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Chapitre 19 : L'affrontement.

Tan-Klarôz affronte le Dieu dont on ne doit pas prononcer le nom, Horoth el... oups !


Skronk : 

          Le reflet. Après la lumière, Skronk a vu son reflet : pourquoi ce voyait-il aussi chétif, tenant une lyre ? Ce reflet était troublant. Maintenant il fait tout noir, et depuis que Skronk a dit les mots dans la forets qui a fait jaillir de lui l'étrange être d'eau, Skronk n'entend plus Anuzik .Cette obscurité, bien que troublante, ne fait pas peur à Skronk. Au bout d'un moment, après d'étranges vibrations qui secoue les parois, une espèce de chose sans jambe fait irruption. Skronk n'a jamais rien vu de semblable, est-ce qu'il faut qu'il attaque cette chose ? Autour de Skronk personne ne bouge, médusé par l'apparition. Skronk a déjà tué beaucoup de créatures, mais celle-ci semble différente...
          Son instinct est le plus fort. Skronk brandit sa hache, se rue en hurlant sur la chose et, d'un geste vif, assène un coup violent du tranchant de son arme. Elle s'enfonce dans le monstre visqueux pour y rester coincée. Reculant, Skronk regarde derrière lui. Ses compagnons lui envoient des regards accusateurs, comme si il n'aurait jamais du agir de la sorte.
 
 
 

Tan-Klaroz :

          Le voilà enfin... Le Dieu dont le nom ne doit pas être prononcé...
Skronk, sans raisons apparentes, se lance sur le Dieu et lui enfonce sa hache dans l'épaule. L'arme reste coincée et Skronk fait une tête de six pieds de long en nous regardant. Le Dieu sort soudain la hache de son épaule et la lance brutalement sur Skronk qui s'écroule plusieurs mètres plus loin.
         Bianne se dirige vers lui en courant. Les autres sont médusés. Val Harkan veut s'avancer mais je lui barre le passage avec ma faux.
« C'est mon combat... Pas le tien ! »
          J'avance vers la silhouette gigantesque. Je le fixe dans son unique oeil. Un oeil rouge où je me vois en reflet...
          Soudain... une violente décharge dans ma tête m'arrache un cri de douleur. L'espace où nous sommes disparaît et laisse place à un ciel plein d'étoiles. Nous flottons dans la voûte céleste... Les vaisseaux du Dieu s'élancent vers l'infini et disparaissent dans l'obscurité.
          Mes "compagnons" sont derrière moi, plus loin avec Skronk au milieu d'eux. Je les regarde une dernière fois avant de me retourner vers mon "ennemi".
          Avec l'aide de quelques étoiles, il forme une boule lumineuse et me la lance. Je l'évite et commence à lui tourner autour. Je ne fais qu'éviter...
           Pourquoi l'attaquer... C'est mon destin ? Et alors ? Je n'ai pas envie de me battre moi !
          Cela continue pendant un bon moment. Lui me lance des boules énergétiques et moi je les évite en tournant de plus en plus vite. Puis, le Dieu s'arrête et me fixe de son unique oeil. Il lève alors les bras et des formes brumeuses apparaissent tout autour de moi. Ces formes ne sont pas n'importe qui : Ce sont les villageois de Namur. Ceux que j'ai tué lorsque j'étais enfant... Ils ouvrent leurs yeux de morts et hurlent à tous va :
          « Enfant maudit ! Enfant maudit ! Ta mère aurait mieux fait de ne pas te sortir de son corps ! Enfant maudit ... »
         Je me prends la tête dans mes mains... Non, non... Je dois me contrôler... Il le faut... Je n'y arrive pas... Cette force qui coule en moi veut que je le la libère...
Je relève la tête et pousse un hurlement de rage. Je saute et décapite tous les "morts" autour de moi. Je ne peux plus m'arrêter.
         Ma faux brille d'un éclat laiteux. Je fonce en direction du Dieu et ouvre une de mes mains. Une boule blanche naît et s'écrase sur lui.
         La boule créée un cratère sur son torse, à la place du coeur.
         Je comprends désormais : Je suis la seule personne qui peut le blesser...
Mais je n'ai pas le temps de m'en réjouir... D’immenses tentacules noirs me saisissent à la taille et aux bras puis me soulèvent de terre. Les tentacules me serrent et... s'enfoncent profondément dans ma chair, provoquant chez moi une douleur indescriptible...
          Mes yeux s'écarquillent sous l'effet de la douleur. Je vois de plus en plus flou... je vais... Mon corps se met à émettre une puissante aura blanche et rouge. Elle dissout littéralement les tentacules et projette aux alentours des rayons qui tranchent quelques vaisseaux du Dieu le reliant à son corps. Je me rends à l'évidence... Même si ce monde n'a jamais voulu de moi... il faut que je me batte contre ce DIEU...


