre les autres. Et comme la veille, et ce depuis maintenant des jours voir des semaines, peu importe Skronk n’aime pas compter. Il marche, grommelant, les autres voyageurs en tête, et lui seul avec son compagnon de fortune guère vivace. Même un cochon est plus intéressant, au moins il se débat … Tout en grommelant, il repense à son sac. Peut-être que le coup du bâton volant pourrait fonctionner pour son sac aussi. Au moment de questionner le sorcier, quelque chose l’attrape par le pied. Sa tête se retrouve maintenant en bas. Sans faire attention, il lâche son colis qui retombe face contre terre dans la verdure. C'est très amusant. Comme on l'a déjà dit, Skronk ne s’était pas amusé comme ça depuis bien longtemps. Tout en ricanant, il voit s’approcher des hommes, des gringalets. Ceux-ci ne feraient pas le poids face à lui. Si seulement il pouvait en attraper ne serait-ce qu’un seul ! Toujours en se débattant, tentant d’arracher ses chaînes, la tête à l’envers. C’est marrant, mais maintenant ça suffit, Skronk veut descendre !
          Et soudain quelque chose tombe des arbres, un homme, ou pas vraiment, mais pas comme Skronk. Qu’est-ce que c’est que ce pays où les hommes tombent des arbres, alors que d’autres au contraire y sont suspendus ? Tout cela est bien trop compliqué pour Skronk. Bien que le nouvel arrivant ne soit pas aussi beau que Skronk, celui-ci se bat pas mal. Cela dit, Skronk aurait déjà tué tous ces imbéciles. Si seulement il pouvait ce détacher ! Tout en se balançant rageusement, il continue d’observer le combat. Skronk aussi aurait pu faire pareil. Les bandits ont triché. Ils ont eu peur de Skronk, quelle bande de lâches !!!
Quelques minutes s’écoulent. Le dernier brigand, certainement le chef, s’écroule finalement, vaincu par l’homme qui tombe des arbres. Il libère la femme, qui ensuite vient enfin ôter les entraves de Skronk. C’est pas trop tôt ! Tout en grommelant, il ramasse le fardeau qu’il a accidentellement laissé tomber. Ca va, il n’est pas cassé, sinon le sorcier aurait encore grondé Skronk. Et comme il est venu, l’homme qui tombe des arbres vient de remonter dedans. Skronk ne comprend pas. Il y a des gens curieux ici, ils pourraient savoir ce qu’ils veulent …Personne ne l’écoute.
          Tous semblent plutôt s’intéresser au jeune garçon. Tout en ricanant, Skronk observe la scène. Il préférerait être en train d’étriper un troupeau de gobelins plutôt que d’attendre plus longtemps. La femme sort quelque chose de son sac. Piqué dans sa curiosité il s’approche. Elle exhibe devant tout le monde un portrait. Dessus, Skronk aurait préféré voir d’autres choses, cette forêt l’ennuie. Tout ce petit monde l’ennuie, et ils parlent, et que ça gesticule. Qu’est-ce qu’ils peuvent être exaspérant ! La seule distraction qu’il ait trouvée est de tortiller les cheveux de son parasite toujours évanoui.
          Au bout d’un temps qui lui parait infini, tout le monde se décide enfin à bouger, mais au grand étonnement de Skronk, ils se mettent en cercle main dans la main. Quelle peut bien être cette coutume ? Il s’approche.
          Chez Skronk, quand tout le monde fait ça, c’est pour fêter la victoire !
« Pourquoi vous vouloir fêter victoire ? Skronk n’a encore tué personne… »
          Visiblement, personne n’est intéressé par ce que Skronk dit. Vexé, mais curieux de savoir ce que signifie ce rituel, Skronk se fait une place, dégageant le sorcier et prenant de sa main gauche celle de la dame. Le jeune garçon remue des lèvres. De la fumée ! Pris de panique Skronk regarde autour de lui. Pas de flamme, mais cette fumée, comment cela est-il possible ??? Le sol se trouble et la fumée envahie le cercle et s’épaissit. Bientôt, il fait encore plus sombre que la nuit. Skronk ferme les yeux.
Accroupi il sent comme un changement dans l’air. En ouvrant les yeux, il s’aperçoit que la forêt a disparu. Son fardeau gît par terre. Hébété, Skronk se relève, regarde toutes les personnes de la troupe une à une. Celui-ci choqué, ne se retourne pas vers ce que tout le monde fixe : la forêt à moins d'un kilomètre, là où arrive la garde royale.
La forêt, la forêt ! Elle a brûlé ! Nous sommes en enfer !!! Skronk est mort sans avoir combattu. Skonk ne veut pas avoir affaire à ses frères. Les araignées vont dévorer l’âme de Skronk et ses frères vont rigoler de Skronk ! Tout en répétant cette litanie, il fuit en courant, la forêt laissant place à une immense plage. Arrivé au bord de l’eau, Skronk s’arrête. Souriant, il plonge la tête la première dans l’eau glacée, se laissant couler au fond.






