Les images du site sont l'oeuvre de nos membres, qui consentent à leur mise en ligne.
Chapitre 18 : Le visage de l'ennemi







Jowy Benhaldès :
Je ne sais pas combien de temps ça fait que je suis caché dans ce vaisseau mais je commence à m'ennuyer et un autre petit problème technique s'ouvre à moi : les fruits que j'ai pris dans la biosphère ne sont pas inépuisables et de plus, je ferai mieux de ne pas retourner là bas, je pourrais me faire choper et ça tournerai au grabuge, ce n'est pas que je n'aime pas ça mais bon...
C'en est trop, il faut que je sorte d'ici. Je me dirige vers la porte, jette un coup d'oeil dans le couloir ... ouf, il n'y a personne, je peux me diriger sans soucis vers l'ascenseur. La porte est fermée, peut-être y a t'il quelqu'un dedans, je fait demi-tour (bravo le courage) et me dirige vers une salle. Je pose mon oreille sur la porte, aucuns bruits, j'ouvre et, OH ! STUPEUR! Des armes !!! De magnifiques armes !!! Je regarde avec des yeux brillants les armes !!! Des modèles récents de gatling... Oh ! Des revolvers calibre 20 tirant quarante balles en trente secondes... Je regarde ces armes et mon regard s'arrête sur un magnifique ... Balais brosse avec des poils en pailles, un manche en acier. Ooooh! Je ne résiste pas une minute de plus, je m'empare du superbe ustensile, ainsi que des deux autres armes ( le balais a un manche rétractable ce qui permet de le ranger facilement.).
Je vois alors une sorte de trappe sur le plafond je tends les bras et tente d'ouvrir le passage. C'est inutile, cette porte est bloquée, il me faudrait de quoi ouvrir la porte, mais à quoi sert ces boutons? Oh, je comprend, c'est un code, zut, je ne l'ai pas, je retourne dans l'armurerie et prend une baillonette heureusement, il y a une serrure, je fait tourner la baillonette et .... la porte ne s'ouvre pas... TU VAS T'OUVRIR OUI ?? SALETEE DE PORTE !! Je refais tourner la baillonette dans la serrure, un petit déclic et la trappe s'ouvre je sors la tête et me retrouve dehors.
Je me mets à courir dans la plaine. Je court puis arrive dans une forêt. Je le traverse rapidement en évitant péniblement les branches, une fois arrivé au bout, je reprend mon sprint et arrive devant une nouvelle forêt, à présent trop fatigué pour continuer à courir, je me mets alors à marcher mais, le souffle court, je m'assois dans l'herbe. C'est alors que, en regardant le paysage, j'aperçois une sorte de temple, bizarroïde, je m'approche de cet étrange construction, une sorte de temple, bizarre, un temple en plein milieu d'une forêt? bon tant pis, j'approche. Une embouchure en guise de porte, ce temple est plutôt mal foutu: il y a plein de plantes grimpantes accrochées dessus, j'entre : une salle relativement grande avec, en son centre, une sorte d'ovale faisant environ deux mètres sur quatre, j'ai déjà étudié ça. Il s'agit d'une porte interdimentionelle. Peut-être me permettra-t-elle d'aller prévenir mes supérieurs.