Farkas Tedzek : 

          Le combat était engagé. Tan-Klaroz ne faisait qu'éviter les attaques du Dieu. Mais ce dernier réussi à le piéger et l'empêcher de bouger. Je m'élançai pour intervenir mais Thurim me retint : Tan irradia d'une lumière qui trancha net ses liens. Il repartit en courant et cette fois-ci attaqua le Dieu avec une boule de lumière qui l'atteignit en pleine poitrine. J'exultais. Tan avait une chance de remporter ce combat finalement. Mais cet affrontement était loin d'arriver à son terme...


Bianne :

          Il faut rester à l'écart, assister impuissants à ce combat où nous n'avons plus part. Un combat de Dieu...
          Ce n'est pas mon devenir qui m'inquiète, ni celui de mes compagnons. Ce n'est pas d'être prisonnière du corps de ce Dieu, de cet astre. Ce n'est pas l'issue du combat.
          Non, ce qui m'inquiète, c'est le coeur de Tan-Klaroz, que j'entends battre. Egal à lui même. Sans émotion.
         Il n'est toujours pas ouvert à la compassion. C'est pourtant sous sa forme féminine qu'il se bat. Mais il n'est toujours pas ouvert... Donc, les elfes, et toutes les autres races ne peuvent se lier à son pouvoir. Ils disparaîtront avec le Dieu, si Tan-Klaroz le tue maintenant. Ils seront entraînés avec lui dans le néant... Et leur race disparaîtra, comme autrefois la race de Céleste, celle des Aegis, puis plus tard, celle des Georym...
           Tan-Klaroz, écoute-toi. Ce n'est pas toi, cet être sec et indifférent. Ce n'est pas ton être véritable. Ressens, en toi, comme elle te parle, la voix de ceux qui ont besoin de toi. Ressens-le, Tan... Ou ils sont perdus...


Tan-Klaroz : 

           Cela fait combien de temps que je me bats ? Une heure ? Deux jours ? Je l'ignore... Nous n'avons pas la notion du temps là où nous sommes...
          Je n'ai fais qu'éviter et frapper que lorsque c'était vraiment indispensable.
          Le Dieu, incapable de se mouvoir, fait appel à ses pouvoirs de création et de destruction. Il utilise désormais de nombreux sorts que j'ai beaucoup de mal à esquiver. Je n'arrive pas à utiliser toute ma puissance et je ne sais pas pourquoi...
A force de réfléchir, je ne vois pas l'attaque du Dieu et je la reçois dans les côtes. Je m'écroule aux pieds de mes « compagnons », mais les repousse dès qu'ils s'approchent trop près de moi... Ils risquent d'être visés par une attaque du Dieu.
         Tout en combattant, je me repasse en boucle les phrases que Bianne m'a dit... Sans pour autant m'arrêter d'esquiver les créatures et les sorts du Dieu...
           Et comment dois-je faire ?
          Tu n'as rien à faire. Il faut juste que du plus profond de ton coeur tu désires voir ce monde survivre. Les elfes avant tout. C'est eux qui risquent le plus.

