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Chapitre 3 : L'homme à la faux

Illustré par Tchoucky.
 



 

Val Harkan :

       Le sorcier se tut. Comme tous les autres je restai pensif. Ce texte éveillait quelque chose en moi. Un côté de moi-même oublié depuis longtemps. Je fermai les yeux et portai ma main à mon visage.

      Merde, mes griffes.

      En effet, cinq griffes meurtrières apparaissaient au bout de mes doigts. Je les rétractai avec difficulté. Comme si, ici même, mes "atouts" voulait se découvrir.

      " Bianne, Monsieur traduction, le barbare, le nécromancien, Farkas, le jeune mage et moi-même, dis-je, réfléchissant à voix haute. Sans oublier un curieux qui nous observe de là-haut (froncement de nez). Nous sommes huit. Et de races différentes."

       J'étais sûr qu'au moins trois personnes dans cet....endroit étaient capables d'additionner deux et deux après mon monologue. Je soupirai et lançai:

_ On réfléchira à tout ça plus tard. Pour le moment, sortons d'ici.

       Je m'approchai de la paroi, observant la roche. Lisse comme du marbre.

       Donc pas de grimpette à griffe.

       Près de moi, Farkas poussa un juron. La liane qu'il avait fait pousser pour descendre s'arrêtait à plusieurs pieds au dessus de nos têtes. Impossible de l'atteindre. Je regardai autour de moi, cherchant des yeux une solution, lorsque je remarquai un petit point lumineux, vers le sud.

_ Il y a une sortie par là. Quelqu’un a une idée où elle mène?


 

Farkas Tedzek :

           Le sorcier arrêta de parler. Personne ne dit mot, digérant ce qu’il venait d’entendre. L’humaine ne semblait pas trop surprise par le récit, comme si elle s’y attendait. Le jeune mage affichait une expression surprise ; il n’avait pas compris grand-chose. Une seule personne paraissait intéressée : Le tueur. Il m’avait vraiment surpris en me parlant dans ma langue natale. Il prétendait se nommer Riel'nal, « enfant de la forêt ». Ce nom me disait quelque chose… Mais impossible de me rappeler quoi. Bref, il semblait vraiment excité, ce qui me rappela les derniers mots du texte, ressemblant à une prophétie. Huit races… Je nous comptai : Moi, un elfe sylvain, l’elfe noir nécromancien dont j’ignorais encore le nom, le sorcier, le jeune mage, le barbare qui, de toutes évidences, était sourd, les deux autres, Bianne et Riel’nal. Nous étions sept. Ca ne collait pas. Donc rien ne prouvait qu’il s’agisse de nous. Restait donc à sortir d’ici. Heureusement que j’avais créé une liane ! Je regardai l’ouverture au plafond et poussai un juron en elfique : La liane s’arrêtait à quatre mètres du sol au moins ! Les gravats ayant été dégagés, je ne pouvais plus l’atteindre !

« Il y a une sortie par là. Quelqu’un a une idée où elle mène ? demanda quelqu’un.

          Je me retournai et examinai la salle. L’épée du sorcier éclairait une ouverture dans le mur.

_ Au point où on en est, on ne risque rien à essayer ! remarquai-je.


 

Skronk :

          Le petit homme debout regarde la pierre et tout le monde a l’air de s’y intéresser. Ne voulant déranger personne, Skronk marche derrière le petit groupe. Ne comprenant rien aux petits dessins incrustés dans la roche, il ricane. Il en a déjà vu de semblables, car la vieille dame de son village en possédait beaucoup de semblables. Etrangement, Skronk n’avait plus envie de secouer le petit homme. Il l’aimait bien finalement, mais les voir tous devant la pierre est énervant et Skronk n’aime pas parler aux pierres.

          Pendant que tout le monde s’extasie, une voix familière résonne dans sa tête, il la connaît bien, ce satané lutin ne peut s’empêcher de venir l’embêter. De sa voix nasillarde il commence sa tirade :

        « Skronk, tu ne vois donc pas que tout le monde complote contre toi ? Ils veulent te prendre la fourrure pour la revendre. Skronk, tu devrais te méfier. Souvient-toi de la vielle dame, le soulagement que tu as éprouvé quant tu lui as arraché la tête !! »

        Avant d’avoir l’opportunité de répondre au lutin, Skronk remarque que quelqu’un désigne un endroit au bout de la caverne. Visiblement, la pierre ne les intéresse plus. Attiré par la lumière qui provient du fond de la caverne, Skronk s’approche. Le sorcier à côté de lui visiblement lui parle. Etrangement Skronk n’a pas envie de lui écraser son poing sur son gros nez qui l’agace fortement. Le sorcier visiblement décontenancé par l’hébétude de Skronk, commence à lui faire quelques signes. Skronk, amusé, les répète tout en ricanant bêtement .

