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Chapitre 16 : Arig

 

 



 
Jowy Benaldès :
 Tout tourne dans ma tête, j'ouvre les yeux. Soudain, je me relève, je suis trempé de sueur, je regarde autour de moi, paniqué. Où suis-je? Et moi, qui suis-je? Il faut que je sorte d'ici ! Je me met à courir vers les parois en métal qui me retiennent prisonnier et les heurtes de plein fouet. Je recommence plusieurs fois, je crie, je hurle.
_ JE VEUX SORTIR! JE VEUX PAS RESTER ICI! QU'EST-CE QUE JE FOUS LA?
Il faut que je me contrôle, que je me calme. Je regarde les parois. Ça y est, ça me revient, oui, je suis Jowy Benaldès, caporal dans l'armée solarienne... J'étais en train de me battre contre ces satanés Lambs. D'ailleurs, je m'en souviens maintenant, un des ces officiers Lambs avait pénétré dans cet étrange vaisseau, le Magellan, lorsque l'exosquelette en est sorti. Quelle saleté d'ailleurs, cet exosquelette... Toujours est-il que j'ai profité de son repli pour pénétrer à mon tour dans le vaisseau. Peu de temps après, le sol s'est mis à trembler et j'ai eu la sensation que le vaisseau bougeait. Je me suis précipité dans les sous-sols de la machine pour me cacher mais ... AH! je m'en souviens, de cette terrible douleur qui me rongeait la tête, AAAAH! De quoi rendre fou un sage. Ensuite, ensuite...
Je ne me souviens pas, j'ai du perdre connaissance. SI ! Je me souviens m'être levé pour aller dans cette étrange sale, une sorte de nature artificielle, la biosphère. Là bas, il y avait des fruits, oui, de délicieux fruits, j'en ai pris quelques-uns pour me rassasier.
Mais, qu'est-ce que je sens? un courant d'air? Oui! cela veut dire que le Magellan est posé.
J'ouvre discrètement la porte et regarde en dehors, personne.
Je tends l'oreille pour tenter d'entendre des voix: Aucune, personne.
Je prend alors le risque de me faire voir en avançant dans le couloir, personne.
Le vaisseau semble vide, les occupants ont dut sortir, peut-être devrais-je risquer un petit tour dehors? Non, je risquerai de me faire voir à coup sur... finalement, je me décide à sortir.
Le paysage ne ressemble pas à la terre. Je ne suis pas sur terre. J'admire cette plaine et, d'un coup, j'entends des gens approcher. Des Lambs? Aucune idée. Rapidement, je retourne dans le vaisseaux, dans la salle où je m'étais caché. Je ne rêve pas, non ! Je suis sur une planète viable. Il faudra prévenir mes supèrieurs.

Vamy Lilyah :
Nous étions rentrés au Magellan tard dans la soirée. Tout le monde s’était rendu à sa cabine afin de se reposer des derniers événements. Enfin tout le monde sauf Nilane, qui était à l’infirmerie, et moi qui était dans la biosphère. Je réfléchissais à ce qui c’était passé au village de Xorth. Je me souvenais des moindres paroles prononcées par Nilane. Chacune résonnait dans mon esprit.
_ Soercyé. Aneg veut savoir si vous guérirez sa mère.
_ Dis-lui que je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour ça.
Xorth traduit. Nouveaux murmure. Ce n'est évidemment pas la réponse qu'ils espéraient. Il voudrait qu'on leur promette de réussir.
Le jeune félin blanc continue à fixer Nilane et repose une nouvelle question.
_ Aneg veut savoir s'il est dans votre pouvoir de guérir sa mère.
_ Pour l'instant non, mais...
_ Docteur !
Le cri m'a échappé malgré moi :
_ Vous... Vous ne pouvez pas leur dire ça ! Xorth, ne traduit pas !
A coté de moi, Mike ne comprend pas ce qui m'arrive.
_ Lilyah ? Qu'est-ce qui te prends ?
C'est, de l'équipage du Magellan, celui qui m'est le plus proche. Il ne m'a jamais vue comme ça.
_ Docteur, vous ne pouvez pas leur dire que vous n'avez pas le pouvoir de les guérir, vous êtes là pour ça, tous vos espoirs sont en vous.
_ Justement. Je ne peux pas leur promettre plus que ce que je peux accomplir. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir, comment pourrais-je faire plus ?
_ Ils sont malades ! Ils ont besoin de vous !
_ Qu'est-ce qui vous arrive, Lilyah ? Je n'ai pas l'intention de les abandonner à leur sort !
Qu'est-ce qui m'arrive ? Comment pourrais-je lui expliquer ce qui m'arrive ? Je sais qu'elle n'est pas en train de les abandonner, mais avouer son impuissance, c'est comme renoncer à réussir.
_ Vraiment ? Ils vous intéressent comme de nouveaux objets d'études, mais une fois que vous en aurez appris suffisamment, que ferez vous ?
La main de Mike s'est refermée sur mon bras.
_ Lilyah, au nom du ciel, calme-toi ! Ce n'est pas le moment !
Je sens l'incompréhension dans son regard et me voit à travers ses yeux... Oui, ma conduite est incompréhensible.
Le docteur se tourne vers Xorth.
_ Dis lui que j'ai beaucoup de pouvoir, mais que je ne peux être sûre de rien.
Xorth traduit la réponse. Le jeune chat se mets alors à crier. Pas besoin de Xorth pour comprendre. Il dit "Imposture ! Imposture! »
 