          Voir ce monde survivre ? Si Mère était encore en vie cela aurait été possible... Mais là, je ne peux vraiment pas désirer la survie de ce monde. Ce monde qui m'a maudit, humilié, détruit et craché au visage...
          Les Elfes mourront alors. Je regarde Farkas Tedzek et Lhao... Ca me fait un peu mal si je pense qu'ils vont disparaître. Mais c'est tout, rien d'autre.
          Sans que je m'en rende compte, le Dieu a lancé des tentacules sur moi. Je me fais soulever et, en suspension dans l'air, me fait ramener tout près du Dieu.
          Je suis là, devant lui, impuissant(e) et sans aucunes solutions pour m'en sortir. Je vois peut-être enfin la mort... matérialisée dans cet être immonde et surpuissant.
          J'ai l'impression de voir le Dieu sourire, projetant sur moi une haleine puant la mort et les cadavres en putréfaction.
          Deux de ses étranges appendices viennent se fixer sur mes tempes et s'enfoncer profondément dans ma tête. J'étouffe mon hurlement de rage mais pas celui de douleur. Je vois de plus en plus flou. Il est en train de pomper mon esprit pour se nourrir de mon être et ainsi devenir plus fort. Je ferme les yeux sous ta douleur. Lorsque je les rouvre... je me trouve dans un espace noir sans lumière, ni murs, ni quoi que se soit... Mon esprit.
           Au milieu de cet endroit sombre et vide, une femme aux longs cheveux blancs et à la tresse noire serre un petit garçon brun d'au moins huit ans. L'enfant pleure en étouffant ses hoquets. La femme le serre dans ses bras et le berce de son mieux. Le garçon se met à crier :
           « Maman ! Les enfants se sont encore moqués de moi... Pou...Pourquoi ?!
La mère sourit et plonge ses yeux couleur de sang dans ceux de son enfant.
_ Ils se moquent de toi car ils ont peur de ce que tu es...
_ Ils ont peur de moi ? Mais alors... pourquoi ils m'humilient ?
La mère se remet à sourire et passe ses doigts dans la chevelure de son fils.
_ Ils ont peur de toi, et pour le cacher, ils te font mal. Mais au plus profond d'eux-mêmes... Une peur incroyable reste fichée dans leur esprit ! Tu sais pourquoi ils ont peur de toi ? »
          L'enfant secoue la tête pour montrer son ignorance. La mère approche ses lèvres d'une oreille du garçonnet et lui souffle :
« Ils ont peur car tu es né pour accomplir une chose que personne d'autre ne peut. Ils croient que tu vas les tuer en te servant mal des pouvoirs que tu as reçus à ta naissance... Mon enfant, accomplis ton destin... »
          La femme disparaît soudain et l'enfant se retourne vers moi, comme si il savait que j'étais là depuis le début.
          Cet enfant a de grands yeux marron innocents. Ses cheveux courts sont tachés de boue et de sang comme ses vêtements pauvres. Ils s'approche de moi et passe une petite main sur ma joue. Il émet un gloussement heureux puis m'embrasse sur les lèvres avant de disparaître, comme effacé de mon esprit.