Sabrane Hyle :

          Je regardais autour de moi : une plage, quelques kilomètres plus loin la forêt que nous venions de quitter, et messire Skronk se noyer.
« J’y suis arrivé !!! J’y crois, pas, j’ai enfin réussi un sort ? YAOOUUUUH ! Criai-je.
Je sautillais sur place, faisant une danse sans rythme, sous le regard étonné des autres.
_Tu veux dire, dit sire Vessiel qui avait le visage blanc, que tu n’avais jamais réussi de sort convenable avant ?
_ Si, dis-je le sourire aux lèvres, quand mon père me donnait des baffes, et encore, il m’arrivait de transformer la craie en crapaud violet et non en corbeau noir.
          Certains avaient prit le même teint que le sorcier.
_ Mais, je trouve que nous ne sommes pas assez loin, il vaut mieux que je recommence.
_ NON, s’écria messire Val. Pas la peine de jouer encore aux dés de la mort, nous avons eu de la chance une fois, alors vaut mieux ne pas réessayer.
_ Mais voyons, messire, dis-je avec toujours un grand sourire, je maîtrise. Regardez ce caillou, je vais le transformer en carrosse pour vous.
          Je tendis le doigt vers la pierre tandis que Dame Bianne commençait à s’inquiéter pour le barbare, puis dis plein de confiance :
_ Changum mobilum.
          Un rai de lumière. Des fils roses entourant l’objet, des têtes de chevaux rattachées à leurs corps, apparaissant du néant. Et un carrosse blanc, avec des armoiries sur le flanc montrant l’emblème de mon collège : un bâton de mage sur un cerveau. Voilà ce que je m’imaginais apparaissant quand la pierre me frappa au milieu du front, me faisant tomber à la renverse.
_ Aïe, m’écriai-je.
          Je me mis assis, entendant le mage nécromancien pouffer de rire et voyant Dame Bianne tirer par les cheveux le barbare pour qu’il sorte la tête de l’eau.
_ Continue comme ça, fit le mage des morts, et tu deviendras vite un de mes serviteurs.
_ Ah mais, je vous en prie messire, fit-je retrouvant tout mon mordant, ne me mettez en aucun rapport avec cette magie inculte.
_ Quoi ? fit-il en suffoquant.
_ Pour moi, les morts sont fait pour le rester, et non pas pour aller préparer le thé pour vous. La nécromancie est une magie impure, qui n’aurait jamais dû être créée.
          Il semblait abasourdi de se faire critiquer sa magie par un mage ne sachant même pas faire de bons sorts.
_ Eh là, sale mioche, tu….
_ Bon, dit madame Bianne coupant court à cette conversation, il faudrait trouver un plan sur ce que l’on doit faire.
Elle dit ceci en mettant son pied sur le ventre de Skronk pour qu’il expulse toute l’eau qu’il a bue.
_ Ben, commença l’elfe sylvain dont je ne connaissais pas le nom, je dirai :
 

Premièrement, mettre le plus de distance entre nous et ces fanas des armes.

