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Chapitre 16 : Les prisons de la Manticore





Tan-Klaroz :

             Cela fait sûrement près de deux jours que nous marchons sans faire de pauses. Marcher dans une montagne où derrière chaque rocher peut se cacher je-ne-sais quelle chose étrange ou dangereuse. Skronk nous lance pour la énième fois :
_ Skronk veut se reposer ! 
              Et pour la énième fois, nous nous retenons de lui donner un coup de pieds dans le derrière. Len n'a que très peu parlé pendant notre voyage. Il a l'air plongé dans de profondes réflexions. Le crépuscule pointe et le soleil va se coucher. Je m'arrête une fois de plus au milieu de la route et attends, le nez vers le ciel. Len et Sabrane s'arrêtent et se retournent. Skronk en profite pour s'asseoir. L'aura bleue m'entoure une fois de plus et je prends ma forme nocturne. J'ai décidé de ne plus me cacher la nuit.
              La première fois que je me suis transformé(e) en cours de route, Len a écarquillé les yeux et m'a fixé pendant cinq bonnes minutes. Skronk lui, n'a pas arrêté de marmonner :
« Petit homme être une femme maintenant... Petit homme être déguisé en femme la nuit... Skronk pas comprendre... »
             J'attends encore un peu et recommence à marcher sur le sentier caillouteux. Skronk se relève en grognant tandis que Len et Sabrane nous suivent sans mot dire.
           Soudain, je détecte beaucoup de formes humaines dans les parages. Mais beaucoup se brouillent ou disparaissent pour réapparaître plus loin. Des humains... pas complètement... Je relève la tête. Ils sont tous prêts ! Ce ne sont pas que des humains, ce sont des mages !
« Des mages ! Ils nous encerclent ! »
           Je n'ai que le temps de crier cette phrase. A peine ai-je brandi ma faux que déjà deux mages sortent d'un côté et cinq de l'autre, rejoints par une douzaine de plus. Quelques-uns ont un drôle de blason sur le torse. D'autres sont comme des mages ordinaires.
           Len sort ses dagues, Sabrane tend son bâton en tremblant et Skronk reste planté comme un poteau.
          Len se rue sur trois mages. Il en blesse un au bras mais les deux autres lui lancent un sort d'éclair qui le repousse plus loin. De rage, il se jette sur eux et tue le mage blessé, en blesse un autre mais le dernier mage l'envoie valdinguer à quelques mètres et l'assomme avec un sort de météorites.
          Sabrane se cache derrière Skronk en murmurant une formule. Un feu follet géant passe entre nous et brûle les mages. Mais nous ne sommes pas épargnés. J'esquive le feu follet et ma faux, sous l'effet de la chaleur, rougit et devient encore plus dangereuse.
            Sabrane avance pour voir l'état de Len mais un mage l'enferme dans une bulle et l'endort. Il reste encore une quinzaine de mages debout.
            Skronk, dans un élan de folie, écrase et essaye d'arracher la tête à un mage. Le reste des attaquants essaye tant bien que mal de le mettre hors combat avec des sorts mais Skronk semble y être insensible et continue de frapper avec force. C'est alors qu'un mage avec une robe dorée _ sûrement un mage de haut rang _ se place en face de Skronk. Celui-ci laisse le mage qu'il martyrisait et se lance vers lui. Le mage doré lève deux doigts et une barrière psychique se forme. Skronk bute dessus et repart à la charge. Le mage lance alors un sort sous la forme d'un serpent brumeux. Le serpent saisit les bras musclés de Skronk et le ligote en suspension dans l'air. Le barbare hurle et le serpent rentre dans sa bouche. Skronk s'étrangle puis retombe à terre, évanoui.
              Il ne reste que moi. Je me lance vers le groupe de mages, dévie des sorts avec ma lame de faux et tranche un mage en deux avant de me retourner vers le mage doré. Celui-ci lance un sort qui arrache ma faux des mains et va la ficher dans un rocher. Deux mages se jètent sur moi. Un me lacère la poitrine et l'autre commence à me bander les yeux. J'essaye de me dégager mais je sens d'autres poids sur moi. Puis une drôle de mélodie me fait sombrer dans l'inconscience...

Bianne :
           Personne ne m'a posé de questions quand je suis revenue près du feu. Farkas m'a demandé de l'aider à préparer le repas sans plus de cérémonie, et je l'ai fait. Je n'ai pas posé de questions non plus en constatant l'absence de Thurim. Tout était simple, à ce moment là. Tout était encore simple.

