Les images du site sont l'oeuvre de nos membres, qui consentent à leur mise en ligne.

Chapitre 20 : Autour d'une table.





Xorth :
J’avais décidé de retourner tranquillement au Magellan. Pour cela il me fallait passer par le village, que j’avais littéralement survolé tout à l’heure. Dès mon entrée au village, je senti que quelque chose clochait : De nombreux Nimrodh parlaient à voix basse, entre eux. En tendant un peu l’oreille, je pu capter quelques phrases.
« …paraît qu’elle l’a emmené dans sa hutte… »
« …c’est la première fois… »
« …étrange pour une chamane… »
Il ne m’en fallait pas plus pour comprendre que notre Chamane, ou Soercyé, avait emmené un étranger dans sa hutte. Et pour que les villageois en parlent ainsi, ça ne pouvait signifier qu’une chose : Il ne s’agissait pas d’un Nimrodh !
Alors que je me dirigeai vers la hutte de la Chamane, celle-ci me contacta par télépathie :
_ Xorth, j’aimerai que tu vienne s’il te plait, me dit-elle.
_ J’arrive Aelezig, notre Chamane, lui répondis-je.
Il se trouva justement que j’étais au pied de l’arbre où était perché sa hutte. Il ne me fallut pas longtemps pour grimper jusqu’à celle-ci, qui était relativement basse par rapport aux autres.
_ Entre Xorth, me dit Aelezig en me voyant.
Je n’avais pas fait deux pas que je vis Kara, endormie sur les jambes de la Chamane. Je lui demandai donc :
_ Kara a-t-elle fait quelque chose de mal ?
_ Non, me rassura-t-elle. Elle est tombée sur moi dans la forêt et je l’ai ramené ici. Elle est... différente des autres.
_ Je le sais, lui répondis-je. Et c’est en partie à cause de moi.
_ Explique toi Xorth.
Je pris une profonde inspiration, et commença à raconter les évènements. Comment Kara m’avait trouvé, m’avait contacté. Puis comment j’avais décelé son potentiel et finalement l’avait augmenté. Pendant tout ce temps, Aelezig m’écoutait attentivement, laissant paraître parfois une expression de surprise.
_ Stupéfiant, répliqua-t-elle. C’est tout bonnement… incroyable. Ainsi dont, cette enfant aurait un pouvoir télépathique que tu aurais réussi à amplifier par le rituel du Gharat.
_ Oui, dis-je.
_ Il faudrait que je puisse parler avec cette enfant, mais je ne comprends pas bien ses pensées.
_ D’après mon expérience personnelle, on ne peut comprendre les pensées de quelqu’un que si l’on comprends déjà sa langue.
_ Et tu la comprends d’après ce que j’ai entendu.
_ Oui Aelizig, c’est pour cela que je peux communiquer avec eux.
_ Dans ce cas, il va…
Elle fut coupée par un gémissement de Kara. Apparemment, elle se réveillait.
_ Xorth ? dit Kara en me voyant. Pourquoi tu es là ? Quelle heure est-il ?
Elle regarda à travers la porte et vit le ciel qui commençait à s’assombrir.
_ Oh mais il est tard ! s’écria-t-elle. Maman va s’inquiéter si je ne suis pas là pour le dîner. Il va falloir courir !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle se leva d’un bond et se mit à courir en direction de l’entrée de la hutte. Trop vite ! Elle avait oublié que nous étions perché dans un arbre et lorsqu’elle atteignit le pas de la porte, elle s’arrêta brusquement. Si brusquement que, emportée par son élan, elle fit de grands gestes pour essayer de rétablir son équilibre.
_ Oula ! Oh ! Oh !
Je me précipitai pour lui attraper le bras et l’empêcher de tomber mais, à quelques centimètres de sa main, elle bascula… du mauvais côté.
_ Kara ! hurlai-je.
_ Aaaaaaaaah !
Je me penchai sur le rebord de la plateforme pour voir, horrifié, Kara en train de se précipiter la tête la première vers le sol.
_ Karaaaaaa ! hurlai-je à nouveau. Noooooonnn !