Kara :
Je suis dans un jolie clairière avec la Xorth. Je suis pas resté avec elle très longtemps, je suis vite rentrée au "Vaisseau-base" pour pas que "Maman" s'inquiète. Donc, quand la nuit est tombée, je suis partie vite, vite en disant à la Xorth que je devais rentrer.
"Maman" avait un peu peur quand je suis revenue mais je l'ai rassurée. Et c'est comme ça que pendant deux journées, je suis allée voir mon amie la Xorth et que le soir je revenais pour le dîner. J'ai pas dit que j'ai rencontrée la Xorth. Parce que sinon je sais pas ce que "Maman" aurait dit...
C'est tout doux, tout doux.
Ca me rappelle quand je faisais un cauchemar et que je dormais, la tête sur l'épaule de "Maman".
Je marche, les bras devant moi. On dirait que je suis aveugle, je trouve ça amusant. Il fait noir alors je vois pas beaucoup... Un peu comme les aveugles, sauf que les aveugles voient rien et tout le temps. Ca doit faire bizarre... Comme un aveugle voit rien, qu'est-ce qu'il voit quand il rêve ? Ca doit être joli...
Oooh... Je sens une porte, oui ! C'est la porte de "Maman" ! Tiens, y'a pas de lumière. "Maman" reste pas debout ? D'habitude elle dort pas et elle lit ou écrit plein de choses compliquées. Alors des fois quand je vois le trait de lumière je rentre pas, pour pas l'embêter...
J'ouvre la porte tout doucement. J'entends "Maman" qui dort. On dirait... on dirait qu'elle ronronne.
Je tâtonne un peu parce que je vois pas bien.
Ah, là c'est son lit. Son grand lit. Alors... voilà une petite place pour moi ! Je me faufile tout doucement, et je pose ma tête contre l'épaule de "Maman".
Elle parle on dirait, oui elle parle en dormant. Et puis elle l'air contente, je sens de la joie. Elle doit faire un joli rêve...
Je regarde la Xorth et elle sourit. J'ai dormis sur ses genoux.
Elle pose une main sur mon coeur et elle murmure :
" Kara...
Elle sait mon nom ! Alors ça veut dire que si je me concentre...
- Aelezig... je m'écrie."
Elle fait un drôle de ronronnement.


Xorth :
Beaucoup de choses c’étaient passées en mon absence, ma très longue absence : Trois Lunes d’après ma sœur. Je traversai le camp établi à côté du vaisseau. L’odeur caractéristique du bûcher me rappela les ravages causés par la maladie. On m’avait rapporté que pendant ces trois lunes, la moitié des villages avoisinant avaient disparu, emportés par la maladie.
Broyant du noir, je ne me rendis pas compte que je étais sorti du camp. Ce ne fut que lorsque je passai à l’ombre des arbres que le brusque changement de luminosité me fit relever la tête. Il fallait que je me change les idées. Et le meilleur moyen dont je disposais était de faire mon exercice préféré : Grimper dans la cime des arbres et se déplacer le plus vite possible jusqu’au village.
Je m’accroupis, tendant le moindre muscle de mes jambes puis, d’un coup, je me relâcha, ce qui me projeta littéralement vers la branche la plus proche – située à une bonne dizaine de mètres du sol quand même. Vif comme l’éclair, je tendis le bras et attrapai cette branche et la tenais fermement, ce qui eu pour effet de me faire brusquement tourner autour. Sans même m’arrêter, je lâcha brusquement la branche ce qui me catapulta sur un autre arbre, que j’avais repéré depuis longtemps. Je continuai à me déplacer ainsi, volant plus que bondissant, à passer d’arbre en arbre, tantôt en donnant une impulsion de mes jambes, tantôt en changeant de direction en m’accrochant à une branche. Quand j’étais jeune, on me surnommait « Fils du vent » tellement je me déplaçais vite entre les branches, tel un courant d’air. Aujourd’hui encore, je me déplaçais plus rapidement que la plupart des Nimrodh du village.
Sans même m’en rendre compte, je dépassa le village et atteignit une vaste clairière. Les arbres étaient radicalement différents de l’autre côté : Décharnés, blanchis par le manque d’eau et n’ayant pratiquement aucune feuille. J’étais à l’entrée de la Forêt Interdite, là où se trouvait le temple des Dieux, des humains.
Alors que je m’apprêtais à faire demi-tour, je distinguai une silhouette dans la plaine. Elle se dirigeait vers la Forêt Interdite et, sans la moindre hésitation, y entra. Le dernier chef du conseil encore vivant restait maintenant au village et aucun Nimrodh à ma connaissance ne s’engouffrerai dans cette forêt sans marquer une pause d’hésitation. Ce ne pouvait donc être qu’un humain ! Mais qui ? Il fallait que je le sache ! Sans le moindre bruit, je descendis de mon perchoir et traversa la clairière. Alors que je venais juste d’arriver près des arbres blancs, un craquement me parvint. Qui que ce soit, il ne cherchait vraiment pas à être discret ! Me guidant grâce au bouquant qu’il produisait, je me rendis compte que je prenais la direction de l’ancien temple humain. Mes doutes se confirmèrent quand j’arrivai en vue de l’imposante masse du temple. C’en était trop ! Il fallait que j’intercepte cet humain pour lui demander ce qu’il faisait ici.
Je pénétrai dans la grande salle, la salle de la porte des dieu. Elle semblait vide. Je ne détectait plus la moindre présence. Avais-je rêvé ?
Non. Je vis en me penchant sur la pierre sacrée qui commandait la porte que quelqu'un y avait touché. Mais qui ? L'un des humains cherchait-il à revenir chez lui ? Et pourquoi s'était-il contenté de toucher ? Pourquoi n'avait-il pas ouvert la porte ?
Je sortit du temple et décidai d'aller voir la Soercyé. Peut-être aurait-elle des réponses à mes questions.


