Les images du site sont l'oeuvre de nos membres, qui consentent à leur mise en ligne.

Chapitre 23 : Dans les entrailles d'Epsolin

 





Dr Nilane Bah :
Dans la salle de commande, le silence pèse comme une chape de plomb. Ils nous ont tous rejoints, Lyliah, Rhoan, Mike. Nous attendons Janus. J'ai envoyé un Nimrodh du campement pour le chercher. Nous attendons, imobiles. Ils sentent tous qu'il se passe quelque chose de grave.
La porte s'ouvre. Janus entre, Xorth sur ses talons. Notre ami Nimrodh s'avance vers moi.
_ On est venu nous rapporter que vous vouliez parlez à tous les humains. S'il s'agit de quelque chose qui concerne la maladie de mon peuple, je voudrais être là, moi aussi.
_ Il s'agit bien de la maladie de ton peuple. Oui, tu peux rester avec nous.
Je m'avance vers le centre du cercle formé par mes compagnons réunis.
_ Je vais essayer d'être simple. Le plus simple possible. Les Nimrodh sont malade à cause d'une pierre. La petite pierre que Xorth m'a rapportée n'a pas surgi de nulle part. C'est le fragment d'une énorme masse de roches radioactives, enfouie profondément dans le sol de cette planète. Grâce à la carte magnétique qu'il a décodé, Jonas a trouvé un moyen de descendre jusque là.
Je jette un coup d'oeil en coin à Jonas qui, assis dans un siège du poste de pilotage me regarde. Je baisse les yeux. Je n'arrive pas à soutenir son regard, cela provoque en moi trop de sensations confuses, et je dois restée maîtresse de moi-même. Je fixe la personne opposée à lui _ Janus_ et continue.
_ Nous allons donc descendre dans les entrailles de cette planète. Ce sera dangereux. Très dangereux. Et une fois en bas, j'essayerai de modifier le rayonnement radioactif de cette roche. Ainsi, toute les pierres qui tuent deviendrons des pierre qui guérissent.
_ Je veux vous accompagner !
C'est Xorth qui a parlé, avec une détermination farouche.
_ Non, Xorth. Je suis désolée. La roche est sans danger pour nous, les humains, mais elle est mortelle, pour toi. Nous ne pouvons pas t'y exposer.
_ Qui va descendre ? demande Mike.
Avant que j'ai eu le temps de répondre, Atrayde s'est levé derrière moi. Il explique d'une voix forte.
_ Pour descendre, il faut utiliser un engin que nous trouverons dans les laboratoires souterrains. Toi, Mike, il va falloir que tu reste à la surface, pour surveiller notre progression. Tu ne devrais pas avoir trop de mal à t'y retrouver, dans les ordinateurs du labo.
_ Janus et Lyliah vont descendre avec Jonas et moi. dis-je. Rhoan, vous rester ici.
Le savant fou lève le sourcil.
_ Moi ? Et pourquoi donc ?
_ En dépit de tout votre cinéma pour ne pas avoir besoin des autres, vous êtes malade, Monsieur Franck Rhoan. En dépit du plaisir que j'aurais à vous voir suffoquer au centre de la terre, je ne vous imposerais pas un voyage dangereux pour votre santé.



Lyliah Vamy :
Nous nous apprêtions, Nilane, Jonas, Janus et moi même, à descendre au centre de la terre ou plutôt d’Epsilon. Je regardais mes deux compagnons. Ils semblaient tous les deux aussi graves et déterminés que moi. Je savais ce que nous devions faire et l’enjeu de notre exploration. Mais je sentais l’excitation m’envahir. Explorer un endroit inconnu m’excitait toujours. Je devais rester calme. La précipitation ne nous mènerait surement à rien de bon. Je devais essayer de me contrôler autant que je le pouvais. Comme on pouvait le dire si bien, chassez le naturel, il revient au galop. Nous arrivâmes près de la base solarienne où nous prîmes place à bord de la foreuse. A l'intérieur, nous trouvâmes des combinaisons thermiques que nous nous enfilâmes. Ensuite Jonas prit les commandes et nous allions commencer notre exploration. L’engin commença à dégager la galerie afin que l’on puisse passer. Lorsque le passage fut dégagé, nous commençâmes à descendre lentement en raison de la pente abrupte. Une petite heure plus tard, nous tombâmes de nouveau sur des rochers qui bloquaient notre passage. La foreuse dégagea rapidement et nous pouvions reprendre notre chemin. Cependant en nous engageant après ce passage, notre machine se trouvait sur de l’eau. Celle ci commença à flotter sur l’eau qui était forte et tournait en colimaçon comme un siphon de lavabo. Ce n’était pas une sensation désagréable pour moi. C’était juste une descente de rafting améliorée. Le courant ne cessait de s’intensifier et faisait tournoyer notre embarcation. Nous devions nous cramponner à nos sièges afin de rester dans notre moyen de locomotion. Au bout d’un moment, l’eau devint calme restant un tantinet agité et était à plat. Soudain nous aperçûmes à notre gauche une lueur provenant une entrée de grotte. Nous décidâmes d’y aller. De toute façon, le courant ne nous amènerait qu’à une anfractuosité où nous ne pourrions pas passer.
Ainsi nous sortîmes de l’eau et pénètrâment dans cette grotte. Nous laissâmes notre foreuse là et commençâmes à avancer. En sortant de la grotte, nous pûmes apercevoir une vaste salle souterraine. Au plafond se trouvait de superbes stalactites. Devant nous se trouvait une coulée de lave qui faisait le tour de la salle souterraine. Celle ci était assez grande car elle faisait bien plus de trois mètres de diamètre. En face de nous, il y avait une grand muraille de pierres. Dans son centre, on pouvait apercevoir une boule noire. De notre position, nous pouvions déjà savoir qu’elle devait être énorme.
_Je vais prévenir Mike que nous sommes arrivés, dit Nilane, Mike, nous sommes au centre et pouvons voir la pierre noire. Nous allons essayer de nous en approcher.
_Bien reçu, Nilane. Bonne chance, répondit Mike.
_Bon, je suppose que c’est la pierre noire, non? On y va comment? En volant?ironisais-je.
Nous inspections les recoins de la salle. Je me demandais si on trouverait vraiment un moyen d’accès. Alors Janus nous indiqua d’aller à notre gauche juste à côté d’une paroi. Il nous montra de fines petites plaques rocheuses sur la lave qui pouvaient servir de pont.
_Nous pourrions passer par là. En sautant, cela pourrait aller, non?proposa Janus
_Ca me paraît un peu dangereux.dit Jonas. On pourrait s’enfoncer. D’un autre côté, je ne vois pas d’autre moyen.
Je vis Nilane s'écarter légèrement. En l'observant, je remarquais une sorte de creux dans la paroi. je m'approchai et m'agenouillai. avec mes doigts, je tâtonnai et fit basculer une pierre qui s'ouvrit sur une galerie. Elle était vraiment étroite mais peut être pouvait-elle nous faire éviter de traverser la lave de manière si dangereuse. Je montrai ma découverte à mes compagnons.
_Dites, si on passait par là? D'accord ce n'est pas terrible et on sait pas où ça atterrit. Cependant il est possible qu'on soit de l'autre côté.
_ C'est vrai que ce serait plus sûr pour nous, reconnut Jonas. Nous pouvons essayer. De plus si cela n'aboutit à rien, nous reviendrons ici.
Ainsi d'accord, nous nous engageâmes dans la galerie. Étant donné son étroitesse, nous devions ramper pour ne pas se cogner la tête. Finalement nous atteignîmes une sortie que Nilane, qui était en tête, ouvrit. Celle ci donnait sur l'autre côté de la lave. Ainsi nous sortîmes de la galerie et nous nous dirigâmes vers la muraille d’où nous voyions de l’extérieur la pierre. A part devant l’entrée, elle était entourée de lave. L’entrée était assez grande pour laisser passer un sumotori monté à cheval. Nous passâmes le seuil et découvrîmes un long couloir que nous primes. Au bout se trouvait une bifurcation. Jonas décida de nous emmener à droite mais un peu plus tard, nous arrivâmes à une nouvelle intersection. Nilane s’arrêta et tourna sur elle-même en levant les yeux.
_Nous sommes dans un labyrinthe. La pierre noire que l’on voit doit être au centre, comprit Nilane.
_La pierre est un bon point de répère. Grâce à elle, on arrivera plus vite, dis-je.
_Je pense que nous devrions marquer où nous allons. Les labyrinthes sont plus ardus qu’on peut le penser même avec un point de repère. Il nous faut une bonne méthode, suggéra Nilane.
_Je pense comme Liliah. La pierre est suffisamment grande pour nous guider, fit Jonas.
_Et puis, il faut toujours compter sur la chance. Ça vaut toutes les méthodes scientifiques du monde. répliquais-je.
Ainsi Jonas et moi suivions la piste de la pierre à travers ce dédale. Nous essayions de nous orienter selon de l’endroit où nous la voyions. Nous allions sans cesse à gauche, droit, tout droit, retour en arrière et ainsi de suite. Par moment, Janus demandait si nous étions perdus mais je répondais que nous connaissions seulement un léger ralentissement dans notre progression. Au bout de plusieurs heures, nous nous trouvions dans un couloir qui nous amena à l’entrée.
_Comment cela est il possible?demandais-je.
_Je crois que je vais reprendre l'expédition en main ou nous n’arriverons jamais à la pierre, décida Nilane.
_Bon, si vous pensez y arriver, .fit Jonas.
_Nous allons entrer dedans. Nous prendront toujours à gauche. A chaque intersection, l’un de nous tracera une flèche. Si nous tombons à un endroit déjà marqué, il la barrera et nous prendrons à droite, expliqua Nilane. Qui a un objet permettant de tracer des signes?
_Je dois avoir quelque chose comme ça.dis-je en fouillant mes poches et extrayant un morceau de craie blanche. J’ai du la prendre par inattention un jour où j’ai joué avec Kara.
_Parfait. Alors reprenons l’exploration, fit Nilane.
Ainsi nous entrâmes de nouveau dans le labyrinthe. Conformément à ses instructions, nous prîmes toujours à gauche et je marquais chaque intersection d’une flèche. Lorsque nous arrivions à une intersection où se trouvait déjà une flèche, je la barrais et nous allions à droite où je traçais une nouvelle flèche. Finalement au bout d’un moment, nous atteignîmes le centre du labyrinthe.
Sous nos yeux, nous pouvions voir la pierre noire. Celle ci était encore plus immense que nous avions pu l’imaginer lorsque nous la voyions depuis le labyrinthe. Au contact du sol et de la pierre se trouvait une immense coulée de lave.
_ Nous avons réussi. Voici la pierre, dit Jonas.
_Eh bien, il faut toujours compter sur la méthode scientifique. Cela vaut toute la chance qu’on peut avoir.fit Nilane amusée.
_C’était ma réplique ça, répliquais-je. Sinon que faisons nous maintenant, Nilane?
Puis Nilane prit de nouveau l'appareil de communication.
_Mike, nous sommes devant la pierre noire, annonça Nilane.
Je regardais Nilane sérieusement. Je lui faisais confiance, oui, vraiment confiance. Je regardais à nouveau la pierre noire. Cela me paraissait incroyable que cette pierre située au centre d’Espsolin puisse contaminer tous les Nimrodh de cette planète. Nilane, pourras-tu vraiment tous les sauver? Il fallait y croire.



