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Chapitre 13 : L'amitié pour bracelet.




Vamy Lilyah
Après avoir quitté la biosphère, j'avais conseillé à Kara d'aller se coucher. Il commençait à être tard et elle risquait d'être trop fatiguée le lendemain.
Je rentrai dans ma cabine et l'allongeai sur mon lit. Machinalement, je mis mes bras en croix sous ma tête comme à mon habitude. Je réfléchissais à ce que j'avais dit à Xorth.
_ Lilyah, pas mentir? Vous aider Nimrodh ? fit Xorth bredouillant.
Je le regardais. J'hésitais à prononcer ces mots mais cela pouvait définitivement le rassurer. Je pris une inspiration profonde:
_ Je te le promets, Xorth,.fis-je.

Ce que j'avais dit à Xorth pour le rassurer, c'était un engagement, une promesse, un serment. Je venais d'engager la responsabilité que nous sauvions le peuple de Xorth alors que nous ignorions tout du mal qui les frappait. J'ignorais même si les compétences de Nilane seraient suffisantes.
A cette pensée s'ajoutait un doute. Je repensais aux médecins. Je ne les aimais guère. Pas depuis qui s'était passé quand j'étais petite. Si cet imbécile en blouse blanche n'avait pas refusé de la soigner, je n'aurai pas été dans ce maudit orphelinat.
Le doute m'assaillait. Est ce que Nilane soignerait le peuple de Xorth? Elle semblait dévouée à soigner les maladies, comme ma jambe au début, la perte de conscience de Jonas ou à surveiller l'état de santé de Kara (bien que le dernier cas soit normal. Une mère est généralement attentive vis à vis de son enfant).
Au fond de moi, j'avais honte un peu de douter de Nilane. Elle m'avait hébergé et soigné. Sans elle, Jonas m'aurait peut être tué. Cependant une autre partie de moi s'éveilla. La rancune envers les médecins commençait à refaire surface. Pourtant elle faisait beaucoup moi ainsi que les autres. Mais quelque chose en moi doutait. Je ne pouvais pas oublier ce sentiment de doute.
Je souhaitais me tromper. Je décidais d'aller la voir quand je pourrais. En attendant, je devais dormir un peu. Demain serait un autre jour comme disait le dicton. Enfin si j'arrivais à fermer l'œil.

Xorth
Une fois sur ma petite plate-forme, je me dirigea vers ma couche – Un simple amas de feuilles – et m’y étendis. En peu de temps, je me retrouvai au royaume de Ghairt, la déesse des songes.
Les paroles de la soercay et de Lilyah m’avaient fait réfléchir. J’avais appris que mon espèce n’était que le résultat d’une expérience visant à purifier l’air de ma planète. Cela avait ébranlé tout ce en quoi je croyais : Les Dieux – ou humains comme il se faisaient appeler – ne nous avaient pas créé par amour et par bonté comme je le pensai mais par besoin et par égoïsme. Cela ne pouvait être vrai ! Puis Lilyah m’avait assuré que les personnes ici présentes ne me considéraient pas comme un vulgaire objet, mais comme un être vivant à part entière. Cela m’avait un peu rassuré. Ensuite, elle m’avait promis qu’on allait tout faire pour aider les miens à combattre le mal étrange qui était apparu.
Cette étrange maladie… Personne n’avait compris au début ce qui se passait : Certain s’endormaient le soir, l’air serins et en pleine forme… pour ne jamais se réveiller. Ryth avait été le premier touché. Il était si jeune… Trop jeune pour mourir comme cela ! Puis ce fut le tour de Karthéa, mon amie d’enfance… Les souvenirs remontèrent… Certains heureux, d’autres douloureux…
J’ouvris les yeux. Il faisait grand jour, du moins c’est ce que le « faux ciel » montrait. Kara avait essayé de m’expliquer. Pour que les arbres et les autres plantes se développent, il avait fallu créer un ciel artificiel, ho-lo-gram-me m’avait-elle dit.
Je descendis de mon perchoir et pris l’ascenseur – étrangement, je savais naturellement ce que c’était et comment m’en servir – et dit :
_ Deuxième étage
Plus rien ne m’étonnait maintenant. Kara m’avait expliqué que l’on « volait » jusque chez moi. Alors un ascenseur…
Les portes s’ouvrirent et alors que je sortais, je percutai… la soercay.
_ Ah Xorth, dit-elle, je te cherchais.
