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Chapitre 22 : Une matinée de repos.





Dr Nilane Bah :
La sonnerie du réveil me perce les tympan. J'ai mal aux tempes et tout mon corps est courbaturé. Je n'ai pas assez dormi. Et, pour la première fois depuis huit ans, je ne sens pas en moi cette rage qui me fait lever chaque matin et me battre, me battre, me battre sans jamais faiblir. A la place, un profond désespoir, et l'envie de refermer les yeux et de ne plus jamais, jamais me réveiller.
Je n'ai que ce que je mérite. J'aurais du me méfier d'avantage. J'aurais du.
Ce n'est pas la première fois qu'on m'insulte. Ça fait partie du métier. Ça fait partie du besoin de guérir des patients, ils insultent le chirurgiens, témoins gênants de leur faiblesse. Ce n'est pas non plus la première fois qu'on m'interdit de croire que ma fille va guérir. Mais c'est la première fois que le coup m'atteint. Et qu'il m'atteint là où il faut, en plein coeur.
Jonas Atrayde sait faire la guerre, même avec des mots, il vise juste. Pourquoi ai-je baissé ma garde ? Et surtout, quand l'ai-je baissée ?
J'ai mal, bon sang ! Ce n'est pas possible d'avoir aussi mal, juste à cause de ce pantin, ce lâche, cet imbécile qui a préféré la servilité, la soumission, à son amour et à la vérité. Et pourtant, c'est vrai. Jonas Atrayde a percé ma cuirasse, et ses insultes m'ont labourées l'intérieur. Comme s'il n'était pas juste un simple patient, un membre de l'équipage du Magellan, un ex militaire, un étranger. Comme s'il n'était pas un ennemi, mais un ami. Un ami cher.
Quand ? Quand est-ce que j'ai commencé à changer ? Et pourquoi ? Parce qu'il y avait quelque part, suspendue dans le silence, cette fille, cette Lyse, qui avait l'air de me ressembler ? Ou est-ce que ça a commencé avant, bien avant, lorsque nous nous affrontions encore, comme s'il était vital, pour l'un comme pour l'autre, d'avoir raison...
Bon, ça suffit comme ça. Lève-toi et va travailler !
Je me hisse hors de ma couche avec le sentiment que tout mon corps est devenu effroyablement lourd pendant la nuit. J'essaye de secouer la torpeur, et me dirige vers l'infirmerie. Machinalement, je refais les geste de chaque matin, trie les médicaments pour Kara et me dirige vers l'ascenseur. Mon regard est attiré malgré moi par la porte du fond. Est-ce qu'il a passé la nuit là, comme la dernière fois ? Est-ce qu'il risque d'en sortir avant que les portes de l'ascenseur se referment ? Les deux battants se rejoignent avec un claquement sec dans la cabine. C'est là que nous nous tenions, hier. Rien n'avait encore été dit. On pouvait encore espérer se parler, s'apprendre...
Je serre les dents. Qu'est-ce que je regrette ? C'est lui qui a tout détruit, pas moi. Lui et Rhoan.
Je me dirige d'un pas mal assuré vers la cabine ou j'ai laissé Kara dormir, et y allume la lumière.
_ Debout ma chérie, c'est l'heure de prendre tes médicaments.
Le lit est vide. Elle a du aller jouer quelque part dans le vaisseau.
Je ressort de la chambre et aperçoit Mike qui vient vers moi.
_ Bonjour, Mike, vous avez vu Kara ce matin ?
_ Non, doc, pas ce matin, mais hier soir. Et à ce propos, je voudrais vous parler ? De votre Mistigri.
_ Rhoan ? Qu'est-ce qu'il a fait.
_ Il l'a terrifiée. Il lui a dit que c'était lui qui avait détruit sa ville, ses parents, son bras. Et il l'a dit de manière violente. La pauvre petite s'est enfuie en courant.
_ QUOI ????
_ Comme je vous dit, docteur. Après, il m'a parlé de bien des choses, mais la pauvre petite, elle doit y penser encore.
_ BON SANG !
Mon cri semble avoir tiré du sommeil les autres membres de l'équipage. Ils sortent de leurs cabine, Lyliah, Rhoan, et _il semble qu'il ai regagné les dortoir, cette fois ci_ Atrayde. Je me précipite sur Rhoan et l'attrape par le col.