           C'était moi... moi il y a si longtemps.
           Quelqu'un qui supportait toute la violence que l'on me donnait.
           Les Elfes... Ce monde... Je comprends soudain.
           Ils me haïssent car ils ont peur, peur de mes pouvoirs infinis et de ma lourde destinée. Je comprends pourquoi les Elfes m'ont chassés... à cause de cette peur.
          Ils ont peur pour eux, pour leur vie...
         Sous cette pensée je souris. Oui, je ne peux pas les haïr ou les ignorer parce qu'ils veulent vivre... Comme moi ils veulent vivre... C’est pourquoi je les comprends. Tout comme ceux que j'ai croisé sur mon chemin...
          Mon coeur se met à irradier d'une chaleur qui consume tous les sentiments négatifs que j'ai ressenti jusqu'ici. Comme si, je sentais des milliers d'âmes en moi... Une puissance inconnue me parcourt et me libère de mon esprit. Je détruit les tentacules du Dieu et me met à émettre une lumière si puissante qu'elle illumine tout ce qui se trouve autour de moi.
          Les ténèbres de la nuit laissent place à la lueur rougeâtre de l'aube, puis à la puissance du jour. Mon corps se transforme et je deviens un homme. Mais ce sentiment que je ressens ne s'efface pas pour autant, il s'amplifie et me donne l'impression d'être invincible. Le Dieu me lance des âmes noires mais elles se consument dès qu'elles me touchent. Ils lance sur moi toute sa puissance, sa rage, sa haine... son désespoir...
           Je m'approche lentement de lui. Plus je suis près de lui, plus la puissance de ses attaques diminue. Je le saisit à la gorge et laisse ma force couler en lui pour le détruire. Il lève la tête et pousse un hurlement rauque, animal, inhumain. Son unique oeil s'agrandit puis explose. Ses griffes se détache de son corps et partent dans toutes les directions. Tout son corps se détruit lentement, comme pour lui montrer qu'il ne doit plus vivre. Je ne me recule pas et reste sur lui, mes mains sur son cou qui palpite. Le Dieu approche un bras qui tremble. Il l'enfonce dans mon torse et essaye de drainer ma vie. Mais je ne lui en donne pas le temps. Dans un cri suraigu, je lance toute ma force sur lui. De la lumière perce son corps de toutes parts puis le consume. Le souffle de sa destruction me projette sur mes ‘‘compagnons’’, restés là, complètements soufflés. Je vois Lhao au-dessus de moi. Puis Sabrane, Farkas Tedzek et même Skronk. Je soupire... J'ai épuisé toute mon énergie et la dernière attaque du Dieu me fait horriblement mal. Je souris puis ferme mes yeux...
              Accepte-toi dans ton entier...
           Oui mère... Je me suis accepté(e). Je suis un homme, mais aussi une femme... Merci mère... Je sens mes forces qui me quittent mais je m'en moque désormais... J'ai vaincu...