Xorth :
J'avais tenu à être présent lors du départ de la foreuse. Lorsque je la vis la première fois, je ne pu retenir ma surprise: C'était immense !! La machine en elle même était disposée à la verticale dans une immense salle. Des passerelles situées à différents niveaux permettaient sans doute d'entrer dans la machine. Jonas, Janus, Lilyah et la Sorcyé Nilane en traversèrent une à peu près à mi-hauteur.
_ Peut-on aller voir le départ plus bas ? demandai-je à Mike.
Il fit quelques manoeuvre qui m'échappèrent et me dit:
_ Oui, me répondit-il. Il y a un point d'observation situé quelques étages plus bas.
Puis il m'énonça d'une traite le chemin pour y accéder, m'expliquant qu'il ne pouvait pas m'accompagner car il devait rester dans la salle de contrôle.
Sur le chemin, je ne pus que m'émerveiller sur les bizarreries de cet endroit : Les cloisons s'ouvraient à mon approche sans que j'ai besoin de faire quoique ce soit. Des feux s'allumaient à mon passage, très lumineux, comme sur le vaisseau avec la "biosphère" (J'avais encore du mal avec ce que les humains appellent "technologie"). J'étais tellement fasciné par toutes ces choses que lorsque j'arrivai à une intersection, je me retrouvai à hésiter.
_ Voyons, c'était quoi déjà... pensai-je tout haut. A droite, 4ème à gauche, descendre 2 étages, deux fois à droite puis... heu... zut, c'est quoi après... A gauche ou à droite ?
Un bruit assourdissant se fit soudain entendre, accompagné de la voix de Mike:
 _ Préchauffage des turbines, 5 minutes avant le départ !
Plus le temps de traîner ! Il fallait choisir.
 _ Bon allez, à droite ! Le bruit à l'air de venir de là.
Au fur et à mesure que j'avançai, le couloir rétrécissait, mais le bruit lui, augmentait. je ne devais plus être très loin.
J'arrivai devant une nouvelle cloison. Elle s'ouvrit mais, étrangement, pas de la même manière que celles que j'avais déjà traversé. Je me retrouvai dans une étrange pièce. D'étranges colonnes lumineuses étaient rangées là. Je m'approcha de l'une d'elles et essaya de lire ce qui y était inscrit
"RE15-F1"
_ Qu'est ce que ça veut dire ?
Mais je n'eus pas le temps de chercher. Une violente secousse me plaqua au sol, m'assommant légèrement.
_ Foreuse 1. Lancement.
C'était la voix de Mike ! Mais alors... Cela voulait dire que... j'étais dans la foreuse !!! Vite ! Il fallait que je sorte ! Je me précipita sur la porte, mais malgré mes efforts, elle restait close. Et les secousses commençaient vraiment à devenir fortes ! Les vibrations continues me donnait mal à la tête ! C'était insupportable ! Tout tournait. J'avais des nausées. Ma vue se troublait, s'assombrissait.
_ Non, dis-je faiblement. Mike !
Puis l'obscurité m'envahit...
Quand je me réveillai, les secousses avaient cessé. Lentement, je me redressa, reprenant petit à petit mes esprits. Le première chose que je remarqua fut la baisse de luminosité. Regardant autour de moi, je vis que plusieurs colonnes étaient maintenant éteintes, tandis que d'autres émettaient une faible lueur. Une fois redressé, je me mis en quête d'une sortie de cette prison. La porte par laquelle j'étais entré était toujours bloquée, mais je pus en distinguer une autre à l'autre bout de la pièce. Quand je fus à proximité, elle s'ouvrit. Je traversa deux autres pièces semblables à la première puis entra enfin dans un espace plus petit, plus bas de plafond, où plusieurs dalles lumineuses étaient visibles. De nombreuses images y étaient affichées mais je n'en comprenais pas la signification.
Finalement, je remarquai une porte ouverte dans un coin de la pièce d'où semblait venir un air très chaud. Je la traversa et me retrouva dans une grotte. A peine étais-je sorti qu'une sensation de malaise se fit sentir. Apparemment, nous étions arrivés à destination. J'aurai bien voulu explorer les environs mais quelque chose d'indéfinissable me retenait. J'étais en sueur, peu-être était ce la chaleur... Bref, je ne me sentais pas bien.
Sorcyé ? Lançai-je télépathiquement. Il y a quelqu'un ?
Décidément, ça n'allait vraiment pas ! Je trouvais qu'il faisait de plus en plus chaud. Il fallait que je contacte quelqu'un.
Mike ? Vous m'entendez ?
Chaud ! Pourquoi il faisait si chaud ? J'avais l'impression de suffoquer.
A... A l'aide !
 


Kara :
Je suis fatiguée… Un peu fatiguée… Je sais pas pourquoi mais je suis fatiguée.
Aelezig et moi sommes dans une grande clairière avec un lac. Le soleil brille et de grands nuages blancs tournent autour… J’écoute Aelezig qui chantonne en faisant de drôles de signes dans la terre. J’ai les pieds dans l’eau et j’essaie d’attraper des poisons… C’est dur !
Je vois des… Ooh… C’est des petits Xorths ! On dirait qu’ils sont comme moi. Il doivent avoir mon âge non ?
Je m’approche d’eux en souriant. Ils me voient pas. Ils jouent pas loin du lac. On dirait qu’ils se battent… Ca doit être un jeu de bagarre. Et puis ces Xorths-là ce sont des Xorths garçons !
Mais… Ca fait bizarre. J’ai pas vu des… « comme moi » depuis… depuis… J’en ai presque jamais vu. Ils sont comme moi, avec mon âge et ça me fait bizarre. Dans un livre de « Maman », il y avait marqué que c’était des enfants. Je suis un enfant et eux aussi. Et moi j’ai pas vu d’enfants. J’ai jamais joué avec des « comme moi », des enfants.
Les petits Xorths s’enfuient. Je leur cours après. Pourquoi ils partent ? Ils s’envolent dans les arbres et disparaissent. Je m’assoie et pleure.
C’est des « comme moi » ! Je voulais jouer avec eux ! Pourquoi ?
Je grimpe sur un toit. Ouah ! c’est jolie la vue ! « Maman » est encore en train de faire des papiers et des expériences… Elle sait pas que je suis encore partie. C’est pas grave.
Tiens ! Mais il y a des… enfants en bas ! Elles me ressemblent, sauf qu’elles ont de jolis cheveux avec des rubans.
Elles sont comme les « petites filles » que j’ai vu dans les livres de « Maman ». C’est la première fois, je crois que j’en vois en vrai… Elles sont si jolies !

« Je peux jouer avec vous ? »
Elles s’arrêtent de jouer et regardent dans ma direction. Leurs yeux sont grands ouverts. Ah oui ! Je suis sur un toit ! Je dois descendre ! Et hop !
Mais… Elles sont parties.

Y a personne maintenant… C’est tout calme, et Aelezig qui chante en souriant. On dirait une berceuse que j’ai déjà entendue…
Et les autres ? Où ils sont ? « Maman », elle est encore dans son laboratoire, Mike plaisante avec Lilyah, Celui à la belle cicatrice joue avec les petits et les jeunes Xorths, Jonas doit se disputer avec Rhoan…
Rhoan… C’est lui, et il a mal, très mal. Il a fait disparaître mes… parents.
« Papa…je murmure. »
Ca me fait rien. C’est juste un mot, un mot vide.
« Maman… »
Ca me fait tout bizarre.
A… A l’aide !
Xorth ! Xorth a mal ! Je le sens ! Il est quelque part et il fait chaud ! Xorth…
Des mains, des mains douces qui me tiennent les épaules. Aelezig !
"Enjay... Kara..."
Quel beau sourire Aelezig… Oui, j’ai compris… Il faut que j’envoie de «ça» à Xorth, il faut pas que j’ai peur. Xorth est en Enjay, il faut que je l’aide…
Allez Xorth... Faut pas que tu ais mal, faut pas que tu sois en Enjay... Allez, sors de l'Enjay. Allez, allez...



Dr Nilane Bah
_ Mike, nous somme devant la pierre noire. Vous m'entendez ? Mike ? Mike ?
Rien à faire. La communication ne passe pas. Trop d'interférence. Pas étonnant.
Tant pis. La pierre est devant nous. Soutenue par quatre générateur d'antigravité, elle flotte à mi chemin entre le plafond et le sol. Elle flotte, au dessus un profond gouffre, au fond duquel coule la lave.
Oh, non...
Allons donc, je m'étais bien attendu à ça. Je savais qu'il faudrais l'approcher. Je ne peux pas me laisser paralyser par ma peur maintenant. Près de moi, mes compagnons se sont figés, dans une contemplation fascinée de la boule.
_ Incroyable, murmure Jonas, sur ma gauche. Cette boule flotte encore, après tout ce temps. Ces générateur d'anti gravité ont tenu le coup pendant des siècles.
Il est ému.
_ Ceux qui les ont construits, dis-je, on probablement réussit à les faire tels qu'ils se sont entretenu eux même, au cours des année. C'est possible ?
_ Très possible, quel dommage que nous ayons abandonner la technique à notre époque.
_ Que de gaspillage aurait pu être évité comme ça. murmuré-je.
_ On aurait évité la crise de l'énergie, continue Atrayde sur le même ton. La pollution, les forêt toxique, l'exil dans l'espace...
_ Et la guerre, conclus-je.
Et je réalise aussitôt que je suis en train de lui parler, à l'homme qui m'a traitée de mauvaise mère, aimablement, que je pense avec lui, et que finis ses phrases à sa place. Que j'ai laissé s'installer entre nous un échange d'âme à âme, une conversation agréable, une sorte d'intimité, qui me réconforte... Et que je n'aurais pas du chercher. Je croise son regard, à travers les verre fumés de nos casque. Il vient de faire la même constatation. Je me détourne de lui et me force à regarder Janus, pendant que je donne des instructions.
_ Il me faut approcher cette boule. Mais je ne pourrais pas tant qu'elle sera au dessus de la lave. On va chacun aller près d'un générateur d'antigravité, et essayer de les fair pivoter assez pour que la boule se rapproche de l'endroit ou on est. Attention, il va falloir qu'on soit synchro.
Nous nous séparons. Je m'approche de la borne de métal dur grace à qui la pierre flotte.
_ A mon signal, crie-je. A gauche ! Tous en même temps ! Maintenant !
Je tire de toute mes force sur le monticule en acier. Je regarde au dessus de moi, la pierre tremble...
_ Attention, Janus, vous allez trop vite ! Lyliah, essaye de nous serrer de plus près. Encore un peu ! Voilà, stop, ne bougez plus.
La boule n'a bougé que de quelque mêtre, mais au moins, elle est à portée de main. Je m'approche du bord du gouffre. Parce qu'il faut tout de même que je m'approche.
La pierre est lisse et luisante, comme si elle avait été sculptée. Pourtant, je sais qu'il t'en est rien. C'est juste... C'est juste que sa conception est telle qu'elle forme une sphère parfaite. Je sors de ma sacoche une minuscule perceuse à laser, et l'enfonce dans la paroi. Un tout petit échantillon me suffira...
Je n'ai pas chaud. Ces combinaisons thermiques, même vieilles de plusieurs siècles, sont une réussite. Nos évoluons à température ambiante dans ce qui doit être une monstrueuse fournaise. Je n'ai pas chaud. Et les casques aux verre fumés nous protègent de la luminosité de la lave.
Il n'empêche qu'elle est là, et que j'ai beau essayer de ne pas y penser, je n'arrive pas à me concentrer. Elle coule tout autour de nous. Des tonnes et des tonnes de roches liquides, que seules de fragiles constructions humaines empêche de déferler sur nous.
_ Docteur, vous en avez pour longtemps ? Me demande quelqu'un, juste derrière moi.
Jonas. Il s'est approché sans que je l'entende. Pourquoi toujours lui ? Je me sens si fatiguée, fatiguée de cette dispute, et de cette rivalité éternelle entre nous, qui m'empêche de dire "J'ai peur ici, j'ai peur du feu, il faut que vous m'aidiez"
_ J'ai fini. Regagnons la surface. Nous redescendrons bientôt.
Je prends la tête du groupe pour retraverser le labyrinthe, puis le souterrain. C'est au moment ou nous quittons ce dernier que nous entendons la radio grésiller ?
"Docteur ? Vous êtes là ?"
_ Oui, Mike, on vous entend ! Tout va bien ?
_ Docteur ! Votre fille ! Elle est arrivée en courant au labo. Elle s'est complêtement effondrée d'épuisement dans mes bras. Et je ne comprends pas, elle parle de Xorth, et elle dit "Enjay, Enjay"...
Xorth... Danger ? C'est alors que je perçoit enfin quelque chose, dans ma tête, que, prise par ma peur de la lave, je n'avais pas écouté.
Soercyé...
_ Xorth ! Mon Dieu !
_ Nilane, qu'est-ce qu'il y a, me demande Lilyah.
_ Xorth est dans la foreuse ! Il a été exposé au rayonnement de cette foutue boule !!!!!