_ S'il lui est arrivé quelque chose, je vous jure que les séance de torture terrienne et solarienne vous semblerons un doux souvenir à coté de ce que vous subirez !
_ Que se passe-t-il ? me demande Lilyah
_ Kara n'est pas dans sa chambre.
_ Ah oui ? Fait Lilyah.
Elle a manqué le début de la discussion, elle ne peux donc pas savoir ce qui est inquiétant dans le fait que Kara découche. Je me tourne vers Mike.
_ Où est-elle partie ?
_ Je ne sais plus trop, vers la forêt.
La forêt ! Le village de Nimrodh. Elle aura été rejoindre la Soercyé, cette Aelezig !
_ Il faut que je la retrouve. Si elle ne prends pas ses médicaments, les conséquences peuvent être catastrophique.
_ Je vais t'accompagner, alors, dit Lyliah.
Je retourne mon regarde vers Rhoan. Chaque fois que je crois qu'il ne peut plus me détruire d'avantage qu'il ne l'a déjà fait, il me prouve que j'ai tort.
_ Un jour, vous payerez, Rhoan. Vous payerez pour tout ça.
_ Attention, docteur, n'oubliez pas que vous êtes une femme très occupée qui n'a pas à s'encombrer de la vengeance. Et que vous avez besoin de moi.
_ Je vous suggère de vous faire oublier, Mistigri ! Commence Mike.
Mais Atrayde a été plus rapide. Il s'est approché du savant pour le saisir violement par le bras. Je retiens son poing qui se lève déjà, près à frappez.
_ Ne faites pas ça ! C'est vrai qu'on a besoin de lui, pour guérir Kara. Et il n'en vaut pas la peine, de toute façon.
J'essaye de ne pas le regarder dans les yeux, mais ne peux retenir un frémissement au contact de son bras. Je crois que je donnerais tout ce que j'ai en ce moment pour que ce qui a été dit hier soit effacé. Mais c'est trop tard. Et c'est irréparable.
_ On y va, dis-je à Lyliah.
Nous quittons le Magellan en hâte. Le soleil se lève à peine. Nous courons à travers la forêt. Les Nimrodh sont rassemblé sur la grand place, tous ensemble, comme pour attendre notre arrivée.
_ C'est leur salut au soleil, me dit Lilyah. J'ai déjà remarqué ça.
_ Maman !
Je me retourne et voit Kara qui court vers moi. Je m'agenouille et tends les bras. Elle s'y jette et pleure.
_ Ma Kara, pardon, je ne savais pas que tu étais là, je ne savais pas que tu étais triste.
_ Maman, pourquoi tu l'as amené ? C'est lui qui a fait la grande Lumière !
_ Je sais, oui. Je l'ai amené pour qu'il répare ce qu'il a fait.
Ma fille quitte mon étreinte, recule d'un pas et me regarde. Un regard... Un regard attendu, mais dur à recevoir. Pour la première fois, elle doute. Je ferme les yeux et ouvre mon coeur. J'y mets l'espoir que j'ai de la voir grandir et être heureuse. Je veux qu'elle sente que je crois possible que Rhoan répare ce qu'il a fait, que j'y crois vraiment. Elle lit tout cela, et semble s'apaiser, puis elle hausse le sourcil.
_ Toi aussi tu as mal quelque part, maman ? Qui t'a fait du mal ?
_ Ce n'est rien, Kara. Les grande personne ont parfois des soucis qui ne sont pas facile à résoudre, mais rassure-toi, j'irais bientôt mieux.
Derrière Kara, une silhouette de fourrure atterrit souplement et vient la rejoindre. Aelezig. Sans l'avoir jamais rencontrée, je sais que c'est elle. Elle est magnifique. Son regard porte une noblesse et une sagesse que j'ai vu chez peu d'humain.
_ Maman, fait Kara, ravie. Elle m'apprends l'histoire des Nimrodh.
Aelezig pose sur l'épaule de Kara une main protectrice. Je comprends la phrase muette. Mais je n'ai pas envie de m'éloigner.
_ Maman, ne t'en fait pas, je vais mieux. Aelezig s'occupe bien de moi.
_ D'accord, Kara, je te laisse avec elle.
Je la reprends de mes bras et la serre fort.
_ Je t'aime, ma Kara.
_ Moi aussi, maman.