Bianne 


           Le Dieu meurt. Tout s'effondre. Nous sommes collé, pêle-mêle, contre la paroi tremblante, le corps du Dieu qui tremble, qui se déchire. Tan-Klaroz agonise. Il a tout donné de lui, dans cette attaque. Une brume pestilentielle envahit la galerie, nous nous distinguons à peine les uns les autres. D'instinct, nous nous cramponnons tous les uns aux autres.
« On va mourir... Murmure Sabrane.
          Ce n'est pas un gémissement. C'est une constatation. Jamais personne n'a été aussi conscient de son destin que cet enfant de Vie...
_ Non, dis-je. On ne va pas mourir.
           Et je me transforme au milieu de l'astre qui s'effondre. J'étends mes ailes autours deux, irradie, les protège. Il faut que je les emmène. Il faut que je retourne à Brakeval. Mais impossible de bouger. Une autre force vient de jaillir, me retenant en place. Pas celle du Dieu, non, il meurt. Non, une autre force.
_ Père !
          Il est là. Il m'empêche de m'enfuir. Sous ma forme céleste, je peux toujours m'enfuir. Il m'oblige à rester, à laisser mes compagnons m'échapper.
Père, au nom de la divine Survivance, laisse-moi fuir !
Non, Nabnie Hata. Vous avez tué le Dieu qui avait détruit notre monde et créé le nouveau. A présent, ce nouveau monde va disparaître, lui aussi, et toi avec si tu t'y attaches. Laisse ces mortels à leur sort, et suis-moi enfin !
_ Jamais !
          Je resserre de toutes mes forces ma puissance protectrice autour de mes amis.
_ Père, je t'en supplie, reviens à la raison. Autrefois, ton peuple a survécu grâce à l'aide des mortels. Laisse-moi sauver ceux-là !
_ Impossible, Nabnie Hata. Tu ne peux rien pour eux. Ils mourront quoi qu'il arrive. Tôt ou tard. Les mortels ont ce défaut, d'être mortel. Laisse-les à leur sort, et rejoins enfin les tiens. 
          J'aurais des larmes, si j'avais encore mes yeux d'humaine. Je ne le défie plus. Je supplie à présent.
Père. Je vais mourir avec eux, si tu ne me laisses pas m'envoler. Et je ne veux pas mourir. 
_ Lâche-les, Nabnie. Lâche-les pour me repousser. C'est ta seule chance de t'en sortir. 
            Il ne bougera pas. Il ira jusqu'au bout de sa logique. Il me veut Céleste, ou morte, mais pas humaine. Il hait les humains, qui ont tués la femme qu'il aimait.... C'est bel et bien la fin, cette fois. Je resserre encore mes ailes autour des autres, et relève la tête.
Je m'appelle Nabnie Hata Karnac Escarul Eshiil. Ceci est l'heure de ma mort, et je l'accepte. Je suis la voix de ceux qui n'en n'ont plus. Je suis le dernier sang de ceux qui ne sont plus.
          Je sens, quelque part au dessus de moi, mon père qui hésite, doute.
_Mes amis. J’ai été heureuse de vous connaître.
          Ils ne peuvent que hocher la tête. Ils arrivent à peine à respirer. Le sol commence à se fendre sous nos pieds. Je les soulève, retardant du mieux que je peux notre chute...
          Soudain, tout se fige.
          Du sol béant jaillit une douce lumière, et un son étrange, comme une brise d'été dans les feuilles. J'aperçois, montant vers nous, un objet oblong et sombre. C'est un sarcophage. Un sarcophage de Basalte noir. Instinctivement, je tends vers lui l'extrémité de mon aile...

...

           Je suis sous ma forme humaine, revenue devant la porte du Ciel, désormais close. La tour est autour de nous, intacte, avec des murs couverts d'inscriptions. Mes compagnons sont là, hébétés, échevelés. Tan-Klaroz gît à terre, mourrant. J'ai toujours la main sur le sarcophage de Basalte, revenu de l'astre en même temps que nous.
_ Père ? C'est toi qui nous as ramenés ?
La présence d'Eshiïl surgit, oppressante, dans la tour.
_ Non, Nabnie Hata. J'ignore comment tu as fait, mais tu n'aurais pas du. A présent, il va falloir que tu me suives.
          Il resserre son pouvoir autour de moi. Je me sens trop épuisée pour résister. Mes compagnons sont sauvés. Je n'ai plus à me soucier que de moi-même.
           Je tire de ma ceinture une de mes fléchettes noires, celles qui donne la mort, et en dirige la pointe vers ma gorge. Je ne retournerais pas parmi les Célestes. Jamais.
          Un mouvement derrière moi m'arrête dans mon geste.
          Le couvercle du sarcophage se soulève...


Nisthyrisia, Déesse de la Renaissance

           Je me réveille donc enfin. Depuis combien de temps suis-je dans ce sommeil forcé ? Un millénaire, peut être plus, je serais bien incapable de l'estimer.
            C'est mon père qui m'y a contrainte, je représentais trop une menace pour ses sombres plans, créer et détruire, ce sont les seules choses dont ils soit capable. Même sa propre mort n'était pas sensé me ranimer, mais seul l'accomplissement de l'unique prophétie.
             Je suis avec eux depuis le début, j'observe leurs doutes, leurs craintes, leurs réjouissances, leurs peines, même dans ce sommeil forcé, je voyais tout ce qui se passait. Du barbare, au sombre nécromancien, je les ai tous observés.
Je leur dois ma liberté, ma renaissance.
 