Je compris ce qu’elle avait dit aussi clairement que si elle avait parlé dans ma langue natal. Sans me laisser le temps de répondre, elle continua :
_ J’aurais besoin que tu viennes avec moi à l’infirmerie.
_ Pourquoi, je suis en pleine forme, répondis-je.
J’avais parlé dans sa langue, machinalement. Mais elle ne l’avait apparemment pas remarqué.
_ Je le sais Xorth, répondit-elle. Mais je viens de quitter Jonas et puisque je suis encore debout, j’aimerai te faire quelques examens par sécurité.
_ D’accord, je vous suis, répliquais-je
Vu qu’elle continuait à marcher, je la suivis sans protester dans l’ascenseur.
_ Premier étage, dit-elle.
Quelques vibrations, puis l’ouverture des portes. A peine fut-elle sorti qu’elle s’arrêta subitement et se tourna vers moi, me dévisageant du regard.
_ Xorth, je n’ai pas rêvé ? Tu viens bien de parler dans notre langue ?
J’hésitai quelques instant puis, j’acquiesça d’un mouvement de la tête.
_ Je crois que oui, lui répondis-je
_ Mais… Mais… Kara n’est pas avec toi ?
_ J’allais la voir quand on s’est rencontré.
Elle se figea. Je vis quelque chose tomber de ses yeux… Elle pleurait.
_ Soercay, ça ne va pas ? J’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? dis-je paniqué.
Elle se jeta sur moi et tout en me prenant dans ses bras, me répondit :
_ Non Xorth, je pleure car je suis heureuse ! C’est merveilleux ! Mais… Comment cela est-il possible ?
Je ne savais pas quoi dire. Son attitude m’avait prit au dépourvu. Quant à sa question, même si je l’avais comprise, je n'aurai su y répondre.
_ En fait, je n’en ai pas la moindre idée. Mais il ne fallait pas aller à l’infirmerie ? demandais-je.
Elle me lâcha et me regarda dans les yeux.
_ Oui, et maintenant que l’on se comprend, ça sera beaucoup plus facile.
Et sans perdre une seconde, nous nous dirigeâmes ensemble vers l’infirmerie.
Une fois arrivé, mon regard se porta sur la personne allongée près de l’entrée. Il s’agissait du mauvais Dieu, Jonas.
_ Il va bien ? demandais-je.
_ On a du lui extraire un appareil du cerveau qui lui imposait un mode de pensé rasciste envers les terriens et qui lui bloquait l’accès à certains de ses souvenirs, me répondit-elle.
Court silence…
_ Tu n’as rien compris à ce que je viens de dire n’est ce pas, Xorth.
_ Non en effet.
_ Suis-je bête ! Tu comprends peut être notre langue mais il y a certaines choses que tu ne peut pas assimiler, même avec la barrière de la langue en moins !
_ En effet.
Elle se dirigea vers un coin de la pièce et me fit signe de la suivre.
_ Si tu veux bien t’allonger sur cette couchette, je vais pouvoir commencer.
Je m’allongeai docilement. Elle me m’accrocha alors un petit boitier au poignet auquel étaient attaché plusieurs fils dont elle m’appliqua les extrémités sur le torse, la tête et mes bras. Curieux, je lui demandai :
_ Qu’est-ce que c’est ? demandais-je. Je vous ai vu installer le même boitier sur Kara avant le rituel de transfert télépathique.
_Cet appareil sert à surveiller plusieurs fonctions vitales et enregistre les résultats, me répondit-elle.
_ Je ne me rappelle pas que Kara avait autant de fils, remarquais-je
_ Je ne surveillais que son rythme cardiaque, m’expliqua-t-elle.
_ Son rythme cardiaque ?
_ Son cœur !
_ Ah ! Et que surveillez-vous chez moi ?
Elle fit un petit sourire.
_ Tu as le droit à la totale Xorth ! me répondit-elle. Je surveille tout ce que je peux !
_ Pourquoi ?
_ Et bien, si je dois m’occuper de la maladie qui ravage les tiens, je dois en apprendre le plus possible sur toi.
_ Je comprends.
Après avoir connecté tous les fils au boitier elle m’annonça :
_ Ca va prendre un peu de temps.
Elle se tourna quelques secondes puis me refis de nouveau face, une aiguille à la main.
_ Qu’est ce que c’est ? demandais-je, légèrement paniqué.