Je glisse dans sa main ses médicaments du matin et m'éloigne. Lilyah me suis, sans mot dire.

Retourner là bas, au magellan. Recommencer mes recherches, sans parvenir à avancer. Penser à lui, parce qu'il sera à coté. Non, je n'arriverais à rien comme ça. Je m'arrête au milieu du chemin.
_ Lilyah..
_ Oui ?
_ Peux-tu me rendre un service ? Un grand service ?
_ Tout ce que tu voudras !
_ Tu sais à peu prends quoi faire avec les malades, prendre leur température, les apaiser quand ils ont mal. Je voudrais te demander de t'occuper d'eux ce matin. Je ne rentre pas au Magellan.
_ Pourquoi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?
_ Quelque chose que je ne fais jamais, mais qui est devenu plus que nécessaire. Prendre une matinée de repos. Marcher, me vider la tête, et voir après si j'arrive à être plus efficace.
Elle semble un peu surprise, mais hoche la tête.
_ Compte sur moi. Je m'occuperai des malades en ton absence.
_ Merci, Lyliah. Merci.
Je la regarde s'éloigner. J'ai du mal à croire à ce que je suis en train faire. Déléguer, faire confiance à quelqu'un, prendre du recul... Tant de chose que je me suis refusée pendant si longtemps.





Jonas Atrayde :
Pourquoi m’avait-elle arrêté ! Pourquoi m’avait-elle touché pour m’arrêter ? J’avais conscience que l’on avait encore besoin de ce savant fou, mais d’après ce que j’avais compris, il avait déjà détruit une ville avec une de ses inventions. Il était donc si intelligent et habile, qu’il aurait bien pu continuer de travailler avec les bras cassés ! Mais sa main à elle, touchant mon bras au travers de ma veste militaire, avait annihilé en un instant toute ma colère.
Je n'avais plus sommeil. Quand elle fut partie, je décidai de retourner au labo pour poursuivre mes recherches. Je lui en voulais, à elle, pour m’avoir empêché de la défendre, et à lui, qui l’avait fait souffrir au travers de sa fille… Comme moi, je l’avais fait.
La défendre ? Mais pourquoi ? Qu’est ce qui me prenait tout à coup de me mettre à la protéger contre les attaques morales alors que je n’avais fait que l’insulter ? Pourquoi ?
En réalité, je savais très bien pourquoi ! Nos disputes régulières, l’un voulant constamment faire mieux que l’autre, dès que l’occasion s’en présentait... Il fallait que je me remette la tête dans mon travail de décryptage, pour ne plus y penser, ne plus penser à elle, ne plus parler d’elle quand elle n’était pas là… Cela ne ferait que retarder l’inévitable. Ça se produirait tôt ou tard, quoi que je fasse…
Je m’installai devant mes écrans, une fois arrivé au labo. Avant de me quitter, Mike m'avait regardé d'un drôle d'air, comme quelqu’un qu’il ne reconnaît plus, comme un étranger. J’avais tant changé, depuis le début ? J’en avais vraiment pas l’impression… Est-ce que c’était mal ?
"Lyse, si tu pouvais encore être là pour m’aider à comprendre tout ce qui arrive…"pensai-je.
Je reconnaissais les lignes de codages que j’avais en face de moi, je les avais déjà vu avant sur la carte. Le cryptage fonctionnait par un système complexe de circonvolutions entrelacées. Au fur et à mesure que j’approchais de la fin, je voyais de plus en plus de codes se répéter ainsi… je touchais au but, j’allais enfin savoir ce que cachait ce labo. Ils allaient me remercier, tous autant qu’ils étaient ! Et Nilane… Je ne savais pas. Je ne pouvais définitivement plus effacer sa trace laissée dans ma tête, c’était trop tard.


Dr Nilane Bah :
Plus de cri, enfin. Plus de gémissement. Plus de reproche, plus d'attaque. Je suis seule, au milieu d'arbres millénaires, qui ne me veulent aucun mal, acceptant avec indifférence mon évolution sous leur ramure. Pas d'autres voix à écouter que la sève qui bat dans leurs tronc, et mon coeur dans ma poitrine. J'inspire à fond, guettant dans l'air quelque chose. Une invisible fraicheur, derrière la brise. C'est par là. Oui, au delà de cette colline.