Frank Rhoan :
Je marchais d'un pas vif au milieu des arbres. Peu de temps après le départ de Bah et des deux autres, j'étais sorti agacé du Magellan. Comment osait-elle utiliser ma santé comme argument ? Sachant parfaitement qu'avec cet agacement je n'arriverai à rien, je m'étais dit qu'une promenade sous les arbre me calmerait.
Je respirais profondément, comme à chacune de mes sorties de plus en plus fréquentes. Je fermai les yeux une seconde , et faillis trébucher sur une énorme racine. Lâchant un juron, je levai les yeux. Je me trouvais devant un temple. Sans doute le temple dont avais parlé les autres. Sa structure me paraissait clairement bancale, mais je sentis que ce n'était qu'une apparence. Intuition confirmée une fois que j'en ai fait le tour.
_ Incroyable, murmurais-je pour moi-même.
Des plantes, ressemblant au plantes grimpante de l'ancien temps en dix fois plus gros, s'était apparemment logée dans chaque interstice, chaque base des murs. Certaines paroi étaient d'ailleurs entièrement couverte d'un manteau vert. Cette symbiose entre la nature et la construction avait maintenu l'ensemble debout pendant des siècle. Je m'émerveillait encore de cet exploit naturel, lorsque je remarquai un considérable rassemblement de mouches dans le temple. J'entrais prudemment, et haussai un sourcil en découvrant un cadavre. Un cadavre humain, qui plus est. Chassant les mouches d'un geste agacé, je m'agenouillai devant le corps, et le retournait avec précaution. C'était le militaire. Ce Jowy Benha-je-ne-sais-plus-quoi. Remarquant tout de suite les yeux exorbités et les lèvres violètes, j'enfilais les gant de laboratoire qui ne me quittais pas, et l'inspectait brièvement.
Durant mes études, un de mes projets avait été de travailler sur une technique nommé la psychométrie. Cette technique permettait, en touchant un objet ou un être, de connaitre toute son histoire, et - dans le cas d'un objet - tout le savoir des propriétaires antérieurs sur ledit objet. Je n'avais pu utiliser cette technique qu'une seul et unique fois, mais elle avait considérablement développé mon esprit d'analyse. C'ets donc avec peu de connaissance médicale, mais une analyse structurée, que je commençais mon "eutospsie".
Vingt minutes plus tard j'avais terminé. Et ce que j'avais découvert était inquiétant. Tout d'abord ce militaire était mort empoisonné, comme le démontrait ses yeux révulsé et ses lèvres. Mais aussi sont palais où les veines était devenues vertes. Avec un détachement professionnel, j'avais reconnu là la marque d'un dérivé d'un de mes inventions. Les nanorobots utilisant l'acide pour construire. Sans doute l'armée l'avait-elle adapté comme arme. Je savais aussi à présent qu'il avait pu passer la porte, et sans doute parler à quelqu'un de gradé. Ses vêtement étaient légèrement imprégnés de tabac, et j'avais reconnu la doue odeur que diffusent les purificateur d'air d'Etrenank.
Marrant qu'il mettent les même purificateur dans leur prison que dans leur autres bâtiments.
Il avait donc sans doute contacté ses supérieurs. Lesquels avaient dû être fous de joie à l'idée d'une nouvelle planète à coloniser. Combien de temps leur faudrait-il, pour localiser pour atteindre cette planète? J'effectuais quelques calculs mentaux, puis d'autre, qui me prirent plus de temps.
Toujours partir du principe que son ennemi est égal à soi-même.
En me calquant sur ce proverbe, j'arrivais à la conclusion qu'il leur faudrai un mois et demi pour venir nous chatouiller de leur armes. Et seulement une journée s'ils empruntaient la porte interdimentionnelle, ce dont je doutais : elle etait apparemment trop petite pour débarquer une armée autrement qu'au compte-goutte. Ils préféreraient attendre et débarquer en masse, sans doute.
Je fis volte-face, et m'éloignai du temple.
Ne restez pas trop longtemps dans votre trou, Bah! Vous allez avoir fort à faire.
Je devais trouver le mécanicien. Lui seul pouvait contacter Bah.
_Et depuis quand je me soucie de ce qui risque d'arriver ? Ironisais-je.





Chapitre 24 : une incommensurable faiblesse.







Lyliah Vamy :
Quand Nilane nous cria que Xorth se trouvait dans la foreuse, je ne pus pas y croire. D’un vague geste, je me retournai vers la pierre noire. Il était exposé à son rayonnement. Mais qu’allait-il lui arriver?
Oh Xorth, je t’en prie, reste avec nous.
Rapidement, nous revînmes à l’endroit où nous avions laissé la foreuse. Je l’atteignis la première suivie de près par Janus puis Jonas et enfin Nilane.
Nous pouvions voir Xorth étendu sur le sol de la foreuse. Je m’agenouillai auprès de lui et posai la main sur son front d’un geste machinal. Celui ci était bouillant. Mais lorsque je le touchai, il se mit à se débattre. Il fit de grands gestes brusques et me donna quelques coups. Instinctivement, Janus lui maintint les mains me permettant de me relever. Jonas l'aida à son tour. Ensuite Nilane s'approcha et l'examina. il nous semblait qu'il murmurait quelque chose, des mots peut être, mais cela restait incompréhensible. Après son examen, Nilane se releva pour nous faire face:
_Il faut remonter impérativement à la surface. Quand nous serons là, Jonas et moi l'amènerons au Magellan. Pendant ce temps, Lyliah et Janus irez en premier avant de préparer notre arrivée. décida Nilane.
Ainsi nous fûmes tous d'accord. là dessus, Jonas prit les commandes de la foreuse pour remonter à la surface. durant le voyage, je m'occupais avec Nilane de veiller sur Xorth.
Lorsque nous atteignîmes la surface, nous sortîmes en vitesse de la foreuse. Nilane et Jonas tenaient fermement Xorth afin de ne pas le laisser tomber ce qui pourrait aggraver son état. Durant ce temps, Janus et moi regagnions le Magellan.
En rejoignant Mike, nous pûmes constater que le pauvre était sur le point d'avoir une crise de nerfs. Celui-ci tenait Kara qui semblait très faible tout en essayant de garder le contact radio.
_Mike ? fit Janus.
L'appel de Janus fit prendre conscience à Mike que nous étions de retour. Il se retourna aussitôt tenant toujours Kara.
_Que se passe t-il avec Kara ?demandais-je.
Comme si nous n'avions pas assez de soucis ainsi ! En plus d'un Xorth inconscient, nous avions une Kara affaiblie sur les bras. Ce serait quoi ou qui la prochaine fois? Quand je pensais qu'à un moment, j'avais dit que nous reverrions souvent l'infirmerie. J'aurais mieux fait de me taire. Kara, Xorth .. Vous ne pouvez pas nous laisser....
_Elle est affaiblie. Elle est arrivée là bas me prévenir pour Xorth. Mais je ne savais plus quoi faire. avoua Mike.
_Ne t'inquiète pas, Mike. Nilane sera bientôt là. dis-je.
_Elle a aussi Xorth à soigner. Et son état est aussi sérieux que celui de Kara, rappela Janus.
_Je sais bien, Janus. Mais j'ai confiance en elle. Et puis, elle est la seule à pouvoir les sauver.
_Et comment est Xorth?demanda Mike inquiet.
_Pas bien du tout. Il est complètement inconscient. répondit Janus.
Je m'éloignais légèrement de mes deux compagnons. Oh Nilane... Oh Jonas... Revenez vite s'il vous plait. Nous avons besoin de vous ici.



Jonas Atrayde :
Nous trouvâmes des branches et des lianes au dehors, juste ce qu'il fallait pour construire une civière. Nous y déposâmes notre félin compagnon, dont la fièvre semblait monter de minute en minute. Il remuait faiblement, et tentait de murmurer des mots, comme en proie à un cauchemar effroyable. Nous soulevâmes la civière, moi par les branches de devant, Nilane par celles de derrière..
_ Doucement, dit-elle. Il ne faut surtout pas le secouer.
Elle avait à présent une toute autre voix que celle avec laquelle elle m'avait parlé depuis la veille. C'était sa voix neutre de médecin. Je ne pouvais pas la voir, mais je devinais son visage, penché vers le malade, tandis que nous avancions pour sortir du laboratoire. Je savais qu'elle avait déjà oublié tout le reste, qu'elle était entièrement concentrée sur cette tâche, surveiller l'évolution de son état, durant notre lente progression. Depuis que je l'avais rencontré, cette femme n'avait cessé de m'exaspérer au plus haut point. Mais à présent, force m'était de constater que je l'admirais, même si je ne lui aurait dit pour rien au monde.
Nous marchâmes sous les arbres, lentement. Je voulais accélérer le pas, mais elle tirait sur le brancard, pour le ralentir. Sur la civière, l'homme-chat gémissait de plus en plus.
_ Tout va bien, Xorth, murmurai Nilane. Tout va bien, tu n'a rien à craindre.
Je reconnaissais ces mots sans me souvenir les avoir entendu, elle avait du me les murmurer à moi aussi, durant ma nuit de cauchemar. Mais l'homme chat ne semblait pas l'entendre. Il gémissait de plus en plus fort. Soudain, une branche craqua non loin au dessus de nous !
_ Jonas ! Hurla Nilane.
Je vis la branche qui au lieu de tomber, volait vers moi, comme lancée par une main invisible, à une vitesse prodigieuse ! Je me baissai pour l'éviter, infligeant à la civière une brusque secousse. Ce fut alors comme si la forêt entière s'animait. Des pierres, des fougères s'arrachèrent au sol, et volèrent vers nous.
_ Qu'est-ce que ...
Mais je ne put achever, obligé de lever une main pour protéger mes yeux, tenant la civière de l'autre.
_ C'est lui ! me dit Nilane, c'est lui qui fait ça. Xorth, calme-toi, s'il te plait, tu es en sécurité avec nous ! Xorth, Xorth !
Elle déposa la civière et s'allongea presque sur le malade, son front touchant son front. J'eus soudain la vague vision de quelque chose de terrible d'effrayant, que je ne pu définir, et d'une mélodie calme, d'un apaisement. Les pensées de Xorth m'atteignaient, et avec elles, celles de Nilane, celles qu'elle essayait de lui envoyer pour le calmer.



Xorth :
Qu'est-ce... Où suis-je ?
Il y avait quelques instant, j'étais encore dans la "foreuse". Mais le paysage avait radicalement changé: Je me trouvai dans une forêt. Ou du moins dans un lieu qui avait été une forêt. Les arbres étaient morts, décharnés. Il n'y avait plus le moindre signe de vie: Pas la moindre verdure, pas le moindre signe d'un être vivant. Pour seul son, le sifflement assourdissant du vent. Ce bruit me faisait terriblement mal à la tête ! J'avais l'impression d'avoir reçut une grosse pierre sur la tête.
Tout en marchant, je regardai autour de moi, en quête d'un signe de vie. J'avais l'étrange sensation d'être observé mais à chaque fois que je m'arrêter pour regarder autour de moi, je ne voyais rien et ne sentais aucune odeur suspecte, autre que l'odeur caractéristique de la mort qui hantait ce lieu.
Malgré tout, le paysage me semblait familier, comme si je l'avais toujours connu. Puis ça me revint: J'étais dans la clairière proche du village !
"On est revenus trop tard !" me lamentai-je.
C'est alors que la sensation d'être observé refit surface. Je me retourna brusquement et c'est là que je la vis: Une silhouette... Non, une ombre ! Noire... avec des yeux de feu qui me fixaient... comme si elle essayait de lire en moi.
J'avais vu beaucoup de choses étranges et surprenantes, mais ça, ça me terrorisait ! Je n'avais qu'une envie: Fuir. Fuir loin de cette... chose.
Je me mis à courir, courir le plus vite possible pour m'éloigner de cette ombre au yeux de feu. Puis, tout d'un coup, elle apparue devant moi !
"Comment... Elle était derrière moi !" pensai-je.
Pas le temps de réfléchir, je tournai à droite, espérant atteindre les arbres où je pouvais me déplacer plus rapidement. Mais là encore, l'ombre me barra le chemin. Je stoppai net et regardai autour de moi: Il y avait non pas une, mais trois ombres qui me bloquaient le passage. Puis une autre apparut, puis une autre, puis une autre... Des dizaines d'ombres m'encerclaient maintenant.
Le sifflement du vent semblait maintenant dire quelque chose
"Viens Xorth, Viens !" comprenais-je.
Non !
J'hurlai, fermai les yeux et tentai de passer en force, usant de ma télékinésie pour envoyer des objets sur ces ombres. Mais quand je les réouvrit, les ombres avaient disparues et à la place du sifflement du vent, j'entendais une voix. Le son était déformé mais je pouvais comprendre:
"Tout va bien, Xorth. Tout va bien, tu n'a rien à craindre."
Étrangement, cette voix me calmai un peu. Mais j'étais toujours en pleine confusion.
Je m'approcha d'un arbre et m'assis à son pied. Une grande fatigue m'envahissait. Oui c'était ça: Il fallait que je dorme. C'était le seul moyen de quitter ce monde cauchemardesque. De le quitter une fois pour toute...



Kara :
« Maman »… Mike… Xorth… XORTH !!!
Ils sont tous là, sauf « Maman », Jonas et Xorth !
Je me sens bizarre, si bizarre… Ma tête crie, elle pleure, elle cherche quelque chose.
Pourquoi les autres ont peur ? Pourquoi ils bougent pas ? Pourquoi sont-ils si grands ?
Lyliah se tord les mains, Mike secoue sa tête en grimaçant, celui à la belle cicatrice regarde le lointain et Rhoan… Il est loin…
« Maman », Jonas ! Où est Xorth ?! Où ?!
Pourquoi ils reviennent pas ?
Xorth… Je l'entends. Xorth a mal, il crie dans ma tête. Ça s’affole, ça bondit partout, ça fait du bruit.
Je ne le sens presque plus… Non, non… Il va… Il veut… XORTH !!!
Je dois y aller, je dois, je dois !
Mes jambes sont lourdes, ma tête hurle. Mais je dois !
On me retient, on me tire. Des mains qui m'attrapent, des voix qui murmurent. Laissez-moi ! Lâchez-moi !
Je cours, je cours. Les couloirs sont longs, ils sont si sombres !
Xorth ! Xorth !!!
Je sors du « Vaisseau-base ». La lumière, le soleil rouge, les nuages, les voix…
Vite, vite !
Les arbres défilent, mes pieds volent, mon « Faux-bras » brille avec le soleil.
Je sens Xorth… Il… il…
Je le vois ! Xorth, Xorth ! Je lui saute dessus, je tends les mains.
Des choses volent partout, j’entends des voix, et ça recule, ça recule…
Il a mal, si mal… Non, reste !
Je suis là ! Je suis là ! Pars pas !
Xorth… Xorth… Faut pas que tu t'endorme ! Reste, reste !
Un éclair ! Des images !
Une forêt sombre... Un vent chaud... Des silhouettes noires, qui marchent, qui tournent... Des voix, des cris... Un grand arbre... Une chose assise dessous... Xorth...
Non, non ! Peur, douleur, fatigue, affolement ! Je sens plein de choses, j'entends plein de bruits.
Fermer les yeux. Voir que du noir. Aynor, Aynor !
Je serre les mains de Xorth, fort, très fort.
Et ça recule, et ça s'éloigne.
Faut pas que ça s'envole, faut pas que ça s'en aille. Reste, reste !
Je le sens, je l'attrape.
Xorth... Reviens...
Me laisse pas. Laisse pas ta soeur, ni les Xorths, ni les autres, ni ici !
Je veux pas que tu partes... Je veux pas... veux pas...
Une goutte qui tombe par terre, puis deux, puis trois...
Et ça se met à briller. Il s'accroche à moi, il bouge, il...
"Kara, crie Xorth"
Il est là, il a mal mais il est là... Je suis contente, si contente...
Je souris, un tout petit mais tout heureux sourire.
Pas Enjay. Pas Aynor.



