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Chapitre 10 : Terre et Glace
Illustrations illustrations par Kallisto

       

Len Arken :
           J'étudiai les documents que je voyais.
           J'avais une vague idée de que faire, mais il me fallait des noms. Les documents que j'avais allaient bien me servir. Je décidai de sortir pour passer la nuit quelque part. Au moment où je mis le pied dehors, je ressentis alors une brutale piqûre au cou. Peu après, je m'évanouis.
            Quand je me réveillai, j'étais au cœur d'une forêt. Je me relevai en regardant si je n'avais rien de cassé, puis je me mis à réfléchir sur ce qui m'amenait ici.
           J'eus alors une hypothèse : J'avais dû trop fouiner dans les affaires de Biran Sted, il avait fini par le remarquer, et avait décidé de se débarrasser de moi.
           Mais alors, qu'est ce que je fais dans une forêt ?
             Je me retournai alors et je vis une femme que je reconnus immédiatement pour l'avoir suivie dans la forêt maudite.
« Vous?
_ Bonjour, répondit-elle simplement.
_ Comment m'avez-vous retrouvé ? Comment m'avez vous amené ici?
Elle ne répondit pas...
_ Bon, j'ai compris. Mais quand même...
_ Quoi?
_ Après ce que j'ai fais pour vous, vous auriez pu améliorer le transport.
_ Vous auriez voulu quoi ? Une invitation écrite ?
_ De préférence. Ce n'est pas parce que je suis le huitième compagnon de la prophétie qu'on peut me faire ça.
_ Hein ? Vous savez à propos de la prophétie?
_ Comment ne pourrais-je pas, Bianne? »
Elle me regarda avec de la surprise, cette fois.
« Mais comment...
_ On a chacun ses petits secrets, n'est-ce pas ? En fait, je suis le professionnel pour savoir tout ce que je ne devrais pas.
_ Ecoutez, ce n'est pas le moment de jouer à ces jeux. Il nous faut retrouver les autres.
_ Vous avez survécu à cette idée de téléportation avec Sabrane?
_...
_ On dirait qu'il vous en est arrivés, des choses. Vous me raconterez et je vous dirai tout sur ce que j'ai fais de mon côté.
_ Qu'avez-vous fait?
_ J'ai recherché des infos sur Tan-Klaroz et ce Biran Sted. Je me suis dis que ça pourrait m'être utile. Mais racontez-moi ce que vous avez fait d'abord. »
Elle se mit en marche, puis s'arrêta.
« C'est quoi votre nom?
_ Len Arken.
_ C'est votre vrai nom ?
_ Non, mais ça compense celui rasoir donné par mes parents. »
Elle haussa les épaules et se mit en marche.

Farkas Tedzek :