Je ne savais pas quoi faire. Faire confiance ? C’était difficile, surtout pour moi. Je n’arrivais pas à oublier ce qui c’était passé avant, il y a bien longtemps. Nilane agirait t-elle de cette façon ? Allait-elle les laisser mourir ? Je ne voulais pas et je ne pouvais pas. Je me battrais pour cela. Parmi les Nimrodh, il y avait des enfants. Des enfants qui allaient mourir ou deviendraient orphelins. Orphelins… Comme moi. Cette pensée sembla avoir raison de tous mes doutes. Cette fois ci, je ne pouvais plus reculer. Je me levai de mon banc et sortit de la biosphère.
Je gagnai rapidement l’infirmerie. Je ne voyais rien du chemin que j’avais pris. Mon esprit était totalement centré sur ma pensée avec Nilane et le sort des Nimrodh. J’aurai pu rencontrer un éléphant face à moi, il était probable que je n'aurais rien remarqué tellement j’étais obnubilée. Je poussai la porte de l’infirmerie sans prendre le soin de frapper pour annoncer ma venue.
« Ca devient récurent. La dernière fois, je n’ai pas frappé non plus », songeais-je.
Nilane était assise à son bureau à regarder sans doute les résultats des analyses et expériences sur Xorth. Lorsqu’elle me vit, elle releva la tête surprise.
_ Lilyah ? Je crois que vous avez pris l’habitude de venir ici sans frapper.
_ C’est possible, docteur, mais je ne suis pas là pour discuter de la façon d’entrer.
_ Hum, je crois deviner pourquoi. Ce ne serait pas sur ce qui s’est passé au village avec les Nimrodh ?
Je fus surprise durant quelques secondes. Puis je réalisais qu’elle avait pu le deviner en se souvenant de mes actions.
_ En effet. Pourquoi leur dire qu’on ne peut pas les aider. Nous devons tout faire pour les sauver.
_ Lilyah, calmez vous. Je le sais. Mais je ne suis pas surpuissante. Je n’ai aucun pouvoir divin. Je ne sais pratiquement rien du mal qu’ils souffrent. Je ne peux pas m’engager de les guérir car ….
_ Non. Nous devons leur montrer qu’ils peuvent avoir confiance en nous. Il le faut.
_ Lilyah, laissez moi parler je vous prie. Après, vous pourrez dire tout ce vous voulez.
_ Bien. Allez y. Je vous écoute.
_ Merci. Je ne peux pas faire de miracle. Je suis médecin. Je veux les sauver autant que vous. Pour un patient, je lutterais jusqu’au bout. Mais j’ignore tout du mal qu’ils souffrent. Je ne peux pas me permettre de mettre tous leurs espoirs en moi pour les décevoir plus tard. Voilà j’ai fini.
Je répétais ces mots dans ma tête. Pour un patient, elle lutterait jusqu’au bout. Elle ne voulait pas leur insuffler un espoir trop grand pour ne pas les décevoir face aux conséquences. Les souvenirs me revenaient à la mémoire. Je me demandais ce qu’aurait fait Nilane à la place de l’autre. Je voulais savoir. Ce serait l’ultime test.
_ Nilane, pourriez vous répondre à une autre question ? demandais-je d’un ton poli et aimable.
_ Volontiers.
_ Hum, imaginons que vous travaillez dans un hôpital, un service d’urgences. Un accident vient de se produire il n’y a pas longtemps. Soudain une femme blessée accompagnée d’un enfant d’environ huit ans arrive. L’enfant vous demande de sauver sa mère qui est très grièvement blessée car son père est mort sur le coup dans l’accident. Que feriez vous ?