Et soudain, tout s’arrêta ! Enfin, tout… Kara arrêta de tomber, comme si quelque chose la retenait. Je la fixait toujours, espérant qu’elle n’avait pas touché le sol trop violemment et, contre toute attente, c’est ce qui se produisit : Kara flotta doucement jusqu’au sol et se posa tranquillement sur ces pieds.
Encore sous le choc, il me fallu quelques instant pour reprendre mes esprits. Je descendis en toute hâte de l’arbre et rejoignit Kara.
_ Kara ! Ca va ? Tu as mal quelque part ?
_ C’était super, me répondit-elle, joyeuse. On recommence ?
« On » ? Serait-il possible que ce soit moi qui… Puis les paroles de la Soercyé me revinrent :
Cela développerait aussi ton pouvoir télépathique, et ça, je ne sais pas quelles sont les conséquence.
Ainsi ma télépathie avait évolué. Je pouvais maintenant faire bouger des choses avec mon esprit. Il fallait que je le dise à la mère de Kara. Je me concentrai pour la contacter.
_ Soercyé ! appelai-je télépathiquement.
Pour toute réponse, une image me parvint : Tout le monde était debout, sans bouger, et me regardait. Quelqu’un que je ne voyais pas pointait un tube sur ma tête.
Peur !
Je compris rapidement que ce que j’avais vu était ce que voyait la Soercyé. Elle avait peur ! Elle était en danger !
Kara, qui ressentait mes émotions quand elle se trouvait à côté de moi, me demanda :
_ Qu’est-ce qu’il y a Xorth ? Pourquoi as-tu peur ?
Je la regarda et abaissa mon visage au niveau du sien.
_ Kara, attend moi ici, lui dis-je en la regardant dans les yeux. Ne quitte pas le village, je reviens !
_ Tu me fais peur Xorth, répondit-elle. Qu’est ce qu’il y a ?
_ Reste dans le village et attends-moi Kara, lui dis-je pour toute réponse.
Je couru vers l’arbre le plus proche et bondit. Dans les arbres, je me déplaçais bien plus vite qu’au sol. Laissant mon instinct guider mes prises, je me focalisai sur mon objectif : Le Magellan.
Arrivé à la plaine où se tenait le vaisseau, je n’eus pas de mal à repérer les deux personnes qui apparemment, venaient d’en sortir. L’humain que j’avais suivit plus tôt pointait maintenant vers la tête de la Soercyé ce que j’identifiai comme une arme. Il la forçait à se diriger vers la forêt.
_ Si l’un d’entre vous ose s’approcher, je lui fais rôtir la cervelle, cria-t-il tout en continuant à se diriger vers les arbres.
Je ne comprenais que trop bien que la « cervelle » en question était celle de la Soercyé. Sans un bruit, je me rapprochai de l’arbre vers lequel il se dirigeait. Toujours en menaçant son otage, il passa en dessous de moi sans me remarquer. Je réfléchit quelques instants : Je savait que ce genre d’arme tuait instantanément – La Soercyé m’avait souvent répété les dangers de ces objets. Si je lui tombais dessus, il aurait donc le temps de tuer son otage. A moins que… je le désarme !
Je me concentrai un moment sur le fait que l’arme ne soit plus dans sa main et, à sa grande surprise, l’arme lui sauta de la main. La Soercyé profita de sa surprise pour se dégager de son étreinte et se jeta sur l’arme. Au même moment, je me laissa tomber de mon perchoir et atterri lourdement sur l’intrus, ce qui eut pour effet de l’assommer.
_ Xorth, je suis heureuse que tu sois là ! me dit la Soercyé.
_ J’ai reçut votre appel à l’aide, lui répondis-je. Alors je suis venu.
_ Merci, tu m’as sauvé la vie. Si l’arme ne lui avait pas glissé des mains….
_ En fait ça, c’était moi !
_ Mais… Comment…
_ C’est justement pour ça que je vous avais contacté. Je crois que mes pouvoirs ont évolué.
Elle marqua une pause.
_ Et bien, on peut dire que ta télékinésie est tombée à pic Xorth !
_ Ma téléquoi ?
_ Télékinésie, c’est le fait de pouvoir déplacer des objets par la pensée.