_ C’est une seringue, me dit-elle, elle va me servir à récupérer un peu de ton sang.
Et joignant le geste à la parole elle approcha la seringue de mon bras et écarta les poils, cherchant manifestement quelque chose. Je n’eu pas le temps de lui demander quoi car elle poussa un petit cri « Je t’ai trouvé ! » puis planta l’aiguille dans mon bras. La seringue se remplit alors d’un liquide violet sombre : Mon sang.
_ Sinon, comment ça va Xorth ?
_ Heu… Bien ! Pourquoi cette question ?
_ Je sais que tu as été profondément perturbé quand nous t’avons appris tes origines.
Je me remémorai les évènements de la veille. En particulier le moment où la Soercay avait annoncé que je n’étais que le produit d’une expérience.
_ Je ne sais pas trop quoi penser à ce sujet pour le moment, dis-je. Vous savez, ce que vous avez dit contredit tout ce en quoi je croyais jusqu’à maintenant !
_ Je comprends, il vaudrait peut-être mieux en reparler plus tard.
_ Oui, j’ai besoin d’un peu de temps pour faire le point.
_ C’est normal.
Un petit bip se fit entendre.
_ Ah ! L’appareil a finit !
_ J’espère que ça vous aidera à soigner mon peuple !
Elle ne répondit pas.
_ Soercay ?
Elle arrêta de fixer l’appareil et me regarda.
_ Je crois que je vais devoir te faire des examens plus poussés Xorth.

Mike Libane
Encore un réveil douloureux, encore un matin. Depuis que j’étais embarqué dans cette aventure, je commençais sérieusement à redouter les réveils. Et cette fois-ci, je me vis avec un bras droit dans le plâtre. Des souvenirs entourant un évanouissement défila encore dans ma tête.
Une bataille. Des explosions. Une douleur dans le bras. Un moment de noir. Et un visage.
Et ce visage là, je l’avais déjà vu, juste avant de m’évanouir une autre fois. Un visage avec une cicatrice près de l’œil.
_ Le balafré, dis-je en sortant de ma chambre.
Dans le couloir, je me demandais où il pourrait être, quand l’idée de l’armurerie me vint à l’esprit.
Au rez-de-chaussée, j’entendis des bruits de déflagrations qui confirmèrent mon hypothèse. J’entrais dans l’armurerie, puis me dirigeais vers la salle de tir à droite. Là, je le vis de dos, en train de tirer avec un pistolet laser calibre 22. Les cibles, excepté celle qui était en ce moment utilisés, semblaient poussiéreuses. Encore un laisser-aller flagrant du vaisseau.
_ Tu es déjà remis ? dit le balafré de dos en train de recharger son arme.
_ Oui, a propos merci de m’avoir sauvé, répondis-je.
Il ne répondit pas tout de suite, se concentrant sur sa cible. Après une salve de tir, il répondit enfin :
_ Je n’ai fait que te donner les premiers soins, c’est pas comme si je t’avais soigné de la sclérose spatial.
_ Ben, ça à du être quand même suffisant pour m’aider. Sinon, je croyais que t’était un solitaire, un misanthrope, alors pourquoi tu m’as sauvé ?
_ Je ne suis pas doué en mécanique. Et je ne pense pas que ni une bestiole, ni une enfant, ni une médecin, ni une intellectuelle et ni un pilote stupide saurait réparé ce tas de ferraille si il tombait en panne, et je ne fais pas confiance au savant fou. Il serait capable de nous faire exploser pour nous énerver.
_ Ben, au moins, dis-je en rigolant, ça montre que j’ai de la valeur à tes yeux.
Il fut un peu décontenancé par ma réplique, mais ce reprit vite et fit un vague « mouais ».
Une autre série de tir, puis un moment de silence le temps qu’il recharge. J’eus une vague envie de compétition, et pris un fusil laser qui était pendu sur le mur.
_ Tu crois, fit-il, que tu sauras viser avec ta patte dans le plâtre ?
_ Ben, fis-je en me positionnant, c’est pas parce qu’on a un problème physique…
BLAM
…ou morale…
BLAM
…qu’on ne sait…
BLAM
…pas faire des choses…
BLAM
…bien faites.
BLAM BLAM BLAM BLAM
Je reposais le flingue sur la palette au mur, et ramenais la cible avec 7 trous parfaitement en cercle sur le point jaune et un trou en plein milieu.
_ Comme pour se faire des amis, dis-je en tapotant l’épaule du balafré et en partant de la salle.

