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Chapitre 19 : La justice que l'on voudrait





Jonas Atrayde :
A ce moment, j’étais au pied du mur. Qu’est ce que je voulais vraiment de Jowy ? Qu’il meurt ? Qu’on l’enferme à perpétuité dans une soute du Magellan, qu’on le donne en sacrifice à un quelconque Dieu Nimrodh ? A présent qu’il était en face de moi, je ne savais pas quoi faire de lui. Heureusement que Nilhane et les autres étaient arrivés rapidement, car je sentais que ma haine et mon impatience à le voir souffrir aurait eu raison de mon « nouveau » sens de la justice. Que fallait-il faire, alors ? Toutes les souffrances que je pourrais lui infliger, tous les engins de torture que Rhoan seraient capables de fabriquer ne pourraient jamais faire revenir Lyse…
Et lui, il nous regardait avec un air de mépris, renforcé quand il se tournait vers moi. J’avais envie de lui casser les dents rien que quand il croisait mon regard ! Un regard qu’il n’y a pas si longtemps encore, me paraissait amical et compatissant.
Mais en fait, Jowy et moi n’étions pas si différents non plus : Obéissants aveuglement aux ordres de nos supérieurs, avec toujours quelqu’un de plus haut placé que soit pour penser à sa place et ainsi éviter de le faire soit même. C’est un peu comme si j’étais en train de me juger au travers d’un miroir. C’était peut être même plus qu’une procès : un enterrement… celui de ma vie, de la vie que j’avais mené jusqu’à maintenant..
_ Si vous voulez, il pourrait peut être me servir de cobaye pour mes exp…
_ Rhoan, je vous interdis ! interrompis Nilhane. Cet homme doit être jugé comme il se doit ! Autrement…
_ On ne vaudrait pas mieux que lui !
Nilhane et le savant fou se tournèrent vers moi. Auparavant, jamais ils n’auraient pu admettre que j’avais quelque part au fond de moi un sens de la justice. Il fallait qu’il paye, mais la mort ne résoudrait rien.
_ Qu’est ce qu’on fait de lui, alors ? fit Mike
Je regardais tour à tour mes compagnons présents. .Lylia, Mike, Rhoan, Nilhane. Je lisais sur leur visage une intense réflexion, mais personne n’avait l’air d’avoir une réponse en tête.
Nous devions le juger, mais il me fallait une garantie. Celle, que s’il échappait d’une quelconque manière à ce tribunal, il ne s’en tirerait pas si facilement ! Qu’il paye, je voulais qu’il paye !
Pendant que les autres étaient plongés dans leurs pensées, je me détournais d’eux et du regard indiscret de Jowy. C’était la seule arme qu’il me restait en poche, ma dernière carte. Elle était assez petite pour que personne, pas même Nilhane ne la remarque. Je la sortais d’une de mes poches et la plaçait discrètement à mon index. A présent, il me fallait un prétexte pour le toucher, assez violement pour que cela puisse marcher. Je me retournais, et braquais mon regard droit dans celui de Jowy.
Dire que cette ordure et moi avions été amis, que nous avions traversés les missions les plus dangereuses ! Ca me désolait presque, car lui, ne se souvenait plus de rien, ayant sûrement encore dans sa tête cet implant qui avait remplacé ma mémoire par une de substitution.
On se défia encore pendant une minute, sous le regard attentif des autres, attendant ce qui allait se passer. Pour la première fois depuis des moi, j’entendis sa voix.
_ Traître ! Chien ! Sous produit de Lamb ! Quand je pense que j’ai cru que tu finirais par monter en grade ! Tu ne vaux pas mieux que toute la vermine que t’as exterminé ! T’aurais du crever avec eux !
Je n’étais qu’à quelques centimètres de lui, et il me cracha en pleine figure. C’est l’occasion que j’attendais. J’essuyais ma joue et me détourna du groupe. Je fis quelques pas en arrière, sous les regards ébahis de mes compagnons.
_ Jonas ? Vous allez bien ? fit Lylia, inquiète.
Je me retournais soudainement, vif comme l’éclair et décochais un direct du droit dans le nez de Jowy, qui le fit presque basculer du siège sur lequel il était fermement attaché. Il renifla quelques instants, puis cracha à terre une gerbe de sang Nilhane se précipita vers moi et me pris par le bras.
_ Arrêtez ! C’est vous qui avez voulu ce procès ! Si vous voulez que justice soit faite, alors ne réagissez pas comme ça ! Réagissez autrement à ses provocations !
Jowy riait, dans rire malade, laissant voir ses dents à présent rouges. Je me fichais de ce que je venais de faire, je n’avais pas l’intention de continuer ! Jowy avait maintenant dans le corps quelque chose qui me rendait maître de lui. Maître de décider s’il devait vivre ou mourir…