L'eau. L'eau jaillie du fond de la terre, sans trace humaine dans sa limpidité. La véritable eau. Elle m'a manquée.
C'est un petit lac au milieu de roches, là où les arbres de la forêt commencent à s'éclaircir. Une cascade y coule, et le soleil du matin y allume des feu. J'avais bien besoin de le trouver.
Je m'avance jusqu'au bord et retire mes vêtements, tous mes vêtements. La brise qui souffle me fait frissonner. Je plonge un pied dans l'eau, puis l'autre. Le froid me mord. Malgré moi un sourire se forme sur mes lèvres. Je ferme les yeux et me laisse tomber en avant, la tête la première, vers l'ombre, vers la vase, vers le fond de l'eau. Je laisse les ondes glisser le long de mon corps et brasse vigoureusement, pour avancer plus vite. Ce trou d'eau n'en avait pas l'air, mais il est profond. Je brasse, je brasse, à la recherche de la fin, du bas, du sol.
Un sol de pierre, je le caresse, puis frappe le sol d'un coup vigoureux, pour remonter à la surface.
L'air entre dans mes poumons, je le bois à grandes goulées, et rejoint la rive.
Près de la cascade, sur une pierre, une petite fille m'observe. Elle a l'âge de Kara, mais elle est très différente. D'allure athlétique, avec des grands yeux sombre et froid, un petit visage ovale qui promet de devenir beau quand elle grandira, de long cheveux tressés, et une peau noire comme l'onyx.
_ Bonjour, Nilane, me fait-elle.
_ Bonjour, Nilane, réponds-je à la petite fille que j'ai été.
Je me hisse sur la rive et m'y allonge. Je laisse mes muscles s'abandonner au repos.
_ Tu es fatiguée, me dit mon moi enfant.
_ J'ai beaucoup travaillé, c'est normal. Mais toi, tu as l'air triste.
La fillette serre les poings.
_ Pourquoi P'pa m'a vendue au japonnais ? J'aurais pu rester avec eux. Je le déteste ! Je le déteste !
_ Bien sûr que non, tu ne le déteste pas, et tu le sais très bien. Tu vas regretter jusqu'à la fin de ta vie de lui avoir craché dessus au moment où il est venu te dire au revoir.
_ J'aurais du faire attention. Il fallait pas qu'il voit que j'étais plus intelligente, et plus forte que les autres enfants de mon âge. Je serais restée avec eux. J'aurais pu être là pour mon petit frère.
Je soupire. Je me suis fait ce discours tant de fois, déjà.
_ On était pauvre. On avait pas assez d'argent pour nourrir tout le monde. De toute façon, tu ne seras pas malheureuse au japon. Tu vas y rencontrer le docteur Agasa.
Le visage de l'enfant s'éclaire d'une nouvelle lueur.
_ Le docteur Agasa ! C'est le seul qui ai été gentil, avec moi !
_ Oui, tu vois. De toute façon, on ne change pas le passé. On vit avec.
Je ferme les yeux.
_ Tu devrais lui parler, me dit la Nilane d'autrefois.
_ C'est trop tard. Et puis de toute façon, à quoi ça servirait ? Je n'existe pas, pour lui. La seule femme qu'il aime, et qu'il aimera jamais, c'est Lyse.
_ Elle est morte.
_ Justement. On ne lutte pas contre une morte. De toute façon, je n'ai pas le temps. J'ai Kara, j'ai mon métier. Je n'ai plus de place pour qui que ce soit.
_ Je sais. Tu n'a plus de place pour moi.
Cette vérité me heurte.
_ Tu n'as plus de place pour moi, Nilane. Tu me méprises parce que je n'ai pas été capable de résister, quand les japonais sont venus m'enlever à ma maison. Tu voudrais te débarasser de mon souvenir. C'est bien pour ça que tu ne sais pas être une mère avec Kara, ou que tu ne sais pas demander de l'aide. Tu me méprises.
_ Non ! M'écrie-je. Non ! Je ne te méprise pas. Je sais que tu étais une petite fille pleine de talents, et que tu aimais ta famille comme personne. Je ne t'en veux pas d'avoir souffert.
_ Alors accepte-moi ! Accepte moi enfin ! Laisse une place dans ta vie pour moi.
La petite fille pleure. Un élan d'amour pour elle me déborde.