           Il a bien fallu me rappeler que rien ne restait simple longtemps dès que Thurim est réapparu, le coeur débordant d'amertume, de déception, de fureur. Il n'a pas voulu nous expliquer ce qui se passait tant qu'Harkan ne serait pas de retour. Un signal lumineux dans le ciel, semblable à celui qu'il avait lancé dans les marais, a averti le Chasseur de nous rejoindre. Alors seulement il nous a raconté. Tout raconté.
            Plus personne ne dit rien.
            J'essaye de faire le tri, mais j'ai du mal. Le vieil homme au visage jeune à qui j'avais décidé de faire confiance avait pour seul but de soustraire Tan-Klaroz à notre protection et le livrer à un archimage mal intentionné. J'ai beau essayer de me rappeler, comme d'habitude, que c'était prévu, que ça faisait partie du  plan, qu'il fallait qu'il en soit ainsi, le sentiment de trahison est là, diffus. Je m'efforce de le faire taire. La Manticore nous a retrouvé. La Manticore a retrouvé Tan-Klaroz.
_ C'est foutu.
            C'est Lhao qui a parlé. Mais ça aurait pu être n'importe qui. Nous sommes tous dans le même état d'esprit.
_ Assez mal parti, en effet, renchérit Harkan. Déjà, il nous faudrait changer de lieu rapidement avant que d'autres mages ne parviennent à nous localiser. Ensuite, il faudrait localiser Tan-Klaroz avant eux, sans même savoir où chercher.
_ Et Bianne ne peut pas le faire, comme elle l'a fait pour Len Arken, parce qu'elle ne peux localiser que les âmes ayant un certain degré de maturité. Conclut Thurim.
            Que... A peine a-t-il prononcé ces mots que je prends conscience de quelque chose. Quelque chose de si énorme que c'est incompréhensible que ça ne m'ait pas frappée plus tôt.
_ Je peux le faire.
            Thurim me regarde sans comprendre.
_ Je peux le faire ! L'âme de Tan-Klaraz est révélée ! J'avais senti cela sans en avoir conscience ! Tan-Klaroz n'est plus un enfant. Il a accepté son destin. Il s'est accomplit. Je peux enfin communiquer avec son âme. Je peux le trouver !
            Ils se sont tous levés d'une traite. Moi aussi, sous l'effet de l'enthousiasme.
_ Où est-il ?
_ Ca ne marche pas comme ça, dis-je fébrilement. Je dois suivre le lien qui me relie à son âme et me transporter jusqu'à lui. Je ne peux pas savoir où ça va me conduire, mais je peux y aller. Je peux même vous emmener ! Seulement...
           Je m'interromps. Toute à mon exitation, je n'avais pas songé à ça. Un regard capte le mien, celui d'Harkan. Forte de notre récente réconciliation, je le laisse lire mon visage, mon regard. Harkan achève pour moi.
_ Seulement, ça implique que vous vous transformiez.
           Farkas et Lhao me regardent sans comprendre. Je hoche la tête, soulagée qu'il comprenne, qu'il m'éparge d'exprimer moi-même cette terreur qui me ronge depuis des années. Harkan continue :
_ Etant donné la puissance que vous donne votre autre forme, c'est étonnant que vous ne vous transformiez pas plus souvent. Vous courez un risque, n'est-ce pas, lorsque vous le faites ?
           Le risque d'être trouvée. Le risque d'être rammenée de force parmi les Célestes.
_ Un risque moins grand que celui que nous courrons tous en perdant Tan-Klaroz. Approchez tous, donnez-moi la main. Et je vous conseille de fermer les yeux.
           Aucun d'entre eux ne le fera, mais ils le regretteront. Je tends mes deux mains. Dans la gauche vient se poser celle, calleuse, d'Harkan, et celle, osseuse, de Lhao. Dans la droite, deux mains fines, celle de Farkans et celle de Thurim. Je garde mon regard humain le plus tard possible pour pouvoir voir leurs yeux cligner devant la lumière qui irradie soudain de mon corps, puis je le ferme et ouvre le regard de l'âme. Je cherche le lien vers Tan-Klaroz, vers cette âme nouvelle soudainement révélée à moi, m'y accroche, déploie mes ailes, et m'envole vers lui.


               

Eshiil, père de Bianne:

               J'étais toujours avec les Célestes. Toujours à la recherche d'un passage dimensionnel dans cet univers hostile qu'était devenu notre monde.
               Je venais de le trouver quand, tout d'un coup, une sensation que j'avais déjà ressentie auparavant m’étreignit.
                Ma fille Nabnie Hata, dont je n'avais eu aucune nouvelle depuis au moins une dizaines d'années terriennes ! Et là, je la ressentais, bien que sa présence soit assez vague.
                Je présumais qu'elle était sur terre, mais je n'avais jamais pu en savoir plus, ni comment elle allait, ni où elle était, ni qui elle était devenue.
                La sensation était intense, un lien comme seuls les pères et filles Célestes pouvaient en développer. Je la sentais en train de se battre, puis faiblir. Et puis plus rien. Plus aucun signe de vie. Je l'avais perdue.
                Mais que devais-je faire ? Laisser là mon peuple ? Je n'abandonnerai pas ma fille. Je ne la laisserais pas mourir comme Hata Armine. Non c'est sûr, Nabnie Hata ne mourra pas. Hata Armine a déjà péri parce que je n'ai pas su la protéger. Mon seul amour. Sa mort m'a fait presque perdre mes ailes. J'ai failli en mourir.
                 Mais j'ai ma fille. Heureusement qu'elle est là, et je la protégerai coûte que coûte, pourvu que je puisse la trouver.