En second, réveiller le beau aux bois dormant ici présent.

Troisièmement, remettre en forme la barrique pleine d’eau qui est à terre.

Quatrièmement, savoir où aller pour accomplir cette prophétie de mes f****s. »


Val Harkan : 

           Je me mis une main sur le front en murmurant « Oh mes dieux, mais où suis-je tombé? » lorsque que je vis le mage tomber sur les fesses sous le choc d’un caillou. Du coin de l’œil, je vis Bianne tenter de réanimer le barbare. Lorsque Farkas énuméra les choses à faire, je souris.
" Tedzek, il se pourrait que je puisse résoudre ton deuxième problème. A savoir réveiller Tan-Klaroz."
           Je m'approchai dudit jeune homme, et me penchait en détachant ma petite sacoche verte. Bianne me lança un regard interrogateur.
_ Que veulent dire ces couleurs? Me demanda-t-elle.
           J'eu un sourire carnassier et citai :
- La rouge contient mes fumigènes et autres prouesses chimiques. La bleue contient tout ce qui est soins. Quant à la verte, c'est la pharmacologie. Poison, drogue et cetera.
           Je vit le mage pâlir et le sorcier hausser un sourcil.
_ Ce genre de substances ne sont-elles pas interdites? Releva t'il.
 _ Pour être franc, sorcier, il y a dans cette sacoche de quoi me faire passer le restant de ma vie à l'ombre.
           Je sortis de l'étui de cuivre coloré une fiole que je maniai avec précaution.
_ Il me faudrait une personne pour tenir ses bras, lançai-je.
           Farkas vint m'aider et lui enserra les bras en me jetant un regard inquiet. Tout en débouchant la bouteille, je me remémorai les précautions à prendre. J'enroulai le bouchon en verre dans un chiffon, puis ma main tenant la fiole dans un autre chiffon, et laissait tomber cinq gouttes du produit sur différents endroits du visage.
           L'effet fut immédiat. Tan-Klaroz eu de violentes convulsions et se débattit violemment. Maintenant ses jambes avec les miennes, je versai à nouveau cinq gouttes, cette fois sur ses clavicules, et ses convulsions devinrent plus violentes. Enfin, il ouvrit les yeux et poussa un cri de douleur. Je le relâchai et m'éloignai en essuyant soigneusement la fiole. Pendant que le jeune homme se calmait, je jetait au sol les deux chiffons et lançai à Lhao:
_ Nécromancien, veux-tu bien me brûler cela?
En me retournant, je vis que l'ex-condamné reprenait son souffle. Le sorcier, légèrement impressionné, me lança un regard curieux.
_ De l'Uthanium? Me demanda-t-il.
  _Disons un petit dérivé, répliquai-je. Ca fait très mal... Quand on est conscient.
 _ Ca pourrait fonctionner sur lui, fit-il en me montrant le barbare inconscient.
 _ Sans doute. Mais ça annulerait votre sort. Et je doute que ce soit une bonne idée.
A ce moment, le nécromancien qui avait obligeamment brûlé les morceaux d'étoffe que j'avais jeté, se tourna vers le barbare. Il l'examina, puis, un sourire aux lèvres, lui lança un éclair dans l'arrière train. Le colosse se releva d'un coup en criant à la fois de douleur et de rage.
_ Le voila réveillé, dit simplement Lhao. »


Farkas Tedzek :