Jowy Benaldes :
Alors que Jonas me regardait droit dans les yeux, toutes mes pensées envers lui ne purent se contenir, et avec un petit rictus je lui envoya en pleine face:
-Traître ! Chien ! Sous produit de Lamb ! Quand je pense que j’ai cru que tu finirais par monter en grade ! Tu ne vaux pas mieux que toute la vermine que t’as exterminé ! T’aurais du crever avec eux !
Puis, pour complêter le tableau je lui crachai en pleine figure.
Il s'essuya le visage puis se retourna, c'est ça, résidu de Lamb, tourne moi le dos, cache moi ta face ourrie, je ne veux plus la voir. D'un coup, il se retourna et décocha un coup de poing, je manquai de tomber de mon siège, mais je me rattrapai: il était hors de question que je tombe face à lui et puis, j'étais attaché je détourna la tête de son visage puant et cracha au sol un peu de sang, je ne devais me montrer en état de soumission face à LUI, ma bouche décrit un sourire et j'éclatai d'un rire rempli de haine, je ne pouvais plus tenir, il fallait que je fasse quelque chose, mais quoi?

Franck Rhoan :
Je contemplai pensivement le nommé Jowy sur son siège recracher du sang. Son visage me disait quelque chose. Il croisa mon regard, me devisagea, cligna des yeux, puis me dévisagea encore.
_ Franck Rhoan! cracha-t-il.
Il braqua son regard brulant de haine sur Atrayde.
_Non content de trahir les tien et de te mettre à ramper au pied des Lamb, tu pactise en plus avec ce destructeur de ville! hurla-t-il en se tortillant dans ses liens.
_ Ha, oui, j'y suis, murmurais-je d'une vois doucereuse. Vous êtes ce soldat qui m'a planté un couteau dans la jambe lord du raid à la prison de Ramoscki pour me récupérer.
Je jeta un coup d'oeil à Bah qui, après une pause due à l'accusation, engueulait le militaire, et décidait de remuer le couteau dans la plaie de son humiliation et de sa rancoeur.
_ Vous m'en voulez toujours d'avoir réduit votre père militaire à l'état d'atome? Sans vouloir me disculper, il faut dire que je ne pouvais pas savoir que c'était lui dans le vaisseau de transport, devant Itkoyo. Je tirai un peu au hasard, je dois l'avouer.
Il me fusilla du regard, donnant de grand à-coup sur ses liens, et je lui fis un sourire ironique. Nilane avait dû entendre une partie de mon monologue, car elle m'empoigna par le bras, et me sermonna. Sermon que j'écoutais d'une oreille distraite, tout en continuant de sourire et de regarder Benhaldès. Puis mon sourire disparut et je pris une expression sinistre.
_ Mon vote est fait pour son cas, dis-je d'un ton cinglant, coupant le sermon. La mort.