Skronk : 

               Le serpent. Dans le pays de Skronk le serpent est associé au sommeil, dans le désert leur venin est puissant, foudroyant, beaucoup de guerriers sont morts car ils ont sous-estimé ces animaux. Les anciens utilisaient leur venin pour endormir les malades. Certains ne le supportaient pas et mourraient, d'autres devenaient fous. Skronk trouve amusant que le magicien ait utilisé le serpent pour le battre, sinon il n'en aurait fait qu'une bouchée. Bizarrement Skronk sait qu'il n'est pas réveillé, mais il n’est pas endormi. Son corps ne lui répond pas, il ne voit rien. Aucune sensation. C’est peut être ça la mort. Skronk ne l'a jamais crainte, il a toujours aimé jouer avec. Cette inactivité est lassante, ne rien pouvoir faire, si seulement il pouvait remuer ne serait-ce qu'un doigt Skronk leur apprendrait qui il est !
                Skronk espère que ce n'est pas ça la mort, car elle est ennuyeuse. Il ne se passe rien. Où sont les démons ? Skronk veut affronter les démons, la vielle dame lui a toujours dis qu'il affronterait les démons. Ou le démon. Peu importe, elle l'avait traité d'idiot, Skronk n'a jamais regretté de l'avoir décapitée.... Le roi. Skronk doit voir le roi. Skronk a perdu trop de temps avec les Elfes, les guerriers, les hommes-femmes, les mages. Par Carbunckle quand Skronk aura tué ceux qui lui ont lancé le serpent, Skronk portera le message et toute cette escapade inutile finira. Peut-être même que Skronk pourra arracher la tête du nécromancien. Ça lui fera un beau trophée quand il retournera chez lui.
Une odeur. Le moisi, le sang, la chair brûlée. A-t-il toujours les yeux fermés ?  Skronk commence à ressentir le froid sur son dos. La rigidité de la pierre. Ses yeux refusent toujours de s’ouvrir. Quand il y parvient, ça ne fait presque aucune différence. Pas de lumière. L'air est nauséabond. Skronk essaie de se relever. Ses jambes encore engourdies ne le supportent pas et il retombe lourdement sur les fesses. C’est bien la première fois qu'il est dans cette situation. Personne n'a jamais osé faire subir ça à Skronk. Ils le paieront et il y veillera. Sa vue commence à s'accoutumer à la pénombre. Une cellule. Non, une cage. Plafond bas, barreau tout autour de lui, terre souillée de sang. Dans la cage voisine il reconnaît leur récent compagnon de route qui apparemment est inconscient ou mort. Peu importe. En face, Sabrane est assis en tailleur, l'air perdu et une lueur de peur dans le regard. Skronk aime bien le petit mage. Il ne laissera personne lui faire du mal. L’a-t-il dit tout haut ? 
           Continuant son inspection, Skronk remarque que l'homme-femme, n'est pas logé à la même enseigne. Il, ou elle, n'est pas dans une cage, mais assis sur une sorte de trône, les mains et les pied entravés. Le trône est à l'intérieur d'une grande cellule, toujours avec des barreaux mais beaucoup plus vaste. De quoi faire tenir plusieurs personnes autour. Dans chaque cage où Skronk pose les yeux, il y reconnaît une race différente. A proximité de l'homme-femme, les mages avec des insignes étranges, en train de réciter. Ou psalmodier. Skronk ne peut pas les entendre, mais il sent l'air vibrer sous l'effet de leurs voix. Peu importe, Skronk ne comprend pas. Visiblement à chaque fois que les magiciens ont fini de lire le livre, ils changent les personnes autour de Tan, les remplaçant par d'autres. En quelques minutes, Skronk voit défiler plusieurs groupes hétéroclites de huit personnes que les mages positionnent autour du trône. La prison doit être immense car Skronk, malgré une bonne vue, n'arrive pas à en voir le bout. Et les mages lisent inlassablement leur livre. Ils attendent visiblement quelque chose qui n'arrive pas. A chaque fois que les groupes de personnes constitués de femmes voire même d'enfants repassent devant eux, Sabrane se cache les yeux. Il doit savoir quelque chose que Skronk ignore. Skronk regarde dans les yeux de Sabrane, lui demandant de lui expliquer. Apparement trop troublé pour parler dans la tête de Skronk comme il le fait d'habitude, le jeune magicien, des larmes dans les yeux, désigne le groupe qui vient de passer devant les cages, et fait le signe de la mise à mort que les chasseurs emploient entre eux pour achever les proies.
            De plus en plus énervé par tout ça, Skronk essaie d'enfoncer les barreaux mais ceux-ci sont très résistants. En principe les matériaux ordinaires ne lui résistent pas. Cette cage doit être au moins en mythril. Tout ce qu'il réussit à faire est d'attirer un garde. Celui-ci, prudent, ne s'approche pas des barreaux et aboie quelque chose que Skronk ne comprend pas, recevant juste ses postillons. Skronk aimerait pouvoir le prendre par la nuque pour la lui briser. Il n'a pas besoin de hache pour cela. Malheureusement le gardien est trop prudent. Sabrane, lui, observe la scène, saisit une pierre qui traîne au sol et la lance violemment dans le dos du soldat. Celui ci trébuche en avant. Skronk ne laisse pas passer l'occasion et saisit le garde au cou lui brisant la nuque avant qu'il ait le temps de donner l'alerte. Les magiciens ne remarquent rien, bien trop occupés avec Tan, qui paraît conscient mais impuissant. Fouillant maladroitement le garde de ses grosses mains, Skronk ne trouve pas de clef. Sans faire de bruit, il laisse retomber le corps à terre et saisit la dague qui est la ceinture de celui-ci. Ça pourra toujours lui servir vu qu'ils n'ont plus aucune arme. Leur compagnon, qui jusqu'à maintenant était toujours inconscient est réveillé. Avec des gestes, il essaie de dire quelque chose à Skronk. Il désigne la serrure de leur cage, et la dague que Skronk a caché dans son pantalon déchiré. Il a l'air de plus en plus affolé. Skronk se demande ce que les gardes vont faire quand ils verront que l'un des leurs est mort, à moins que quelqu'un n'arrive à ouvrir les cages. Mais qui serait suffisamment habile pour le faire avec rien, voire seulement un couteau ? Et, dans un moment rare, Skronk se met à réfléchir. En face de lui, dans la cage, l’autre est toujours en train de gesticuler. Sans trop savoir ce qu'il doit faire, Skronk lance dans la cage voisine la dague. Un grand sourire de soulagement apparaît sur le visage de Len et une lueur d'espoir dans les yeux de Sabrane. En quelques secondes la porte de la cage s’ouvre. Furtivement, Len réédite son exploit et ouvre celle de Skronk. La fête va pouvoir commencer !