            Mais je sens comme chacun d'eux souffre, Oui, cette femme courageuse, répondant au nom de Nabnie Hata souffre.
           Je vais payer la dette que j'ai envers eux, moi la déesse de la réincarnation, je vais faire s'envoler la peine de cette demi-Ange, à travers cela, ils seront tous soulagés.
           J'étire mes différents membres, cella faits tellement longtemps que j'attends ce moment. Je porte une longue robe blanche, symbole de l'éternelle pureté et de l'éternelle renaissance. Mon père m’a cachée en lui, mais ses plans furent déjoués. Je me dois de soulager leur peine, tel est mon rôle, et ceci, nul besoin de prophétie pour me le dicter.
          Je soulève enfin le couvercle de cette prison, je la vois elle, dont les traits sont empreints d'une farouche détermination, elle souhaite se donner la mort. Je fais fi de tous les regards, même celui du tout puissant céleste. Il n'est rien comparé à moi.
" 
Chère Nabnie Hata, je crois qu'il te sera inutile de recourir à un tel stratagème. "
          La flèchette atterrit dans ma main, elle me regarde d'un air subjugué. Elle ne comprend pas. Pour elle, son seul moyen de liberté s'envole et se trouve au creux de ma main.
_ Qui êtes vous ? me lance le jeune mage.
           Il semble terrifié par cette démonstration de mon pouvoir.
Vous ! C'est impossible, me lance l'ange suprême, vous ne devriez pas exister.
          Son regard est rempli d'un mépris profond. Toute cette haine, cette douleur qu'il a accumulé, je la lis dans son coeur, oui, je la sens.... la mort se sa chère femme, la désobéissance de Bianne.
_ Oui, c'est moi Ange, je suis Nisthyrisia, déesse de la renaissance. Tu n'emmèneras pas Nabnie Hata, je ne te laisserais pas mener à la mort ceux qui m’ont fait renaître à la vie.
Elle doit revenir, c'est son rôle, elle est condamnée à vivre parmi les siens. Toute déesse que vous soyez, vous ne pourrez m'empêcher de reprendre ce qui m'appartient, c'est mon enfant. Ce qui me reste de plus cher au monde. »
         Des larmes en grains de lumières perlent ses yeux, tant ce qu'il dit sort de son coeur, rongé par la haine, le désespoir.
         Bianne s'apprête à répliquer, oui, je la sens cette fière dame, répliquer pour ne pas laisser sa dignité être piétinée, par son père rongé par le remord.
Je lui impose d'un signe le silence, je m'apprête à faire quelque chose, que les peuples n'ont pas connu depuis des éternités. Je transgresse toutes les lois existantes, mais plus personne n'est là pour les faire appliquer.
          Je me mets à terre, mes longs cheveux blonds me recouvrent le visage, je chante, oui, ce chant mystique, qui a le pouvoir de faire revivre les morts.
_ Que…
          Le nécromancien. Il doit comprendre quel est l'étendu de mon pouvoir.
_ ...Alinae corpus elinau alinae corpus renenis, alinae corpus elinau alinae corpus renenis,alinae corpus elinau alinae corpus renenis,alinae corpus elinau alinae corpus renenis... 
          Je la sens à présent, cette âme pleine de bonté et de pureté, elle revient d'un long chemin, toute proche, elle arrive.
          Je me relève, mes yeux bleu-vert fixe cette femme pure et bienfaisante. Elle s'incline profondément devant moi. Elle est vêtue d'une longue tunique blanche, relevant la pureté de ses traits. Une lumière étincelante éclaire ses cheveux couleurs de blé.
          De la lumière. Cela faisait tellement longtemps que j'en étais privée. Mes rêves n'étaient que cauchemar et douleur.
          L’Ange suprême me regarde, il a tellement de mal à empêcher ses émotions de transparaître. Il n'ose y croire, cette image tellement refoulée, tellement de fois regrettée, il peut enfin la contempler. Je me relève enfin. Bianne me regarde. Je pense qu'elle a pris conscience de qui je suis.