_ Ah ! Et on fait quoi de lui maintenant ?
_ Je vais demander à Jonas de m’aider à le ramener au vaisseau. Vu l’état dans lequel tu l’as mis, je ne pourrai pas l’opérer ce soir.
Je ne posai pas de question sur cette histoire d’opération. J’avais encore du mal à me faire à mon nouveau pouvoir.
_ Xorth, sais-tu où est Kara ?
_ Oui, elle est au village, je lui ai demandé de m’attendre là bas.
_ Pourrais-tu la ramener s’il te plait ? Puisque je ne peux pas opérer ce soir, on va passer à table.
_ D’accord, je vous l’amène tout de suite.
Alors que je commençait à m'éloigner, je vis Jonas courir vers la Soercyé. Rassuré de la voir accompagnée, je me retourna et bondit dans les arbre en direction du village où m'attendait Kara.


Jowy Benaldes :
Alors que mon pistolet venait de me gicler des mains, quelque chose me tomba dessus, me sonnant à peine. Il était évident que cette bestiole, encore un de ces fauves humanoides. Encore une petite chance de m'en sortir. Je fis semblant d'etre assomé. J'entendit alors Jonas arriver et parler à la doctoresse.
_ Vous allez bien, Nilane, il ne vous a pas fait de mal?
Quel crétin, il ferait mieux de s'occuper de moi plutot que de cette femme.
_ Ca va, ca va, mais occupez vous plutot de Jowy.
Lorsque j'entendis cette phrase je savais que c'était maintenant ou jamais. D'un bond, je me levai et me mis à courir à toute vitesse. Je risquai un regard derrière moi, c'est bien ce que je pensais, ces abrutis me suivent, ils pensent pouvoir me rattraper. Qu'est ce que je disais: je me retournais une deuxième fois et j'entendis la doctoresse dire à Jonas:
_ Laissons tomber, de toute façon, il n'a aucun moyen de rentrer, il ne sait pas faire fonctionner la porte interdimensionnelle.
Je regardai Nilane et Jonas s'éloigner, retournant au vaisseau, il était vrai que je ne savais pas utiliser la porte interdimentionnelle, mais ce n'est qu'une question de temps.


Kara :
J’ai flotté… J’ai flotté !
J’aurais dû me rappeler que les Xorths vivaient dans les arbres et en haut ! Je suis tombée et j’ai entendu Xorth crier… Quel cri… Et là, j’ai flotté !
J’ai même pu toucher l’herbe, c’était si amusant et si bien !
Mais Xorth a eu très peur, je crois que y avait « Maman » dedans… Oui, y avait « Maman » ! Et peur, peur ! « Maman » !
« Kara… »
Je me retourne, Aelezig est là ! Je ne l’ai pas entendue descendre ! C’est une Soercyé alors elle a des pouvoirs… Soercyé comme « Maman ». Non, c’est pas vraiment pareil…
Et c’était elle que j’avais entendue une fois. Oui, je l’ai entendue ! C’est la même voix, toute douce et calme.
Elle pose une main sur mon « Faux-bras ». On dirait qu’elle cherche quelque chose. Aelezig me regarde doucement et me montre du doigt le ciel. Oh non ! Il s’assombrit ! Il faut que j’arrive avant que « Maman » ne s’inquiète !
Devant ma drôle de tête, Aelezig me pousse vers le chemin du « Vaisseau-base ». Avant de partir, sur la pointe de mes pieds, je claque une bise sur sa joue. Elle fait un drôle de bruit, on dirait un rire !
« Au revoir Aelezig ! je crie avant de courir sur la chemin »
Elle fait un signe de la main et disparaît dans sa maison.
Je cours, je cours… « Maman » doit se demander ce que je fais. Je vais rien lui dire, elle est occupée et puis ça l’intéresse pas ! Elle doit sauver les Xorths !
Aelezig… Aelezig… Aelezig…
Elle est… Elle me rappelle quelque chose. Elle si jolie, et… spéciale, oui, spéciale ! Elle est pas comme les autres Xorths, ni comme les autres du « Vaisseau-base »…
Oh ! Je m’arrête, l’homme à la cicatrice est là ! Il porte un gros pot dans les bras. Il est avec des Xorths enfants. Ils lui tournent autour en chantant on dirait ! C’est rigolo !