Thurim Vessiel

           Nous nous étions simplement contentés de suivre Bianne, sans savoir qu'elle pourrait nous mener jusque dans les terres les plus reculées d'Islotanra si elle l'avait voulu. Elle ignorait aussi bien que nous dans quelle partie du globe nous pouvions bien nous situer en ce moment. Même moi qui connaissais plus en détail l'histoire de la légion de la Manticore et les petits secrets de l'Académie, n'avais pas idée si ce lieu avait jamais existé sur aucune carte. Nous étions aux pieds, tel des nains face à un géant des montagnes, d'une imposante forteresse qui avait, semblait-il, résisté de façon irréelle aux affres du temps, du moins vu de l'extérieur. Au sommet de la plus haute des tours, la bannière de l'Académie, conjointe avec celle de la Manticore, flottait dans le vent léger qui soufflait sur cette terre souillée par leur présence. Nous devions dès à présent établir une stratégie afin de nous introduire sans éveiller le moindre soupçon. Délivrer nos compagnons était pour le moment la priorité absolue.
          Bianne, Harkan et Farkas entreprirent de faire le tour des contreforts, pendant que Lhao et moi même nous nous camouflions du mieux que nous pouvions. Le plus dur fut de retenir l'ardeur du nécromant à plusieurs reprises, afin qu'il ne soit pas tenté d'aller lui même à la rencontre des gardes que nous vîmes passer. Il valait mieux laisser sa magie impure s'en charger. Tous ceux que nous regardâmes passer furent tour à tour entraîner de force dans le sol par des mains spectrales, d'autres réduits à l'état de poussière par une lumière bleutée venue de nulle part. D'autres encore vieillirent soudainement d'un siècle, ne laissant de leur corps plus que les os, tandis que certains gardes furent poussés, par un accès de rage subite, à se battre avec leurs camarades. Il s'écoula ainsi un moment, avant que nos trois autres compagnons ne nous rejoignent. Farkas nous apprit que, tandis que Bianne et Harkan avaient pris soin d'éliminer tous les soldats présents aux alentours, il avait découvert un tunnel praticable, passant par les douves. Devoir pénétrer à l'intérieur de la place forte par un si dégoûtant et étroit chemin me répugnait, mais c'était peut être le seul passage que l'on pouvait emprunter afin d'être le plus silencieux possible. Nous débouchâmes, après avoir copieusement rampé dans cette fange liquide qui coulait dans ces tunnels, près d'une grille rouillée à hauteur de nos têtes. Les bruits sourds des bottes marchant sur la pierre nous indiquaient que nous devions nous trouver au dessus d'un couloir. Harkan estima rapidement que d'après le rapprochement des bottes, il devait y avoir quatre gardes, allant et venant régulièrement, mais cette précision m'était inutile. Grâce à ma détection des auras, je l'avais su depuis longtemps... Le tueur sortit alors une fiole d'une de ses sacoches. Elle contenait une petite quantité de poudre verdâtre. Il attendit ensuite le moment précis où les gardes se croisaient non loin de la grille. Il ouvrit sa fiole et la jeta au dessus. La poudre se changea instantanément en gaz une fois à l'air libre. Nous nous éloignâmes quelques peu afin de ne pas inhaler cette substance.
          Nous entendîmes alors le lourd fracas des armures et des armes lourdes tombant contre la pierre. Puis il n'y eut plus un seul bruit, nous pouvions désormais bouger la grille sans risque d'être repérés. Lhao se mit à observer les gardes qui s'étaient presque instantanément écroulés. Il remarqua que les yeux étaient exorbités et qu'un filet de sang en coulait.
_ Qu'était-ce donc que ce gaz, messire assassin ?
_ Cette mixture a nécessité de la glace faite par magie. Respirée, le sang se fige à l'intérieur des vaisseaux sanguins...
_ Et la victime meurt étouffée par son propre sang ! Très ingénieux...
_ Lhao, nous ne devions pas nous attarder à cette endroit, veuillez vous relever ! dit sèchement Bianne.
          Nous continuâmes notre chemin au travers des couloirs, à peine éclairés par quelques torches à moitié moisies. Nous écoutâmes attentivement toutes les conversations des gardes que nous évitions de croiser au détour de chaque couloir, dans l'espoir que cela nous épargnerait la peine de devoir fouiller toute fa forteresse pour trouver les cachots de nos compagnons. J'eus par moment le regret de reconnaître quelques visages familiers, de vieux collègues qui avaient suivis avec moi les enseignements de l'Académie.
           Ainsi donc, il y avait définitivement un lien avec cette dernière, la Manticore, et cette chose que Yannoc avait appelée Horoth elk Moholddur. Mais quel était-il, ce lien ? Prononcer ce nom était-il vraiment aussi risqué que je le pensais ? Et pourquoi ? Qu’est-ce qu'il voulait dire ?
           Autant de questions dont les réponses pouvaient encore attendre, tant que nos amis seraient encore emprisonnés dans ce lieu sordide.