_ Grande déesse, je te remercie.
         Lui ne peut pas parler. L’émotion lui coupe les paroles.
_ Tu te doutes, Ange, que ceci exige une contrepartie. La liberté de Bianne, ainsi que celle de tous ses compagnons.
         Il hésite, ce n'est pas dans les habitudes des Anges de renoncer à leurs idées, et celui là doit être le plus difficile à convaincre de tous.
_ Nous acceptons, Déesse, répond à sa place la mère de Bianne.
         Elle se penche près de sa fille, elle lui baise le front.
_ Je te donne ma bénédiction mon enfant, je serais toujours proche de toi, là, dans les moments durs, où tu auras envie de tout abandonner. Je serais toujours là. »
          L'émotion est tellement vive, les compagnons de Bianne restent tout de même sombres, je le lis dans leurs coeur. Tandis que les l’Ange et sa femme gagnent leur royaume, le petit mage me regarde. Ses yeux sont d'une tristesse infinie. Le nécromancien lui même, ne peux s'empêcher d'être sombre. Thurim Vessiel, lui, n'ose pas affronter mon regard.
_ Grande déesse, ose enfin Bianne, je sais que tu as tant fait pour moi, que je n'ose t'en demander plus, mais...
_ Parle, Bianne, tu as toute mon attention. La question doit être suffisamment grave, pour que tous tes compagnons et toi, soient si sombres.
           Leurs regards se portent vers Tan-Klaroz, je m'approche de cet être, si divisé en lui-même, si compliqué. Je sens son âme prête à partir, il est en mon pouvoir de la retenir, j'entonne à nouveau un chant :
_ Aderei aderai yuner pitluis,aderei aderai yuner pitluis,aderei aderai yuner pitluis,aderei aderaiyuner pitluis.
            Je murmure avec son âme, je la sens en contradiction avec mes chants. Oui, elle ne supporte pas cela. Je la sens tourmentée. Dans mon immense pourvoir, je la divise en deux êtres :
_ Votre fardeau sera double,Tan et Klaroz, en êtes-vous conscient ? Vous allez devoir recréer la race Georym, en évitant les conflits, les traîtrises et surtout, l'ennemie la plus puissante : la haine. Pensez à l'amour, à la vie, et vous y parviendrez. Acceptez vous cette noble tâche ?
          Ces deux êtres me regardent, ils se ressemblent tellement, je sens leurs yeux empreints d'une nouvelle vie.
_ Nous l'acceptons, ô grande divinité, dirent ils en même temps.
_ Je pense que, pour vous, il est temps de quitter ces sombres lieux. Le temple de mon père ne m'inspire que dégoût et mépris. Je dois vous laisser. Je dois aider d'autre personne, tel est mon but, moi Déesse de la Renaissance. Prenez soin de vous. la prophétie et belle est bien achevée. »
            Aucun mot ne sort de leurs bouches, mais à ma grande surprise, ils s'inclinent tous profondément devant moi. Bianne s'avance, l'émotion la trouble grandement, mais elle n'a pas peur, cette femme connaît le courage et elle n'en manque pas.
« Grande déesse, en accord avec les représentants de toutes les races existantes, nous vous offrons le contrôle du monde que créa votre père. Soyez notre déesse, notre reine, que nous puissions croire en vous, comme vous croyez en nous.
_ Je ne puis accepter ceci, Bianne, je pourrais prendre le pouvoir et ne pas en faire bon usage, mon père en est l'exemple même. J'accepte en revanche d'être votre déesse, je ferais de mon mieux, pour veiller sur vous. »
              Je suis troublée par cet inestimable cadeau qu'ils viennent de m'offrir,  non pas contrôler le monde, cela n'à aucun intérêt pour moi, mais de croire en moi.
             Leur mission est de sauvegarder la paix, de recréer la race Georym, la mienne est de veiller sur eux.

Epilogues

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