           Le barbare se réveilla brutalement. Il regarda de travers Lhao quelques instant puis, grâce au sortilège du sorcier, lui fit un grand sourire béat. Par contre, l'humain que nous étions sensé protéger se montra beaucoup moins compréhensif.
« Puisque je vous dis que je ne veux pas aller avec vous ! Cria-t-il.
_ Je ne suis pas sûre que les gardes qui vous cherchent vous donneront le choix, répliqua Bianne.
           Le jeune homme ne su que dire. Il prit un air résigné et demanda :
_ De toute façon, où pourrions-nous aller ? Il n'existe aucun endroit où le Roi ne pourrait me retrouver.
_ Moi ! Je connais un endroit sur, interrompis-je.
           Etonnés, tous se tournèrent vers moi, l'air incrédule.
_  Et où se situe-t-il cet endroit ? Me demanda Riel'nal.
_  Je ne peux pas vous le dire, je ne peux que vous y mener, si néanmoins vous acceptez d'y aller ! Répondis-je.
_  C'est loin ? demanda Bianne.
_  Environ cinquante lieues à vol d'oiseau.
_  Mais ça fait plus de deux jours de marche ça ! s'écria le sorcier.
_  Si on marche ! Répliquais-je.
_  Vous avez un moyen de transport ? Me demanda Bianne.
_  Si on veut, répondis-je. De toute façon, on n'a plus le temps de trouver autre chose, deux gardes sont sortis de la forêt.
            Tout le monde se tourna en direction de la forêt située à quelques lieues d'ici. Evidemment, ils ne purent que voir les quelques scintillements que les lances produisaient.
_  Je pense qu'ils nous ont vu, annonça le jeune mage. Ils vont sans doute aller chercher leurs collègues !
_  Je crois qu'on n'a plus le choix, dit Riel'nal. Où est votre moyen de transport Tedzek ?
 _ Devant vous ! »
            Et sous leurs yeux ébahis, je commençai à changer. Ma cape se fendit en deux, prenant la forme d'ailes. Je sentis ma mâchoire s'allonger, entraînant avec elle mon nez, ce qui "repoussa" mes yeux un peux plus près de mes oreilles. Pendant ce temps, mon corps grossissait... deux fois... quatre fois... dix fois plus gros maintenant. Une queue apparue, mes mains se virent munies de redoutables griffes. trente secondes plus tard, ils avaient devant eux l'une des créatures les plus rares au monde: Un dragon noir de Fiolega.
            Le barbare s'évanouit à ma vue. Sans doute n'avait-il jamais vu quelque chose de plus gros que lui. Mais les autres étaient encore sous le choc.
« VOUS MONTEZ, OU VOUS PREFEREZ ATTENDRE QUE LES GARDES VOUS Y INVITENT ?! »




Thurim Vessiel :

          Au vu du changement assez brutal que venait de subir notre ami des forêts, je m'étais tenu prêt à lancer un puissant sort de Carbunkle destiné à le carboniser. Mais il semblait toujours avoir un certain contrôle de lui-même, je n'en avais apparemment pas besoin.
         Je pris conscience, pour la deuxième fois en deux jours, que mon pouvoir de détection des auras n'était pas aussi parfait que je l'aurais cru, car j'aurais pu me rendre compte bien plus tôt de cette petite particularité que recelait cet elfe. J'avais entendu parler il y a une cinquantaine d'année pendant mes études de cette mystérieuse race connu sous le nom de "Dreis Sirak" que l'on pourrait traduire en ancien elfique par "peuple démoniaque des bois".
Après m'être assuré qu'il n'y avait aucun danger, mon bâton cessa de s'illuminer ; je montais alors, avec une certaine curiosité mêlée d'excitation sur le dos de notre compagnon.