Tan-Klaroz

           Tous ces gens tournant autour de moi qui hurlent diverses paroles et incantations...
            Ils cherchent à trouver les huit compagnons... Ils n'ont qu'à chercher. Ils ne savent pas qu’ils sont devant eux, dans des cages.
            Me voir sur ce trône, entravé(e) et exhibé(e) sous ma forme de femme me dégoûte. Je suis incapable de me libérer... Il ne me reste plus qu'à regarder devant moi, les yeux dans le vague. Dans la foule, je vois des femmes, des enfants et des hommes. Tous désirent sûrement ma mort. Pourquoi...
           J'observe mes "compagnons" dans leurs cages. Len est toujours évanoui, Skronk regarde les lieux et Sabrane pleure, j'ignore pourquoi.
           Je ferme les yeux, je n'en peux plus...
           Skronk ! J'entends ses hurlements ! Il vient de foncer sur les mages et les assomme un par un. Len en tue avec une dague et Sabrane essaye de se frayer un chemin vers moi. Dans la panique, tout le monde se met à crier et a cavaler dans tous les sens. Certaines personnes se font écraser et les mages n'arrivent pas à contenir la peur générale.
_ Ne bouge pas s'il te plaît !
            C'est Sabrane qui, avec une dague, me libère de mes liens.
_ Comment allons-nous faire pour fuir ? dis-je.
_ On n'a qu'à partir vers les souterrains, là-bas, me montre Sabrane. On trouvera sûrement nos armes sur le chemin. »
              Je bondis au-dessus de la foule et atterris devant Len. Là, je lui indique le passage qui permet d'aller aux souterrains. Sabrane et Len attrapent Skronk, qui a bien du mal à se retenir de hurler comme un veau. Profitant du bazar qu’a créé notre évasion, nous nous dirigeons vers un couloir sombre, où les torches risquent à tous moments de s'éteindre.
             J'essaye de repérer les gardes aux alentours.
             Nous arrivons devant une immense porte en bois. Skronk fonce dedans mais la porte ne cède pas. Len tourne la poignée et la porte s'ouvre. Devant l'air ébahi du barbare, je souris. Après la porte, un long escalier qui descend si profondément que voir le fond nous est difficile. Mais à notre gauche, une salle d'armes attire mon attention. Je m'approche et découvre ma faux, suspendue parmi la hache, le bâton de Sabrane et plusieurs armes qui ne nous appartiennent pas. Skronk saisit sa hache et tournoie avec en riant. Len prends une mince épée en plus de ses dagues et Sabrane saisit son bâton. Il y a quelques armures mais nous n'avons pas le temps de les prendre. Je sens que les mages sont près de nous.
          D'un geste vif, j'intime l'ordre de courir dans les escaliers.