Franck Rhoan
Je ferais mieux de faire des analyses.
J’étais dans le laboratoire, assis, un café à la main. Après avoir adapté mon générateur à plasma au Magellan – activant les boucliers et tous les système au maximum pour éviter un dangereux trop plein de puissance – j’étais retourné au laboratoire pour continuer mon projet. Mais là, je faisais une pause, due principalement à une fatigue inexplicable et à un sentiment non moins inexplicable que la plupart des gens appellent remord.
Il faut que je sache.
Je me levai, calmement, et sortis du laboratoire. D’un pas lent, je traversai le couloir vers le laboratoire d’analyse. J’entrouvrit légèrement la porte, et la refermai aussitôt en marmonnant un juron. Bah était là, en train d’examiner l’extra-terrestre.
Hors de question de montrer ma faiblesse à qui que ce soit.
Alors que je m’apprêtais à faire demi tour, la chance me sourit.
_ Venez Xorth, lança Bah Je dois faire une prise de sang à Kara.
J’eu un sourire ironique.
Me voilà chanceux maintenant.
Je m’écartais de quelques mètres de la sortie du labo, et les regardais passer en silence. Puis j’entrais, et fermai la porte derrière moi. Hésitant quand même quelques peu, je m’approchais de ce qui m’apparut comme étant un scanner complet. J’ôtai ma blouse, et me mit torse nu. J’observais un peu la machine, histoire de comprendre son fonctionnement, puis la programmait, et m’allongeait sur la table du scanner. Les yeux fermés, je sentis le rayon du scanner passer sur mon torse et ma tête. Lorsque le rayon s’éteignit, je me relevait, remit mes vêtements, et l’approchais de l’écran pour voir le résultat. Une seule anomalie était détectée. « Faiblesse anormale de l’organisme ».
Mais que m’arrive t’il ? Pourquoi suis-je aussi faible ?
Il y avait un bon moyen de le savoir : demander à Bah. Mais je rejetai toute nette cette option. Ne prenant pas la peine d’éteindre la machine, je sortit rapidement, et retournait m’enfermer dans mon laboratoire, où je repris mon travail.
_ Ce n’est pas quelques fatigue passagère qui vont m’handicaper ! Dis-je avec colère, me mentant à moi-même.

Dr Nilane Bah
_ Kara ? Ma Kara ?
Encore une fois, j'ai fini par la retrouver, bien cachée dans la soute d'un des vaisseau, et toute endormie. Je l'embrasse pour la réveiller. Je trépigne en moi-même. Pourvu qu'elle ne le sente pas.
_ Ma petite fille ?
Elle ouvre des yeux tout ensommeillés.
_ Oh, maman, c'était si beau, il y avait tout plein de Xorth qui venaient me parler !
_ Tu entends les amis de Xorth dans ta tête ?
_ Oui. Ils sont si gentils. On va les aider, hein, maman ?
_ Bien sûr, ma Kara. Nous allons les aider. Dis-moi, veux-tu bien me tendre ton petit bras ? Je dois te faire une prise de sang, pour vérifier quelque chose.
Ma fille m'obéis, et relève sa manche. J'y pose mon appareil. L'analyse comparative se fait instantanément. Les résultats s'affichent avec une lenteur exaspérante. Les enzymes que j'ai trouvé dans le sang de Xorth sont maintenant présente dans le sang de Kara. Et leur effet...
Bon sang ! Une telle découverte après cette nuit de cauchemar !
J'ai envie de hurler. Je me retiens.
_ C'est incroyable, Xorth, tu es... Une créature merveilleuse.
_ Quelque chose ne va pas, soercyé ?
_ Oh non, tout va bien. Mais les hommes n'ont pas pu t'apporter ça. C'est ta race toute seule qui, en évoluant au fil des siècles, est devenu ce... Chef d'oeuvre biologique !
J'ai envie de rire, de rire aux éclats. Et puis de pleurer, une bonne fois pour toute, pour me calmer. Je me contente de sourire, et respire pour rester calme.
_ Tu es bizarre, Maman, me dis ma fille.
_ Je vais essayer de vous expliquer ce que mon appareil vient de me dire, mais ça risque d'être dur à comprendre, alors, Xorth, n'hésite pas à poser des questions.
_ Je vous écoute, soercyé !