M D A Lartos Hao :


           Le dragon s'envola dans les cieux. Assis dans un coin, je regardais le ciel avec lassitude. Je mourrais d'envie de tuer, de sentir le sang couler sur mes doigts...
Ah.... Aaaaaaaaaaaaaah... aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Enfin, de quoi se marrer ! Des oiseaux transperçaient le ciel. Je pris mon arc et tira une flèche sur un oiseau. Frappé de plein fouet.
          J’éclatai de rire.
          Thurim Vessiel me regarda avec un air exaspéré.
« Quoi ? Qu’est-ce tu veux toi ? Dis-je.
_  Regarde, ton oiseau. Il n’est pas mort et il grossit !
Tout le monde se tourne vers l'"oiseau" qui avait plutôt l'air d'une énorme chauve-souris.
_  C'est un démon, dis-je
_  Hé, Nécromancien, lave-toi les yeux, il y en a cinq.
           En effet, cinq créatures arrivaient, l'une d'elles avec une trace de flèche sur le bras...
_  C'EST PARTI POUR UNE TOURNEE ! En plus je suis roi du recyclage, ils vont revivre après leur mort. Je ne les tuerais pas pour rien!.
           Je sortis mon sabre et attendis qu'une créature se jette sur moi. Ce fut vite fait. Une des bêtes se précipita sur moi, le grand et beau Lhao brandit son sabre et.... mon sabre s’envola en l'air pour retomber et le monstre m'attrapa par une jambe.
_  A L'AIDE!!! Criai-je.
           Le bruit de la bataille couvrait ma voix. La tête en bas, je fis des signes désespéré à ceux qui étaient le plus prêt. Val Harkan et Thurim Vessiel semblaient plutôt s'en ficher. Je m'agitai de plus belle, obligeant le tueur à gage à lever les yeux.
  _Je m'en fiche. Fais-toi dévorer, me dit Val Harkan. De toutes façons, cette bête à déjà mauvaise haleine, elle ne perdra rien en te mangeant… Elle gagnera même un peu...
_ DIT TOUT DE SUITE QUE JE PUE!
_  Tu pues, ricana sire Val. »
           Ils décidaient donc de me laisser à mon triste sort ?


Tan-Klaroz :


           Avant de monter sur le dragon, la femme s'appelant Bianne m'a présenté toute la bande de malades qui me poursuivaient depuis la nuit dernière. Je commence à en avoir ras le bol de ces soi-disant "compagnons"...
          Nous sommes dans les airs, sur le dos de Farkas Tedzek transformé en dragon. Lhao a sorti soudain son arc et visé quelque chose de noir dans le ciel. C'est en regardant de plus près que nous avons remarquons que ce sont en fait cinq démons fous furieux. Nous nous battons. Lhao se fait attraper la jambe et hurle à l'aide. Val Harkan se moque de lui et Thurim Vessiel ricane. Ils ne semblent pas vouloir l'aider. Je place ma faux sous la gorge du tueur à gages :
« LA FERME ! Continue tes moqueries de mioches et je te saigne comme un vieux mouton ! »
          Il me regarde étonné puis je lance un regard haineux sur le sorcier. Ma faux en main, je tranche le bras du démon tenant la jambe de Lhao; lui transperce ensuite le corps et tournoie comme une toupie pour abattre les quatre autres. J'évite de justesse de tomber du dragon à plusieurs reprises. Soudain, un des trois démons restants me griffe profondément le torse et déchire un bout de ma tunique. Fou de rage je l'empale sur ma faux. Puis je lance en ricanant sur le tueur à gages :
« J'te les laisse ! Fais joujou avec tes armes ! »
           Il abat les deux derniers démons et je m'effondre sur le dragon. Mon sang coule abondamment mais je repousse brutalement Bianne et ceux qui veulent m'aider. Je n'ai pas besoin d'eux, moi ! Lhao s'approche de moi et dit :
« Pourquoi tu...
_  J'avais une dette, je l'ai payé ! Comme ça je ne vous dois plus rien et je pourrais me barrer quand je voudrais ! »
           Ma tête se met à tourner, je m'approche d'un flan du dragon puis regarde le paysage défiler en attendant que mon sang cesse de couler.