Sabrane Hyle

          Nous descendîmes les escaliers tellement vite que je me pris les pieds dans la robe de mage. Mais heureusement, comme j'étais en tête du groupe, je tombai sans déranger les autres. En me voyant en bas, étalé sur le sol, le barbare éclata de rire en disant :
« Toi devrais changer vêtements, pas pratique pour course. »
         Je me relève, et en voulant me laver la robe, je ne fais que la rendre trempée. Finalement, après l'avoir brûlée à divers endroit avec le sort de séchage, je laissai tomber et entrepris de détailler l'endroit où nous étions. C'était un long couloir, qui devait avoir une quinzaine de porte.
« Bon, dit messire Len, allons voir un peu s'il n'y a pas une sortie par ici. »
          Je m'approchai d'une première porte, puis l'ouvrit pour voir un homme gras, s'approcher d'une autre homme enchaîner, avec une braise chaude tenu dans des pinces, et le lui poser sur les .... Je refermais brusquement la porte, en essayant de faire le moins de bruit possible.
_ Qu'est ce qu'il y avait ? Me demanda Tan.
_ Euh, rien, rien, répondis-je en me retenant de vomir pendant que j'ouvrais une porte d'où sortit un cri de femme, et que je m'excusais à cette femme.
           De son côté, Skronk ouvrit une porte dont la poignée s'ornait d'un T peint en rouge. Il n'eut que le temps de se baisser. Une énorme enclume jaillit de la porte et alla s'écraser sur le mur d'en face. Il ne nous en fallu pas plus pour détaler en courant, Messire Len, Skronk, Tan et moi.
_ C'était... C'était quoi ? Balbutiai-je.
_ On s'en moque ! me cria Messire Len. COURS !