_ Quand ta race a été créée, vous n'aviez pas ce... Don. Ce pouvoir de parler par l'esprit. C'est une chose que vous avez appris à faire au court des siècles. J'ai fait une photo, tout à l'heure, de l'intérieur de ton crâne, et j'ai pu voir qu'il y avait une... Glande. Comment je pourrais t'expliquer ça ? Enfin, il y a quelque chose, à l'intérieur de ta tête qui te donne ce pouvoir. Mais cette chose peut servir aussi à plein d'autre activité. Elle envoie dans ton sang des substances, par exemple, qui te permettent de cicatriser plus facilement qu'un humain. Tu me comprends ?
L'homme chat regarde Kara, puis hoche la tête.
_ Pour l'instant, je crois que je saisi l'essentiel. Mais pourquoi avez vous eu besoin de regarder dans le sang de Kara ?
Je regarde ma fille, qui, assise sur ses talons, nous observent en nous écoutant de toutes ses oreilles.
_ Ma puce, tu veux bien nous attendre une minute ? lui dis-je.
J'entraîne Xorth à part, hors de portée de voix.
_ Que se passe-t-il, soercyé ? Pourquoi nous éloignons nous ?
_ Je ne veux pas que Kara entende ce que je vais te dire.
Je me penche vers lui et murmure.
_ Kara est très, très malade. Tu l'avais compris ?
_ Non. Elle me semblait...
_ Je m'efforce de la soigner comme je peux pour qu'elle continue à avoir une vie normale, mais son corps est malade à l'intérieur. Pour augmenter son pouvoir télépathique, tu as mélangé tout sang au sien. Ca l'as beaucoup fatiguée, mais maintenant, elle va mieux qu'avant. Parce qu'en lui donnant un peu de ton sang, tu lui a aussi donner cette substance qui te permet de cicatriser vite. Tu l’as rendue plus forte. Tu comprends ?
_ J'ai fait ça, moi ?
_ Oui. Tu l'a peut-être même sauvée. Tu te souviens de Rhoan ? Il ne sort presque jamais du laboratoire. Il a les cheveux blancs. Tu vois qui c'est ?
_ Oui.
_ Il doit construire un appareil pour la guérir. Mais il va mettre du temps à la construire, et je ne savais pas si elle pourrait vivre assez longtemps. Grâce à toi, maintenant, je sais qu'elle tiendra le temps qu'il faut.
_ C'est... C'est vrai ? Grâce à moi ?
_ Oui. Pour moi, ton existence est un miracle, Xorth.
Et n'y tenant plus, je l'attrape par le coup, et le serre contre moi, de toute mes force.
_ Merci, merci, merci... Merci d'exister ! Merci d'être venu à nous ! Nous ne méritons pas d'être les parents d'une si belle race. Vous êtes devenus de pures merveilles, malgré nous !
_ Soercyé, soercyé s'il vous plait, ne pleurez pas !
_ Ce n'est rien, Xorth. Je suis contente. Vraiment contente ! Je jure que je sauverais ta race dusse je y laisser la dernière goutte de mon sang !
_ Soercyé, votre fille nous regarde.
Je me calme et m'éloigne, mais mon sourire ne s'est pas effacé. Je rayonne. Je suis heureuse, heureuse.
_ Cette chose que tu as dans la tête, Xorth, si tu développais son pouvoir, peut-être que ton corps deviendrait assez fort pour lutter contre la maladie qui ronge ta race. Evidement, cela développerai aussi ton pouvoir télépathique, et ça, je ne sais pas quelles sont les conséquence. Mais je tiens peut-être là un remède pour les tiens. Je ne peux pas en être sûre avant de les avoir vu, bien sûr. Enfin, l'important, c'est que je puisse peut-être les sauver.
_ Vous arriveriez à développer mon pouvoir, Soercyé ?
_ Je ne sais pas Xorth. Je ne sais pas ce que je peux faire sans mettre ta santé en danger. Il faudra que je réfléchisse avant de me lancer dans une expérience. Et pas aujourd'hui. Je n'ai pas dormi depuis 36 heures.
_ Je crois que vous devriez dormir, soercyé.
_ Je crois que tu as raison, Xorth. Mais encore une fois, merci, merci, merci. Merci pour elle. Merci vraiment pour elle.
Il ne sourit pas, car les chats ne savent pas sourire, mais ses yeux brillent d'un éclat apaisant.
Je retourne à Kara.
_ J'ai eu une dure nuit, ma chérie. J'ai du soigner Jonas. Maintenant, je vais aller me reposer. Tu restes avec Xorth, n'est-ce pas ?