Lilyah Vamy :
Au cours de la journée qui suivit, je ne fit pas grand chose en dehors de marcher dans les couloirs du Magellan et d’observer mes compagnons en essayant de ne pas les gêner. Le premier, ou plutôt la première, fut Nilane. Je la regardai dans l’infirmerie sans la troubler en train d’étudier les possibilités de soigner les Nimdroh. Ensuite je passai devant une salle où était Jonas (j’avais enfin cesser de l’appeler le militaire) qui s’affairait à décoder la carte trouvée dans la base découverte par Janus. C’était Mike qui m’avait mise au courant de cette affaire. Je me demandais ce que cette carte nous apprendrait en temps et en heure. Puis je continuais ma promenade jusqu’à arriver au laboratoire de Rhoan. Apparement celui ci continuait ses recherche. Il semblait toujours aussi fatigué. Mais pourquoi? Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, il avait l’air normal et non un air malade. Je continuais d’avancer comme si de rien n’était. Pourtant quelque chose me troublait en moi même. Chacun d’eux travaillait à l’avenir des Nimrodh mais il y avait aucune vraie communication. Je me demandais aussi où était Kara et Xorth. Enfin ils pouvaient être à l’extérieur en train de jouer ensemble.
_Hey Lilyah, on se promène?
Perdue dans mes pensées, je n’avais pas identifié la personne qui m’avait parlé. Je relevais la tête et découvrit Mike. Je le saluai et nous marchâmes ensemble jusque la biosphère tout en discutant:
_Que faisais tu? Tu te rendais quelque part?demanda Mike.
_Non. J’observais nos compagnons, c’est tout.
_Tu as décidé de les espionner? Attention l’espionne de choc Liliah entre en jeu. plaisanta Mike.
_Mais non. dis-je en riant. J’avais juste envie de me promener un peu et j’en ai profité pour les observer travailler. Mais ils semblent tous concentrés sur leurs activités. C’est une bonne chose mais on ne se parle pas vraiment.
_Je vois ce que tu veux dire. Il n’y a pas une vraie ambiance. Oui, il faudrait pouvoir mieux communiquer entre nous. Certes, nous nous soucions tous des Nimrodh mais nous avançons pour le moment sur des voies plus ou moins différentes.
_Il faut trouver un moyen d’arranger cela.
_Euh mais comment? Laisse moi réfléchir un peu .. Hum c’est plutot compliqué.
_Le mieux serait de leur parler à un moment où nous sommes ensemble. Ce serait stupide de les prendre un par un comme des vendeurs de prêt-à-porter.
_Une occasion où nous sommes réunis, il n’en existe pas trente six mille, Lilyah.
_Oui, je vois aussi. Le moment du diner.