           Val Harkan revint apparemment épuisé. Il traînait un morceau de cerf derrière lui. Au moins nous ne mourrions pas de faim. Un craquement me parvint ; je me retournai, la main sur la poignée de ma dague. Mais je reconnu Bianne et me détendis. En allant à sa rencontre, je remarquai qu'elle n'était pas seule: un homme l'accompagnait. Relevant mon air surpris, elle s'avança au milieu du campement avec l'étranger.
« Je vous présente Len Arken, cria-t-elle. C'est la huitième personne chargée de protéger Tan-Klaroz.
_ Qui nous a justement quitté ! Ironisa quelqu'un.
Bianne n'eut pas le temps de réprimander l'auteur de cette dernière remarque: Le bruit sourd de la chute d'un arbre attira notre attention à tous.
_ Je vais voir, dis-je. »
           Et sans attendre de réponse ou d'objection, je grimpai dans l'arbre le plus proche et, sautant de branche en branche, me dirigeai vers la source du bruit. J'entendis la chute d'un second arbre, plus fort cette fois. Je ne devais plus être très loin... L'arbre dans lequel je m'apprêtai à sauter se mit tout à coup à vaciller. Je regardai en bas et ce que je vis me remplit d'effrois :
un démon terrestre avançait droit vers le camp. C'était un quadrupède. S'il était animal ou végétal, je n'aurais su le dire. Une toise de haut, et on ne voyait pas sa tête, mais ses yeux, eux étaient biens visibles : deux yeux rouges semblables à deux feux ardents. Il avait des pattes de loups mais son corps était recouvert de "lianes" noires bougeant follement, comme si elles étaient vivantes. L'une d'elle toucha l'arbre où j'étais perché. J'eu du mal à croire ce que je vis ensuite. En quelques secondes, le feuillage qui me cachait dépérit, puis tomba. La branche sur laquelle je me tenais cassa subitement. J'eu juste le temps d'attraper une branche de l'arbre voisin pour me retenir. C'est comme si les "lianes" qui recouvraient le corps du démon "aspiraient" la vie végétale. L'arbre ne tarda pas à tomber, mort. Le démon se déplaça alors plus vite. Il fallait absolument que je prévienne les autres.
            Je sautai de branche en branche, d'arbre en arbre aussi vite que je pus, l’horreur me tiraillant le ventre. Mais je n'arrivai que quelques secondes avant le démon. Que pouvais-je faire ?! Maintenant qu'il était en terrain dégagé, il se déplaçait encore plus vite. Mais étrangement, il s'arrêta. J'en profitai pour avertir mes amis :
« Faites attention aux lianes qu'il a sur le corps, elles absorbent la force vitale des plantes mais peut-être aussi celle de tout ce qui est vivant !
_ Pourquoi il n'avance pas ?! Cria Bianne.
           La réponse ne se fit pas attendre: Les arbres qui nous entouraient tombèrent, laissant apparaître cinq autres démons. Nous étions encerclé.
           Je ne pouvais pas faire appel aux forces de la nature. Cela ne ferait que les renforcer. J'étais complètement paniqué. Lhao banda son arc et tira une flèche. Celle-ci se ficha pile entre les deux yeux du démon qui nous faisait face. Le démon ne réagit pas.
_ C'est une flèche empoisonnée ? Demandais-je.
_ Oui ! répondit Lhao. Et c'est le poison le plus violent qu'il existe. Il y a de quoi massacrer un troupeau de chevaux.
_ Je ne sais pas s'il est au courant, dis-je.
           Si même le pire poison qu'il pouvait exister n'arrivait pas ne serait-ce qu'à l'étourdir, je ne donnai pas cher de notre peau. La seul chose qui semblait immunisé contre ces monstres, c'était le sol, la terre. Si seulement je pouvais rien qu'un peu...
            Contre toute attente, une butte d'un mètre apparu devant l'un des démons pile au moment où il avançait. Ce fut suffisant à le faire trébucher. Les cinq autres démons ralentirent, apparemment surpris.
_ C'est vous qui avez fait ça ? Me demanda Thurim.
_ Heu... Je crois ! Répondis-je.
_ Vous pouvez recommencer ?
            Les démons avaient repris leur lente avancée vers nous, se rapprochant inexorablement. Je me concentrai et c'est alors que je la sentis. Cette puissance ! Je ne savais pas comment la décrire, mais je savais maintenant qu'elle me permettait de contrôler une chose : la Terre. Une courte pensée, et un mur de terre jaillit sous le démon le plus proche. Ce fut tellement violent qu'il se retrouva projeté à plusieurs dizaines de toises de haut, dépassant allègrement les quelques arbres qui étaient encore debout autour de nous. Trente secondes plus tard, un bruit sec se fit entendre : La chute avait été dure pour lui.
_ Plus que quatre ! Criai-je, en extase.
           En quelques secondes, je créai un véritable raz de marée de terre qui ensevelit complètement deux démons. Je transperçai le troisième d'un pic de terre aussi dur que la pierre et jetai le dernier dans une fosse si profonde que je doutai qu'il soit encore entier une fois au fond.
           Je me frottai les mains et fis face à mes compagnons. J'avais repoussé ces six démons en moins de cinq minutes.
_ Attention ! Hurla Sabrane en pointant le doigt dans mon dos.
            Je me retournai et vis le premier démon, celui qui avait trébuché, charger sur moi. Je me concentrai et un mur de terre s'éleva devant le démon. Il le défonça. Je créai alors à nouveau un pic qui le transperça. Cette fois, c'était bon. Je m'approchai, doucement, afin de vérifier qu'il était bien mort. C'est alors que, dans un dernier sursaut de vie, le démon cracha quelque chose. J'évitai le projectile, mais celui-ci me taillada tout de même méchamment le bras. Je portai la main à ma blessure pour éviter de perdre trop de sang. Mais étrangement, je ne saignai pas.
_ Il fait froid tout d'un coup, remarquai-je.
            J'avais le bras tout engourdi. Quand je le vis, il était recouvert d'une fine couche translucide.
_ Mais qu'est-ce que... »
            Le regard horrifié de mes compagnons fut la dernière chose que je vis avant d'être transformé en statue de glace.