Val Harkan

            Trois gardes surveillaient l’entrée au donjon. Trois simples sentinelles. Rien de bien compliqué.
« Lhao, chuchotais-je, n’oubliez pas : en silence »
          Le tueur eu un sourire sarcastique, s’assouplissant tranquillement les doigts. Hochant la tête, je fis un léger pas de coté et tirait ma dague de tibia. Un regard au nécromancien fut le signal.
           D’un même élan, nous nous jetâmes sur les trois soudards. Le premier, au trois quart dos à moi, ne sut jamais ce qui l’avait tué. La longue et fine lame de ma dague alla directement chercher son cœur, tandis que ma main couvrait sa bouche. Un pas plus loin, Lhao attrapa les deux autres gardes surpris à la gorge. Sa prise ferme interdisant toute alerte, il enracina ses pieds sur le dallage du sol. Les sentinelles eurent de violents soubresauts et leurs yeux se révulsèrent. Après quelques secondes, Lhao relâcha deux cadavres, qui glissèrent mollement au sol. Jetant plusieurs coups d’œil le long de la coursive, je fis signe aux autres, qui nous rejoignirent.
            « Nous devons faire vite » dis-je, en trainant les cadavres dans l’ombre de l’angle entre la coursive et du donjon. 
            Acquiesçant de la tête, le sorcier passa devant moi, déverrouillant la petite porte d’une caresse et d’un mot. Laissant les autres passer, je continuai de scruter les alentours. Que cette porte soit en retrait par rapport à la principale n’interdisait pas une mauvaise surprise. Ne voyant rien, je suivis le groupe. Une fois à l’intérieur, nous parcourûmes un long couloir. A chaque porte croisée, Vessiel apposait une main sur le battant, puis hochait négativement la tête, et nous continuions. Bientôt, nous arrivâmes devant deux escaliers. L’un montait, l’autre descendait. 
_ C’est une impression, ou ce bâtiment est bien plus grand qu’il n’y paraît ? S’étonna Farkas. On monte, ou on descend ?
_ Généralement, les cachots et autres joyeusetés sont en bas, répondit Lhao.
_ C’est vous l’habitué des prisons, lança Bianne en s’engageant dans l’escalier. 
                Nous descendîmes rapidement les marches. Nous arrivions aux derniers degrés, lorsque le son caractéristique d’une énorme cloche d’alerte me vrilla les oreilles. En un instant, trois autres cloches se mirent aussi à sonner, et des cris d’alertes retentirent.
_ Auraient-ils trouvé les sentinelles ? Fit Vessiel en se figeant. 
_ Si c’est le cas, ils ont été rapides, répondis-je en passant devant lui. Nous n’avons plus de temps à perdre, maintenant.
                D’un bond, je sautai la dizaine de marches restantes, me retrouvant devant deux portes aux énormes serrures, leur battant renforcés de barres d’aciers. 
_ Vessiel, lançai-je, sachant que ses sorts déverrouilleraient les portes bien plus vite que je ne pouvais les enfoncer.
                Mais alors qu’il tendait la main vers la serrure, la porte trembla violemment. Le sorcier recula brusquement, au moment ou un poing énorme traversait le battant. 
_ C’est Skronk, avertit Bianne.
                Le sorcier se plaça à côté de la porte, le long du mur, avant de tendre à nouveau la main. La serrure émit un claquement. Au même moment, Skronk frappa à nouveau. Privée de verrouillage, la porte s’ouvrit à la volée et s’arracha à moitié de ses gonds. Skronk surgit par l’ouverture, s’apprêtant à frapper. Sabrane, Arken et Tan-Klaroz Apparurent derrière lui.
_ Attend, Skronk ! Cria Sabrane, ce sont nos amis !
                Il avait dut le dire télépathiquement aussi, car Skronk se figea, et un sourire idiot étira ses lèvres. 
_  Pas le temps pour les retrouvailles, dis-je en tendant l’oreille. Nous devons filer !
               Nous remontâmes l’escalier à toute vitesse, grimpant les marches trois par trois. Lorsque nous atteignîmes le rez-de chaussée, Lhao lança un juron. A l’autre bout du couloir, une vingtaine de garde courraient vers nous. Ils avaient donc effectivement trouvé les cadavres. 
              Des gardes chanceux. Génial. 
              Skronk rigola, levant sa hache. 
_ Pas le temps pour ça, lança Bianne. Passons par l’entrée principale. Nous les surprendrons peut-être.
_ C’est peu probable, lança Vessiel, mais nous n’avons pas le choix. Montons, l’étage a sans aucun doute un second accès.
             Nous prîmes donc le second escalier. 
_ Ca monte haut, remarqua Lhao. Si on se retrouve coincé à l’étage, on est fichus. 
_ Un peu d’optimisme, répliquai-je. La stratégie classique et presque maladive du voleur moyen est de se précipiter vers les sorties arrières. Comme dit Bianne, nous devrions les surprendre.
            L’étage, composé simplement d’un long couloir flanqué d’une quinzaine de portes fermées, paraissait désert. Entendant la garde dans l’escalier, nous accélérâmes.
_ Pourvu qu’ils ne nous attendent pas en face, pria Sabrane. 
_ Cours, un point c’est tout, répliqua Arken.
           Soudain, une impression familière m’arrêta net devant la cinquième porte. Remarquant mon arrêt, Farkas fit demi-tour.
_ Qu’attends-tu ?
_ Je… je dois voir ce qu’il y a là-dedans 
_ Quoi ?
          Sans répondre, j’actionnais la poignée. La porte n’était pas verrouillée. A l’intérieur un mage, assis à un large bureau encombré de livres et de trois boites fermées, leva les yeux d’un parchemin. Ses yeux s’agrandirent, et il leva brusquement un bras. Aussi rapidement que je le pus, je tirais l’un de mes poinçons et le lançait. L’arme atteignit le mage à la gorge, qui vacilla. En trois pas, je fus devant lui et frappait de ma lame courbe.
_ Bon sang, Riel’nal, qu’est-ce qui te prend ?
_ Il y a une chose que je veux, ici, répliquai-je.
          Farkas ouvrit la bouche, sans doute pour me demander quoi, mais un bruit de pas précipité le fit se retourner brusquement. Devant la porte, un garde freina, surpris. D’un geste brusque, Farkas ferma la porte, la verrouilla, et pesa dessus de tout son poids. 
_ Bon et maintenant que nous sommes coincé, lança-t-il d’un ton pressant, tu peux me dire ce que tu cherche ? 
