Les images du site sont l'oeuvre de nos membres, qui consentent à leur mise en ligne.
Chapitre 18 : envol vers une étoile.


Plutôt que d'attendre que la prophétie se réalise d'elle-même, les huit compagnons et l'Elu ont décidé d'aller au devant de leur destin et d'affronter le Dieu dont le nom ne doit pas être prononcé dans son antre, avant qu'il se réveille...


Thurim Vessiel

          Le voyage fut extrêmement court. Pendant quelques minutes, j'avais eus une nouvelle fois cette sensation de flotter hors du temps, alors que mes yeux étaient aveuglés en permanence par une intense lumière blanche. Lorsqu'elle fut passée, nous étions dans une grande clairière au milieu d'une épaisse forêt de pins, juste au pied d’une montagne noire. Contre l'immense paroie, se déversait dans un grand bruit, pourtant apaisant, une magnifique cascade dont la source provenait d'une cassure, ressemblant à une cicatrice, dans la montagne. Le barbare s'approcha de la dite cascade et passa sa main sous l'eau. Elle n'était pas glacée, mais tiède. Cela signifiait que cette montagne devait être en fait le volcan éteint dont avait parlé Len Arken. Ce dernier regardait avec une certaine nostalgie le haut de la cascade. Personne ne pouvait savoir ce qui était en train de se passer dans sa tête dans un tel moment. Son visage ne laissait transparaître ni joie, ni tristesse, alors qu'il contemplait le lieu où il avait réellement prit vie. Voyant qu’il ne décrocherait pas facilement son regard de cette vision du passé, Lhao vint l'interrompre.
« Loin de moi l'idée de vous tirer de vos rêveries, Arken, mais nous avons un artefact à trouver !
_ Oui, je sais... dit-il, sans pour autant baisser la tête.
             Il se rendit rapidement compte qu'il n'était pas seul. Ne pouvant pas s'attarder sur ses souvenirs, il se positionna en tête de notre groupe et dis simplement :
_ Suivez moi, ça n'est pas très loin ! »
           Nous nous engageâmes alors sur des pentes escarpées. Elles étaient aussi fort accidentées, des roches volcaniques et de vieux bouts de bois calcinés traînaient encore ça et là. Si le volcan était inactif à présent, il n'avait pas du l'être depuis longtemps. Nous montions, mais nous discutions tout de même malgré l'effort que nous devions fournir. Je me rapprochais un moment de Len Arken.
« Si vous dites que le chemin vous ait revenu d'après vos lointains souvenirs, comment ce fait-il que vous ayez exploré un endroit aussi dangereux pendant votre enfance ?
           Il mit un temps à répondre, ne se rappelant sans doute pas encore de la réponse exacte.
_ J'ai du mal à me souvenir. Je crois que volcan est en éruption, pendant que mes parents et moi passions à travers cette forêt afin de rapidement rejoindre la ville la plus proche. Nous êtions probablement en train de fuir l'eruption imminente. Mais nous n'aurions jamais été assez rapides pour nous enfuir sans mort certaine. La seule solution était de trouver un refuge à l'intérieur même de la montagne. J'étais un enfant, j'avais l'impression d'avoir fait énormément de chemin alors que mes parents me portaient dans leur bras sous un nuage de cendre. Et puis, je ne sais comment, je me suis retrouvé à marcher seul. Je n'arrive pas à me souvenir comment j'ai été séparé de mes parents. Toujours est-il que j'ai eu de la chance et suis tombé par hasard sur une sorte de grotte où j'ai pu échapper à la coulée. J'ai été assez profondément à l'intérieur pour nous protéger, j'espère en effet qu'elle nous mènera à notre but.
_ Que vous est-il arrivé ensuite !
          Il se tut, mais je voulus insister.
_ Que vous est-il arrivé ? Répétais-je. »
          Mais Farkas posa une main sur mon épaule, me disant clairement de ne pas chercher à faire remonter des souvenirs douloureux.
         Au bout d'une bonne demi-heure de marche, nous étions parvenu à un plus large plateau. Sans doute le destin avait-il voulu que cela ne soit pas un hasard, nous étions arrivé à une entrée béante dans la montagne d'où sortait un grand cours d'eau qui finissait en cascade au bord du plateau. Ceux d'entre nous qui pouvaient se diriger dans le noir prirent la tête du groupe, guidant nos compagnons dans cette obscurité qui paraissait sans fond. Nous entrâmes tous ensemble.