Mike Libane :
Depuis la descente des autres dans les entrailles de la petite planète, j’avais eu l’impression de frôler dix fois l'attaque cardiaques. D’abord Kara qui était arrivée et qui s’était évanouie dans mes bras en appelant Xorth, et ensuite Xorth découvert en bas, complètement irradié par la pierre fatale, il y avait de quoi avoir une rupture d’anévrisme. Heureusement, l’arrivée des autres m'avais remis un peu les idées en place, mais ça avait été de courte durée. En effet, j’avais vu notre ami à fourrure dans un sale état a travers l’écran de contrôle, et Bah ainsi que Jonas n'étaient pas encore arrivé avec pour le soigner au Magellan. Quand enfin tout s’était calmé, et que mes synapses aient terminés leur danse de la pluie de crise de nerf, Kara s 'était soudain réveillée puis avait couru vers la sortie.
_ Ah, mais où elle va ? fis-je en courant après-elle, laissant les autres sur place.
Bien qu’elle fût menue et pas très athlétique, elle réussit à garder une certaine distance entre nous. Comme si elle courait avec la force du désespoir.
Après une brève course de sous-bois dans la forêt, impliquant des coups de branches, frappant pas nécessairement dans les endroits résistants de l’anatomie humaine, je la vis sauter dans les bras de Xorth, dans une clairière, entouré de Bah et du reste de l’escorte. Il semblait dormir, au prise avec un violent cauchemar. Mais quand Kara le sera de toutes ces forces, il se calma.
_ Mais qu’est ce qui c’est passé ? demandais-je au docteur.
_ Il semblerait qu’il ait fait un cauchemar, et qu’il est activé inconsciemment son pouvoir télépathique.
En effet, quelques cailloux et branches jonchaient le sol, pas positionnés comme les aurait mis Dame nature.
_ Et bon, on fait quoi ? fit Jonas derrière la doctoresse.
_ Et bien, nous pouvons continuer à emmener Xorth au Magellan, fit Bah.
Après la «promenade » dans la forêt, nous étions enfin arrivé au vaisseaux. Alors que nous nous dirigions vers l’entrée, on entendit des pas derrière nous. Quand je me retournais, j’eus à nouveau mal à la tête, mais à cause de la rage qui me rongeait, car c’était le mistigri cinglé qui sortait de la forêt. Je vis Kara s’agripper fermement au poil du buste de Xorth. Il venait tranquillement vers nous, sans presser le pas. Quand il se posta devant nous, il dit d’un ton sans aucun sentiments :
_ J’ai trouvé le corps de notre ancien prisonnier près des ruines.
Un silence s’installa. Je ne me retournais pas pour voir la têtes des autres, alors je répondit :
_ C’est vous qui l’avez tué ?
_ Non, ce n’est pas moi, dit il d’un ton méprisant. Je l’ai vu étalé dans l’herbe, le visage violacé. Sans doute l’œuvre d’un poison. J’ai découvert autre chose d’intéressant : il a réussi a utiliser la porte.
Je sentis comme un coup de gong en moi. Désormais, les solariens savaient où nous étions. Maintenant, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’ils n’arrivent pour prendre possession de cette planète.
_ Ce n’est pas vrai, laissais-je couler de mes lèvres.
_ Oh que si, fit-il avec un petit sourire en coin, c’est bel et bien vrai. Bientôt, cette planète sera au mains des solariens, et nous nous serons soit torturés, ou encore mis a mort, ou bien…
PAF
Le coup de poing retentit avec un air dramatique dans l’air. Mon corps m’avait guidé dans ce geste, et ma tête avait suivi avec véhémence. Je tremblais des pieds à la tête, sentant au fond de moi une haine passagère, mais aussi une grande pitié pour cet homme qui avait perdu goût pour la vie.
_ Mike, s’écria Bah dans mon dos.
_ Ce n’est pas parce que vous avez tournez le dos à la vie qu’il pour autant gâcher celle des autres, dis-je. Kara a encore de la vie devant elle, des moments de joie en vue, mais aussi de tristesse. Alors je n’accepte pas que quiconque tente de détruire le si joli sourire qu’elle a quand elle est heureuse. COMPRIS ???!
Je ne regardai pas la réaction du scientifique, me retournant vers le groupe qui se tenait derrière moi.
_Venez, dis-je en reprenant mon calme, il faut s’occuper de Xorth.



Franck Rhoan :
Le coup de poing que je reçu me fit ployer les genou, et seul une extraordinaire chance m'empêcha de tomber inconscient. Je tâtai mon nez ensanglanté, et constatai qu'il était cassé. Je sortis un mouchoir d'une de mes poche et me tamponna doucement le visage.
_ Vous me faites pitié, mécano, crachai-je, et il s'arrêta net. Je ne suis pas égoïste, je suis réaliste. J'ignore si avec votre QI de gorille vous y avez réfléchi, mais si une flotte solarienne se pointe dans le coin, nous n'avons aucune chance. Mon Remanieur est loin d'être terminé, et cette planète ne dispose d'aucun système de défense. Mais peut-être que votre joyeux optimisme de simplet sera capable de repousser quelques milliers de solariens lorsqu'ils détruiront le Magellan et massacreront les habitants de cette planète.
Il s'était brusquement tourné pendant ma tirade. Ses poing tellement serrés que ses jointures en étaient blanches.
S'il me frappe de nouveau, c'est le coma assuré.
_ Calmez vous tous les deux, ordonna Bah d'un ton tranchant. Rhoan, vous allez nous suivre a l'infirmerie pour soigner votre nez, et vous allez le faire en silence! Mike je veux que vous vous contrôliez, c'est clair?
_ Oui docteur, répondit-il en me foudroyant du regard.
Je m'apprêtait à répliquer que je n'avais nul besoin d'aide, mais elle me devança.
_ Rhoan, si vous ne nous suivez pas a l'infirmerie, je vous y traînerait de force, menaça-t-elle. Je commence à en avoir assez de votre orgueil démesuré. Quand à vos progrès dans la construction de votre arme, nous en reparlerons.
Sans même attendre de réponse, elle se remit en route, Atrayde, Lyliah et la gamine sur ses talons. Avec un dernier regard assassin, le mécanicien la suivit. J'attendis quelques seconde le temps de ravaler ma hargne, puis lui emboitai le pas en tenant le mouchoir contre mon nez toujours saignant.