Il a souri ! Il a souri ! Il a un très beau sourire… comme sa cicatrice.
Les petits Xorth crient et sautent en levant les bras. Ils doivent bien s’amuser…
Je me retourne et cours de nouveau vers le « Vaisseau-base ». Ouf ! Je suis arrivée !
Ouh… Ma tête tourne un peu... J'ai l'impression que le sol est pas plat... Il faut que je me raccroche à la porte je vais tomber... Ouh la...
Ca doit être parce que j’ai couru… Bon, il faut que j’aille dans la salle avec la grande baie vitrée ! J’ai faim moi !


Lyliah Vamy :
Après le procès et la tentative d'orage de Jowy contre Nilane, j'étais retourné à la cuisine. Decidement les ennuis ne cessaient de nous poursuivre. Je reportais mon attention sur mes casseroles avant que cela ne puisse tourner au désastre. Ce soir, c'était moi qui préparais le souper. Cela ne me dérangeais guère. Je savais bien cuisiner même si je préférais tout de même les livres. C’était incomparable.
Enfin le repas fut prêt. J'apellai tout le monde. Rapidement tout le monde était à table. Je servis rapidement et m’attablai ensuite. Tout le monde mangeait avec un bon appétit. Tout le monde semblait être à table il me semblait. Je les reperais du regard: Nilane, Mike, Rhoan, Kara, Xorth et Jonas. Personne ne parlait pas où juste pour dire des banalités comme « pouvez vous me passer le sel? ».
Je repensais à une conversation antérieure avec Mike.
Je me retournai vers Mike. Il ne fallait pas hésiter il me semblait. je me décidai et me jetai à l'eau:
_Ecoutez, j’ai remarqué que nous désirions tous aider les Nimrodh. Cependant nous ne parlons pas ensemble de cette tâche. Nous agissons chacun de notre côté. Je pense que nous devrions apprendre à travailler ensemble. commençais-je.
_C’est vrai. Nous sommes tous différents. Pourtant nous avons un but commun qui est sauver les Nimhrod. Je pense que nous serions plus forts si nous réunissions nos efforts sur un front commun. ajouta Mike.
_Vous n’avez pas tort tous les deux. Je passe tant de temps à l’infirmerie que je ne songe pas à dire à personne ce que je fais. Peut être même que les récits du travails des autres pourraient aider l’un de nous ou même plusieurs d’entre nous à avancer. approuva Nilane.


Dr Nilane Bah :
_ Je vais vous dire exactement ce que je sais, et ou j'en suis.
Mais il me faut quelques seconde pour rassembler mes mots. Tout est déjà compliqué pour moi, et je ne sais pas par où commencer.
_ J'ai conçu pendant notre traversée un traitement qui permet de renforcer le système imunitaires des Nimrodh, leur permettant de résister plus longtemps à la maladie. Mais j'ai des scrupule à l'utiliser, car, comme j'ai pu le constater aujourd'hui, ce traitement a des effet secondaire. Des effets plutôt sérieux.
Je sens sur moi le regard de Lilyah. C'est une vérité qu'elle n'était peut-être pas prête à entendre.
_ Quel genre d'effet secondaire ? Demande Mike, non sans une certaine inquiétude.
_ Les pouvoirs télépathique de Xorth se sont développés au point d'aller jusqu'à la télékinésie.
_ Mais, il est en forme.
_ En pleine forme. Plus en forme qu'il ne l'a jamais été, Mike. Mais il était conscient que ça pouvait arriver, quand j'ai fait l'expérience de ce traitement sur lui. Je me voit mal imposer ça au Nimrodh contre leur gré et je n'ai les moyens de leur expliquer ça, à tous.
_ Mais il sont d'accord, dit une petite voix.
Tout l'équipage s'est tournée vers Kara, qui joue avec les aliments dans son assiette, sans se décider à y toucher.
_ Il faut qu'ils soient gentils. S'il sont gentil, des gens vont venir du ciel, et leur donner plein de nouveau pouvoirs. Mais s'ils sont méchant, les gens viennent les détruire.