Sabrane Hyle

          Nous étions entrés dans la fissure, les uns derrière les autres. Je me sentais bien, même après avoir renoncé è mon pouvoir de la vie, sans doute de savoir que je fais partis d'une prophétie. Depuis que je savais cette information, je m’étais mis à considérer avec respect tout mes compagnons, même le nécromancien. Il ne devait pas être si mauvais, puisqu'il faisait partie d'une prophétie pour la sauvegarde du monde. Il faisait sensiblement plus chaud dans le volcan, pour ne pas dire, étouffant.
« Bon, dit dame Bianne, allons-y.
_ Euh, fis-je, que cherchons nous en fait ?
_ Quelque chose d'insolite.
_ Comme une tour ? Fis Tan.
_ Oui, comme une tour, répondit-elle, pourquoi ?
_ Il y en a une un peu plus bas.
           Nous nous précipitions tous près du rebord. En contrebas, après plusieurs grosses pierres superposées comme un escalier géant naturel, ce trouvait une tour en granit noir, qui était à cent mètres du bord d'un lac de lave.
_ Bon, et bien, fit messire Thurim, allons-y. »
            Après quelques minutes de saut de pierre en pierre, et quelque écorchures pour moi, nous nous trouvions finalement devant ladite tour.
« Elle n'est pas bien grande, fis-je.
_C'est sans doute pour ne pas attirer, répondit dame Bianne.
_C'est vrai que ça ne se remarque pas facilement, une tour dans un volcan, répondit sarcastiquement messire Val. »
            Nous arrivions devant la porte, et je toquais pour qu'on vienne nous ouvrir. Après une minute de visages consternés par ma « bêtise flagrante » comme dit messire Tedzek, Skronk ouvrit difficilement l'énorme porte. Ce que je vis à l'intérieur m'étonna. Il y avait une sorte de porte ronde, posée en plein milieu d'un cercle déterminé par huit points. Chacun des points était recouvert d'un dessin, tous différent. C’était sûrement des dessins représentant nos pouvoirs. Il y avait un dessin bleu avec 3 vaguelettes en argent pour l'eau, un dessins brun avec un petit tas noir pour la terre, un dessin rouge avec une flamme en trait noir avec du jaune et du rouge dedans pour le feu, un dessin couleur d'argent avec 3 lignes en noir avec le bout recourbé pour le vent, un dessin blanc pour la lumière, un dessin noir pour les ténèbres, un dessin noir avec un crâne en argent pour la mort et un dessin vert avec une feuille tracé par du noir pour la vie. Nous étions tous en extase devant ce spectacle de dessins, quand Tan dit ;
_ Bon, on fait quoi maintenant ?


Val Harkan : 


            Cette tour me donnait froid dans le dos. Je n'avait jamais aimé les endroits clos et, de plus, celui-ci empestait la putréfaction. Nous nous approchâmes de la porte située au centre. Je remarquai que le sol autour de cet immense anneau était couvert d'inscriptions, ainsi que les murs de la tour. Je m’agenouillait, et examinait les pictogrammes. Au bout de trois secondes, je secouais la tête.
« Cette langue ne me dit rien. Je n'ai jamais vu ce genre d’inscriptions. Et vous ? Continuai-je en me tournant vers Farkas et Bianne.
           Après avoir regardé le sol, Farkas eut la même réaction. Bianne, par contre, fronça les sourcils et continua de les observer.
_ C'est de l'ancien Aegis, murmura telle pensivement. D'après ce que j'arrive à lire, ça raconte ce qui s'est passé lors de la guerre. L'apparition du dieu et cetera.
           Elle sembla alors se concentrer d'avantage. Derrière nous, je vis le barbare s'approcher de la porte, et s'arc-bouter dessus. Elle ne bougea pas d'un millimètre. Soudain la voix haute et claire de Bianne s'éleva.
_ Ca dit: "J'ouvre à vos mains tendues, j'ouvre à vous qui êtes un en étant plusieurs."
_ C’est plutôt clair, remarquai-je. C'est rare de la part de prophètes.
_ Vous appelez ça clair, rétorqua Lhao.
_ Bien sûr, insistai-je, adoptant exprès un ton hautain. Ca dit qu'on doit tous toucher la porte en même temps pour qu'elle s'ouvre.
           Il me fusilla du regard. Vessiel poussa un soupir las, et marcha vers la porte.
_ Et bien allons-y, dit-il simplement.
          Nous nous rassemblâmes, et Bianne compta.
_ Un, deux, trois. »
          Nous posâmes alors tous la main sur la porte, qui émit un craquement titanesque. Nous reculâmes d'un même pas, alors que le disque qu'était la porte basculait sur la droite, laissant passer une lumière aveuglante.
_L'astre, prononça Bianne. Nous y sommes.