Bianne :


           Le ciel est vide, à présent. Il n'y a que nous au-dessus de la mer. Nous, tous accroupis sur le dos d'un dragon noir, secoués violemment par ses battements d'aile.
            Je regarde Tan-Klaroz, inquiète. Il est en train de se vider de son sang, mais il n'y prend pas garde. Il faut que nous le soignions, mais sa faux est meurtrière. Dans le village d'où il vient... Je retiens Harkan par le bras. Il est prêt à lui bondir dessus pour le ramener de force dans notre cercle, mais la lame de la faux l'aura égorgé avant qu'il atteigne son but.
            Je suis là, à me demander que faire, tout en retenant mes compagnons, quand la faux s'illumine de rouge. Le phénomène dure quelques minutes, et lentement, je vois le sang qui s'arrête de couler sur la poitrine de notre protégé. La plaie se referme seule. Il se guérit lui-même...
           Il nous tourne le dos. Mais je sens le défi dans son attitude. Il pense se suffire à lui-même, n'avoir besoin de personne. Il ne nous suivra pas. Il ne suivra personne. Il ne suivra même pas son propre cœur, car il refusera toute attache, ainsi le font les êtres qui refusent leur destin. Ainsi que je l'ai fait moi-même jusqu'à présent, Tan-Klaroz. Et sans doute d'autre parmi nous, aussi. Qui est venu dans cette forêt, te rejoindre, pour une autre raison que la fuite ? Nous avons été choisis parce que nous sommes tes semblables, des esprits désirant rester libre. Des êtres ayant choisi, pour survivre, de ne compter que sur eux-mêmes.
               Mais nous ne pouvons plus nous permettre ce luxe de ne faire confiance à personne, à présent que les rouages de l'horloge se sont mis en marche. C'est un Dieu qu'il te faut affronter, Tan-Klaroz, et tu n'es pas encore prêt. Tu as besoin de nous tous, afin de découvrir les pouvoirs qui sont en toi. Ces pouvoirs, tu ne peux les affronter seul.
               Mais cela, comment te le faire comprendre ? Toi qui après toutes ces années, a fini par te convaincre qu'il n'y avait pas de survivance pour toi dans ce monde.
              Je cherche quel mot, quelle phrase lui dire, pour l'apaiser. Mais Sabrane Hyle me devance. Il se glisse tout doucement, maladroitement vers Tan-Klaroz. J'aperçois du coin de l’œil Thurim Vessiel, inquiet, qui le regarde.
             Je ne suis pas très rassurée non plus. Il s'approche trop. Beaucoup trop.
« Non, me souffle Harkan, laissez-le faire. »
            Je me tais. Je ne bouge pas. J'écoute.
« Messire Tan-Klaroz, murmure le gamin d'une voix timide.
           Tan-Klaroz ne bouge pas. Ne se retourne pas. Il s'obstine à regarder la mer, au-dessous de nous. Sabrane a du mal à tenir accroupi. Il est tout près des ailes qui battent à toute force.
_ Messire, aimez-vous les oranges ?
           L'incongruité de la question est telle que nous en avons tous le souffle coupé. Même Tan-Klaroz, se retourne.
_  Dans l'université d'où je viens, il y a un rituel. Quand un nouveau veut obtenir l'amitié de quelqu'un, il doit aller voler une orange dans le verger personnel du directeur, mon père. C'est très difficile, parce que le jardin est très surveillé. Il faut maîtriser les sorts de téléportations à la perfection. Une fois j'ai essayé, et je me suis retrouvé dans la grange voisine, complètement enfenêstré. Il a fallu qu'on vienne me chercher avec une échelle, et mon père m'a enfermé dans l'isoloir trois jours durant. Ca ne me dérangeait pas, j'y allais souvent. Mais je n'ai jamais pu obtenir d'orange.
« Mais, à quoi joue-t-il avec ses oranges ? Souffle Harkan qui me retient toujours par le bras.
_  La ferme, Harkan, Tan-Klaroz l'écoute ! »