_ Qui t'a dit ça, ma douce ?
Kara me regarde et baisse le nez, comme si elle regrettait d'en avoir trop dit.
_ C'est la personne avec qui tu joue tout les jours pendant que je soigne les malade?
_ Je ne sais pas. Tu vas me gronder.
Lilyah vole à mon secours.
_ Kara, les Nimrodh nous ont dit qu'il y avait quelqu'un qui s'occupait de te garder pendant que ta maman soignait les malades. Elle est parfaitement au courant, tu n'as pas à avoir peur qu'elle soit fâchée.
Mais Kara se tait toujours. Un silence troublé s'est fait autour de la table. Ce n'est pas cette histoire qu'elle a raconté qui perturbe tant les autres. Je réalise qu'à part moi, personne n'a réellement observé Kara, ses dernier jour. Ils découvrent ce soir à quel point elle est devenue soudain pâle, et maigre. Et comme elle mange peu. Je ne peux plus doubler la dose de médicament que je lui donne, pour l'instant. Ca ne serait pas bon pour elle.
_ Il y a un problème avec cette personne ? Demandé-je à Kara. Ce n'est pas quelqu'un de gentil.
Le visage de ma petite fille s'éclaire.
_ Oh si, elle est très gentille.
_ Eh bien, tant mieux, dis-je joyeusement. Finis ton assiette, ma chérie, tu ne pourras pas sortir de table avant d'avoir tout manger.
_ Elle est très gentille. C'est leur Soercyé.
J'ai tellement pris l'habitude de m'entendre appeler comme ça, que ça me trouble. Je ne devrais pas être étonnée. Si le mot existe dans la langue, c'est qu'il se rapporte bien à quelque chose.
_ Elle te parle, ma Kara ? Pour qu'elle t'ai raconté ça, il fallait que vous vous compreniez.
_ Oui elle me parle, mais pas avec des mots. Même pas avec des mots dans ma tête. Maman, est-ce que je peux aller dormir sans prendre de dessert ? J'ai vraiment sommeil.
_ Tu n'a vraiment plus faim, ma puce ?
_ Non, maman.
Je me relève, m'accroupit devant elle et la soulève du sol. Elle est si légère.
_ Si vous voulez bien m'attendre un peu, avant de continuer à parler, je l'emmène se coucher.
Je l'emporte dans mes bras hors de la salle. Sa petite tête sur mon épaule pèse doucement. Elle a déjà fermé les yeux.
_ Kara, appelé-je tout doucement.
_ Oui, maman ?
_ Je t'aime très fort, tu sais ? Je t'aime vraiment très fort.
_ Oui maman, je sais, répond-elle d'une voix toute endormie.
Je vais la déposer dans son lit, embrasse son front, et remonte la couverture sur sa poitrine. Je voudrais la serrer fort, très très fort, pour l'empêcher de m'échapper. mais je ne peux rien, c'est inexorable. Seul Rhoan peut faire quelque chose.
Dans la salle à manger, j'entends des rumeurs basse, qui cessent dés que j'entre dans la pièce. Je retourne m'asseoir et soupir. Je sens qu'il va falloir jouer carte sur table, pour ça aussi.
_ Elle commence à s'affaiblir. Et ça va ne faire qu'empirer. Mais je la maintiendras en vie suffisement longtemps. Sa guérison est entre vos mains, Rhoan.
Il me regarde curieusement, comme s'il cherchait quelque chose à répondre. Mais je n'ai pas envie de l'entendre.
_ J'ai étudié la pierre sur toute ces couture, celle qui a créé la maladie. Elle est sans danger pour nous. Elle agit seulement comme un stimulus qui active quelque choses que les Nimrodh ont déjà dans leur gène. Si je parvient à isoler ça, je trouverais un remède. Mais il me serait utile de comprendre comment cette pierre agit. Quelqu'un s'y connait en géologie ?
Un lourd silence me répond.
_ Bon, je me débouillerais avec ce que je sais.
Je me tourne vers Atrayde.
_ Et votre carte magnétique ? Vous avez été un peu bousculé, aujourd'hui, je suppose que vous n'avez pas eu le temps de la décoder.