Docteur Nilane Bah :
Une fois dans l'infirmerie, Jonas et Mike déposent Xorth sur une des couchettes. Il est faible, mais il es conscient, à présent. Quand à Kara, elle devrait être à bout de force, mais elle marche seule, sans aide, sa petite main dans la patte griffue de notre ami malade. Je me dirige vers la réserve de médicament et en tire une nouvelle bouteille de cet élixir fait avec les plantes de la forêt toxique, en essayant de ne pas penser que je la prends dans la réserve que j'avais fait pour Kara. Je la tends à Lyliah.
_ Donnes-en une cuillerée à Xorth et une à Kara.
Mon geste reste un instant suspendu. Elle regarde la bouteille dans ma main, puis me regarde, hésitante.
_ Et... C'est tout ?
_ Oui. C'est tout.
Elle reste encore immobile quelques secondes, le temps de comprendre ce que ce "c'est tout" signifie. Le temps d'envisager de se rebeller, de me réclamer une solution miracle que je n'ai pas. Et d'accepter. Puis elle prend le flacon et se dirige vers les deux patients.
Janus, Mike et Atrayde ont assisté à la scène sans mot dire. Eux aussi perçoivent, plus ou moins gravement, ce qui se passe. Leur regard vont de Xorth à Kara. De Kara à Xorth. Un homme chat au coeur pur. Une enfant innocente. Tous deux, plus très loin de leur termes. Oui, c'est ainsi. Le danger est grand de les perdre.
Je suis étonnée de mon calme. Kara n'a jamais été aussi fragile que maintenant. Mais c'est sans doute la raison pour laquelle je suis calme. Je ne peux plus me permettre de m'inquiéter. Elle a besoin de mon efficacité. Et Xorth aussi. Je n'ai l'intention de perdre ni l'un ni l'autre.
J'ai écrit quelques mots sur une feuille de papier. Je la tends à Mike, en englobant les trois hommes du regard.
_ Vous trois, vous allez monter les affaires de Kara dans la biosphère. Ainsi que le matériel que j'ai indiqué sur cette liste. Revenez ici une fois que c'est fait.
Je me tourne vers Rhoan, qui vient de nous rejoindre, un mouchoir ensanglanté sous le nez.
_ Venez. Nous allons dans la pièce à coté.
Il ne discute pas et me précède dans le laboratoire médical. Je referme la porte derrière moi pour être seule avec lui.
_ Asseyez vous, Rhoan.
Il s'exécute. Il sait que s'il ne le fait pas, de toute façon, je le contraindrai par la force. Je n'ai plus le temps de jouer, maintenant.
Je le regarde droit dans les yeux, le détaille. Ses cheveux blancs sur son visage encore jeune, et maigre, ses traits tirés, son corps maigre que la blouse blanche ne suffit pas à dissimuler.
Je m'assois en face de lui.
_ Parlons maintenant sans détour. Sans jouer à qui saura mieux blesser l'autre. Vous m'écoutez ?
_ Je vous écoute.
_ Mon but est que vous viviez. Que vous viviez au moins assez longtemps pour reconstruire votre prototype. Et le votre ? Voulez vous vivre assez longtemps pour construire votre prototype ?
Il s'apprête à répondre, mais j'arrête, avant qu'il les prononce, les phrases assassines qui naissent sur ses lèvres.
_ C'est une vraie question, Rhoan. Si votre but est de construire votre prototype, ce ne sera ni par pitié, ni par gentillesse que je vous aiderais, mais par besoin. Je ne suis pas votre docteur, vous n'êtes pas mon patient. Tout ce que nous sommes, c'est associés. Je peux vous donner les moyens de vivre pour que vous construisiez votre prototype. Vous savez pourquoi j'en ai besoin. Quand à vous, je suis sûre que vous avez une raison de vouloir le reconstruire. Elle vous regarde, donc je ne vous la demanderais pas. Je ne vous demande qu'une chose. Voulez-vous vivre assez longtemps pour le faire ?
Franck Rhoan me regarde, et serre les dents sans répondre.
_ C'est donc oui.
_ Oui. Je veux vivre assez longtemps pour reconstruire mon prototype.
_ Bien. Je savais que nous finirions par nous comprendre. Je vais donc soigner votre nez, et ensuite, vous examiner. Vous examiner entièrement. Et si réellement votre but est de vivre pour construire votre Remanieur, vous allez me laisser faire sans m'obliger à vous contraindre par la force.
Il ne répond rien. Je prend une compresse, et éponge le sang qui coule de son nez. C'est la première fois que je le regarde dans les yeux d'aussi près. C'est l'homme qui a hanté mes cauchemar pendant des année. Une brute assassine et folle. Un être fragile et brisé. Mes gestes se font infiniment lents et prudents, comme si un mouvement brusque pouvais le faire tomber en cendres sous mes doigts. Je crois n'avoir jamais rencontré personne plus vulnérable, et plus dangereux. C'est tant de désespoir, que je vois au fond de ces yeux, que si je m'y penche trop, je risquerais de m'y engloutir et de ne jamais réussir à en remonter.
Il me regarde aussi. Il me sonde de la même manière que je le sonde.
_ Que lisez-vous ? Lui demandé-je.
_ La solitude, murmure-t-il.
Il n'y a pas de sarcasme dans sa voix. Pas parce qu'il se serait adouci, je le sait. Juste parce qu'il a oublié.
_ La solitude, et de la faim. Une faim incommensurable. Et qui ne sera jamais inassouvie.
_ Vous avez raison, dis-je.
Je pose un pansement sur la blessure, et presse assez fort pour arrêter l'hémorragie, mais pas trop fort, non, pas trop fort, puis je vais jeter ma compresse ensanglantée.
Avant que je revienne, il a déjà oté sa blouse et sa chemise. Debout, il me tourne le dos, me l'offrant à ausculter. Je réprime un frisson.
_ Mon dieu...
_ Et bien quoi ? Vous n'avez jamais vu de cicatrices ?
Je me tais. Je le regarde. Il est d'une maigreur affligeante. Et tout son dos porte la marque des traitements qu'il a subit. Je peux presque reconstituer son parcours, rien qu'à le regarder.
Niourk. Il n'y a que là que les autorités terriennes permettent l'usage du laser pour la torture. On lui a découpé la peau avec habileté, carré par carré, et on l'a laissé la chair à vif, en prenant garde à ce que ça ne s'infecte pas, non, sans quoi il aurait pu en mourir.
Genévia. On y préfère l'ancestral fouet. Et pourtant, il est de notoriété publique que les habitants de l'ancien monde sont plus civilisé.
Bouakén... Ma ville natale. Et son amour pour les injections.
Puis les prisons solarienne, et tout leur raffinement. Privation. Torture psychologique, provoquant toute sorte de stigmates.
C'est incroyable qu'il ai survécu si longtemps. Qu'il ai gardé si longtemps la volonté de survivre.
_ La haine, répond-il à ma question muette. C'est la seule chose qui permet de survivre. On parle toujours de l'amour, l'amour, ça me fait rire. L'amour, on en meurt.
_ C'est de haine que vous êtes en train de mourir, Rhoan.
J'écoute le bruit de son coeur, si rapide, si fébrile. Sa température est anormalement élevée. Je le fait s'allonger sur les brancards des scanners.
_ Quelles images vous viennent-elles quand vous dormez, Rhoan ?
_ Je ne dors jamais.
Je le savais. Des signes ne trompe pas.
_ Il faut que vous arrêtiez la méditation qui remplace le sommeil. Vous serez libre de recommencer à la pratiquer quand votre organisme aura repris des forces. Je vous donnerais chaque soir des pillules qui vous ferons dormir sans le moindre rêve.
_ Et si je ne les prends pas ?
_ Si vous ne les prenez pas, il ne vous reste qu'un mois à vivre. A vous de choisir. Pensez vous que votre prototype puisse être près en un mois ?
Il ne me répond pas, comme chaque fois qu'il sait que j'ai raison. Au fond, nous sommes aussi vulnérable l'un que l'autre, dans ce laboratoires, seuls ensembles. Lui, parce que je vois sa faiblesse. Lui, parce qu'il voit qu'elle me touche. C'est pourquoi aucun de nous deux ne songe à répliquer, à surenchérir, à reprendre l'affrontement.
_ Je dois vous faire une piqûre.
Il me tends son bras. J'évite de recroiser son regard, pendant que je le pique. Une plongée dans son enfer m'a suffit.
_ Ce soldat, Jowy Benaldes. De quoi était-il mort, quand vous l'avez trouvé ?
_ A première vue, d'un poison. Mais en réalité, de quelque chose de plus complexe. De quelque chose venu de MON cerveau.
Il espérait sans doute me heurter, ou provoquer en moi une quelconque émotion, mais je retire mon aiguille et passe un coton imbibé d'eau oxygénée sur son bras, indifférente.
_ Vous avez empoisonné Jowy ?
_ Pas moi. Mais je crois savoir qui. Votre ami militaire.
Je hausse le sourcil, un peu étonnée.
_ Atrayde nous a demandé de décider lui-même de son sort. Pourquoi aurait-il fait cela, s'il avait déjà empoisonné le prisonnier?
_ C'est plus complexe que ça. Il s'agit de nano-robot de mon invention, qui libèrent leurs acides dans le corps si la personne qui les télécommande leur ordonne. J'ai constaté, en consultant l'inventaire du Magellan, que vous en aviez quelques uns dans l'armurerie. Lorsque votre ami est venu... Disons "m'emprunter" du matériel, nous nous sommes un peu affronté, et bien que je n'ai aucun moyen de pénétrer dans l'armurerie, vu que vous ne me laissez pas y accéder, je n'ai pu m'empêcher de lui rappeler qu'il m'était possible d'utiliser ce matériel pour le contraindre à me respecter. Après cela, bien qu'il n'ai jamais manifesté un esprit très brillant, votre Atrayde a du additionner deux et deux.
_ Il aura pris une précaution au cas où, dis-je.
_ Oui, dommage qu'elle n'ai pas servi. Quand Atrayde a déclanché la commande des nanorobot, le soldat avait déjà quitté la planête. L'ordre n'a donc pas pu être transmis. Ce n'est que lorsqu'il est revenu ici que le poison a enfin agit, et qu'il est mort.
Je ne réponds rien. Je n'ai pas le temps d'être choquée, ou de juger de quelque manière que ce soit le choix de Jonas. De toute façon, si je veux arriver à gérer les caprices du destins, il vaut mieux que j'évite de penser à quoi que ce soit qui concerne Jonas pour le moment. Penser à lui provoque en moi trop de sentiments complexes et contradictoires, et je n'ai pas le temps d'en faire le tri. Surtout devant Rhoan.
_ Vous pouvez vous rhabiller. Votre traitement commence ce soir. Et n'oubliez pas. Nous sommes associés. Si vous tenez à atteindre votre but, il faut prendre les médicaments que je vous donne.
_ J'ai bien compris. Inutile de le répéter.
Il essaye de parler avec sa hargne habituelle, mais sans conviction. Quelque chose vient de se produire, contre lequel il ne peut rien. Quelque chose qu'il ne peut plus effacer par des sarcasmes.
Je rouvre la porte de l'infirmerie. Les hommes sont revenus. Xorth a trouvé la force de s'assoir sur sa couchette, et Kara s'est assise pres de lui, la tête sur ses genoux.
Je m'approche d'eux.
_ Je veux que vous montiez à la biosphère tous les deux, et que vous n'en sortiez plus. Xorth, je veux que tu veilles sur Kara, et Kara, je veux que tu veille sur Xorth. A partir de maintenant, vous allez avoir besoin l'un de l'autre, tous les deux. Il faut que vous vous souteniez l'un l'autre, car vous êtes tous les deux très malade.
Kara s'est redressée et me regarde étonnée. Elle a du mal à comprendre, je le sais. Je me tourne vers Lyliah.
_ Tu vas aller au village et expliquer comme tu peux la situation à l'ancien. Et aussi à la soercyé.
Je regarde de nouveau Kara.
_ Si Aelezig veux venir te voir dans la biosphère, tu as le droit de la recevoir. A condition que vous ne fassiez rien qui te fatigue. Et à condition qu'elle ne touche pas Xorth. Tu as entendu, Xorth ? Tu ne dois toucher personne de ta race. Sinon, tu les rendrais malade.
_ Oui, Soercyé, me répond Xorth.
_ Oui, Maman, dit Kara avec une gravité inhabituelle.
Elle a perçu à quel point ce que je disais était important.
_ Mike et Atrayde, accompagnez-les là haut. Lyliah, va au village.
L'ex militaire et le mécano approchent des malades, les aident à se relever, à marcher, puis les emmènent hors de l'infirmerie. Lilyah s'apprête à sortir à leur suite, mais le balafré la retient. De l'autre bras, il m'interrompt alors que je me penchais sur mon sac pour y prendre les échantillon prélevé en bas, sur la grande pierre.
_ Je veux savoir, me dit-il d'un ton sans appel.
_ Dans ce sac, j'ai ce dont j'ai besoin. Je vais travailler jusqu'au soir, et toute la nuit, s'il le faut. Et demain, je guérirais Xorth.
_ Et pour la gamine ?
Je jette un coup d'oeil à Rhoan, qui, toujours à la porte du laboratoire médical, a tout observer sans mot dire. Il a un bref et sec hochement de tête.
_ Demain, je guérirais Xorth, dis-je. Et Kara, quand à elle, vivra jusqu'à ce que Rhoan me donne l'unique moyen de la guérir.
Sans attendre de réponse, je ramasse mon sac et retourne dans le laboratoire.
La journée n'est pas finie, et la nuit va être longue.





Chapitre 25 : Et le troisième jours, ils furent sauvés.




Xorth :
Nous étions revenus dans la biosphère, Kara et moi, sans le moindre mot. Il faut dire aussi que je n'avais pas encore les idées très claires, sans doute les effets de mon exposition prolongée à la pierre noire. Trop faible pour grimper à mon petit abris, je n'eus d'autre choix que de me coucher à même le sol. N'y tenant plus, je m'endormis comme une masse.
Quand je me réveillai, Kara était blottie à côté de moi. Je me dégageai doucement de son étreinte afin de ne pas la réveiller puis fit quelques pas. Je perçus le bruit caractéristiques des portes de l'ascenseur s'ouvrir puis se fermer. Je m'y rendis donc, pensant que c'était la Soercyé qui venait. Quelle fut ma surprise quand je vis devant l'ascenseur l'humain balafré accompagné de ma soeur Berthia. Me souvenant de la recommandation de la Soercyé, je l'empêchai de me prendre dans ses bras.
_ Qu'est-ce qu'il y a, me demanda-t-elle, surprise.
_ Je ne dois pas te toucher Berthia, lui répondis-je. Je... Je suis malade.
Elle fit un pas en arrière, horrifiée.
_ Non ! bredouilla-t-elle. Pas toi !
Elle se mit à pleurer. Je voulais la prendre dans mes bras, la réconforter. Lui dire que ça allait s'arranger, que la Soercyé des Dieux allait trouver un remède. Mais je restait là, sans bouger, sans rien dire.
Remarquant mon manque de réaction, l'humain à la cicatrice la prit dans ses bras, lui offrant le réconfort que je ne pouvait lui donner.
Mon attention se porta sur lui. Je ne savait pratiquement rien de lui et, d'après ce que j'avais compris, les autres humains non plus. Je voulais en savoir plus sur lui, mais son attitude montrait clairement qu'il ne répondrai pas à mes questions. Son comportement à l'égard de ma soeur, et des Nimordh en général, avait surpris tout le monde, moi y compris. Qu'est-ce qui pouvait le pousser à l'agir ainsi ?
Tout d'un coup, ça déferla en moi ! Une vague de souvenirs qui ne m'appartenait pas. Haine ! Regret ! Douleur ! Je mis un temps avant de comprendre que cela concernait l'homme qui me faisait face. Et tout me parut plus clair : Son attitude envers mon peuple, son intérêt pour Kara - que je n'avais même pas remarqué.
_ Xorth ! Est-ce que ça va ?
Il s'était rapproché de moi, ainsi que Berthia qui, elle, restait à bonne distance tout de même. Je le regarda droit dans les yeux.
_ Vous avez ôté la vie à une enfant, lui lançai-je, pourquoi ?
À son visage, je sus qu'il avait compris ce qui s'était passé.
_ Pourquoi as-tu..., dit-il en se mettant la main à la tête.
_ Je ne l'ai pas fais consciemment, lui expliquai-je. Je n'aurai jamais osé faire une telle chose. Mais vous n'avez pas répondu à ma question.
Il baissa les yeux.
_ Elle avait à peine cinq ans. Nous étions en mission de reconnaissance. Une mission secrète...
Tandis qu'il racontait, les souvenirs que j'avais absorbé se firent plus nets, imageant ses paroles.
_ Qui dit mission secrète dit pas de témoins, continua-t-il. Personne ne devait savoir que nous étions là mais cette jeune fille était tombée sur nous par hasard.
Son ton changea, laissant transparaitre ses remords.
_ J'avais proposé de simplement lui effacer le mémoire, mais mon supérieur trouvait que cela nous aurai trop ralentit. Alors il a sortit son arme, me l'a donné en m'ordonnant de la... il voulait que je la...
Il ne pu terminer sa phrase, tant les souvenirs, que je partageais, étaient douloureux.
_ Suite à ça, j'ai décidé de partir le plus tôt possible, de ne plus participer à cette guerre. Les humains, et en particuliers les soldats, me répugnaient. Quand j'ai vu Kara pour la première fois, elle me rappelai la petite fille que j'avais du... Alors quand j'ai appris qu'elle était malade, je me suis promis d'essayer de la sauver, de mieux que je pourrai. Puis je suis arrivé ici, où il n'y avait aucune haine, aucune guerre. Quand j'ai vu la solidarité entre vous, j'ai décidé de tout faire pour vous aider.
Il arrêta de parler. Je ne savait pas quoi dire, comment réagir.
_ Voilà, tu sais tout maintenant Xorth, conclu-t-il.
Il me tourna le dos et fit face à Berthia. Celle-ci compris qu'il voulait partir et ils sortirent ensemble de la Biosphère.
Je me retrouva seul avec Kara, qui dormait toujours dans l'herbe. Je m'assis à quelques pas d'elle et réfléchit à tout ce que j'avais appris. Fallait-il que je le dise aux autres ou valait-il mieux que je garde cela pour moi ? J'avais envie d'aider Janus, de l'aider à se libérer de la culpabilité qui lui pesait. Mais là encore, je voyait pas comment.