Tan-Klaroz :

            L'astre... Nous y sommes donc...
           La lumière aveuglante disparaît pour laisser place aux ténèbres, aux véritables ténèbres. Sombres, profondes et infinies.
             Nous ne voyons absolument rien. Même Lhao et Farkas ne perçoivent rien. Je vois mes "compagnons" et eux me voient. Mais nous ne voyons pas où nous sommes et ce qu'il y a autour de nous.
             Bianne fait de la lumière tout comme Thurim mais rien... Tout reste infiniment noir. Ils sont tous étonnés mais moi je viens de comprendre. Je m'avance et hurle de ma voix de femme : "HOROTH ELK MOHOLDUR !!! "
            Les ténèbres s'illuminent soudain et nous découvrons le vrai visage de l'astre. Nous sommes sur comme une plaque de glace ou un miroir. Nous voyons notre "vrai" reflet. Le reflet de Thurim est celui d'un vieillard, celui de Bianne est sa forme d'ange et de Val Harkan un homme loup. Je regarde mon reflet et m'agenouille sur cette surface lisse. C'est moi mais sous ma forme d'homme... Je colle ma main sur le sol et mon reflet de même. Oui, c'est bien mon reflet. Je me relève et reprends mon observation des alentours. A part ce sol étrange, il n'y a qu'une étrange brume qui se meut gracieusement. Mais nous nous trouvons dans une... crypte gigantesque où ne l'on ne voit pas les "murs". Seulement un seul où un passage est creusé. J'avance et y pénètre suivis de Lhao et Thurim... Puis enfin de tout le groupe...



Thurim Vessiel : 