Jonas Atrayde :
Je n’avais rien pu obtenir à partir des autres ordinateurs du vaisseau, la veille. Il fallait que je trouve autre chose. Il me restait encore un espoir pour découvrir les secrets que recelait cette carte…
Le Labo. C’était l’endroit le mieux équipé du Magellan pour ce que j’avais à faire avec cette carte mystérieuse. Après une discussion plutôt houleuse avec Franck Rhoan, j’avais enfin obtenu un siège devant un ordinateur au fond de la salle. C’est à ce moment que je me rendis compte que Rhoan et moi, n’étiez pas si différents que ça. Il voulait à tout prix rester seul, ne voulant et ne réclamant aucune aide de la part des autres. D’ailleurs, cela se voyait très bien qu’il ne tenait plus que sur ces jambes que par la force des choses, et ses mains brûlées été bandées, mais je sentais bien que ce n’était pas par soucis de sa personne … J’avais réellement l’impression de me regarder dans un miroir.
Je m’installais alors en face des trois moniteurs qui me faisaient face. Je n’avais jamais été excellemment doué pour l’informatique pure, que ne concernait pas l’aéronautique, mais il n’y avait que moi sur ce vaisseau qui était capable de décrypter ce qu’il y avait sur cette carte antique. De plus, c’était peut être un moyen pour enfin trouver ma place au sein de cette petite communauté. Je n’avais pas le choix, pas d’autre choix que d’accepter celui que l’on m’avait imposer depuis que mon vaisseau avait été touché par le prototype de canon photonique Terrien. Mais il fallait à présent que je m’adapte. J’étais à présent entourer de gens près à m’aider, mais tant que je n’aurais pas ma place dans ce vaisseau, personne ne pourra encore m’aider… non, personne !
J’essayais de connecter la carte au matériel ultra moderne du vaisseau. J’espérais que malgré cet énorme décalage, cela n’allait pas endommager le contenu, chaque détail pouvait être très important…
Pendant deux heures où je travaillais sur mes écrans, je remarquais de temps en temps que Rhoan jetait parfois un regard furtif dans ma direction. Il ne devait pas avoir l’habitude de travailler avec quelqu’un non loin de lui, et cela avait l’air de le déstabiliser.
Des lignes et des lignes de codes… c’était ce que je voyais défiler en permanence devant mes yeux. Mon cerveau bouillonnait à tel point que je crus qu’il allait exploser. Une seule ligne me prenait déjà plus d’une heure à être décryptée, et dans cette carte, il y en avait bien une centaine, cela allait être très long. Mais je ne pouvais pas m’arrêter, je ne voulais pas m’arrêter ! C’était décidé, je ne fermerais pas l’œil, je ne clignerais même pas des yeux tant qu’une seule infime partie de cette carte me sera encore inconnue !