           En effet, Tan-Klaroz, visiblement intrigué par ce discours décousu, s'est mis à l'écouter attentivement.
« Ce que je veux dire, c'est que je n'ai jamais su avoir d'amis. Je ne suis pas doué, pour ça. Alors, je crois savoir pourquoi vous êtes comme ça. Je suppose que vous n'avez jamais eu d'ami non plus.
          Tan-Klaroz se renfrogne et serre la main sur sa faux. Mais Sabrane n'y prend pas garde, il n'a probablement rien vu.
_  Je n'ai pas d'orange à vous offrir, messire Tan-Klaroz, et je n'ai rien d'autre d'ailleurs parce que sur le dos de ce dragon, il n'y a pas grand chose à aller chercher. Mais j'ai toujours ça, si vous voulez.
           Il sort de la poche de sa robe un vieux bout de tissu tout chiffonné et le tend.
_  C'est le mouchoir de ma mère. Excusez, je devrais en prendre soin, ça lui a appartenu. Je sais, ce n'est pas très beau, mais je vous le donne. Acceptez vous de devenir mon ami ?
           Il reste la main tendue, souriant. J'ai soudain une immense peine. Cette douceur, cette naïveté qui va être violemment repoussée. C'est insupportable. Je ne veux pas voir ça.
           Par bonheur, Tan-Klaroz ne bouge pas. Il se contente de refermer les yeux.
           Sabrane ne semble nullement affecté par l'apparente indifférence qui lui est opposé. Il continue sans s'arrêter.
_  J'aime beaucoup votre faux. Elle est magique ? J'aimerais bien avoir une arme qui fait de la magie toute seule, sans qu'il y ait à retenir des incantations. Je me trompe toujours, moi, avec les incantations. Je crois que ma pire erreur, ça a été la fois où il me fallait me changer en tigre, pour un examen. C'était très compliqué. Il aurait suffit que je me trompe d'un mot, et je me serais changé en poule. Je n’en ai pas dormi de la veille. Je me suis répété l'incantation toute la matinée, en me souvenant du mot que je ne devais pas dire, et au moment de l'examen, j'étais tellement concentré sur ce mot que je l'ai dit à moitié, et je me suis changé en tigre poule.
           Je visualise l'image du tigre-poule, et manque de m'étrangler. Quelqu'un pouffe. Tan-Klaroz. Tan-Klaroz n'a pu réprimer un éclat de rire. Sabrane ne se démonte pas. Il sourit d'un air contrit.
_  Eh oui, je suis comme ça. Je me trompe tout le temps. Mon père dit que je suis la honte de la famille. Mais vous savez, à part la mémoire, je suis quelqu'un de travailleur. On peut compter sur moi, pour les corvées. Je peux rendre un tas de service. Voulez-vous de mon mouchoir, messire, en gage de confiance ?
            C'est alors que le miracle se produit. Tan-Klaroz tend la main vers le chiffon et le prend.
_  Merci, murmure-t-il d'une voix sèche, avant de retomber dans son mutisme habituel.
            Le visage de Sabrane s'illumine.
_  Puis-je m'asseoir près de vous, messire ? »
             Comme l'autre ne répond pas, il s'assoit sans attendre, et continue son verbiage. Tan-Klaroz reste fermé et silencieux, mais malgré lui, il ne peut s'empêcher d'écouter.
             Sainte Survivance du monde, merci d'avoir placé Sabrane Hyle sur notre chemin !
            Je les laisse à leur conciliabule et me tourne vers Thurim Vessiel et Harkan, furieuse.
« A QUOI AVEZ VOUS JOUE, TOUS LES DEUX ? VOUS OUBLIEZ QU'ON EST SENSE ÊTRE TOUS DU MÊME BORD ? NECROMANCIEN OU PAS, CRIMINEL OU PAS, RECHERCHE OU PAS, LHAO EST UN DES NOTRE. VOUS DEVEZ LUI VENIR EN AIDE QUAND IL EST EN DANGER.
_  Merci de le rappeler, Dame Bianne, fait Lhao.
          Mais je le foudroie du regard.
_  ET VOUS, PUISQU'ON EST OBLIGE DE VOUS SUPPORTER, MERCI DE GARDER VOS FLÊCHES POUR NOS VRAIS ENNEMIS, AU LIEU DE TIRER SUR TOUT CE QUI BOUGE. »