Kara
Des arbres, partout... Et du vert, beaucoup de vert...
Où suis-je ? Sur du sable, du sable tout chaud.
Et Xorth... Où est Xorth ?
Il est là, par terre, les yeux fermés, les oreilles qui bougent.
Hum... "Maman" veut qu'on reste ici, et qu'on reste ensemble. Mais je veux sortir, et je dois ! Mais je veux pas laisser Xorth tout seul ! Je veux pas voir les silhouettes noires autour de lui...
Ouh... Mes jambes sont lourdes. Je marche à quatre pattes sur le sable.
Je rejoins Xorth. Il faut que je veille sur lui, oui. Je vais empêcher les silhouettes noires de revenir.
Sa crinière est pleine de noeuds... Je vais démêler tout ça !
Je passe mes mains dans ses cheveux. On dirait un "comme moi", un tout petit Xorth. Je me demande à quoi il rêve...
Il fait nuit. Le "faux-ciel" du "Jardin-serre" est plus là. on voit les vraies étoiles du ciel de chez Les Xorths. Un grand et beau ciel, avec tout plein de petites larmes qui brillent.
Je suis toute seule... Toute seule dans un grand "Jardin-serre", toute seule avec Xorth endormi.
Je suis pas normale, non, pas normale. Je suis bizarre, fatiguée et je sens toujours quelque chose, quelque chose autour de moi.
Après tout... Je suis différente... Je suis pas comme les Xorths, ni comme les autres, ni comme "Maman". Ça doit être normal ce que j'ai, oui...
Mes yeux se ferment... Déjà ? Mais je viens de dor... mir...
Le Laboratoire de "Maman" est vraiment grand. Y a plein de choses dedans, et plein de bruits. Et son laboratoire est dans un très très grand bâtiment qui s'appelle "hôpital". J'ai jamais tout vu. "Maman" veut pas que j'aille là où il y a des malades. Pourquoi ?
Elle est avec plein d'autres docteurs depuis ce matin. Elle ne m'a pas vu, pas parlé, elle est si occupée.
Et si je descendais ? Si j'allais voir les malades ? On m'interdit de les voir, je veux savoir pourquoi, moi ! Où est l'ascenseur ?
J'appuie sur une touche et attend, assise par terre. C'est long...
La porte s'ouvre et je déboule dans un très très grand couloir. C'est tout blanc. Et y a personne. Une pancarte est sur le mur, j'arrive pas bien à la lire. Pas grave. Je suis sûre d'être chez les malades !
Toutes les portes sont fermées. Ah si ! Y'en a une d'ouverte ! Je me demande ce qu'il y a dedans...
"Bonjour toi... murmure une voix toute bizarre.
C'est une dame avec un gros ventre, dans un lit bleu. Un appareil pas loin clignote en faisant des "bip bip".
_ Euh bonjour, je réponds.
Elle m'a vue, elle va raconter à "Maman" que je suis allée ici !
_ Allons n'ai pas peur. Reste un peu. Je ne vais pas le dire, d'accord ?"
Bon, ben si elle dit que je risque rien, alors je reste !
Je ferme sa porte et m'assoie sur une chaise à côté. Je la regarde.
"Pourquoi t'as un gros ventre ? T'as mangé beaucoup ?
Elle rit, elle a un joli rire.
_ Pas du tout ! En fait dans mon ventre, il y a un bébé.
_ Tu manges les bébés ?
_ Ah mais non, rit-elle. Un bébé qui dort dans mon ventre. Je ne l'ai pas manger !"
Mal... Mal... Elle a mal. Elle le montre pas, elle a très mal.
J'entends un bruit dehors ! Ce sont les hommes en blanc ! Je dois partir.
Je lui fais signe d'au revoir, elle aussi. Sa main tremble, son sourire est faux. L'appareil clignote très vite.
Je sors, je cours. J'entends plus qu'un bip continu...
AAAH !
Je... Mais je suis au "Jardin-serre" ! Et le ciel est blanc ! C'est le matin ! J'ai dormi si longtemps ? Et Xorth ? Il dort ?
Non, il est sur le sable, près de l'eau. Il me regarde, et ses yeux sont si tristes... Il est malade comme moi. Et on doit rester tout seuls, tous les deux.
Je m'approche de Xorth et lui sourit. Il cligne des yeux et fait une drôle de grimace-sourire.
Tiens ! Du bruit ! C'est "Maman" !
"Bonjour "Maman" !
- Bonjour Kara, sourit-elle, bonjour Xorth.
Elle sourit, elle est heureuse. Y a quelque chose qu'elle a fait et c'est pour ça que je sens de la fierté. "Maman" va sauver les Xorths... Je le sens...
- Xorth, demande "Maman" avec un grand sourire aux lèvres, peux-tu toucher la petite pierre noire ? Je crois avoir trouver l'antidote.
Xorth la regarde. Espoir... Espoir... et il tremble un peu.
- Bien."
Sa main se pose tout doucement sur la pierre noire. Je sens un choc, une petite lumière blanche, si rapide...
Xorth lâche la pierre et "Maman" la reprend.
"Je ne sais pas combien de temps il va falloir attendre pour avoir des résultats... Kara, continue de veiller sur lui, d'accord ?
- Oui "Maman" ! Promis !
- Bien, merci. Merci beaucoup à vous deux."
Elle s'éloigne et elle est fière. Un regard vers nous, vers moi.
Moi aussi je tiens à toi "Maman".
Ca fait longtemps que je dessine sur le sable. J'ai fait plein de choses... des nuages, un beau soleil et des Xorths heureux.
Le ciel est pâle, un peu mauve. C'est joli et très calme.
Et Xorth... Il s'est levé, il marche, il sautille. Il va mieux, beaucoup mieux. Lui qui ne pouvait qu'à peine s'asseoir...
Je lui saute dessus en riant. Il va guérir ! Les Xorths ! Tout le monde !
Lilyah arrive à cause des rires et des cris. "Maman" est avec elle. Elles sourient, d'un sourire plein d'espoir...
Elles s'éloignent en marchant. Elles vont le dire aux autres je pense...
Xorth me tient dans ses bras en me tripotant les cheveux.



Lyliah Vamy :
Je regardais Nilane se tourner vers moi puis tendre la pierre. Je la pris délicatement. J’observais la pierre. Je savais qu’elle était responsable. Pourtant j’avais du mal à croire qu’une chose si petite avait pu tuer tant de vies.
_Liliah, sers toi de la pierre afin d’aller guérir les malades. me demanda Nilane.
_Bien, Nilane. répondis-je. Mais comment as tu fait pour réussir ?
Ma curiosité naturelle revenait au galop. On se débarrassait pas souvent de ses défauts. Et puis la curuiosité n’était pas seulement un défaut, c’était aussi le début de tout intelligence et savoir. Je reportais mon attention sur Nilane qui répondait à ma question.
_Cette pierre émettait un rayonnement qui rend les Nimrodh malades. Alors j’ai réussi à provoquer une implosion à l’intérieur de la pierre afin d’inverser ses effets. expliqua Nilane.
Vraiment très ingénieux comme une solution. Cependant quelque chose ne me satisfaisait pas. Je baissais les yeux vers la pierre de nouveau. Oui, je savais ce qui m’ennuyais. Cette pierre était vraiment si petite.
_Nilane, et si il existe d’autre Nimrodh qui sont aussi malades sur cette planète ? demandais-je.
_Ne t’inquiètes pas, Liliah. J’y ai pensé. fit Nilane.
Elle accompagna ses paroles aux gestes en sortant de sa poche un tas de feuilles toutes gribouillées. Elle les tendit à Mike et Jonas. Tous deux les observèrent et les examinèrent attentivement.
_Vous deux, essayer de me construire ceci, leur dit Nilane.
J’observais la réaction de Jonas et Mike. Ils faisaient vraiment une drôle de tête impressionnés par ce qu’ils lisaient tout en soupirant et consultant les feuillets de Nilane. Je m’approchais d’eux et observais les feuilles par dessus leurs épaules mais je n’y comprenais pas grand chose.
_Qu’est que c’est ? leur demandais-je curieuse.
_C’est le plan d’un engin capable de creuser dans la grande pierre et d’explorer l’intérieur, expliqua Mike. Allez au boulot.
Ainsi nous nous séparâmes chacun devant vaquer à sa propre tâche. Les deux garçons devaient construire cet engin. Quand à moi, je devais guérir les Nimrodh malades. En sortant, je regardai Nilane s’éloigner. Elle devait regagner sa cabine pour dormir. Elle n’avait pas dormi de la nuit pour préparer tout ceci.



Mike Libane :
Après que la doctoresse nous avait remis ses notes, mon pote le militaire et moi, nous nous dirigeâmes vers l'ancienne base, tout en consultant les notes.
_ Argh, c'est quoi ça ? fit Jonas.
Je regarde par-dessus son épaule un schéma.
_ C'est un reconvertisseur énergétique, répondis-je.
_ Et ça, c'est quoi ? un pommeau de douche ?
_ Non, c'est un moteur protonique modèle X45.
Il feuillette un peu dans les notes.
_ Ah, ça je sais ce que c'est ! dit-il avec joie. C'est une bombe A45.
_ Non, dis-je après avoir vu ce qu'il montrait, c'est juste son stylo qui a un peu bavé.
Après quelques minutes à traverser la forêt, nous arrivions finalement a l'endroit. Nous trouvâmes la pièce des constructions des véhicules.
_ Oula, m'exclamais-je en voyant l'intérieur, que du vieux matériel usagés.
La salle était grande, et chaque pièces de ferraille était numérotée et rangée dans des containers. Les outils pour les assemblages était bien rangés sur le mur.
_ Bon, c'est pas tout ça, mais faut se mettre au travail, dit Jonas dans mon dos.
_ Oui, t'as raison, répondis-je. Bon voyons voir ces notes.
Après un feuilletage rapidement expédié, je donnais mes premiers ordres à Jonas.
_ Bon, va falloir que tu aille me chercher 8 tubes de carbonate ionisé, des tôles d'adamentium épaisseur 7 mm, des cables de conduction simple, environ 2 mètres de longueur et enfin un moteur protonique. Tu m'assemble les tubes comme sur le premier dessin, et quand tu auras le moteur, amène le moi, pour que je puisse vérifier que tout est en ordre.
_ Bien chef, me répondit-il.
Tandis que je m'éloignais pour trouver le reconvertisseur énergétique, je dis par dessus mon épaule:
_ A ta place, je perdrais cette mauvaise habitude d'appeler, ceux qui te donnent des ordres, "chef".
Après une heure, la structure interne de l'objet était déjà faite, et Jonas commençais déjà à mettre les tôles. Pendant ce temps, j'avais eu le temps de vérifier le reconvertisseur et le producteur d'anti-gravité, ainsi que le moteur. Je décidais d'interrompre mes vérifications, pour commencer à installer les pièces principales de la machine.
_ Bon, arrête deux secondes Jonas, je dois installer quelques trucs là-dedans. Vas plutôt me chercher le générateur de rayon laser.
Je fixai le moteur à l'intérieur de la machine, le reconvertisseur juste a coté, permettant d'utiliser moins d'énergie qu'il n'en faut. Juste en dessous, je fixai le producteur d'anti-gravité, ce qui lui permettrait de se déplacer, grâce au champ magnétique qu'il produira en dessous de lui, et de ce faisant, le rendra moins lourd. J'installai bien entendu un boîtier de commande, afin qu'il ne qu'il ne décide pas tout seul de sa balade. A l'arrière, je mis en place un dispositif qui permettrait de laisser à l'air libre la bombe chargé de s'occuper de la pierre, afin que son explosion ne soit pas réduite a cause de l'épaisseur du véhicule.
_ Me revoilà, fit Jonas dans mon dos.
_ C'est pas trop tôt, dis-je concentré sur mon travail. T'étais où?
_ Ben, je me suis perdu dans les rayons.
_ C'est malin, fis-je. Bon, dépose le générateur à coté de moi, je le vérifierais puis je l'installerais sur le devant de la machine, et ce sera terminé.
Cela me prit plus de temps que prévu, a cause de la complexité du générateur, mais j'arrivai à mes fins.
_ Il a fière allure, n'est-ce pas ? Dis-je tout fier à Jonas.
_ Faut vite le dire, dit-il sarcastique. Bon, on y va ?
_ Attend, j'ai bien envie de lui donner un nom. Hum, que penses-tu de "sauveur des Nimrodhs" ?
_ Tu peux bien l'appeler "la gargouille cosmique a poil", j'en aurai rien à battre.
_ Raah, pfff, quel rabat-joie. Bon allez, on va apporter ce petit bijoux à Bah.
Nous sortîmes du bâtiment, et retournions vers le Magellan.