_ Pardonne moi, Nilane, dis-je. Pardonne moi d'avoir voulu t'étouffer tout ce temps. Je t'écouterais, désormais. Et je veillerais sur toi comme personne ne l'a jamais fait.
Je referme mes mains autour de mon ombre, pour mieux la garder. Et je vois. Je vois une pierre noire, dans mes mains. Une pierre. Mon ombre...
C'est ça ! C'est exactement ça !!
L'évidence me réveille, et je rouvre les yeux. Je suis allongée sur la rive froide. D'après la position du soleil, j'ai dormi longtemps.
_ C'est ça ! M'écrie-je toute seule au milieu du lac désert. Le remède pour les Nimrodh, c'est exactement ça !
Non, pas de conclusion hâtive. Ce n'est qu'une idée qui vient de se former en moi.

Jonas Atrayde :
Depuis vingt minutes, j’étais sur ce fauteuil. Enfoncé dans mon dossier, les pieds sur le clavier. J’avais terminé toutes mes recherches, j’avais même revérifié plusieurs fois le contenu de la carte, puis j’avais tout transféré dans la mémoire centrale du Magellan, dans un dossier dont j’étais seul à connaître la manière d’y accéder. Ma cigarette était arrivée à son terme, je la jetai sur le côté et en rallumai une autre aussitôt. Depuis que j’avais quitté Oblivion, les événements s'étaient enchaînés, et j'en avais fini par oublier d'ouvrir mon paquet. Tout avait changé, à partir de l'instant où elle m'avait donné cette gifle. Je m'étais mis à fumer au même rythme qu'avant. Quand j’y songeais, j’avais vraiment très peu de volonté. Mes soucis n'arrangeaient vraiment pas les choses... Ces sentiments ambigus que j’éprouvais lorsque je pensais à Nilane... Parmi tous les changements brutaux que j’avais subit ces derniers jours, je me serais vraiment passé de celui-ci…
Mais de toute façon, c’était comme si ça s’était déjà produit, j’allais oublier Lyse, et tout le reste… Je ne voulais pas la laisser s’en aller de ma mémoire ! J’aurais voulu la garder pour toujours avec moi ! J’étais très bien comme ça depuis des années !
Et arrivait cette Nilane qui venait tout bouleverser dans ma vie. Elle était arrivée comme un cyclone dans mon existence. Mon existence... Une existence morne mais qui me satisfaisait ! C’est vrai, ce n’était pas de sa faute, mais le mal était fait. Parce que pour le moment, cela ne ferait de bien à aucun de nous, que j'éprouve des sentiments si contradictoires, surtout envers quelqu'un que je haïssais encore récemment.
La porte s’ouvrit soudain, me faisant presque basculer de mon siège, mais je réussis à garder ma position. Décidément, dès que je me mettais à penser à elle, elle arrivait toujours.
_ Jonas ! J’ai trouvé ! J’ai enfin trouvé ! cria t elle
_ Vous avez trouvé quoi ?
_ Le remède pour les Nimrodh ! Je l’ai trouvé !
Je me mis dans une position plus correcte pour l’écouter. Enfin, cette histoire allait avancer ! Enfin, j’espérais.
_ Dites moi ça !
_ La pierre que Xorth a ramené émet un rayonnement étrange. Ca n’affecte pas les humains, mais seulement les Nimrodhs ! Ce rayonnement sert à faire rejeter par leur organisme, une substance qui y est contenue. Vous me suivez ?
_ Pour l’instant oui !
_ Bref, ce rejet de la substance provoque à la longue la dégradation des cellules Nimrodhs et elles finissent par mourir !
_ Un peu comme un cancer ? intérompais je
_ C’est ça. Sauf que cette maladie est à l’échelle planétaire !
_ Et votre remède ? dis je en soufflant une bouchée de fumée
_ Je pourrais modifier la structure de la pierre pour inverser les effets du rayonnement qu’elle provoque !
_ Vous POURRIEZ ?
Je la sentis un peu désorientée, face à cette répétition.
_ Je PEUX le faire, mais il faudrait que nous trouvions un moyen pour répandre son effet à travers toute la planète…
_ J’ai quelque chose à ce sujet qui devrait vous intéresser ! Regardez !
Elle s’approcha timidement de mes écrans, je repris ma position face au clavier.
_ Regardez ! répétai je. C’est le plan du labo que Janus et moi avons un peu exploré !