_ Ce n'est qu'une question de temps, me réponds le militaire.
_ Heu... La carte magnétique ? Répète Mike. Quelle carte magnétique ?
Lilyah réponds à ma place.
_ Nilane me l'a raconté ce matin au réveil. Le Balafré a un peu exploré les environs, et il a découvert une vieille base solarienne souterraine. La carte magnétique que monsieur Atrayde essaye de décoder vient de là. Elle contient peut-être des informations importantes.
_ Ou des information qui n'ont rien à voir, murmure Rhoan, d'une voix à peine audible.
Depuis que ne nous avons quitté la terre, ce n'est que la deuxième fois que je l'entends prendre part aux conversations. Et ce n'est naturellement pas pour dire des choses agréables.
_ Notre ami militaire, ajoute-t-il plus fort, est peut-être en train de gaspiller sont précieux temps pour rien, pendant que vous vous escrimez toute seule, à faire le travail d'un hôpital entier, faute de main d'oeuvre.
Il ne me regarde pas. C'est Atrayde, qu'il fixe. Droit dans les yeux. Après un très, très court instant de stupéfaction, devant cette attaque gratuite, l'ex militaire prends une inspiration pour répliquer, mais je le devance.
_ Merci de votre sollicitude, Rhoan. dis-je ironiquement Elle vous va très bien, si, si. Vous devriez l'utiliser plus souvant, entre deux éradictions de villes.
Le regard de Rhoan se retourne vers moi. C'est ça, attaque-moi, moi ! Pas lui, moi, espèce de dingue ! Si tu as envie de taper sur quelqu'un juste pour oublié ta peur de t'affaiblir, que ce soit sur moi.
Mais Rhoan semble avoir choisi sa cible.
_ Vous pourriez lui donner à faire un travail, comme vous l'avez fait pour la rouquine, ou le mécano, mais à lui, vous ne demandez rien, parce qu'en bon médecin, vous n'attendez aucun effort de vos patients.
_ Je...
_ Ne lui répondez pas, Atrayde. L'effort de Lyliah et Mike pour essayer de nous faire dialoguer les uns avec les autres ne lui convient pas, et c'est tout ce qu'il a trouvé pour le saboter.
_ Elle vous imagine surtout encore un peu trop fragile psychologiquement pour vous défendre vous-même. Murmure Rhoan. Ou pour faire un travail réellement utile.
Je sens les poings d'Atrayde se serrer. Si je réponds avant lui, cette fois, j'aurais l'air de donner raison à Rhoan. Par bonheur, Mike intervient.
_ Bon, écoute, Mistigri. Que tu ai un problème avec nous, je le conçois. Que tu ai envie de semer la pagaille, ben voyons, on s'occupe comme on peu. Mais je te conseille de laisser tomber, parce que c'est pas nous qui tomberons dans des panneaux aussi grossier. Et surtout pas Jonas, il en a maté des plus dur que toi, tu peux me croire, ça fait un bout de temps qu'on travaille dans la même base.
_ De toute façon, surenchérit Lilyah, un homme qui a suffisement de force de caractère pour demander un procès équitable à celui qui a détruit sa vie ne va certainement pas céder à de si petit coup d'épingle. De toute façon, la seule chose qui vous chagrine, c'est que quelqu'un en connaisse plus que vous sur un sujet de technologie.
Cette fois, c'est Rhoan que j'empêcher de répondre, en parlant d'une voix suffisement forte pour couvrir toute les autres.
_ Bon, bref, voilà la situation. Nous disposons d'un traîtement pour maintenir les malade en vie, mais avec des effets secondaires. Nous avons une pierre noire à analyser, et peut-être trouverons nous de nouvelles information bientôt.
_ C'est... Comment-ce Rhoan.
Mais Mike a déjà enchainé, toute aussi fort.
_ Ne devrions nous pas aller explorer la base, voir si nous trouvons d'autre indices ?
_ Je ne crois pas que ce soit nécessaire intervient abruptement Atrayde. Et surtout, ça pourrais ne pas être prudent. Le système de sécurité fonctionne encore.
_ Encore après toutes ces année ? Intervient Lyliah. C'est incroyable !