Jonas Atrayde :
Voilà plus de 3 heures que Mike et moi oeuvrions dans une chaleur infernale, à préparer l’installation de la machine sous la direction de Nilane. J’avais déjà vu de nombreuses fois Mike travailler sur les engins d’Oblivion, il était comme un enfant qui s’amusait à construire ses jouets lui-même. Il avait pris une longueur d’avance sur moi dans le plan, mais lui n’avait pas toutes ses pensées qui se mélangeaient et son attention prit au piège à chaque fois qu’il regardait Nilane. Elle nous surveillait, ou plutôt nous encadrait étroitement, nous dictant parfois ce que nous devions faire : Quel alternateur ionique était à dériver sur la Pierre, quel séquenceur à inversion subtronique à implanter. Je me demandais vraiment d’où pouvait lui être venu l’idée de ce plan, elle qui m’avait l’air de ne pas très bien connaître… Mais c’était normal. Je ne parlais de moi à personne, pourquoi se serait elle fatigué à parler d’elle avec moi…
_ Hé Jonas, tu dors ? fit Mike
_ Non, je faisais une petite pause…
Il me regarda un instant et croisa mon regard au travers de ma visière fumée, je lui fis clairement comprendre de ne pas insister.
Nous étions en nage, même dans ces tenues protectrices, elles n’étaient normalement pas conçues pour rester aussi longtemps en milieu extrême. Je commençais un peu à fatiguer, ma visibilité se réduisait à cause de l’humidité engendrée par la sueur, qui venait se coller contre ma visière sous forme de buée. Mais je ne voulais pas arrêter, pas maintenant. Ce que j’étais égoïste ! Ce n’était pas pour sauver plus vite la population des Nimrodhs que je faisais ça, mais uniquement pour contredire Nilane, au risque d’épuiser Mike également. Je la regardais parfois au travers de la buée, je voyais des perles de sueur couler de son visage. En nous regardant, elle semblait dire : « Faisons une pause, retournons nous aérer à la surface », pas question ! Mike avait beau être beaucoup plus à l’aise que moi dans la construction, ses mouvements ralentissaient et devenaient imprécis.
« N’arrête pas maintenant, on est plus très loin ! Tant que je continuerais, tu continueras ! »
J’aurais été capable de le dire si Nilane ne nous regardais pas de si près…
Il se passa encore une vingtaine de minutes avant que Mike et moi ne plantions, plutôt difficilement, la dernière pièce de l’installation, à un mètre sous la surface de la Pierre. Nous descendîmes alors de celle-ci pour revenir sur la roche magmatique à une dizaine de mètres, pour admirer notre œuvre.
_ On a fait du boulot, non ! fit Mike, fier
_ Il faut encore voir si elle tient le choc toute seule et qu’on apporte la machine jusqu’ici ! Répondis-je.
_ Soyez un peu enthousiaste Jonas, pour changer !
Nous avions installé auparavant une petite console reliée à l’installation par un câble. Mike s'agenouilla face au dispositif et tourna la manette qui s’y trouvait d’un coup sec. Une minute trente, c’était le temps nécessaire pour que l’installation se lance et que notre machine fasse ce pourquoi nous l'avions conçue, forer la pierre et y faire sauter la bombe en plein coeur. Comme mes deux compagnons, je retenais mon souffle en attendant la suite des évènements. Cependant, il ne se passa toujours rien alors que près de trois minutes se soient écoulées de s’écouler.
_ Ben alors, on a mal vissé un boulon ? intervient Mike
_ Je vais aller voir ce qui cloche, déclara Nilane
Je n’essayai pas de l’en empêcher. Elle connaissait mieux les plans que nous, elle saurait repérer les défauts, s’il y en avait.
Mais alors qu’elle se tenait sur le Pierre, une violente secousse ébranla la caverne toute entière, projetant des filets de lave bouillonnants non loin de nous. Qu’est ce qui ne passait ? Nous avions pourtant travaillé dans le calme, rien n’aurait pu affecter notre environnement ! Pourtant les tremblements ne diminuèrent pas, et la lave qui se rapprochait de la planque de roche magmatique commençait à vraiment devenir inquiétant.
_ Mike, retourne dans la foreuse et communique aux autres que l’on remonte plus tôt que prévu, ça devient dangereux !
_ Mais…
_ Fais ce que je te dis ! Je reviens tout de suite !
Il me regarda un instant, puis il se retourna et s’en alla vers l’énorme engin par lequel nous êtions arrivés. Nilane était toujours sur la Pierre.
_ Docteur, vous vérifierez une autre fois, on s’en va !
_ Mais il faut savoir maintenant ce qui n’a pas été...
J’eus juste le temps de m’apercevoir qu’une roche du plafond de la caverne était en train de me tomber dessus que je bondis sur le côté pour l’éviter, me retrouvant à celui quelques centimètres de la lave. Elle était en train de monter, de seconde en seconde, la distance de saut entre la Pierre et la plaque de roche augmentait à vue d’œil ! Je me relevais pour m’apercevoir que Nilane n’avait toujours pas bougé.
_ Mais qu’est ce que vous attendez ! Vous voulez mourir ou quoi ?!
Elle ne répondait pas, non pas que les craquements que l’on entendait de toute part m’empêchaient d’être entendu, mais elle était comme paralysé par une force mystérieuse.
_ Sautez, bon Dieu ! Sautez et revenez !
Mais j’avais beau m’égosiller, elle ne restait sur place, figée comme une statue. Ce fut dans un élan d’effort qu’elle réussi à me crier :
_ Venez… Venez m’aider ! Jonas, j’ai trop peur de la lave ! Je vous en supplie ! Venez !
Elle me suppliait, elle me suppliait de lui venir en aide. Moi qui l'avait méprisée pendant si longtemps, j'étais le seul à pouvoir faire quelque chose alors que la peur était en train de la pousser droit vers la mort.
Non ! Je ne pourrais supporter de voir cette situation de reproduire une deuxième fois ! Je pris un grand élan, tandis que lave montait toujours et sautais à mon tour sur la Pierre. Nos regards se croisèrent un instant, puis je lui tendis ma main. Elle la prit d’abord fébrilement, puis elle la serra très fort, au travers de nos tenues de protection. J'avais déjà des regrets d'avoir imaginer l'inimaginable : Ne plus la voir, ni l’entendre… ni lui parler, ni la sentir, ni la toucher… Au bord de la Pierre noire, j’avais de plus l’impression que j’allais me brûler les pieds, tant le niveau du magma devenait élevé.
Les roches qui tombaient du plafond ne faisaient que secouer dangereusement la substance bouillonnante. Nous prîmes ensembles un élan considérable et atterrîmes durement sur la plaque de roche qui semblait devenir instable. La foreuse n’était plus qu’à une trentaine de mètres, les trente mètres les plus longs de toute ma vie, en traînant presque de force Nilane par la main tant elle était terrifiée par la lave. L’engin était en train de démarrer, sans doute que Mike avait du nous repérer. J’ouvris rapidement le sans d’entrée et fit entrer Nilane à l’intérieur. Je fermais derrière moi et enlevais mon casque à la volée.
_ Mike, démarre, démarre, démarre !
Tout de suite, l’engin entama enfin sa remontée, une remontée fulgurante dans un bruit assourdissant, tandis que la lave allait tout juste nous atteindre.
Lorsque nous fûmes hors de danger, je me dirigeais vers la doctoresse qui venait également d’enlever son casque, je l’aidais à se relever.
_ Pourquoi avez vous fait ça ?
_ Je vous ai dit que j’avais eu trop peur pour…
_ Mais justement ! interrompais je. Si vous aviez peur, pourquoi est ce que vous êtes venue ?
Elle détourna son regard. J’avais moi-même un peu d’appréhension quant à ce qu’elle allait me répondre. Cela fait déjà quelques semaines que je doute, que mes pensées s’emmêlaient sans savoir exactement… Voilà que je sentais aussi que ma voix n’était plus aussi assurée que d’habitude…
_ Je… ne pouvais me vous laissez y aller tout seul ! me dit elle d’un trait
_ Moi… et Mike ?
_ Vous…surtout, vous.



Dr Nilane Bah :
_ Vous, surtout vous.
J'entends les mots sortir de mes lèvres malgré moi. Ils m'échappent dans un souffle avant que j'ai eu le temps de les penser, avant que j'ai eu le temps d'être raisonnable. J'ai encore le coeur qui bat la chamade. Lorsque la lave a commencé à monter près de moi, j'ai senti toute mes pensées s'arrêter. Lorsque la lave a commencé à monter, à me menacer, je n'ai plus été que ma peur, ma profonde, incommensurable, irrésistible terreur, et l'impossibilité de bouger mon corps, de bouger même les mains... Puis lui près de moi. Puis sa main dans la mienne, ses bras protecteurs autour de moi. Et pour la première fois, depuis des années, des siècles, une illusion, celle que je pouvais compter sur quelqu'un d'autre que moi-même. Que je pouvais me risquer à lui faire confiance...
J'ai parlé sans le vouloir, sans y penser, je n'étais pas encore capable de penser. Et à présent, je vois avec terreur le visage de Jonas _ si près, trop près du mien_ changer. Ses yeux grandissent, sa bouche s'ouvre...
_ Mike, appelé-je soudain.
Sur le siège du pilote, le mécano nous jette un coup d'oeil, supprimant toute possibilité de conversation privée entre moi et Atrayde.
_ Oui, docteur ?
Je m'avance vers lui, en cherchant à toute vitesse quelque chose à lui dire. Je n'ai aucune instruction quelle qu'elle soit à lui donner. Mais il faut à tout prix que je garde son attention, que j'empêche Jonas de répondre à ce que je viens de lui dire dans un instant d'égarement, de faiblesse, de folie...
_ Je crois avoir compris ce qui n'avait pas marché. Ca n'avait rien à voir avec notre installation. Simplement, en concevant les plans de la machine, j'ai oublié un point essentiel, elle est vingt fois plus grande que le petit dispositif que j'ai utilisé sur la petite pierre. Le poids de la machine est trop important pour l'installation, qui, pour se protéger, se bloque. Vous pensez qu'on puisse y remédier ?
Mike me regarde avec un air ahuri.
_ Docteur.... La lave a envahi tous les accès, on peut plus y retourner !
_ Répondez-moi dans l'hypothèse où on puisse.
Je ne sais pas trop où je vais. Je fuis Jonas en cherchant des solution pour un problème qui vraisemblablement est devenu insoluble, l'implosion nécessaire de la grande pierre pour guérir l'ensemble de la population Nimrodh. Ma conduite a quelque chose d'absurde. Mais Mike, confiant, me répond avec sérieux.
_ Ce serait facilement remédiable en changeant les paramètre du moniteur pour qu'il maintienne la machine autrement... Mais bon...
Il reporte son attention vers les commandes, et notre remontée à travers le tunnel. Derrière moi, Jonas s'est approché. Je me penche par dessus l'épaule de Mike, bien décidée à continuer à capter son attention.
_ Vous avez une idée de ce qui a provoqué la montée de lave ?
_ J'ai bien une théorie. Notre installation a nécessité trop d'énergie, et les dispositifs qui permette de faire circuler artificiellement la lave ont du s'affoler. Ah, nous arrivons !
Au dessus de nous, le plafond de roche s'est ouvert sur un ciel de lumière blanche. L'air libre, enfin !
La foreuse prend pied sur la terre ferme et s'immobilise dans le hangar où elle dormait depuis des siècle avant que nous ne venions interrompre son sommeil. J'aperçois Lyliah qui se précipite vers nous. J'ai à peine le temps de quitter le véhicule qu'elle bondit sur moi et me serre contre elle.
_ Nous avons eu peur, bon sang ! Que s'est-il passé ?
_ Je crois que Mike vous expliquera mieux que moi.
Janus nous a rejoint, calme, sombre, et mystérieux, comme à son habitude.
_ D'après ce que j'ai compris, votre plan n'a pas marché comme prévu. Qu'allez vous faire ?
_ Pour l'instant, réfléchir. Mais maintenant, une chose est sûre. Redescendre sera dangereux. Très dangereux.
Je passe devant eux sans m'arrêter, et me dirige vers la sortie de l'antique laboratoire.
_ Ou vas-tu ? Me demande Lyliah.
_ Je rentre au Magellan. dis-je, sans ralentir le pas. On y sera mieux pour repenser à tout ça.
Lyliah me retient par le bras, m'oblige à m'arrêter.
_ Ça va, toi ? Tu as l'air... Bizarre. Pas comme d'habitude.
_ J'ai subit un choc émotionnel important, dis-je, assez fort pour que Jonas, qui m'a suivie, quelque mètres en arrière, m'entende. Je vais probablement dire ou faire des choses anormal jusqu'à ce que j'en soit totalement remise, mais il ne faut pas en tenir compte.
Malgré moi, je relève la tête et croise le regard de celui que je fuit.
Je ne lis pas de défi, dans son regard. Ni d'incrédulité. Ni de triomphe. Pourtant, je me suis laissée surprendre, dans tous les sens du terme. Je lui ai tout révélé, toute mes faiblesse, tout. Mais tout ce que je lis, dans son regard, c'est... Comme une attente...
Je lui tourne le dos et repars vers la forêt.
Je ne peux pas prendre le risque de me tromper une deuxième fois. Je ne laisserais plus à quelqu'un le pouvoir de me trahir, de m'arracher à moi-même en m'éloignant de lui, comme l'a fait mon père, il y a une trentaine d'année...
Il n'est plus question que je m'autorise à être faible.