_ Oui, maman ! Ne t'inquiète pas, on va bien s'amuser.
Je l'embrasse, et la serre très fort dans mes bras. Il faut que je me calme, je ne suis pas loin de me remettre à pleurer.
C'est pourtant vrai que je suis épuisée.
Pas épuisée, vidée, cassée, lessivée. J'ai donné tout ce que je pouvais, et même d'avantage. Je suis à bout. Vraiment à bout. Il faut que je dorme. Mais d'abord, j'ai une dernière chose à faire.
Je descends à l'étage des cabines. Lilyah est dans la sienne, en train de lire.
_ Bonjour, Lilyah.
_ Bonjour, Nilane. Comment va le militaire ?
_ Hum, physiquement il s'en remettra. Moralement, je ne sais pas. Ne le cherchez pas trop, ces temps ci. Il est en état de choc. Certains souvenirs qu'on lui avait effacé lui sont brusquement revenu, et ce ne sont pas des bons souvenirs.
_ Vous n'allez quand même pas le plaindre ?
_ Militaire ou non, c'est un de mes patients. Je dois veiller à sa guérison, sur tous ses aspects. Mais ce n'est pas pour ça que je venais. Donnez moi votre poignet.
Un peu surprise, elle me tend le bras. Je dégrafe le bracelet que j'y avais accroché.
_ Il y a un bon moment que ces objets sont devenus inutiles. Vous avez été d'une coopération exemplaire, et je crois que je vous dois ma confiance.
_ Docteur...
_ Je vais me reposer aujourd'hui. J'en ai besoin. Puis-je compter sur vous et Mike pour trouver une occupation à tout le monde ?
_ Je... On va essayer.
Mike n'est pas dans sa cabine. Je le croise au sortir de l'ascenseur.
_ Je vous cherchais, Mike. Donnez moi votre bras.
Je lui dégrafe le bracelet, ainsi que je l'ai fait pour Lilyah. Il me fait un sourire.
_ Merci, c'était joli, mais ça commençait à me gratter horriblement !
_ Je vais dormir, aujourd'hui. Je compte sur vous et Lilyah pour organiser les choses en mon absence.
_ Entendu. On va s'occuper du vaisseau.
Reste encore le militaire.
C'est en redescendant vers l'infirmerie que je constate à quel point j'ai du mal à garder les yeux ouverts. Ma tête tourne. J'aurais du m'arrêter bien plus tôt. Mais je ne pouvais pas. Enfin, je ne voulais pas. Pas avant d'avoir tout réglé.
Dans l'une des chambres de l'infirmerie, Atrayde est en train d'ouvrir les yeux. Il constate qu'il a récupéré quelque force, et il s'est assis sur son lit. Il me regarde venir.
_ Encore là pour me surveiller ?
_ Vous avez l'autorisation de vous lever quand vous voulez. Je crois même que si Mike a un travail à vous faire faire aujourd'hui, vous serez en état de l'exécuter.
Avant qu'il ait eu le temps de répliquer, je lui ai attrapé la main. Surpris, il me regarde débrancher son bracelet, ainsi que je l'ai fait pour les autres.
_ Vous êtes libres, Jonas Atrayde. Libre de tous nous tuer, si vous en avez encore envie. Libre de vous échapper à la première opportunité, si vous en avez le courage. Ou libre de nous suivre, d'être de notre coté, parce que nous sommes les seuls alliers que vous puissiez encore avoir au monde. A vous de voir.
Je reste un instant comme ça, le bracelet dans une main, son poignet maintenant libre dans une autre. J'attends une réaction. Une réplique ironique et cinglante, qui dissimulerait l'état de faiblesse dans lequel il se trouve. Il ne dit rien. Il est étrangement calme. Il n'y a même pas d'hostilité dans son regard. Je relâche son poignet et repart avec le bracelet, en parlant d'une voix douce.
_ Vous êtes libre. Prenez le temps de choisir ce que vous ferez de votre liberté.
Tiens, les ordinateurs du labo sont restés allumés ? J'ai du oublier de les éteindre. Je sauvegarde les dernières analyses sans les relire, il faudra que je le fasse mais plus tard. Je ne me sens même plus la force de rejoindre ma cabine. Je m'isole dans l'autre chambre de l'infirmerie, m'allonge sur la couche, et laisse le sommeil m'envahir.


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