Rhoan a renoncé à parler. Son désir de détruire est plus faible que son amour propre, et il a encore le sens du ridicule. Je me lève pour débarrasser.
_ Puisque nous sommes maintenant tous au courant de toute les cartes que nous avons en main, je vous propose à tous de réfléchir à tout ça. Une idée viendra peut-être à l'un de nous pendant la nuit, et si elle ne vient pas, au moins, demain, vous saurez mieux ce qu'il y a à faire.
_ Nilane ? Dit Lyliah. Tu pourrais te passer de moi demain matin, auprès des malades ?
_ Je risque d'avoir un peu de mal, mais si c'est important, je peux me débrouiller pour communiquer avec eux. Pourquoi ?
_ Je pourrais peut-être accompagner Kara, voir la Soercyé. J'en apprendrais peut-être...
_ Eh bien... Commencé-je.
Je cherche comment formuler. Je n'ai pas envie de la blesser.
_ Lorsque les Nimrodh m'ont fait dire par toi que ma fille était en compagnie de quelqu'un, tu n'a pas eu l'impression qu'ils insistaient beaucoup pour qu'on ne s'occupe pas d'elle, et qu'on les laisse tranquille ?
_ Si, mais il voulaient te rassurer, tu étais inquiète de savoir ou elle était.
_ Non, il y avait autre chose. Je crois que la rencontre de Kara avec cette soercyé à un sens important, pour eux. Et j'ai l'impression qu'elle a également un sens important pour Kara. Et que, si nous intervenions entre elles deux...
Encore une fois, je perds mes mots. Mais Mike hoche la tête.
_ Je vois ce que vous voulez dire. J'ai vu le regard de la gamine quand elle parlait de la soercyé. On dirait qu'elle est en train de vivre une étape très importante de sa vie.
Je regarde le mécanicien un peu stupéfaite, tant par la finesse de son analyse que par le nouvel élément qu'il me mets devant le nez.
_ Une étape ? Quelle étape ?
_ Je ne sais pas. Mais j'ai eu pas mal de frère et soeur, je connais les enfants. Il y a toujours un moment où, on ne sais pas pourquoi, on sens qu'il sont sur le point de basculer de l'autre coté, du coté des adultes. Et quand ça arrive il faut à tout pris éviter de les retenir, parce que...
_ Parce que ?
_ Parce que, ça peux leur faire très mal, pendant très, très longtemps...
Je suis stupéfaite d'entendre formuler si simplement quelque chose dont ma conscience refusait de me donner le nom.
_ Il vaut mieux que tu reste avec Nilane, demain, conclut Mike en se tournant vers Lyliah.
Lilyah le regarde l'air dubitatif, mais fini par hocher la tête.
Rhoan s'est éclypsé depuis quelques minute, je devine qu'il retourne à son laboratoire.
Jonas, qui est resté attablé le dernier se lève a son tout. Laissant Mike et Lilyah finir de débarrasser, je le suis dans le couloir, et le voir se diriger vers l'ascenseur.
_ Vous en avez assez fait pour aujourd'hui, Jonas. Vous devriez prendre votre soirée.
_ Vous allez prendre la votre ?
_ Non, j'ai encore du trav...
_ Moi aussi.
Les porte de l'ascenseur s'ouvre. Je me précipite pour y entrer avec lui.
_ Ecoutez.
_ Je sais. Vous allez faire un beau discour pour me remonter le moral, pour me dire que l'autre dingue est un idiot et que je ne dois pas écouter ce qu'il dit. Mais si vous voulez me rendre un service, mademoiselle Bah, oubliez une fois dans votre vie que vous êtes médecin. Ça ne vous fera pas de mal. Et pas qu'à vous, d'ailleurs.
_ Entendu. Je vais retourner à mon labo, vous au votre et...
_ Vous n'en être vraiment pas capable, hein ?
Il s'est retourné vers moi avec un regard étrange, comme s'il découvrait quelque chose de nouveau pour la première fois.
_ Capable de quoi ? dis-je sans comprendre.