Skronk :

             Les monstres sont arrivés si vite, et la terre qui s’est mise à trembler et à se soulever. De mémoire, Skronk n’a jamais vu ça. Décidément, quand il rentrera au pays, Skronk aura beaucoup de choses à raconter. Du bout de sa hache, il titille le monstre mort. Ses espèces de tentacules gesticulent encore un peu avant de tomber.
Tout doucement, Skronk s’approche de l’elfe devenu glace. Du bout du doigt, il touche la surface. Comme il s’y attend, c’est complètement glacé. Stupéfait, Skronk regarde autour de lui, ses compagnons d’infortune n’ont pas l’air d’en mener bien large. L’apprenti sorcier feuillette un livre, le magicien discute assez violemment avec le nécromancien. D’ailleurs, Skronk aimerait bien lui donner des baffes au nécromancien car il ne l’aime pas du tout. Perdant patience, Skronk lève sa hache et se prépare à l’abattre sur la statue pour libérer l’elfe du maléfice. Une lame se met en travers de la course de son arme et la dévie d’un bon centimètre de sa cible. Frustré d’avoir manquer sa cible, Skronk se retourne vers l’auteur de cet acte. Il dévisage l’inconnu arrivé juste avant l’attaque.
« Pourquoi as-tu empêcher Skonk de délivrer l’elfe ? Si tu veux te battre contre Skronk, Skronk se battra contre toi ! »
           A peine il achève sa phrase qu’il se rue sur son adversaire. Celui-ci, agile évite la charge. Skronk fait tournoyer sa hache sur lui-même, arrachant au passage un morceau de tunique du gêneur.
            Ricanant de plaisir, Skronk se prépare au prochain assaut, mais la femme fait irruption entre Skronk et sa proie. Enivré par la fièvre du combat, il la repousse d’une main, faisant attention de ne pas lui faire mal : elle a quand même sauvé la vie de Skronk. Lentement Skronk se rapproche de l’impertinent qui a osé le défier, mais le sorcier fait irruption en remuant des lèvres, et tout aussi bizarre que cela puisse paraître, Skronk n’a plus envie de le tuer. Tout en lui adressant un regard haineux il lui tourne le dos et retourne vers l’étrange spectacle que lui offre la statue de glace. Au passage Skronk récupère le morceau de cerf laissé à l‘abandon. Ce serait dommage de gâcher de la bonne viande.


Thurim Vessiel :