Dr Nilane Bah:
La température de la Nimrodh que j'ai traité la veille a un peu descendu, mais c'est le seul signe d'amélioration que je peux noter pour l'instant. Mieux vaut attendre encore.
Je regarde ma montre. Ca fait plusieurs heures que je m'occupe de Nimrodh. J'ai administré ce que je pouvais de médicament, tout ceux que je pensait susceptible de convenir à leur organisme. Kara a pris les sien ce matin, avant d'aller jouer. Ça fait trois jour qu'elle disparaît pour ne réapparaître qu'à l'heure du diner. Mais Lyliah m'a dit de ne pas me faire du souci. D'après les Nimrodh, elle n'est pas seule. Je leur fait confiance.
En bref, je n'ai plus aucun prétexte pour retarder ce moment d'avantage.
Au lieu de retourner à l'infirmerie, je vais frapper à la porte opposée à celle de mon labo.
Un silence, et la porte s'ouvre enfin.
_ Bonjour, Rhoan.
L'homme qui a détruit Itokyo a le dos vouté, et les traits tirés. Son expression sarcastique ne dissimule même plus sa fatigue.
_ Il vous faut quelque chose ? Me demande-t-il d'un ton désagréable.
_ Je voudrais vous parler.
_ Je suis occupé. Très occupé, et je n'ai pas le temps.
_ Je sais. Mais j'ai à vous parler.
Il grogne, et me fait entrer.
Une odeur désagréable règne dans la pièce, odeur de métal, odeur de feu... Je frissonne malgré moi.
_ Bon, je vous écoute. fait Rhoan avec impatience.
_ Tout d'abord, j'aimerais vous signaler que vous n'êtes pas obligés de voler des médicaments en cachette, en piratant le système d'ouverture de la réserve médicale. Ca vous prendrait moins de temps de me demander, à moi, de vous les donner. Ensuite, je voudrais vous dire que je désapprouve votre choix dans les médicaments que vous vous êtes auto prescrit. Et dans les doses que vous en prenez. Le matheloxène pourra faire disparaitre les symptômes quelques heures, mais l'effet est limité, et vous ne devez pas en reprendre avant un délai d'au moins six heure. De plus, ça ne traite pas le mal en profondeur. Prenez plutôt ceci.
Je lui temps un flacon contenant un étrange liquide vert.
_ C'est...
_ La drogue avec laquelle je soigne Kara, oui. Elle fortifiera votre organisme, l'aidera à résister. Et pas question d'en abuser, si vous tenez à garder votre tête, compris ? Matin et soir, point final.
Le savant me regarde sans mot dire, puis s'empare du flacon et va le poser sur une table.
_ Vous avez fini ?
_ Non. Je veux vous examiner.
_ Je n'ai pas besoin de vous.
_ Les examens que vous vous êtes faits à vous même étaient superficiels. Ils ne révèlent pas la cause de votre anémie. Je veux vous examiner.
_ Je n'ai pas besoin de vous.
Son ton est sans appel. Un vrais block de granit.
_ Vous pouvez continuer à essayer de vous en sortir seul, Rhoan, mais ça ne marchera pas. Votre corps vous trahit déjà. Il vous faut un médecin.
_ Je n'ai pas besoin de vous.
Il se ferme comme une huitre, il m'empêche toute prise sur lui en me répétant une seule et unique phrase.
_ Vous êtes malade, Rhoan.
_ Je n'ai pas besoin de vous.
Faut-il qu'il soit affaibli, cet homme, pour en être réduit à cette seule défense.
_ Pourquoi est-ce si grave, d'avoir besoin de moi ? J'ai bien besoin de vous, moi ! Et vous voyez, j'ai mis mon orgueuil dans ma poche, par nécessité.
_ Je n'ai pas besoin de vous.
Une vraie tête de mule. Il va se laisser mourir tout doucement plutôt que d'accepter que je l'examine.
Je n'ajoute rien. Mais je reste là. Sans mot dire. Je reste là, bien décidée à ne pas quitter cette pièce. Rhoan me fait face. Il s'efforce de ne rien dire non plus. Je n'ai pas tout mon temps, et lui non plus. Il y en a forcément un qui devra céder.
_ Si vous voulez que l'arme qui peut guérir votre fille soit prête à temps, Docteur, il va falloir me laisser.
_ J'y tiens beaucoup. Donc, je tiens à vous examiner.
_ Et comment aller vous faire ? Me forcer par la contrainte physique ?
_ Je le pourrais. Vous êtes assez affaibli.
_ Mais vous ne le ferez pas.
_ Non, s'il y a bien une chose que j'ai appris sur terre, c'est qu'on ne pouvais pas guérir quelqu'un qui veut mourir.
Il me regarde interloqué. Et éclate d'un rire moqueur et sardonique.
_ Je veux mourir, moi ? Et pourquoi donc voudrais-je mourir ?
_ Je ne suis pas dans votre tête. Je suis juste médecin. Et je sais le nom de votre maladie. Vous voulez mourir, voilà tout. Et je ne pourrais vous soigner que le jour ou vous déciderez de vivre.
_ J'ai bien l'intention de vivre, docteur ! Et malgré vous, vous et votre...
Il s'interrompt, réalisant soudain qu'il est sur le point de perdre son calme, de quitter sa carapace de cynisme et de se révéler à moi.
_ Moi et ma quoi ? répété-je.
_ Je n'ai pas besoin de vous. Et j'ai du travail. Vous me faite perdre mon temps.
_ Et vous le miens, si ça peut vous consoler. Je regrette Rhoan, mais je...
J'entends soudain une voix dans ma tête qui m'interrompt. Soercyé ? Ou êtes vous ? Xorth. Il a l'air pressé.
Je suis dans le laboratoire de Franck Rhoan, Xorth. Qu'y a-t-il ?
Il y a un humain qui a voulu ouvrir la porte des Dieux. Quand je me suis approché, il s'est enfuit. Je voudrais savoir pourquoi.