           Nous nous enfoncions lentement, mais avec courage dans cet immense gouffre. J'avais beau me dire que Tan-Klaroz tenait maintenant entre ses mains nos destinées et celles d'Islotanra tout entier, j'avais peur. Oui, j'avais vraiment peur. Une seule personne, même si elle avait reçue tout les pouvoirs qui c'était déclaré en nous, avait-elle la moindre chance de l'emporter contre une créature qui avait été définie dans la prophétie comme un Dieu, qui plus est, sur lequel nous n'avions aucune information précise ? Je ne pouvais m'empêcher de me poser la question tandis que nous nous avancions encore plus profondément dans sa tanière dans laquelle nous ne pouvions pas voir à plus de cinq mètres devant nous, ni avec l'aide de mon bâton, ni à l'aide des visions perçantes de mes compagnons
Nous nous mîmes chacun à respirer avec grand bruit, l'air était oppressant, malsain, chargé de Divin maléfice. Une sensation de peur plus ou moins intense nous saisit tous. Tan-Klaroz était le seul à ne pas éprouver de peur, mais il était extrêmement méfiant, il devait absolument se concentrer sur son futur combat. Sabrane tremblait, se rapprochons de Bianne qui voulait paraître forte, bien que je pouvais sentir la fragilité de son aura. Harkan, lui était insaisissable, dissimulant sans doute son appréhension derrière son instinct d'homme loup. Len Arken et Farkas était à l'affût du moindre bruit suspect, dissimulant également leur peur derrière leur vigilance. Quand au barbare, il ne parût pas dégager la moindre frayeur... mais se doutait-il seulement de ce qui l'attendait ici ?
            Depuis plus de quarante minutes, nous pataugions dans une espèce de boue liquide verdâtre, plus semblable à cette substance que laissent derrière elles les limaces. L'air devenait malsain, une légère brume se formait au fur et à mesure que nous avancions, elle apportait avec elle une odeur pestilentielle venait des profondeurs de cette abîme. Il me semblait parfois entendre, permis l'écho de nos pas dans cette vase, des bruits de craquement d'os et de chair qui se convulse, ainsi qu'une légère impression que nous n'étions pas sur un terrain stable même quand nos pieds pouvaient être au sec un instant.
            J'en eus la confirmation lorsque le passage se rétrécit, nous laissant enfin voir l'état des "murs" de cette caverne. Nous nous arrêtâmes un moment, ne nous pouvant pas en croire nos yeux. Les murs étaient non seulement semblables à de la chair humain, tant par leur relief que par leur couleur mais... ils bougeaient. Harkan fut le seul qui osa s'avancer, effleurant te mur de la main. Il prit un air de dégoût lorsqu'il la regarda : sa main était couverte d'une matière collante inconnue. Il fit ensuite un constat alarmant.
« Cette chose, ce n'est pas naturel... c'est comme si... tout ce qu'il y avait autour de nous était vivant !
_ C'est le cas... dis-je abruptement
Tous mes compagnons se tournèrent vers moi, surpris par cette soudaine affirmation. En effet, j'avais déjà de forts soupçons depuis que ma détection des auras avait été perturbée de manière mystérieuse.
_ Que voulez-vous dire ? demanda Tan-Klaroz
_ Tout ce qui nous entoure est un être vivant... nous sommes dans un être vivant...
_ Voudriez vous prétendre qu'il y a une autre créature que ce Dieu habitant cette astre ? dit Lhao, plus septique
_ Ne comprenez-vous pas ? Kargor Dûm n'a jamais existé ! Cette chose, que nous appelons "Astre" n'est en fait que Hor... que le Dieu lui même ! Dis-je en réalisant ce que j'aurais pu faire. Cet astre est une seule entité vivante qui constitue le corps du Dieu !
_ Attendez, je croyais que nous nous dirigions vers sa tanière, depuis tout à l'heure ? Dis Len Arken
_ Comme je viens de vous le dire, il n'y a pas de tanière. Nous sommes à l'intérieur de son corps... mais je pense que nous sommes tout de même dans la bonne direction, car nous devons nous diriger vers son coeur...
_ Mais si Tan détruit le coeur, tout le reste va tomber en morceaux ! s'écria Sabrane
_ J'étais déjà prêt(e) à mourir... Si ce que vous dites est vrai, messire Vessiel, je dois continuer tout(e) seul(e) ! Si vous restez, vous mourrez à coup sûr !
_ Tan, je suis ton ami ! Je ne t'abandonnerais pas ici ! Clama le jeune mage
Tous approuvèrent, plus ou moins timidement. Tous, sauf Lhao.
_ Et bien, nécromant, vous n'avez pas dit un mot !
             Il soupira.
_ Et bien, je suppose que je ferais figure de mauvaise tête si je tournais les talons à un moment si crucial. Je reste également ! Et qui sait... cet endroit me paraît de plus en plus intéressant. Sur cette dernière parole, il surgit du fond de l'abîme, un long soupir rauque inhumain qui se réverbéra dans toute la caverne de chair, avant de parvenir à nos oreilles. Ce son manqua de me faire tressaillir jusqu'aux os ; ce fut clairement l'invitation que nous lançait Horoth Elk
Moholddur pour le rejoindre. Nous reprîmes alors notre route vers lui, nous doutant à présent que ce que nous allions voir correspondait à l'image du reste du corps : immonde.
               Les battements de coeur se firent entendre, et chacun d'eux se rapprochait de plus en plus l'un de l'autre à chaque pas que nous faisions en direction de notre but. Pour finir, nous étions tombés sur un cul de sac de forme arrondi. Une sorte de salle circulaire d'au moins cinquante mètres de diamètre, et sans doute autant de hauteur. Nous étions tous groupés, serrés les uns contre les autres, nous respirions à présent par petits soupirs. Les murs s'étaient arrêtés de convulser, les battements également, il n'y avait plus aucun signe de vie dans ce titanesque sac de chair. C'est alors que des excroissances se formèrent partout sur les murs vivants, elles éclatèrent dans un bruit horrible, tels des points noirs sur la peau humaine. Il sortit des orifices ainsi créés, un liquide visqueux de couleur rouge. L'odeur qui en émanait était à vous soulever le coeur. Toute cette substance convergea en un seul endroit et commença à prendre forme...
               Nous vîmes littéralement devant nous se transformer une matière inconnue en un monstre que même l'esprit humain aurait eu du mal à concevoir dans les pires cauchemars.
              Cette créature n'était composée que d'un buste, de deux bras et d'une énorme tête, l'empêchant ainsi de se déplacer, mais cela n'allait certainement pas être un handicap. La partie principale était reliée par des dizaines d'espèces de vaisseaux aux murs de la salle vivante, ainsi, il pouvait puiser à loisir l'énergie quasi infinie de son corps pour se réalimenter. Ses longs bras puissant étaient sertis d'un nombre indénombrable de griffes acérées. On ne pouvait savoir quel était l'étendue des ravages qu'il pouvait faire, ni quels pouvoirs terrifiants pouvait en sortir. Pour parachever cet immonde tableau, la tête, tout en largeur, comportait une bouche ronde sertie de plusieurs rangées de crocs, sans doute mille fois plus tranchants que les meilleures épées elfiques ; ainsi qu'un oeil unique, dépourvu de paupières, tels ceux d'un serpent. Il était maintenant grand temps d'affronter cette Divine Monstruosité...


Chapitre suivant (à paraître)
Retour à la page de garde.
 
 



Créer un site
Créer un site