           Notre malheureux compagnon, enfermé dans une si étroite prison de glace, n'ayant pas pu résister à l'implacable attaque de ses démons pourtant inférieurs parmi les Sphères Extérieures ! J'enrageais de n'avoir pu intervenir à temps, j'aurais peut-être pu empêcher que ce sort ne se propage sur toute la surface de son corps aussi vite, tel une gangrène. Je m'approchai de lui et effleurai de la main la texture froide et lisse qui le maintenait dans cet état. Mon diagnostic fut rapide, je le communiquai à l'ensemble du groupe, ainsi qu'à notre huitième compagnon d'infortune avec qui je n'avais, hélas, pas le temps de faire plus ample connaissance.
  "Il est toujours en vie, mais la malédiction laissée sur lui par ses démons mineurs ne disparaîtra pas avant au moins une centaine d'années... la glace magique ne fond jamais naturellement."
            Suite à mon annonce, tout le groupe braqua son regard vers moi. Je n'y pouvais rien, il n'existait malheureusement pas beaucoup de remèdes dans tout Islotanra pour ce genre de maléfice, hélas, assez courant pour bon nombre d'aventuriers imprudents.
_ Voulez-vous dire par là, Vessiel, qu'il n'existe aucun contre-sort qui puisse nous le ramener dans son état d'origine ? S’étonna Val Harkan
_ Bien sûr que non, répondis-je, mais je ne vois pas vraiment comment vous pourrions nous procurer ce dont nous avons besoin pour fabriquer la décoction pour de pareils cas.
_ Comment cela ?! C'est vous l'érudit ! C'est vous qui devriez savoir ça !
_ Je n'ai point la science infuse contrairement à ce que vous pensez, Harkan ! Tous les ingrédients dont nous aurions besoin sont accessibles en un seul endroit, et je saurais les reconnaître... s'ils n'étaient pas aussi rares, et si je savais où il fallait les chercher.
_ Moi, je pense que je le saurais ! dit soudain Bianne
_ Et comment sauriez-vous cela ? fit Arken, perplexe.
_ Faites moi confiance, simplement...
           J'avais vu ce qu'elle était vraiment, elle avait sans doute encore quelque pouvoir à disposition qui échappait au delà de toute logique.
_ Je vous fais confiance... mais n'oublions pas qu'il nous faut un plan !
_ Oui, car d'après ce que j'ai compris, fit le nouveau, nous devons être tous réunis pour accomplir cette prophétie dont j'ai eu connaissance ! Et non seulement l'un de nos membres est maudit par ce sort de congélation, mais la clé de cette histoire s'est également enfuie !
            Il parlait de Tan-Klaroz... en définitif, il semblait en savoir bien plus sur nous que je n'en avais pu lire dans son aura.
            En effet, il fallait maintenant nous séparer momentanément. Nous ignorions si le réveil de la Divinité dont le nom ne doit pas être prononcé était proche ou encore très lointain, mais nous ne pouvions pas nous permettre de perdre du temps en partant dans une seule et unique direction. J'expliquai alors rapidement en quoi consistait les missions des deux groupes que nous allions former : je désignai tour à tour le jeune mage, le nouveau - dont je venais juste d'apprendre le nom - et le barbare, comme groupe participant à la recherche de Tan Klaroz. Je n'avais pas vraiment une confiance absolue en ce nordique à l'intellect réduit, mais il valait que je l'assigne à une mission moins délicate que celle qui consistait à rechercher des ingrédients rares et délicats pour un contre-sort. Je résistai tant bien que mal à l'envie de me joindre à eux, étant donné que mes ordres de mission avaient récemment changés... mais il ne valait mieux pas attirer l'attention pour le moment, je sentais déjà que, dû à je ne sais quelle magie étrange, Dame Bianne avait quelques soupçons sur mes intentions. Je constituai donc le deuxième groupe, formé de cette dernière, son rival Harkan, ainsi que moi même.
_ Il me semble que vous m'avez oublié, ô Sorcier à la mémoire courte ! Ironisa le Nécromant
_ Vous serez assigné à la protection de notre cher ami glacé, cher "collègue" ! Il ne pourra jamais fondre, mais il vaut mieux que quelqu'un garde un oeil sur lui.
_ Et pourquoi est-ce moi à qui vous confiez cette tâche ?
_ Parce que votre magie est plus à même de garder une chose aussi fragile ! Dis-je à contre cœur »
           Il n'insista pas plus longtemps. Tous les autres approuvèrent le rôle que je venais de leur confier. Seul Sabrane fut conscient que j'avais autour de nous, répandu un sort qui amoindrissait la volonté de mes compagnons, les rendant plus enclins à approuver mes décisions, mais il n'en fit pas état. Il était inutile de perdre notre temps en discussions futiles. Après nous être mutuellement donnés notre point de rendez-vous final en ce lieu, nous partîmes...


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