Lyliah Vamy :
J’avais regagné l’infirmerie où les malades allaient déjà beaucoup mieux. Le remède de Nilane fonctionnait. Je souriais devant cette vision heureuse. Finalement elle était arrivée à trouver ce fameux remède. Je me sentais si heureuse pour les Nimrodh. Cependant un doute restait en moi. Les malades qui étaient avec moi n’étaient qu’un faible pourcentage du total des malades. Je m’approchais de la fenêtre et regardais au dehors. En regardant à l’extérieur, je songeais que la planète entière était peuplée de Nimrodh. Comment pourrions nous soigner tous ces malades? Mon regard se porta à présent sur la petite pierre noire et je la pris dans mes mains. Elle était si petite, voir minuscule. Comment espérer soigner toute une planète ainsi? Malgré la joie de voir plusieurs malades guéris, je ne pouvais pas chasser de mon esprit que d’autres souffraient encore. Je ne pourrais me sentir vraiment heureuse que lorsqu’ils seraient tous guéris.
Durant un moment, j’observais mes compagnons afin de voir comment ils réagissaient envers cette situation. Nilane semblait essayer de fuir Jonas. Bizarre, enfin ce n’était peut être qu’une simple coïncidence. Aussi, Mike travaillait, réfléchissait sur des moyens d’actions avec la foreuse. Il en avait du courage quand même de regarder tous ces plans ! A sa place, j’aurai abandonné et pris une boite entière d’aspirine. Rhoan était retourné comme à son habitude au labo. C'était étrange mais il me semblait mieux, c'est à dire moins fatigué qu'à l'ordinaire. Je terminais par la biosphère où étaient Xorth et Kara.
Un peu plus tard, nous décidions de nous réunir pour parler de notre problème concernant les Nimrodh et le moyen de les guérir. Ce fut Mike qui prit la parole pour exposer sa pensée.
_ Ecoutez, il y a un moyen pour ajouter une fonction à la foreuse. Celle ci pourra alors naviguer sur la lave. Cependant ce sera dangereux. Le mieux serait qu’une et une seule personne y aille.
Tout le monde méditait à ses informations. Nous nous demandions qui envoyer là bas pour une mission de type suicidaire ou kamikaze. Le dicton disait souvent qu’il ne fallait jamais se proposer pour être volontaire. Cependant il fallait bien que quelqu’un se décide. Soudain Janus se leva promptement et droit.
_Moi, je suis volontaire. annonça Janus.
Au moment où il finissait sa phrase, Nilane, Jonas et Mike se levèrent en même temps et crièrent en même temps:
_Pas question. C’est à moi d’y aller.
Je soupirai. Décidément cette réunion tournait mal. J’avais peur qu’ils ne puissent commencer à se disputer. Et puis, qui envoyer? C’était si dur de choisir.
_Continuez ainsi. Au moins, mourir tous les quatre vous mettra d'accord. lança Rhoan.
Je soupirais encore une fois. Cette discussion s'envenimait. devrais gamins. Soudain je remarquai Xorth qui s’agitait. Celui ci toussota un peu pour attirer l’attention vers lui et se leva à son tour.
_Je suis le seul Nimrodh ici et je pense que c’est à moi de choisir qui doit descendre au nom de mon peuple. Je pense que ce doit être Janus.
Tout le monde jeta un regard de surprise à Xorth interrogatifs d’une telle conduite. Pourquoi choisissait t-il Janus et non un autre?
_Merci, Xorth.le remercia Janus.
Sur ce, Janus sortit de la pièce pour s’apprêter. Aussitôt j’en profitai déjà pour demander à Xorth des explications.
_Xorth, pourquoi lui?
_Je l’ai désigné car Janus a un lourd passé sur la conscience. Il a besoin d’accomplir cette mission pour se racheter, répondit Xorth.
J’étais intriguée par le sens de cette révèlation de Xorth. Quel lourd passé pouvait avoir Janus? D’un autre côté, cela ne me regardait pas vraiment. Les blessures du passé sont toujours dures à évoquer. Et puis, il faut laisser le temps au temps.



Franck Rhoan :
Comme d’ordinaire depuis plusieurs mois, je m’activais dans mon laboratoire. Bah et les autres avait, à la suite du balafré, quitté le Magellan. Sans doute pour aller rôtir dans la lave. Sans même une pensée pour eux, je continuais de créer le Remanieur. Et malgré le fait que je m’activais depuis cinq heures du matin, mon rythme ne baissait pas.
Étrange. Je n’ai pas eu de tremblement depuis hier soir.
Intrigué, je m’arrêtais de travailler, et me dirigeais vers le bureau placé dans un coin de la pièce. Trois boite de médicament étaient posées là. Je me saisi d’une, et l’approchais de mon visage pour lire l’étiquette.
Peut-être est-ce ça ?
Mais ce que je lus me parut si obscur que je reposais l’objet en n’ayant rien appris. Toujours songeur, je retournais à mon prototype. Mais lorsque que je m'aperçus que je réglais les matrices énergétiques de travers, je m’arrêtais, et commençais vraiment à réfléchir. Et si, malgré tout, Bah pouvait me sauver, me guérir et me permettre de vivre ?
Imbécile, me réprimandais-je. Vivre, ce serait soit fuir inlassablement, soit pourrir à nouveau en prison à subir la torture. Courir sans cesse , porter une connaissance destructrice continuellement, ce n’est pas vivre.
_ Vivre…murmurais-je. Un chez moi, un travail sain et agréable, une vie saine et dépourvue d’inquiétude du lendemain.
Je fermai les yeux, tentant de visualiser ce que serait une vie de ce genre. Mais même en me forçant, je ne pus l’imaginer. Cela me mit sans que je sache pourquoi dans une rage folle, et dans un mouvement de colère, j’abattit mon poing sur le mur ou j’était adossé, faisant tomber une pile de tôles dans un bruit de tonnerre. Lentement, je me laissai glisser au sol, les yeux dans le vide. Sans que je puisse l’empêcher, une larme émergea de mon œil droit et, centimètre par centimètre, glissa sur ma joue.
Allons, au travail.



Jonas Atrayde :
Nous arrivions tous les sept aux abords de la forêt Nimrodh, un peu plus loin se trouvait l'entrée du labo souterrain. Nilane tenait Kara dans ses bras, elle n'avait pas osé la laisser au vaisseau avec le savant fou dans le parages. Lyliah, Xorth, Mike et moi même nous tenions derrière Janus, silencieux comme la mort. Un homme que je connaissais à peine, qui ne parlait jamais de lui et qui parlait même rarement. Un homme qui nous était tombé dessus et qui avait débarqué dans nos vies si soudainement, ce même homme venait de se porter volontaire pour une mission simple et pourtant extrêmement délicate, en y plaçant sa vie en jeu. En plus, parmi tous les volontaires, dont je faisais parti, il venait d'être désigné par Xorth, pour sauver sa race. Il devait avoir bien changé, depuis qu'il nous avait imposé imposé sa présence, ce Janus, et comme un bon nombre d'autres choses, je ne m'en étais pas rendu compte...
J'avais l'impression, en marchant derrière lui de servir d'escorte à un haut dignitaire, qui allait prendre un grande décision... Ou d'accompagner pour son dernier voyage un condamné à mort jusqu'à son exécution.
Nous arrivâmes tous dans le labo, toujours silencieux. Mike et moi nous occupâmes de charger les communicateur sur la console principale, pendant que Janus se dirigeait déjà vers le hangar de la foreuse.
_ Attendez un peu ! Ça nécessite un minimum de préparation si vous ne voulez pas griller comme une saucisse ! fit Mike sans relever le nez de la console
Tous dirigèrent leur regards vers lui, mais restèrent silencieux. C'est vrai que le moment n'était pas très bien choisi pour faire de l'esprit, d'autant que cette opération pouvait très bien ne pas fonctionner du tout. Si la lave avait envahi toute la grotte notre installation était foutue...
Comme pour essayer de faire descendre un peu la tension qui régnait entre nous tous, Lyliah se dirigea vers Janus, alors qu'il enfilait sa tenue de protection.
_ Janus, vous vous sentez prêt ?
_ Depuis que j'ai dit que je le ferais, répondit il sur le ton le plus neutre possible.
_ Il y a arrivera Lyliah, il y arrivera, enchaîna Xorth
Je relevais la tête pendant que Mike effectuait les derniers réglages.
_ Bon, alors voilà le plan ! Vous allez devoir emprunté un chemin détourné pour vous rendre à la caverne où ce trouve la Pierre, le tunnel qu'on a déjà emprunté est devenu trop instable à cause des secousse d'avant !
_ Vous savez que Janus ne sait pas piloter cet engin, intervint Nilane
_ Je sais, c'est pourquoi Mike et moi allons le guider pas à pas de la descente à la remonté !
_ Tous les communicateurs sont opérationnels ! fit Mike. Comme ça, on pourra rester en contact permanent, même quand vous devrez quitter la foreuse !
_ Elle peut naviguer sur la lave, à présent ?
_ Oui docteur, reprit Mike, en fait cette fonction était déjà intégrée dans la machine mais elle n'avait jamais été utilisée depuis sa mise en service ! On a juste eu un peu de mal à la ...
_ Bon ça va, je descends, qu'on en finisse avec ça !
Il enfila le casque de sa tenue rapidement et s'en alla vers le sas d'ouverture de la foreuse.
_ Bonne chance ! firent Xorth et Lyliah en même temps.
La porte du hangar se referma derrière lui, nous allumâmes à cette instant les écrans de contrôle. Nilane avait lâché Kara et la tenait à présent par la main pour mieux observer les moniteurs. Elle se plaça derrière Mike... Elle m'évitait toujours, comme si j'avais la peste ! Mais quand cette affaire de Pierre sera finie, je lui parlerais... cette fois, tous les autres était présents, elle ne pourrait pas s'enfuir plus longtemps... à moins que là, ce soit moi qui décide de m'enfuir...
Les premiers essais des communicateurs étaient un peu brouillés, mais ils fonctionnaient. Le nouveau chemin que devait emprunter la foreuse était beaucoup plus sûr que l'était ancien à présent, même s'il était plus long. La descente se déroula parfaitement bien jusqu'à ce que la voix de Janus prit un ton un peu moins assuré.
_ A... attendez, il se passe quelque chose de bizarre ?
_ Quoi ?
_ Je ne sais pas, on dirait que la foreuse a moins de mal à creuser, mais j'ai l'impression qu'elle glisse, ou qu'elle est entraînée par quelque chose !
_ Là !
Xorth me fit voir sur un moniteur auxiliaire qui représentait la machine en coupe, que la tête foreuse clignotait d'une lumière rouge.
_ Arrêtez Janus ! Stoppez tout !
Il s'exécuta, mais le moniteur n'arrêta pas de clignoter pour autant.
_ Diagnostic, Mike ?
_ Echauffement, et un gros !
_ Pourquoi, comment ça fait ? On est pas supposé arrivé à la lave tout de suite !
_ Peut être, mais on dirait qu'elle s'est infiltré par des cavités, et le bouclier thermique est pas encore prêt !
_ Regardez Jonas, fit Lilyah derrière moi, la foreuse penche en avant !
_ C'est pas possible, les moteurs sont à l'arrêt ! Janus, vous l'avez bien fait ?
_ Qu'est ce que vous croyez ! Je ne sais pas piloter cet engin mais je suis capable d'appuyer sur un bouton !
_ La roche est plus friable qu'on pensait ! C'est même possible que si on continue de creuser, la machine va tout simplement tomber dans la lave !
_ Alors on annule l'opération ! Janus, remontez, on va trouver un autre chemin !
_ Pas question !
_ C'est un ordre ! Vous entendez !
_ On aura peut être pas une seconde chance, alors je continue !
_ Jonas...
_ QUOI ?!
Je me retournais, et je vis Xorth qui s'était approché de moi, me regardant dans le blanc des yeux. Je sentis également autre chose, plus bas : C'était Kara. Elle s'était accroché à ma jambe et le serrait très fort, pleurant.
_ Arrêtez de crier, M. Jonas, s'il vous plait...
Je ne m'étais pas rendu compte de je m'étais énervé à ce point en si peu de temps... Xorth ne disait rien et continuait à me fixer. Je pus... je pus percevoir ses pensées, il me les envoyaient, au même moment où je ressentais la peur, la peur de Kara. Xorth avait désigné Janus plutôt qu'un autre, ce n'était pas seulement parce qu'il voulait racheter ses fautes, mais bien qu'il sentait qu'il était plus solide que nous tous pour cette mission délicate qui était la dernière. Il fallait continuer.






Chapitre suivant (à paraître)

Chapitre précédent

Retour à la page de garde

Afficher la suite de cette page
 
 



Créer un site
Créer un site