        L’épée qui scintille l’intéresse beaucoup. Le sorcier s’enfonce dans la caverne . Skronk, comme hypnotisé, le suis. Arrivés au bout, la lueur du jour passe par une fissure de la roche. L’autre magicien lance un éclair qui rebondit sur la paroi. Skronk, apeuré, se met à genoux, les mains sur la tête. Au bout de quelques instants, la femelle s’approche et lui touche le bras. Levant les yeux vers celle-ci, il la regarde faire des signes à son tour. Il ricane bruyamment sans chercher à comprendre. Qu’est-ce qu’ils peuvent être idiots à gesticuler ainsi !

        Finalement au bout de la cinquième fois, il commence à comprendre : ils ont faim comme Skronk et il veulent sortir de la caverne pour qu’ils aillent chasser. Il regarde le mur, plus épais que celui de la dernière fois. Reculant un peu, il prend son élan et court en direction du mur. Celui-ci ne s’ébranle pas. Excédé, il aimerait bien avoir sa hache pour démolir ce tas de pierre. Il regarde l’homme brun, qui serre une sorte de masse qui paraît à Skronk très solide. Sans prévenir, il lui arrache des mains. En fin de compte ce n’est qu’un vulgaire bâton… Enervé, il prend son élan à nouveau et donne un coup puissant au mur avec le bâton qui se brise, laissant apparaître une petite brèche dans le mur. Content, Skronk reprend son élan et bondit contre le mur. Son corps passe complètement à travers, libérant toute la compagnie de leur prison de pierre. A l’extérieur, c’est une grande carrière donnant vue sur une superbe cascade.


 

Sabrane Hyle :

       Je passai précipitamment devant le barbare, lui prenant mon bâton qu’il avait prit. Je n’étais pas triste qu’il soit cassé, car c’était un bâton de mage, et dès que j’eus cette pensée, il se recolla tout seul, comme tout objet magique digne de ce nom. Je sortais enfin de la caverne.

          Ouf, que c’est bon de sortir à l’air libre. Je regardai les autres se tendre les bras en l’air à cause du fait qu’ils étaient ankylosés, dans le matin naissant. J’observai la dame qui semblait vouloir me protéger souvent. Ca ne me dérange pas tellement de me retrouver entre des bras à l’air maternel, mais j’avais quand même déjà 15 ans et je suis un mage, alors il faut tout de même que j’ai encore de la fierté.

« Bon, dit l’homme avec une cape de couleur bleue nuit. Comment allons-nous retrouvez Tan-Klaroz ?

_ Je connais un petit sort de localisation, fis-je plein de bonnes intentions.

           J’étais déjà en train de me positionner, quand j’entendis la voix du sorcier me dire :

_ STOP, excuse-moi, mais je n’ai pas envie de me retrouver en enfer par ta faute.

_ Comme vous voudrez, messire, dis-je avec une petite moue.

          Il lança son bâton en l’air, puis dit « Tan-Klaroz ». Quand le bâton retomba, le sorcier semblait intéressé par la direction que montrait le bout de son engin magique.

_ Bon, c’est dans cette direction, fit-il finalement.

          C’est alors que nous nous mirent route. Je trouvai que le silence qui nous accompagnait était pesant. Pour amuser la galerie, je pensais que faire sortir des fleurs de mes manches aurait été amusant, mais j’avais peur qu’elles ne sortent de mes oreilles.

_ Dites-moi, messire, dit-je à l’homme en cape bleu. Comment vous appelez-vous ?

_ Val Harkan, grommela-t-il.

_ Ah, c’est un beau nom, messire Val, cela me fait penser au nom d’un tuer à gages que mon père avait payé pour s’occuper d’un ennemi d’un autre collège.

           Il baissa ces yeux vers moi. Le regard qu’il me jeta sembla être un regard de calculateur.

_ Tu es le fils de Lhoan Hyle ? demanda-t-il.

_ Oui, répondis-je avec appréhension.

_ C’est moi qui avait travaillé pour lui.

         J’eus un peu peur à la vue de cette nouvelle, car on avait dit qu’il avait fallu beaucoup d’habileté pour avoir réussi à entrer dans le collège le mieux gardé au monde afin de tuer la personne en question. Il semblait penser que la conversation était finie, mais je n’en avais pas fini avec mes questions.

_ Et pourquoi cherchez-vous cet homme, messire Val ?

_ Ce ne sont pas tes oignons. Et appelle moi Harkan. Val, c'est pour les amis. Compris, mage ?

- Allons, appelez-moi Sabrane, messire.