Lilyah Vamy :
Je ne savais vraiment pas quoi penser. J’étais d’accord avec ce procès. C’était le meilleur moyen de décider du sort de Jowy. Mais je n’arrivais pas à savoir quoi penser. Je n’aimais pas décider ainsi du sort d’une personne.
Il fallait me résumer la situation depuis le début. Cette Lise soignait les soldats des deux camps sans distinction. Je resongeais à ma propre histoire. Il n’existait que de rares médécins agissant ainsi malheureusement. Ils préféraient ne sauver que leur propre camp surtout les soldats. Discretement, je regardai Nilane furtivement. Tuer quelqu’un qui soignait un blessé était vraiment un acte abominable. Il ne fallait avoir aucune morale, aucune âme. C’était peut être même la pire des bassesses. C’est comme tuer, des civils, des innocents ou un blessé … Pourtant c’était quelque chose qui se passait très souvent durant ce conflit. Rien qu’à y penser, je sentais la colère. J’essayais de retenir cette révolte. C’était inutile de m’énerver ici.
Bon. Au moins j’étais arrivée à la conclusion que Jowy avait accompli un acte répugnant. Il ne restait qu’à trancher sur ce que je pensais du sort qu’il méritait. Tous ces arguments que j’avais énuméré aurait mérité la mort. Pourtant je ne pouvais m’y résoudre. Tuer un autre être humain ne ramènerait pas sa victime à la vie ni n’annulerait son forfait. Le tuer ferait de nous des meurtriers à notre tour. Non, je pouvais pas me décider à une telle solution. Sa mort n’arrangerait rien du tout. Notre mission était de sauver et de protéger les vies des Nimrodh.
Ainsi mon verdict était pour moi l’emprisonnement. Je ne voyais que cette solution.


Mike Libane :
Je regardais silencieusement cet homme qui avait tué la femme de Jonas, celui qui l'avait rendu froid et agressif envers les terriens. Il était vrai qu'il l'avait abattu parce qu'elle soignait un soldat ennemi, et ce seul état de fait l'aurait conduit tout droit sur le désintégrateur ionique. Mais je me disais qu'une faute de jugement devait entrainer la mort de quelqu'un. C'était parfaitement inutile de priver quelqu'un de la vie. De plus, comme il n'en gardait aucun souvenir, ça ne servirait a rien de le punir pour cela, vu que les procès servaient justement a ce que les criminels ne recommencent pas de sitot. Il est vrai qu'ils ne risque pas quand ils sont dispersés en infîme particules, mais là n'est pas la question. Après cette constatation, je me suis dit que les travaux forcé seraient de bon gout pour aider les Nimrodh en construction.