          Sans relever, j’observai les trois boites en plomb. Passant la main par–dessus chacune d’elle, j’attendis. Celle de droite émit une légère lueur. Au plus profond de moi, je ressentis l’appel de la pierre de naissance. Je retirai aussitôt la main, la passait derrière mon cou, et détachait mon médaillon. Je le posai sur la boite, jetai un œil à la fenêtre à ma gauche, et revint vers Farkas. Des coups sourds résonnaient, m’informant que les gardes tentaient d’enfoncer la porte. Farkas, le visage fermé, la soutenait de toutes ses forces. 
_ Je prends ta place, dis-je. Ouvre la boite de droite sur le bureau, et met transfère en vitesse la pierre qui est dedans dans mon médaillon. Ne discute pas, je t’en prie, finis-je d’un ton sans réplique.
          Après un regard acéré, il me céda la place. Pesant à mon tour sur le battant, je tentais de fermer tous mes sens à ce qui se passait derrière moi. 
_ C’est fait, m’informa Farkas, et maintenant ?
_ Maintenant on file.
_ Et par où ?
            En guise de réponse, je m’écartai vivement du battant et courrait vers lui. Ne prenant pas garde au sinistre craquement derrière moi, j’empoignai mon ami à bras le corps, le soulevai, et sautai par la fenêtre. Avant même de commencer à chuter, je sortis mes griffes et positionnai Farkas pour qu’il s’accroche à moi. Il s’agrippa à mes épaules tandis que nous amorcions notre descente. Je plantai mes griffes dans la paroi.
           Du granit ? Non !
          Avec un juron, je m’agrippai tout de même, freinant notre chute. Mes griffes se fendirent et ma peau se déchira, m’arrachant un cri de douleur. Malgré mes efforts, je ne pus tenir. A peu près à mi-hauteur, je lâchai prise. Lâchant le premier juron que j’entendis sortir de sa bouche, Farkas se repositionna et planta sa dague dans le mur, le métal enchanté pénétrant profondément dans le mur de granit. Sa lame tint bon, mais notre poids finit par lui faire lâcher. Heureusement, il ne restait plus que deux ou trois coudée avant un toit, que nous heurtâmes, puis traversâmes. Un hennissement surpris nous accueillis quand notre chute se stoppa sur un sol de sable. Les écuries.
_ Riel’nal, fis Farkas, le souffle cours, la prochaine fois que tu veux un caillou brillant, tu me le dis, j’ai quelques pierres précieuses en réserve. Et ca nous évitera ce genre d’acrobatie.
_ Même quand le caillou en question peut aider à contrôle l’ensemble des créatures des forêts ? Rétorquai en examinant mes mains. 
            Il se releva et me tendit la main, le sourcil haussé.
_Et tu te promène avec ceci autour du cou ?
           Je haussai les épaule et lui présentais ma main ensanglantée. Il me saisit le poignet et je fus debout.
_ Je ne m’en sers pas comme ça. Ce qui m’inquiète, continuai-je, c’est comment ils se la sont procuré. On ne peut avoir ce genre de pierre que durant quelques secondes, au moment d’une naissance de loup. Et les loups ne laissent pas n’importe qui approcher en ces moments. 
_ Les humains sont parfois peu scrupuleux, fit simplement l’elfe. Nous devons retrouver les autres.
             Un cheval hennit, et Farkas eut un sourire.
_ On les emprunte ? proposais-je.
             Il nous fallut peu de temps pour sortir neuf chevaux solides de leurs boxes et récupérer de quoi les équiper. Ne trouvant que quatre jeux de rênes, et sachant qu’une poursuite nous demanderais un bon contrôle sur les montures, nous décidâmes de ne prendre que quatre chevaux. Puis nous jetâmes un œil dans la cours. 
            Au milieu d’une cinquantaine de gardes de la manticore, nos amis tentaient d’atteindre la sortie. Jurant de dépit, je tendais les rênes à Farkas.
_ Tiens-les bien fermement, ils vont avoir peur.
_ Peur ? De quoi ?
_ De moi, répondis-je en retournant vers les boxes.
            En vitesse, j’ouvris tous les boxes et me positionnait au fond des écuries. Inspirant à fond, je lâchai alors un grondement rauque, menaçant. Les oreilles des chevaux se dressèrent d’un coup. Au deuxième grondement – plus fort – ils frappaient le sol de leurs sabots. Au troisième, l’un deux sursauta violemment et se cabra. Au quatrième – un véritable rugissement d’attaque - ce fut la débandade. Les bêtes – une vingtaines de coursiers - sortirent en trombe de leur boxe et se ruèrent vers la cours dans un désordre monumental. Tout continuant de les affoler, je courais vers Farkas, lequel luttait pour empêcher nos nouvelles montures de suivre leurs semblables. Nous en enfourchâmes chacun un, et l’elfe saisit les rênes des deux autres. Nous suivîmes alors la charge involontaire des animaux paniqués, qui fonçaient vers la zone de combat.
              Les guerriers de la manticore, pris de cours, se dispersèrent suffisamment pour que Farkas et moi puissions rejoindre notre groupe. En passant à côté d’eux, j’attrapai fermement le bras de Tan-Klaroz, que je hissai avec moi. Faisant preuve d’une agilité surprenante, Vessiel sauta en selle sur le troisième cheval et souleva ensuite Sabrane. Bianne monta avec Farkas, tandis qu’Arken grimpait en marche sur le dernier et aidait Lhao à faire de même. Skronk, qui courait après les gardes, vira brusquement et courut vers nous. Il nous dépassa et se dirigea vers la sortie, aussi rapide que nous. nous le suivîmes.
             Aux portes toutes proches, un mur de pique se dressa. Arrivé avant nous, le barbare balança sa hache dans un formidable revers qui fracassa les armes et déstabilisa les gardes qui, un genou en terre, nous attendaient. Privés de leur défense, ils s’éparpillèrent. A la même seconde, Vessiel et Lhao levèrent chacun un bras – le sorcier vers la gauche et le tueur vers la droite – et incantèrent. Deux éclairs presque identiques allèrent frapper les hommes qui se précipitaient pour fermer la herse. 
             En passant les portes, je vis les sentinelles extérieures se mettre en place. Farkas leva sa lance, ouvrant d’un coup meurtrier le passage pour sa monture. Nous nous engouffrâmes derrière lui, et je senti la faux de Tan-Klaroz siffler à mes oreilles pour abattre un garde trop téméraire. Elle plongea alors la main sous mon manteau, décrocha mon arbalète de poing déjà chargée, l’arma et tira vers un homme resté en retrait, les bras levés. L’homme – manifestement un mage – s’écroula.
               Repliant mon arbalète, Tan-Klaroz regarda derrière nous.
_ Cela m’a l’air fini, dit-elle.


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