Nilane semblait avoir compris. Etait il possible qu’elle ait compris la signification et la symbolique de mon exemple ?
_ D’abord j’essaie de rassurer l’enfant en lui disant que je ferais tout. Ensuite j’examine la femme. Evidemment je ne peux pas dire ce que je ferais. Je n’ai aucun détail de son état.
Sa réponse était calme et semblait sincère. Cela m’en désarmait presque. Elle me regardait avec un sourire à la fois triste tout en essayant d’être compréhensive.
_ Cet exemple, vous ne l’avez pas inventé, n’est ce pas ? C’est un souvenir à vous ?
Je fus surprise. J’étais étonnée qu’elle ait pu le comprendre si vite. En fait, j’étais surtout étonnée de moi même. J’avais raconté quelque chose que je ne parlais jamais à moi même et je venais de le raconter à une autre personne que je connaissais depuis quelques semaines.
_ En effet.
Je ne pouvais pas m’empêcher de répondre et de dire la vérité. Pourtant ma voix restait basse mais je gardais la tête haute. Peut être avais je besoin de l’avouer?
_ J’avais huit ans. J’étais avec mes parents un jardin public lorsqu’une bombe est tombée sur le parc près de nous. L’impact du choc et le souffle de l’explosion m'ont propulsée en arrière ce qui m'a protégée. Mon père est mort sur le coup. Ma mère a été projetée aussi mais un rocher a stoppé sa chute. Elle a perdu connaissance. Elle avait beaucoup de plaies sur tout le cou. Le sang coulait. Lorsque l’ambulance l’a emmené, je suis montée avec. A l’hôpital, j’ai supplié le docteur des urgences de la soigner lui disant que je n’avais plus qu’elle. Mais il m’a dit que c’était trop tard. Il refusait de la soigner car il devait partir et n’avait pas le temps de l’opérer. Ma mère est morte une journée plus tarde de ses blessures. Depuis j’ai été placé dans un orphelinat. J’étais distante des autres. Je ne pouvais plus rire, jouer... alors les autres étaient méchants… c’est pour cette raison que je restais à lire dans la bibliothèque. Puis à quatorze ans, je me suis enfuie pour vivre ma vie seule sans dépendre de personne jusqu’à notre rencontre.
J’avais raconté tout d’un trait sans me rendre compte vraiment. J’avais l’impression que cela me faisait du bien. Je me sentais plus libre. Nilane était épouvantée et attristée.
_ Lilyah, je ne sais pas dire …. Je suis ….
_ Ca va. Je sais qu’il n’y a rien pour exprimer cela. Parlons d’autre chose je vous prie.
_ Si vous voulez. Alors revenons aux Nimrodh. Où êtes vous dans l’étude de la langue de Xorth?
_ J’avance doucement mais sûrement. A présent, je peux reconnaître une centaine de mots. Je peux formuler des phrases simples. Je peux comprendre des phrases en m’aidant des mots que je comprends. Si vraiment je ne sais pas traduire, je peux m’aider de gestes. C’est un travail fascinant. Mais cela demandera de beaucoup de temps encore. _ Vous faites du bon travail, Lilyah. Mais continuez ainsi.
_ Arig, Nilane.
_ Arig ? fit Nilane surprise.
_ Cela signifie merci dans la langue de Xorth.