Je passais à une autre image qui montrait une de son étrange pierre sous toutes ses coutures.
_ Ce labo servait à l’étude, mais aussi l’amélioration du rayonnement dont vous venez de me parler ! Je n’avais pas tout compris jusqu’à maintenant !
_ Vous savez combien de pierres noires les Solariens de l’époque étudiaient ?
_ Ca, ça risque d’être très difficile ! Ces pierres ne sont qu’une toute petite partie d’une chose beaucoup plus grande !
J’affichais une autre image, montrant grossièrement un bloc d’un ½ kilomètre de diamètre à basse échelle. Un bloc noire et lisse sur le quel était disposé des 10ènes de machines aux fonctions qui n’étaient pas indiqués sur la carte.
_ Voilà la VRAIE pierre, de laquelle viennent toutes les autres .
_ Attendez, l’image est floue, mais elle est teintée de rouge ! Et je vois comme une rivière bizarre qui coule au 1er plan… De la lave en fusion ?
_ C’est exactement ça ! Les pierres tombent automatiquement dans la lave, et sont véhiculés à travers toute la planète par un réseau tout à fait naturel !
_ Vous avez appris, de quoi le bloc principal est composé ?
Elle m’avait un peu surpris. Quand je me tournais pour lui répondre, je sursautai. Elle s'était approché tout près de ma tête, dans mon dos. C'est tout juste si je n'avais pas effleuré la peau de son visage. J’ai eu plus peur à ce moment qu'au moment ou je m'était écrasé avec mon vaisseau, il y avait maintenant des mois… Ça semblait vraiment inévitable…
_ Je… non ! La… la structure de la Pierre Principale fait partie des archives qui étaient trop endommagés pour être extraites ! Mais d’après ce que j’ai compris, les petites pierres, une fois au contact du magma changent totalement de composition !
_ Alors il va falloir aussi que l’on sache de quoi est faite la Pierre Principale pour savoir comment en inverser les effets !
Elle fit une pause, elle se mit à réfléchir derrière mon dos.
_ Mais attendez ! Le labo n’est qu’à quelque mètre sous terre, et la Pierre doit sûrement être au moins à 5, voir 6 kilomètres ! Vous avez trouvé un moyen d’y aller ?
_ Regardez ça ! Étrangement, c’était le dossier le mieux protégé !
L’image affichée était celle d’un énorme engin en coupe.
_ Qu’est ce que c’est ? demanda t elle
_ Une foreuse ! J’en avais déjà vu pendant mes instructions, mais le modèle a été très amélioré depuis, en même temps… Bref, c’est un très vieux modèle, mais heureusement, les rudiments de pilotage étaient dans la carte ! Je devrais pouvoir le faire fonctionner.
_ S’il marche encore après 800 ans !
Je me levais, pour sortir de la salle. J’étais dans une phase délicate… Sa présence, sa présence commençait à me mettre mal à l’aise.
_ Elle marchera, ne vous en faites pas !
Je récupérai la carte au passage.
_ Elle va nous servir pour accéder aux parties importantes du labo ! Je vous retrouve à la salle des commandes !
_ Jonas !
"M**** !" pensais je.
_ Oui ? dis-je tout haut.
_ De quoi avez-vous peur ?
_ Pardon ?
_ Vous me donnez toutes ses informations, et vous vous enfuyez comme un voleur ! Qu’est ce qui vous tracasse ?
_ Rien de spécial…
_ Jonas, ça ne fait que quelque temps que je vous connais, mais je sais voir quand quelque chose ne va pas !
_ Oui, parce que vous êtes médecin ! Vous savez à chaque fois…
_ Parce que je... je
_ Vous quoi ?
Elle hésita, je la voyais trembloter, puis elle dit finalement :
_ Rien, oubliez ce que je viens de dire !
Elle venait pas parler sur un ton plus dur qu'il y avait quelques instants. Elle était inquiète, oui, ça se voyait. Mais elle était aussi inquiète pour elle, ça se voyait aussi. Je ne savais pas quoi penser, alors je préférais ne pas penser du tout.
_ Je vais prévenir les autres !
Puis, je sortis de la salle, la laissant seule. Je sentais qu'elle m'en voulait encore... En sortant, j'étais tout aussi mal à l'aise... Je n'avais peut être que ce que je méritais.






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