Un humain ? Un membre de mon équipage ? Quand à la "porte des dieux" ça doit être le passage interdimensionnel qui l'a amené jusqu'à nous. Qui voudrait repartir par là ? Atrayde, peut-être ? Il n'a jamais vraiment accepté de rester avec nous, et je l'ai laissé libre de choisir.
_ Je reviendrais, dis-je à Rhoan.
_ Comme vous voulez, docteur.
Je quitte le laboratoire.
Xorth, merci de m'avoir prévenue. Je vais essayer de comprendre ce qui s'est passé.
J'ai déjà vingt minute de retard sur mon planning de la journée. Tant pis. Je m'éloigne dans le couloir, me dirige vers la salle tout au fond, d'où Jonas Atrayde n'est plus sorti depuis la veille.
_ Jonas ? C'est le docteur Bah. Je peux vous parler une minute.
_ Entrez, docteur. J'avais justement besoin de vous parler aussi.
Sa voix est curieuse, à travers la porte. Calme, mais étrangement vibrante. J'entre.
L'ex militaire, adossé contre un mur, a abandonné son ouvrage. Il fume négligemment. Un homme est étendu à ses pied. Il porte l'uniforme de l'armée solarienne.
_ Je vous présente Jowy Benaldes, me dit Atrayde, comme s'il parlait de la pluie et du beau temps.
_ Jowy ? Le Jowy qui a tué Lyse ?
_ Oui.
Je reste un moment sans réaction. Je me demande d'abord si c'est réel, et une fois que j'ai constaté que ça l'est, ce que je dois penser en premier. Comment est-il arrivé là ? Est-ce que l'armée est à nos trousse ? A-t-il emmené d'autre avec lui ? Mais la première question que je pose n'est aucune de celle là :
_ Vous l'avez tué ?
_ Non. Assommé, seulement. Il y a encore quelque temps, face à un ennemi, je ne me posait pas de question, je tuai. Mais lui... Je ne peux pas le laisser s'en tirer si simplement.
_ Qu'allez vous faire ? Demandé-je, un peu inquiète.
J'ai vu cet homme le regard plein de haine, de colère, de mépris, et même de détresse. Mais la lueur qui lui dans ces yeux ne ressemble à rien de tout ça. Il y a une espèce de soif, oui, de soif irrépressible.
_ Jonas, je vous en prie, dites moi ce que vous allez faire ?
_ Je veux qu'il soit jugé. me répond-il. Par vous. Par vous et tous les autres. Je veux que ce soit vous qui décidiez du sort que je dois lui réserver. Je ne veux pas d'une simple vengeance, je veux qu'on me rende justice en le condamnant.
Je regarde Atrayde.
_ Je suis médecin, Jonas, je ne peux pas... Non, je ne pourrais jamais...
_ Vous l'avez dit vous même. Ils ont tués Lyse, doublement, parce que je pouvais plus m'en souvenir
J'essaye de parler de contester, mais soudain, il me saisit par les deux épaules en me regardant droit dans les yeux.
_ Lyse était médecin. Elle croyait en son métier. Elle soignait ceux qui en avait besoin sans se soucier de leur uniforme. Comme vous, quand vous nous avez recueillis alors que ça n'arrangeait pas vos affaires. Elle a été tué pour ça. Ça aurait pu être vous.
Je me tais. Je ne sais plus quoi répondre.
_ Faites ça pour elle, docteur. S'il vous plait.
_ Je... Je vais rassembler les autres.


Chapitre suivant

Chapitre précédent

Retour à la page de garde

 
 



Créer un site
Créer un site