Kara

"Maman" est dans l'infirmerie et les Xorths amènent leurs malades. Malades de quoi au juste ? Ah oui ! A cause de la pierre noire... C'est triste, si triste...
Les autres sont dans le "Vaisseau-base" et aident un peu. Et Celui à la cicatrice ? Il a décidé de rester chez les Xorths et si "Maman" ne soignait pas les Xorths malades il...
Non, non ! "Maman" doit les soigner... elle doit, elle doit ! Elle y arrivera !
Xorth est resté avec sa soeur... Elle si jolie et si grande. Elle s'appelle Berthia. Je trouve que c'est un nom qui lui va bien.
Et ceux de ma vision... Je les ai pas encore vu. Ils sont peut-être... Ah non, non ! Je les verrais, je les verrais !
Tout le monde fait des choses ici. Je m'ennuie, et si j'allais me balader ? "Maman" le saura pas parce qu'elle est trop occupée...
Je sors tout doucement du "Vaisseau-base" et je me mets à courir dans l'herbe. Personne ne me voit on dirait. Ca doit être à cause des herbes... Elles sont énormes et très vertes !
J'ai jamais vu un endroit comme ça... C'est beau et on dirait que c'est infini ! C'est pas la forêt euh... toxique. Les arbres là-bas ne sont pas pleins de feuilles avec de belles couleurs. Y a pas des fruits un peu partout non plus...
Oh ! Des animaux ! Dans les livres que "Maman" me lisait, il y avait beaucoup d'images d'animaux qui vivaient, ou vivent je sais plus, sur Terre. Mon préféré c'est un animal qui vit dans l'eau. Il est très très grand et gris ou bleu. Ca chante aussi et on dirait un poisson. "Maman" m'a dit que c'était une baleine... C'est joli...
J'entre dans la grande forêt. Le soleil est caché par les grandes feuilles, ça fait de l'ombre.
Soleil... Hum ça fait longtemps que j'ai pas vu un aussi brillant soleil !
J'avance en regardant autour de moi. Y a plein de choses que je connais pas !
Tiens ! Il y a quelque chose qui bouge derrière ce buisson ! C'est quoi ?
Je marche sur la pointe des pieds et saute sur la chose qui bouge. Elle se débat très fort ! Je lâche et la chose qui bouge se retourne vers moi.
Mais... Mais c'est... Une Xorth ! Une Xorth adulte ! Elle a un pelage jaune, rouge et marron.
Peur, peur ! Je sens de la peur dans ses yeux dorés...
C'est... C'est la Xorth de ma vision ! Plus vieille mais c'est elle ! C'est elle ! Je souris et tends ma main.
La Xorth regarde ma main avec curiosité mais elle recule. Je lui envoie de la joie pour la rassurer. Elle me regarde dans les yeux et me fixe.
Je ne sais pas combien de temps il s'écoule mais ça doit faire un petit moment que je suis partie du "Vaisseau-base"...
Oh... La Xorth bouge un de ses bras et... elle pose sa grande main fine dans la mienne. Je la serre tout doucement et je m'approche en envoyant de la curiosité. J'essaye de lui "donner" ma vision mais je ne sais pas si elle l'a "vue".
La Xorth fait une espèce de sourire et me prend dans ses longs bras. Elle est contente, contente ! Et elle rit dans sa tête on dirait !
Hum... C'est tout doux...
J'ai un peu mal à mon "Faux-bras" mais c'est pas grave, je suis contente c'est tout.

Xorth
Avec mille et une précautions, je mis la pierre noire dans le récipient à l’aide des pinces. Ce pourrait-il vraiment que ce soit la source du Mal qui décimait mon espèce ? Je regardais avec curiosité la pierre. Parfaitement lisse, elle semblait être noire mais quand on regardait bien, on pouvait y voir quelques reflets dorés. Il m’avait été difficile de la retrouver. Apparemment, on l’avait déplacé pour faire de la place aux malades. J’avais du demander à la moitié du village encore vivant s’ils savaient où elle était. Finalement on m’avait indiqué qu’on l’avait mise dans mon ancienne hutte, croyant que je ne reviendrais pas. Malgré sa grande taille, elle était étonnamment légère. Elle était ronde, parfaitement ronde.
La pierre sous le bras, je me mis en route pour le vaisseau, sautant de branche en branche, d’arbre en arbre. Ma longue absence ne m’avait pas fait oublié mes réflexes, et ce fut très rapidement que j’atteignis l’orée du bois.
Je me laissai tomber de la branche où j’étais perché et atterris dans un bruit sourd au milieu des hautes herbes. Quand je fus près du vaisseau, je ne pu ignorer les nombreux abris qui étaient battis à proximité. Ainsi les familles des malades préféraient attendre près du vaisseau plutôt que de retourner au village. C’était parfaitement compréhensible : Qui voudrait rester dans un lieu hanté par le malheur alors qu’un malade qui nous est proche est soigné à quelques pas de là ?
Quand je m’approchai du vaisseau, une plate-forme descendit à ma hauteur. Je ne comprenais pas pourquoi elle descendait vu que je pouvais atteindre l’entrée d’un simple bond ! Enfin, avec la pierre, il m’aurait été difficile d’atteindre la petite ouverture du premier coup et cela me permettrait de me reposer un peu. Je me plaçai donc sur la plate-forme qui m’emmena à la hauteur de la porte qui s’ouvrit à mon approche.
« Il faudra un jour qu’on m’explique comment ils font ça ! » pensai-je.
Je pris l’ascenseur pour me rendre au deuxième étage, là où se situait l’infirmerie. Une fois à destination, je m’exclamai bien fort afin que l’on puisse m’entendre :
_ Soercyé, j’ai ramené la pierre !
La soercyé souris.
_ Merci, Xorth. Nous allons pouvoir commencer.





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