_ Comme tu voudras, mage.

          Comme je me sentais un peu mal à l’aise en parlant avec lui, je décidai d’engager la conversation avec mon homologue sorcier.

_ Et vous, comment vous appelez-vous, messire ?

_ Thurim Vessiel, grommela-t-il aussi.

_ Oh, mon père vous connais, il vous considère comme un égal, m'exclamais-je.

             Il ne semblait pas trouver cela comme un compliment.

« Quel belle bande joyeuse » pensais-je avec ironie.

_ Toi par contre, dit-il, tu ne m’as pas l’air doué en magie. Veux tu que je t’apprenne des choses ?

_ Merci, fis-je avec un petit geste, mais j’ai appris assez de choses. Malheureusement, j’ai la mémoire de ma mère. Elle était très belle, mais très étourdie aussi. Elle faisait rire mon père avec ses petits oublis. Mais un jour, elle se baigna dans le lac, en oubliant qu’il y avait des crocodiles mangeurs d’hommes. On n’avait retrouver ses os qu’une semaine plus tard. J’avais 5 ans ce jour-là.

             J’avais dit tout cela d’une manière très normale, c’est ce qui explique peut-être pourquoi ils me regardaient tous avec des yeux ronds.

_ Et….. dit la femme protectrice, ça ne te rend pas malheureux ?

_ Non, fis-je d’un ton détaché. Je me dis qu’elle a eu une mort intéressante.

           Ce qui accentua plus leurs regards étonnés. Je décidai de m'intéresser au seul qui semblait ne pas savoir où il en était, le barbare.

_ Et votre nom à vous messire, fis-je en levant haut la tête, quel est il ?

        Il ne semblait pas m'entendre, alors je répétai ma question sous forme de télépathie.

_ Skronk, dit-il en regardant partout, sûrement pour chercher d’où venait la voix.

"Et pourquoi cherchez-vous cet …… ?"

         Je m’interrompis en voyant qu’il semblait enfin m’avoir vu, en plissant le front.

_ Toi être vachement petit, fit-il d’une voix idiote.

_ Oui, mais il ne faut pas juger sur les apparences, messire Skronk, dit-je un doigt en l’air.

_ Aussi petit qu’un…… LUTIN ! ! ! s’exclama-t-il.

          Avant que je n’ai pus me rendre compte de quoi que ce soit, je reçus un méchant coup de poing dans le ventre, et mon dos alla cogner un arbre qui était à trois mètres derrière moi, deux secondes avant.

_ SKRONK VA ENFIN TUER LUTIN QUI L’EM***** DEPUIS DEBUT VOYAGE, tonna-t-il en essayant de se jeter sur moi, retenu par la dame et par le sorcier.
          Quand il réussi à se dégager, j’eus l’impression qu’une montagne me chargeait. Heureusement, j’entendis la voix du sorcier qui jetait un sort, et je vis le barbare s’arrêter, les yeux un peu brumeux. Je compris qu’il y avait un sort pour que je disparaisse à ces yeux dans le coup.

_ A ta place, lança méchamment la dame, j'arrêterais de parler.

       Je dis, presque dans un murmure à cause du coup de poing :

_ Aucun danger.

          Et nous continuons à marcher, dans un silence pesant. Enfin, on arriva à proximité d’une entrée de grotte, où se trouvait un petit tas humain, recroquevillé sur lui-même.

_ Voici Tan-Klaroz, dit messire Val.


 

Tan-Klaroz :

          Je suis dans un rêve... Mes blessures ne me font plus mal, je suis guéri(e). Le soleil s'est levé... Mais je sens plusieurs présences dans les environs. Ce sont les personnes qui me poursuivent et d'autres êtres que je ne connais pas. J'ouvre immédiatement les yeux et me redresse, ma faux en main. Ils sont tous là ! La femme, l'homme aux grands yeux verts, ce gros barbare, Lhao, un Elfe sylvain, un sorcier et un jeune mage. Je recule lentement vers le fond de la grotte. Ces imbéciles m'empêche de pouvoir m'enfuir par l'entrée... J'hésite entre reculer jusqu'au fond de la grotte ou foncer dans le tas en tranchant ce qui se trouve sur mon chemin. La femme me lance :

         "Ne fuis pas Tan-Klaroz, nous ne te voulons absolument rien !

         Elle essaye de m'amadouer, et bien qu'elle essaye !

- Désolé(e) mais je ne suis pas une prime vivante ! Disparaissez !"

          Je serre un peu plus ma faux et la fait miroiter au soleil. Le jeune mage à l'air surpris. Le barbare me regarde en rigolant.

          Toi ! Je vais t'enlever l'envie de me traîner par les cheveux comme un vulgaire esclave !