Dr Nilane Bah :
_ Qu'on l'enferme quelque part, dit Lyliah. Et qu'on le laisse enfermé. Nous n'avons pas le droit de disposer de sa vie avec la même légèreté que lui l'a fait.
Elle a parlé en regardant Rhoan droit dans les yeux, d'un air de défi. Mais Rhoan ne cille pas. Il ne détourne pas le regard. Il ne cherche même pas à soutenir celui de Lyliah. Il continue juste à regarder dans sa direction comme si elle n'avait pas d'importance.
Je n'en attendait pas moins, ni de l'un, ni de l'autre. Je regarde Mike.
_ Qu'en pensez-vous, Mike ?
Le mécanicien d'ordinaire souriant et chaleureux semble pour la première fois hésitant et grave.
_ Docteur... Il ne se souvient de rien. Je pense que tout ce qu'il mérite, c'est de réparer ce qu'il a fait en travaillant pour les Nimrodh.
Je regarde de nouveau Jowy Benaldes. Il nous toise avec mépris.
_ Jowy, vous savez de quoi nous sommes en train de parler ?
_ Allons donc ! Vous déblattérez pour savoir si vous avez ou non suffisamment de tripes pour me régler mon compte ou pas. Je ne suis pas stupide.
_ Donc, vous ne savez pas de quoi nous sommes en train de parler.
Il me regarde comme si j'étais moins qu'une tâche de boue. J'ai l'habitude de ce regard. Je n'ai jamais été regardé autrement, à part par Kara, et par ceux qu'il m'a été donné de guérir. Jonas a dit "Ca aurait pu être vous". Et je sais que c'est vrai. Et je sais que j'aurais accepté, moi aussi, comme elle.
_ Vous ne vous souvenez de rien. Vous ne vous souvenez pas qu'elle soignait un soldat Japonais. Vous ne vous souvenez pas qu'elle vous répondait calmement pendant que vous l'insultiez. Qu'elle vous tenait tête sans se poser la moindre question. Vous ne vous souvenez pas que vous avez tiré sur elle, comme ça, froidement, sans raison. Juste parce qu'elle était entre votre arme et le blessé que vous vouliez abattre.
J'ai parlé sans la moindre agressivité, me contentant d'énumérer des faits. Jonas me regarde stupéfait. Il n'avait pas réalisé tous les détails qu'il m'avait livré, dans son délire, sur ses souvenirs retrouvés. Je regrette de l'exposer ainsi. Le visage de notre prisonnier est toujours aussi méprisant, mais quelque chose dans son regard a changé. Comme si une part de lui essayait de comprendre ce que je disais. Comme si une part de lui comprenait malgré lui.
_ Vous avez tué la femme de votre ami, Jowy. C'aurait pu être une inconnue, mais c'était la femme de Jonas. Vous saviez ce que vous lui faisiez. Vous savez qu'il vous considérait comme un frère. Pourquoi avoir tiré ?
_ Lyse a été tué par un soldat ennemi, me répond Jowy Benaldes.
Mais quelque chose, dans sa voix, a perdu de son assurance.
_ Vous devez bien vous souvenir de ça, tout de même. Pourquoi avez vous tiré ?
_ Vous êtes tarée ! Foutez moi la paix.
_ Qui était Lyse, Jowy ? Elle était comment, dans la vie ? Vous la détestiez depuis longtemps ?
_ La ferme ! J'en sais rien, moi ! Je... Je ne me souvient même plus de quoi elle avait l'air !
Notre prisonnier tremble. Quelque chose en lui tente de se réveiller, et il y résiste de toute ses force. Je me tourne vers Atrayde.
_ Jonas. Je vote pour qu'il vive. Mais qu'il vive en se souvenant de ce qu'il a fait. Je veux l'opérer comme je l'ai fait pour vous.


Jowy Benaldes :
Qu'est ce que cette femme était en train de me raconter? Je ne veux pas me souvenir, je ne dois pas me souvenir... Non ! Soudain; Jonas prit la parole:
_ Très bien, Nilane va soigner ce ... Jowy.
Nilane se tourna alors vers moi.
_ Jowy, je vais vous emmener avec moi pour vous opérer, ainsi, je vous enleverai la puce qui est dans votre tête pour que vous vous souveniez de tout, vous allez me suivre sans protester.
Je ne réponds pas, je dois m'en aller d'ici, cette bande d'enfoirés commencent à me taper sur les nerfs, je décide de la jouer réglo:
_ Bien, puisque vous le demandez si gentiment, et puis, j'ai envie de me souvenir.
Tout le monde se tourne vers moi, comme si j'en avait fait trop.
Nilane met un pistolet à rayons caloriques dans sa main puis s'approche de mon siège, et après avoir hésité un instant, détache mes liens.
_ Passez devant.
Sans un mot, sans une réplique, je suis la direction indiquée par la doctoresse.
Je ne réponds rien, je ne dois pas répondre à ses tentatives de corruptions. Soudain, enfin le moment que j'attends: une troupe de ces étranges créatures, homme-chats arrivent en demandant de l'aide, je ne sais pas quel liens les unissent, eux et les humains, mais peu importe, je dois sauter sur l'occasion, j'attrape la doctoresse au cou, prenant le pistolet qu'elle avait dans sa main, collant le canon contre sa tempe.
_ Un geste et je bute votre doctoresse !
Les bestioles s'enfuient et les autres ne bougent pas.
_ Vous allez me laisser partir, sinon ...
Personne ne bouge, je n'hésiterai pas à tirer au moindre geste suspect...

 


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