Farkas Tedzek :

           J'essayais de ne pas faire attention à ce qu'il se passait sur mon dos, mais ce n'était pas facile. Plus d'une fois je m'étais retenu de me débarrasser des "parasites" installés sur mon dos. Le pire fut lors de l'attaque de ces démons volants. J'avais tant bien que mal essayé de bien me déplacer pour que les sauts de Tan-Klaroz ne se finissent pas à quelques centaines de pieds plus bas.
           Le reste du voyage se passa sans nouvel incident. J'entamai la descente afin de mieux voir le paysage. Nous étions pratiquement arrivés. Je me posai finalement à quelques jets de pierre de notre but.
« LE VOYAGE AERIEN EST TERMINE, annonçai-je. VOUS POUVEZ DESCENDRE. »
            Une fois mes "passagers" débarqués, j'entrepris de reprendre ma forme d'elfe, que je préférais quand même mieux.
_ Bon, puisque tout le monde est en état de marcher, je propose d'y aller maintenant, dit Riel'nal.
            Puis il m'invita silencieusement part un mouvement de la tête à prendre la tête du groupe. Sans un mot, je les menai devant un petit bosquet d'arbres, apparemment anodin.
_  Et maintenant ? demanda Bianne.
           Je ne répondis pas tout de suite. Je m'accroupi et enlevai une fine couche de terre, ce qui révélai une stèle avec une légère dépression en son centre.
_  Regroupez-vous autour de moi, ordonnai-je.
           Ils se regardèrent quelques instants puis, hésitants, ils se rapprochèrent. Je sorti alors ma lance et plaçai le manche dans la petite dépression de la pierre, la pointe dirigée vers le ciel. Je pris une grande inspiration. Seuls des elfes ayant un haut niveau de connaissance magique pouvaient accomplir l'invocation que je m'apprêtai à utiliser. Mais seuls mes plus proches amis savaient que j’avais le niveau suffisant.
            Je me concentrai et commençai l'invocation. Un cercle de lumière se forma alors, nous englobant moi et mes compagnons. C'était la première étape: Ce cercle magique permettait de nous rendre invisibles afin que personne ne sache où nous nous trouvions.
           Je continuai l'invocation et un nouveau cercle apparu, entourant le bosquet puis s'agrandit jusqu'à englober le premier cercle. La deuxième étape était accomplie: Ce cercle, lui, était un cercle d'illusion, faisant croire que le bosquet ne changeait pas.
Le plus dur restait à faire. Une fois le lieu sécurisé, il fallait ouvrir le passage. Je terminai alors l'incantation et les arbres qui nous faisaient face commencèrent à s'écarter, ouvrant enfin le passage vers notre destination finale. Je lâchai alors mon arme, qui lui restait parfaitement droit à sa place, et m'engagea sur le chemin qui nous faisait face. Les autres ne cherchaient même plus à comprendre.
           Ils me suivaient, tout simplement. Le chemin s'arrêta devant une vaste plaine où se dressaient des habitations typiques des elfes. Une fois que le dernier membre du groupe fut dans la plaine, je tendis le bras vers le chemin et me concentrai. Ma lance quitta alors sa place et fila rapidement droit vers ma main ouverte, fermant derrière elle le chemin que nous venions d'emprunter. Ceci fait, je me tournai vers mes compagnons.
_  Bienvenus à Amarath Caras, la cité du destin ! Annonçai-je. »



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