         Le sorcier lève la main et souffle :

"C'est toi que nous cherchons."

             Je commence vraiment à en avoir jusque là moi !

_ Vous êtes débiles ou je dois vous le dire à ma manière ? DISPARAISSEZ ! Je ne suivrai personne pour quelque raison que ce soit ! Alors barrez-vous !"

           Je fais tournoyer ma faux autour de moi. Je remarque trop tard que le barbare me lance quelque chose. Une grosse pierre m'assomme à moitié. Je chute et sens une traînée rougeâtre dévaler mon front. J'entends vaguement une ou deux réprimandes envers le barbare puis... le choc de ma tête contre le sol me fait perdre connaissance...


 

Val Harkan :

            Il avait peur de nous, ce que je comprenais parfaitement. Je fis un pas en avant, mes mains bien en évidence, histoire qu'il ne se fasse pas de fausses idées. Il fit tournoyer sa faux et je m'arrêtai. Je vis alors passer une pierre grosse comme mon poing. La pierre frappa Tan-Klaroz à la tête et il s'écroula.

            "Mais quel abruti!" Lâchai-je sans m'en rendre compte.

Je m'approchai de l'homme étendu à terre et m'agenouillai. Je vis du coin de l’œil Bianne venir aussi et les autres réprimander le barbare. Je regardai la blessure. Juste une écorchure superficielle. Je passai la main dans mon dos et ouvris ma sacoche bleu. Du bout des doigts je tâtonnais les bouchons des fioles et prit le baume de soin. Je l'ouvris et étalait une noix de son contenu sur la plaie. Tout en massant la tempe de Tan-Klaroz pour que le produit pénètre, je lançai autre:

- Je propose qu'on campe ici. De toute manière, je ne pense pas qu'il se réveillera avant ce soir et il est hors de question de se déplacer de nuit à ce niveau de la forêt. D'accord? dit enfin en regardant Bianne.

_ Entendu, répondit-elle.

_ Je vais faire un feu, proposa Lhao en faisant volte face.
_Tâche de ne pas mettre le feu à la forêt! dis-je, sarcastique.

              Le nécromancien répondit par un grognement peu amène. Ne faisant pas attention à cela, je me tournai vers Bianne.

_ Quelque chose ne tourne pas rond avec cet homme, lui dis-je à voix basse. J'ignore dans quoi vous m'avez entraîné, mais je suis sûr d'une chose: cet être, oui j'ai bien dis être, va nous causer un paquet d'ennuis. Appelez cela une impression, de l'instinct ou ce que vous voulez. Quoi qu'il en soit, je serai assez enclin à être très prudent.

                Elle me lança un regard de doute et de méfiance. Elle se défiait de moi. je la comprenais. Mais cette fois j'étais sérieux. L'odeur de Tan-Klaroz me perturbe, comme si l'être avait deux odeurs.


 

Bianne :

               Tandis qu'Harkan continue à soigner le blessé, je m'éloigne. Rester seule, juste un instant.

               Un sourire ironique est né sur mes lèvres. On passe des années à fuir, et le destin vous rattrape.

               « Dame Bianne ? Puis-je vous poser une question ?

               Je ne me retourne pas. Le sorcier m'a rejointe.

_ Je ne vous promet pas d'y répondre, messire Vessiel.

_ Qui vous a envoyé ? Qui vous a payé pour poursuivre Tan-Klaroz ?

_ Quelqu'un... QUi pense que ce garçon doit rester en vie.

_ Qui ?

_ Quelqu'un.

                 Il n'insiste pas. Il sait que je ne dirais rien de plus. Nous marchons un instant silencieux parmi les ronces.

_ Que sommes nous sensés faire ? Demande-t-il soudain.

_ Pourquoi me demander ça à moi ?

_ Votre employeur semble vous avoir informé de choses que nous ignorons. Vous ne sembliez pas surprise, en entendant la prophétie gravée sur la stèle.

_ Mon employeur m'a juste payée pour conduire ce garçon en lieu sûr, là ou le roi ne pourra pas lui nuire. Connaissez-vous un lieu sûr, messire Vessiel ?

_ Moi ? Je ne suis pas de la région. Vous n'en connaissez pas un vous ?

_ Je suis chasseuse de prime. On me paye pour que les lieux sûrs n'en soient plus.

_ Peut-être les autres, alors.

_ Peut-être. Nous avons peu de temps. Regardez.

Je pointe le doigt vers l'orée de la forêt. Des étincelles brillent à la lueur du matin. La garde royale vient de quitter la ville.

_ Ils ne craignent pas les fantômes, de jour. Il vont bientôt entrer dans la forêt pour chercher le garçon.


 

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