_ Oublier que vous êtes médecin. Il vous faut absolument un patient à soigner, un problème à résoudre, vous n'arrivez pas à vous arrêter. Vous me détestiez, il y a quelque temps. D'un seul coup, je tombe malade, et vous voilà toute pleine de sollicitude. Si je n'avais jamais eu ce truc dans la tête, qu'est-ce que vous en auriez à f***** de la façon dont me parle votre évadé, là ! Votre compassion ne vient que tu fait que j'ai eu besoin de vous.
Il a commencé sur un ton calme, mais il commence à s'échauffer de plus en plus.
_ Ça vous rassure, sans doute, qu'on ai besoin de vous. Parce que la réalité, c'est qu'à part médecin, vous ne savez pas quoi être d'autre ? Même avec votre fille, vous restez un médecin. Vous vous souciez de tout ce dont elle a besoin, vous êtes la pour elle, mais quand est-ce la dernière fois que vous lui avez réellement interdit quelque chose ? La dernière fois que vous avez joué avec elle, juste pour le plaisir ?
_ Vous allez trop loin, Jonas, je vous prie d'arrêter.
J'ai dit ça sur un ton calme, mais une pointe de froideur m'a échappé malgré moi. Une partie mon esprit ne peux s'empêcher de s'agiter. Quand ai-je joué avec Kara pour la dernière fois ? Juste pour le plaisir, pas dans le but de lui enseigner quelque chose, ou de lui faire faire des exercice utile à sa santé ?
_ Je vais trop loin, docteur ? Vous ne vous êtes jamais demandé si vous, vous n'alliez pas trop loin ? Comme vous le voyez, ça n'a rien d'agréable de voir un parfait étranger se mêler de chose qui ne concerne que soi. Même avec les meilleurs intentions du monde. Quoi que je doute que vos intentions soit les meilleurs. Vous ne faites pas tout ça pour vos malade, vous faites ça pour vous, pour vous sentir utile. Au fond, vous n'en avez rien à foutre que vos bestioles-là, crêvent ou non.
_ C'est faux ! Je veux réellement leur donné la chance de vivre, ce sont des être exceptionnels.
_ Je vous croie, je vous croie. En attendant, votre fille est en train de mourir à l'étage au dessus sans que vous vous en inquiétez plus que ça !
La gifle part au moment même ou les porte de l'ascenseur s'ouvre. Le bruit raisonne dans tout le couloir comme un coup de feu.
Dans l'ascenceur immobile, Atrayde et moi, nous nous fixons, figés. Le militaire a porté la main à sa joue, encore rouge du choc.
Je tremble et serre les dents. Chacun des odieux mots qu'il vient de me dire raisonne dans ma tête. C'est moi qui ai reçu la véritable giffle. J'étouffe.
_ Elle ne va pas mourir, dis-je. Il n'est pas question qu'elle meurt.
_ Elle est en train de mourir. Ça crève les yeux.
_ Je sais. Vous croyez que je ne le sais pas ?
J'ai saisit derrière moi la rampe et la serre très fort. J'attends que la vague de haine et de révolte qui déferle en moi chaque fois que quelqu'un me dit que ma fille va mourir. Mais elle ne vient pas. Elle ne vient pas, et rien n'est là pour m'entrainer loin du gigantesque gouffre de détresse qui s'étend devant moi.
Quand ai-je joué avec Kara pour le plaisir ? Quand lui ai-je dit que je l'aimais comme ça, parce que ça me venait, et non parce que j'avais peur de la perdre ?
_ Je ne vous détestait pas, Jonas. C'est ce que vous représentiez que je détestais.
C'est vrai. Dés que je l'ai regardé, la première fois, je n'ai vu que son uniforme. Et j'ai décidé de le détester pour cette seule et unique raison.
_ Je n'ai pas eu de réel motif de vous détester. Jusqu'à maintenant.
J'ai parlé d'une voix calme. Mais je ne suis pas calme. Je suis sur le point de m'effondrer, comme un château de carte. Il y a tant de regards qui pèse sur mes épaules. Je ne peux pas tomber maintenant. Ni maintenant ni jamais d'ailleurs. Parce que personne ne me rattrapera si je tombe. Je suis seule. Seule. Depuis toujours.



Chapitre suivant

Chapitre précédent

Retour à la page de garde

 
 



Créer un site
Créer un site